
dans les végétaux comme dans les animaux , ne
peut être fourni en entier aux végétaux ni par
i eau' ni par l ’air ; il faut donc qu’il foit produit
par la combinaifon de ces premiers, élémens ; car
Ja quantité infiniment petite d’acide carbonique
contenue dans l ’atmolphère ne fuffiroit pas certainement
pour fournir la quantité de principe du
charbon que contiennent les feuls végétaux qu’on
élève dans l’eau, fans le concours de la terre.
Conclufion.
Mais je ne poufferai pas plus4 oin cette théorie
dont je ne me ftrs que pour montrer la force de
combinaifon qui exitre dans les corps organiques,
& je m’en tiens ici au fait principal, qui me pa-
loît réunir tous les degrés (le démonilration dont
une théorie eft fufccptible.
Ce fait eft que prefque toutes les parties dont
nos corps font compofés ont, ainfi que toutes les
fubftances differentes dont nous nous nourriffons ,
une bafe commune difpofée à entrer dans une grande
variété de combinaifons.
Que cette bafe commune de tous les corps fermente
fcibles ou putrefcibles eft aufli celle de l’a
eide faccharin ou de_ l’acide oxalique.
Que pour devenir nutrfive , cette bafe n’a befoin
^ue d’entrer dans les combinaifons qui l ’affimilent
à nos organes. -
Que ces combinaifonsj dont nous allons parler,
s’opèrent au dedans' de nous
Qu’en conféquence, i tout corps qui contient
bette bafe de Vacide ' faccharin -dans un état
tè l qu’elle piaffe entrer dans Les différentes
combinaifons qui nous font propres., e/l par
cela même capable de nous nourrir ; i° . que tout
corps qui ejl dans ce ca s , non feulement peut
nous nourrir, mais encore peut lui fe u l fuffire
à notre nourriture ; 3Ù. que les corps muqueux
fon t tous dans ce cas ; 40. que par conséquent,
quoique les corps muqueux & les mucilages ne
fo ien tp a s , ainfi que nousVavonsprouvé(queCt. z),
les fepls corps nutritifs , ils peuvent néanmoins
fournir à eux feuls toute la matière de la nutrition
, comme l* expérience Va démontré.
T r o i s i è m e q u e s t i o n .
Quelque analogie qu’ il y ait entre nos afimens
. Vf nos organes, comme ceux - là ont befoin ,
pour nous nourrir, de fubir un changement ,
i l exifie néceffairement une différence entre
leur fabfiance & ta nôtre. — E n quoi cou-
Jîfie cette différence ?
L a réponfe à cette queftion eft prefque-entièrement
contenue dans ce qui a déjà été dit dans
la réponfe à, la première. Néanmoins il eft utile
j e raffembler ici des faits q u i, par Jeu.r réunion,
acquièrent un nouveau degré d’évidence & de
force.
Connoiffances des „ anciens fu r tes changement
qui s’opèrent dans la nutrition , & fu r la différence
des fubfiances animales & végétales.
Les anciens, comme nous l ’avons v u , fai foient
confifter le travail de la nutrition dans 1 atténuation
des principes 3 & du degré de cette atténuation
dépendoit l’aftimilation. En deçà de ce degre, les
matières nutritives étoient encore crues ; au delà,
elles devenoient excrémentitielles. Les propriétés
qu’elles acquéroient fuccefiîvement en panant par
les divers degrés qui les amenoient au point de
l’affimilation, conftituoient les differentes coûtions.
Quelque vagues & indéterminées que fuffent qes
exprefiions , élite tenoient à des phénomènes évi-
dens, & il eft Jur que les mucilages animaux pre-
fenteht, toutes chofes égales , plus de tenuité ou
moins de cohérence que les mucilages végétaux.
Connoiffances que les analyfes chimiques, par
le f e u , ont ajoutées à la théorie ancienne , jufqu’au
temps des dernières découvertes-.
Après les anciens , dont la doétrine s eft con-
fervee jnfqu’à nous, les chimilles, & fur-tout ceux
d(T ce fiècle , en analyfant les matières animales
& véo-étàles à l’aide du feu , ont reconnu que les
fubftances animales dônnoient prefque conftamment
des produits-qui leur paroiffoient particuliers ou
qui du moins, fe montrant plus généralement dans
leur analyfe que dans celle des végétaux, fembloient
leur appartenir d’une manière plus fpéciale.Tels font
i ’aicali volai il fluide ou concret, une fétidité particulière
aux huiles q u i accompagnent le dégagement
de ce fei & l’état du charbon volumineux & difficile
à incinérer. L’alcali volatil confirmoit 1 idee
d’atténuation attachée à 1 animalifatlon des alimens.
Cependant il y a parmi les végétaux des fubftances
plus volatiles encore que cet alcali, & qu on pour-
roit regarder par conféquent comme plus atténuées.
Ce n eft que fort lard qu’on a connu que 1 acide
phofphorique étoit prodigieufement répandu dans
le règne animal, & l’on a long-temps regardé ce
•fel comme propre à l’homme & a l’urine de 1 homme;
le fel fufible , qui eft.une des combinaifons de cet
acide , a été nommé pour cela f e l màcrocofmique,
ou f e l de l’homme, que l’on avoit nommé em-
phatiqnement le micro.cbfme J ou petit monde.
.Schéeie e.ft le premier qui ait bien appris aux
chimiftes toute l ’étendue de ce produit finguher
.dans l’économie animale. Mais cette fubftance qui
n’eft nullement volatile, ne porte point avec elle
u n para aère d’atténuation particulière. Enfin ce n eit
que depuis peu de temps qu’on, s’ eft aperçu que
le charbon des fubftances animales contenoit abon-
Néanmoinsla diftimftion des fubftances animales
d’avec les végétales avoit tellement occupé les
chimiftes , qu’ayant remarqué les produits de la -
nalyfe animale dans^l’analyfe de différentes matières
végétales , un examen- particulier de ces matières
les leur avoit lait diftinguer de toutes les
autres. Rouelle lé jeune eft. un de ceux qui a le
mieux infifté fur ce point avant les decouvertes
dont la Chimie s’ eft enrichie de nos jours. Il a le
premier donné le nom de végéto-animale a cette
fubftance glutineule qu’on retire du froment, dont
il a démontré l’exiftence dans beaucoup dauties
parties des végétaux, particulièrement dans leurs
fécules vertes, & dont 1 analyfe donne abfoluroent
. les mêmes produits que préfente 1 analyfe des
.fubftances vraiment animales.
Jufqiies-là le feu , dont l ’a&ion mal appréciée
paroiffoit tout dénaturer, n’avoit répondu q^& tres-
imparfaitement aux tentatives des chimiftes , & fes
effets, indiquant feulement de grandes & effen-
tieiles différences entre les deux règnes , n’en laif-
foient pas deviner l ’origine ni la .caufe. Ainfi
toutes les. expériences des chimiftes 11 ajoutèrent
encore rien de précis ni de clair a la théorie des
anciens, qui failoit toujours la bafe de tout le fyf-
tême phyhplogique fur la diftinaion des fubftances
qui appartiennent aux deux règnes.
Anal/fes modernes par Vacide nitrique,
La théorie des gaz fut même long-temps fans
ajouter à nos connoiffances en ce genre, jufqn’aux
analyfes ingénieufes que Bergmann f ie Schéeie
ont faites de plufieurs fubftances .végétales par
l ’acide nitrique. M. Berthollet , fuivant la carrière
ouverte par ces illuftres fayaiis, dans fon analyfe
comparée des fubftances des régnés végétal & animal,
a jeté le plus grand jour fur cette matière , regardée
pendant long-temps comme une énigme inexplicable.
Nous ne devons pas non plus oublier ici
M. de Fourcroy , qui dans ce genre a commencé
des travaux qui l ’afîocieront fans doute a la gloire
de ces célèbres chimiftes.
La connoiffance exacte de la compofition de l’acide
nitrique i de fes effets fur les- corps , laiffe maintenant
.pénétrer avec plus de clarté dans 1 intérieur
des fubftances végétales &\animales 3 analyfe
complète de l ’alcali volatil., due encore à M. Ber-
thollet, Comble laiffer très-peu à délirer fur cette
matière. Ces. connoiffances & ces recherches nous
«tannent même une intelligence à peu près com-*
A L I 70 x
pièce des effets du feu . dans la Jlftillation , &
lemblent diffiper prefque toutes les obfcurités que
préféneoit jufqu’à ce moment ce genre d’anal y fe,.
L’anaïÿfe par l’acide nitrique eft donc devenue
la bafe de toutes les analyfes exa&es depuis Schéeie
& Bergmann. # N .
Bafe de Vacide oxalique^ commune à tous les
corps nutritifs.
Un premier point effentiel de cette analyfe e ft,
comme nous l'avons déjà obfervé, la converfion
de prefques toutes les fubftances animales & végétales
en acide faccharin ou oxalique , phénomène
qui démontre déjà que toutes ces matières
contiennent une fubftance commune^ qui eft la
bafe de l ’acide oxalique.
De là il refaite un fécond point, c’eft que toutes
les fubftances animales & végétales qui contiennent
également cette bafe , ne peuvent différer- entre
elles que par la manière dont .cette bafe fe trouve
combinée 3 qu’ainfi la feule façon d’en déterminer
la différence , eft de conftater la nature des fubftances
qui s’en fépareht pendant i ’aétion de l ’acide
nitrique.
Pour rendre cette analyfe exafte & complète,
il faut diftinguer les fubftances végétales & animales ,
i° . en fubftances muqueufes végétales fermen-
tefcibles ; z°. en fubftances 'muqueufes animales
ou animales acefcentes ; 30. en fubftances végétales
alcalefcentes ou végéto-ajii.males 3 40. enfin en
fubftances animales alcalefcentes.
Les fubftances animales acefcentes font celles
q u i, par le mouvement fpontané , paffent à l ’acef-
çênee avant de donner de l ’alCali. Telles font
toutes celles qui, comme les gelées, refferoblent
par leurs caractères extérieurs aux mucilages &
aux gelées végétales. Les fubftances animales alcalefcentes
: font celles dont l’altération fpontanée
eft d’abord alcaline & putride, comme la fubftance
Ëbreufe du fang & des mufcles , femblables, par
leur analyfe , a la partie glutineufe végétale.
Phénomènes de Vanalyfe des fubfiances mn-
queufes végétales & des fubfiances animales
acefcentes par Vacide nitrique.
Dans les corps muqueux fermente.fcibles du règne
végétal , comme le fucre , la gomme , &c. , la
fubftance qui fe'dégage pendant l ’aétion de l ’acide ,
eft un mélange de gaz acide crayeux acide
carbonique ) & de gaz nitreux. Du refte , toute
la fubftance muqueufe eft convertie en acide oxalique.
Le gaz acide carbonique qui fe dégage i c i ,
eft regardé comme formé par l ’union d’une partie
du principe du charbon { du cqfbpne ) contenu
dans la fiibftance végétale, avec une partie du principe
acidifiant ou bafe de l ’air vital ( de l'oxygène )