
n’ont pas certaines fièvres & inflammations locales.
IX . Prenons maintenant pour exemple l'inflammation.
produite par un virus exanthématique , tel
que celui de la petite vérole. Les nerfs , blefles
a abord par la préfence de les molécules, tranf-
mettent cette première impreifion au fenforium
commune, .dont la réaétion produit un mouvement
nerveux interne , par lequel le c.oeur eft irrité,
ainfi que les vaiffeaux. L'effet de la fièvre eft de
pouffer les molécules varioleufes vers le corps
muqueux de Malpighi : dépotées là , elles y deviennent
comme autant d’aiguillons particuliers,
veluti [pince , les centres d'un grand nombre de'
petites tumeurs dans lefquelies les chofes le paf-
fent , comme je l'ai dit, au commencement de cet
article.
X. Toutes les caüles irritantes peuvent être réduites
à trois chefs; i° . les preflions, foulures,
contractions, & c ., produites par des agens extérieurs
& mécaniques ; i° . la préfence des corps étrangers,
foit folides, foit fluides , introduits dans quelque
partie du corps humain ; 30. le changement ou
l ’altération des folides ou des fluides, dus à une
caufe interne. Ces trois fe&ions comprennent
toutes les caufes ftimulantes polfibles ; & dans
toutes les circonftances que leur combinaifon pour-
roit fournir , les nerfs feront excités, & l'affluence
du fang fera l ’effet de l ’irritabilité des fibres musculaires
des artères , augmentée par l'action
nerveufe / comme je l ’ai déjà dit.
X I. Les mêmes principes peuvent être appliqués
à la caufe prochaine des fièvres en général.
Par exemple , les miafmes des marais agift-
fent d’abord fur les nerfs dont ils affoibliffent l ’énergie
, tous les médecins en conviennent. Il en ré-
lulte ce que j’appelle une action nerveufe externe.
II fe fera donc une réaétion dans le fenforium
commune, d’où fuivra l’action nerveufe interne.
Les nerfs des vifcères étant ébranlés , la fievre
s’allumera ; les contractions du coeur & des
vaiffeaux feront plus fréquentes £ & plus vives ,
& les fondions de l ’eftomac, des inteftins , & c .,
feront troublées aàns la même proportion.
XII. Certains .miaunes produifent une afphyxie
complète ; c’eft-à dire , que non feulement l ’a&ion
des nerfs eft affoiblie, comme dans le cas précédent
, mais quelle eft encore entièrement fufpen-
due. Dans ce cas , tout l ’art confifte à exciter , par
unfiimulus, faction nerveufe externe , dans la vue
de ranimer le fenforium commune, & de le mettre
â portée de rétablir , par fa réa&ion , le mouvement
nerveux interne qui eft interrompu.
Je n’infifterai pas davantage fur cette théorie
, que je développerai ailleurs avec plus d’étendue.
En fuppofant que toute contraction eft précédée &
accompagnée de l’ébranlement des nerfsquifediftri-
buent aux parties atfeitées, je n’avance rien que les
expériences phyfioiogiques ne confirment. Sans doute
i l m eft impolîibie de répondre à ceux qui me demanderont
quel eft l’état des nerfs ébranlés , ou excités
, & par quel mécanifme les nerfs réagiffent
fur les fibres contractiles : mais fait - on mieux
comment J es nerfs du plexus brachial font ,
pour ainfi dire , les conducteurs de la volonté
dans les extrémités fupérieures ? Sans doute je
n expliquerai pas par quel procédé i l arrive ,
lorfque les nerfs extérieurs (ont affeCtés par certains
miafmes, que cette impreffion tranfmife au
fenforium commune, détermine faction nerveufe
interne, & celle-ci les contractions fébriles du
coeur & des vaiffeaux : mais fait-on mieux comment
, lorfque je défîre un objet qui a frappé mes
fens, les mufcies que je dois monvôir, pour le
faifir, reçoivent de leurs nerfs l ’influence dont ils
ont befoin? Sans vouloir m’élever plus haut , il me
fuffit de m’être affuré que les contractions du coeur
& desartèces ont , comme celles de tous les autres
mufcies du corps humain , pour caufe prochaine ,
l ’aCtion des nerfs qui leur font propres. Enfin
fi cette force , appelée par M. Cullen vis me -
dicatrix naturoe , & à laquelle d’autres' médecins
célèbres ont donné d’autres noms, doit êtrè
admife , j’ajouterai qu’elle réfîde fans doute dans
les nerfs & dans le fenforium commune , ou
elle donne d. toutes J.es contractions une intenfité
proportionnée a ce que les circonftances exigent :
car , encore une fois , c’eft par le moyen des
nerfs que les divers organes forment un tout,
un enfemble , & que les divers ordres de mouve-
iriens font déterminés. ( V . D . )
A i g u i l l o n . Méd. ve'te'r. Foye^ E peron
So n n e t t e , V a l e t . [M. H u z a r d . ) .
A I G U I S E R ou A I G U I S É S . Matière
médicale.
On appelle remèdes aiguifés en général, les
médicamens dont on cherche à augmenter les vertus
par l ’addition de quelque fubftance plus aCtive
que celle dont ils font compofés. Ainfi, lorfqu’on
prefcrit de diffoudre dans des décodions de plantes
ou de racines, appelées communément apozèmes,
quelques gros d’un fel neutre , amer , purgatif,
& fondant, ou quelques grains de tartre ftibié,
on dit qu’on aiguife ces boitions, & on les nomme
apozèmes aiguifés. On ajoute en général cette
épithète à tous les médicamens dans lefquels on
fait entrer quelque matière aCtive ; c’eft ainfi qu’on
dit potion aiguifée , p etit-lait aiguifé, &c*
( M . d e F o u r c r o y . )
A I G U I S E R . Méd. vétér. Voye\ A ffiler*
( M . H u z a r d . )
A IL » .
A I L . Hygiène. •
Partie II. M a t iè r e de Vh y g iè n e , ou chofes
appelées improprement n on n a tu r e lle s .
- Claffe III. I n g e f ta .
Ordre I. A l im e n s , a ffa ifo n n em en s , â cr es
v o la t i l s .
U a i l , Sxopo^ov, a llium , eft une plante potagère
bulbeufe, de l ’ordre des lys , dont la racine
ou la bulbe feule en ufage dans nos' cuifînes,
eft compofée de petites bulbes ou cayeux, appelés
gouffes , n u c le i , uyXtS'a.i, enfermés dans une même
■ enveloppe. On fait ufage de deux plantes auxquelles
on donne le nom d’ a i l ; l ’une eft Y a i l
ordinaire, a llium fativum Z..; l’autre eft Y a i l rocam
b o le ou é ch a lo t te d 'E fp a g n e , a llium f e o r o -
d o p r a fum , L. Celui-ci eft plus doux & d’une odeur
plus agréable que le premier. Je ne m’arrête pas
à la defeription botanique de ces plantes, ôn la
trouvera dans la partie botanique de ce Dictionnaire.
Il faut auffi qu’on foit averti que je ne
comprends ici fous le nom S a i l que ce que, dans
l ’ufage économique , on appelle de ce nom. Car
on {ait que le poireau, l ’oignon , l’échalotte,
&c., font à préfent réunis par les botaniftes fous la
même dénomination d * a llium .
Notre 'a i l paroît être la même plante que le'
fe o r o d o n des anciens. Diofcorides en diftingue deux
efpèces; il nomme 1 une Sxopo<Tov xh-wei/Iov ou n/Atpov,
a ll ium h o r tén fe , ou a llium dulce , a i l d e s j a r d
in s , a i l d o u x . Il dit qu’il vient d’Egypte , &
“qu’il n’a qu’une bulbe. L ’autre eft l’wqpioWpixroï
ou 2xopo<Tov ayfto'i , a ll ium a n g u in um , a llium
f y l v e j l r e , a i l de f e r p e n t , a i l fa u v a g e . Il y
joint, dans l’article fuivant , le «rxopo^o-æ-pcwcrov,
fe o r o d o p r a fum , a i l p o ir e a u : mais il n’eft pas sur
que le fe o r o d o p r a ffo n de Diofcorides foit la même
plante que Y a i l auquel Linné donne le nom de
fe o r o d o p r a fum .
Voici ce qu’Hippocrate dit de Y a i l : « U a i l
» eft chaud, il lâche le ventre , il porte aux uri-
» nés; il eft mauvais pour les yeux; car en oc-
» cafîonnant de g r a n d e s év a c u a t io n s , il affoiblie
» la vue ; il pouffe aux urines p a r f a v e r tu - dé-
s» p u ra t iv e : quand il eft cuit, il eft beaucoup plus
» doux que quand il eft cru ; il c a u fe d e s v e n t s ,
» à caufe de la vivacité de l’efprit qu’il contient ».
( D iæ t . I L )
• Dans le livre d e a jfe c t io n ib u s , il ajoute , que
les a u l x provoquent les règles. G a lie n dit que
T a i l échauffe le corps , atténué & divife les humeurs
glaireufes ; qu’il ne donne prefque point de
nourriture lorfqu’il eft cru, à caufe de fa grande
âcreté; mais que quand il eft cuit, il eft beaucoup
moins âcre & nourrit davantage. Il le regarde plutôt
comme un médicament que comme un aliment.
M é d e c i n e . T om . L
Diofcorides remarque dans Yail la propriété d’ulcérer
la peau, de cbajfer les vents , de caufer la
fo i f , d’éclaircir, la voix , & de remédier aux in-
çonvéniens qui réfuitent du changement des eaux.
Aëtius & Ôribafe regardent Yail comme un aliment
dangereux pour ceux qui font bilieux, mais
comme un affaifonnement utile pour ceux qui font
pituiteux. Avicenne place Ya il au rang des fubf-
tances sèches & chaudes du troifième au quatrième
degré, c’eft-à-dire, près de celles dont l ’aétion eft
violente & defthiétive.
Les modernes ont reconnu dans Yail prefque
toutes les propriétés obfervées par les anciens. La
Bruyère ( Bruyerinus de re cibariâ, .1. ix c. xij. )
prétend qu’i l porte un peu à la fomnolauce , que
même i l caufe une efpèce d’ivreffe, & que fon ufage
exalte les couleurs dé la peau. A 1 égard de la
propriété annoncée par Hippocrate , a exciter de
grandes évacuations , & par-là d’affoiblir la vue,
quoique l ’on conçoive aifément que l’acreté de Yail
peut échauffer les paupières & produire la lippi-
tude, quoiqu’on fâche encore que le« enfans auxquels
on donne Yail dans le la it, pour tuer les vers,
font fenfiblement évacués, on peut, dire cependant
que nous ne eonnoiffôns pas dans Yail la vertu
fortement purgative à laquelle Hippocrate attribue
fon effet fur les yeux, à moins d’entendre par
xs&apff-iv ttoAAhv ce que nous entendons par grande
dépuration , c’eft-à-dire , réunion de beaucoup
d’évacuations à la fois, comme les Telles, les urines,
la tranfpiration , & les différentes excrétions cutanées
; & en effet, dans la phrafe fuivante on eft
obligé d’interpréter Sri ro xa^-aprixov par fa . vertu
dépurative. Toutefois l ’augmentation qu’occafionne
Yail dans les évacuations par les Telles, eft moins
fenfible que celle qui a lieu dans les urines , &
fur-tout dans la tranfpiration. Hippocrate dit lui-
même, peu après, en parlant des plantes fauvages,
( aypia. A«x,aya .) « que celles qui ont une faveur
» chaude & qui font odorantes , échauffent &
» paffent plus par les urines que par les Telles ».
A l ’égard de la propriété de caufer des vents ,
i l paroît qu’il ne faut l’attribuer qu’à l ’aétion tonique
de Yail fur les membranes de l ’eftomac ,
comme femble l ’infinuer Hippocrate lui-même;
& alors caufer & chajfer les vents rie feront qu’une
feule & même propriété , qui , exprimée d’une
manière différente dans Hippocrate & dans D io fcorides
( voye-^ ci-dejfus ) , n’implique qu’une contradiction
appareate ; cependant on pourroit croire
que de Yail il fe dégage dans l ’eftomac un gaz pat*-
particulier analogue an gaz hépatique, & la fétidité
des évacuations dans ceux qui en ont mangé,
fembleroii; concourir à démontrer cette idée. La vertu
de remédier aux inconvéniens qui réfuitent du changement
des eaux, dépend encore de l ’aétion tonique
de Yail & de i’aétivité qu’il donne à l’efto-
mac ; mais o,n n’a pas befoin pour cela de recourir
à Y a i f & beaucoup de plantes plus douces ont
la même propriété.
F f f