
les juleps à la dofe de deux à fix onces. Lémery
croit qa on pourrait fubftituer Tes racines à celles
dè la régime. Robin allure que fes feuilles , données
en décoction , purgent comme celles du féné.
On ne fait pas communément ufage des différentes
parties de cef arbre en Médecine. ( M . D E FOUR-
CROY. )
A cacia d’A llemagne , Matière médicale. On
fubftitue fôuvent au fuc d’acacia vrai, dont nous-
venons de faire l ’hiftoire, celui que Ton retire des
fruits du prunellier ou prunier fauvage, qui croît abondamment
enAllemagne & même dans nos campagnes.
On appelle le fécond, fuc d'acacia d’Allemagne : on
exprime les prunelles non mûres j on fait épàiflir
le fuc en confiitance d’extrait folide j on le fait def-
fécher , & on l’enferme dans des veflies comme le
véritable acacia. Ce fuc eft moins aftringent que
lé premier , & plus acide ; il eft noir, fec, pe-
fant, très-dur, & brillant dans la fra&ure j il a un
peu moins de vertu que Yacacia vrai : on le donne
à la même dôfe que lui. '
Le prunellier ou prunier fauvage, d’où ou le retire
, étoit autrefois employé en Médecine dans fes
différentes parties. Les fleurs & les fruits bien mûrs
lâchent le ventre , & font un des pürgatife des
Habitans de la campagne : on en fait un vin ou
un firop. Mat'hiqle & Simon Pauli faifoient beaucoup
de cas de ces remèdes. Tragus vàrite beaucoup
l ’eau diftillée des fleurs , dans la pleuréfie.
En Allemagne , on prépare des vins & de la bière
avec fes fruits avant leur maturité , & on donne ces
liqueurs avec fuccès dans les flux de ventre , dans les
règles immodérées , &c. ( M .D E F O U R C R O Y . )]
ACADÉMIE, f. f. Hijloire de la Médecine.
Un bourgeois d’Athènes, appelé Academus ou
JLcq-demus , avoit une maifon dans un des faubourgs
de cejte ville célèbre, où Platon enfeignoit la
Philofophie. Cette école portoit le nom de celui
auquel le local appartenoit ; & ce nom a été donné
depuis à plufieurs fe&es , à diverfesinftitutions fa-
meufes, & il l ’eft encore aujourd’hui à la plupart
dés fo'ciétés littéraires. Cimon orna la maifon d’Aca-
déipus j i l l’embellit de fontaines j il y fit planter
des allées d’arbres, où fe promenoient les philosophes
âtce temps. L ’Hiftoire nous apprend qu’ils
étoient déjà perlecutes, quoiqu ils ne perlècutaf-
fent perfonne : la Grece fe glori'fioit de les pofr
féder, & cependant ils avoient fôuvent à fe plaindre
de la Grèce ; | & l ’on vit alors fe perpétuer ce
trànd combat , que l ’on ne verra peut-être jamais
nir \ entre lés hommes inftrüits,' & ceux qui ne le
fontpâs , c’eft-à-dire, entre le fàvoir & rignorànee,
entre l ’erreur & la vérité.
- Nous n’infiftèrons point fur l’hiftôire de ces temps
reculés, pendant lesquels les 'académies, prefque
(entièrement livrées aux qüëftiôns métaphyfiques
ou'morales, ne s’occupoieht ni de Phyfique'expérimentale
, ni de Méâedne.
On diftinguoit deux académies du temps de'
Cicéron (i_), l ’ancienne & la nouvelle. Les par-
tifans de l’ancienne, fatigués par les fophifmes,
épuiféspar les conjectures, rebutés par les fvftêmes,
avoient refufé leur confiance à tout argument ,
leur croyance à toute propoficion : il n’y en avoit
aucune qui ne- leur parût fufpe&e , même celle
par laquelle ils s’aftreignoient à douter. La nouvelle
académie admettoit des probabilités ; elle
ne difputoit que fur les degrés de vraifemblance ,
& l ’on pouvoit, au moins dans cette feéte, jouir
de la vie & fe prêter à fes illufîons. C’eft un fin-
gulier IpeCtacle que celui de l’homme abandonné
à lui-même , courant d’une -chimère à une autre ,
quittant d’anciennes erreurs pour de nouvelles,
mais ayant toujours le défir de la vérité, & fentant
le befoin de la connoître : car ces philofophes ,
qui doutoient de tout, avoient au fond raifon d’être
mécontens de l ’état de leurs connoiflances $ & cette
inquiétude annonce, jufqu’à un certain point, la juf-
tefle de leur efprit, comme la confiance de certaines
gens , dans ce qu’ils favent, eft une preuve
évidente de leur impéritie & de leur irrémédiable
imbécillité.
Plufieurs fiècles de ténèbres & d’ignorance Accédèrent
aux beaux jours d’Athènes & de Rome r
tant de barbarie & de cruautés n’étouffèrent cependant
pas tout à fait le germe des Sciencés 8c
des Lettres. Comme les romains* s’étoient polis
en fai font la conquête de la Grèce , les étrangers
qui s’emparèrent de l ’Italie, qui la ravagèrent
tant de fois, qui changèrent en ruines fes monu-
mens’fuperbes , qui dénaturèrent jufqu’à fon idiome,
en mêlant leur jargon à la langue de Cicéron &
de Virgile $ ces étrangers , qui fembloient avoir
été chargés du foin de venger l ’univers en foudroyant
les opprefleurs, participèrent eux-mêmes
aux arts des vaincus , & prirent quelques - uns de
leurs penchans : mais quoique l’amour des Lettres
n’ eût pas été tout à fait détruit à Rome & dans
les autres villes de l ’Italie , il n’en reftoit que
de foibles traces, lèrlqu’en 1470, Antonio Pa-
normita jeta , dans le royaume de Naples, les
fondemens de la première académie moderne. A l-
phonfe Premier d’Arragon , roi de Naples , lui
donna des marques éclatantes de fon appui j & il
importe de célébrer le premier monarque qui a
protégé les Lettres dans un temps où tout fe réu-
niffoit pour les détruire & les rendre fûfpettes, &
où les fouverains étoient bien éloignés de fâvoir
qu’il étoit de leur intérêt & de leur gloire de répandre
la lumière parmi les peuples. Tafuri ( 1 )
nous a confervé la lifte de cette ancienne aca-
demie. On y vo it, comme dans celle des académies
modernes, des noms illuftrés par leur favôir j
(1) Voyez Queft. académ.
(a) Bell* lnven\ioni ufeite dal regno di Napoli,
d’autres
d’autres par leur naiffance.-,. d’autres qui-ne font
eu ères connus, & dont quelques-uns méritoient
peut-être une grande renommée, dont iis n’ont
point joui.
Les autres académies établies par les italiens
à la renaiffance des Lettres, ont été celle des Lyncei,
créée par le prince Coefius en 1603, dont les membres
fe .font occupés de quelques recherches _phy-
fiques.”— Celle del Cimenta, qui a été‘fi célèbre
à Florence fous le gouvenement des Médicis. —
Celle que le duc Urbain a fondée. — Enfin celle
de Sienne.
Je ne parle point ici de ce grand nombre d’aca-..
démies que chacune des villes de l ’Italie polfède ,
& dont les; noms bizarres ont été recueillis par
l ’abbé Pia-[\a : la plupart font confàcrées à des
jeux d’efprit, à des combats littéraires , dont on
blâme avec raifon la forme , mais dans lefquels
•il n’eft pas aulfi aifé que l ’on penfe de triompher.
En 164? , Théodoric Haâke jeta à Oxford les
premiers fondemens delà Société royale de Londres
, qui fut tranfportée en 1660 dans cette capitale
, où elle ne celfe de travailler utilement aux
progrès des fciences phyfiques.
En iéyz , J. L. Baufch fut le fondateur & le
premier préfident de Y académie impériale des
Curieux de la nature , dans laquelle i l prit le
nom de Jafoh, chacun de fes membres devant s’y
déguifer fous l ’emblème de quelque grand per-
fonnage de la fable ou de l ’antiquité. Les Savans
de l ’Allemagne alimentèrent principalement fon
recueil, que l’on ne doit regarder que comme un
journal, dont les matériaux nombreux, & fôuvent
intéreflans , font cependant peu foignés , & en
général peu choifîs.
Depuis long-temps les Lettres étoient honorées
en France : Charlemagne les avoit mifes en vigueur
, en accordant des privilèges à ceux qui les
cultivoient. Dans le douzième fiècle, l ’univerfîté de
Paris enfeignoit , comme celle de Bologne en
Italie , avec allez de célébrité pour attirer les
étrangers de toutes parts. François Ier réunit dans
un collège, qu’il appella Roya l, des profefleurs de
toutes ' les fciences & de tous les genres de littérature
; projet grand & vafte,que tous les fiècles
envieront à celui qui l ’a vu naître & qui en a
preffé l ’exécution.
L ’univerfité de Paris étoit alors le feul corps
qui portât le nom d'académie, academia , nom
qu’elle ne partageoit avec aucun autre , puifque
1 établiflement des académies auxquelles ce nom
eft fpécialement confacré , lui eft poftérieur.
Dès 1648 , il fe tenoit à Paris des affemblées
de favans , qui ont reçu fuccelfivement diverfes
modifications en 1666 & en 1699 , & que l ’on
a défignées fous le nom S académie royale des
fciences. Cette inftitution eft une de celles qui
ont fait le. plus d’honneur & rendu le plus de
fervices à la France : toutes les branches de la
Médecine . Tomef
phyfique cultivées à la. fois , l ’efprit de fyftême
anéanti, des méthodes tracées pour tous les genres
de travaux , uq.corps dévoué à la recherche des
vérités phyfiques , dont le domaine eft fi étendu :
tels font les droits de cette académie à la recon-
noiflançe de la nation.
L ’exemple donné en France par la capitale
fut fuivi par différentes villes de ce royaume, qui
établirent dans leur fein des académies , dont
quelques - unes , telles que celles de Montpellier ,
de Dijon, & c .., publient les travaux de leurs
membres.
Il femble que tous les fouverains de l ’Europe,
en établiffant des académies dans leurs états , fe
foient difputé l ’empire des Sciences & des Lettres.
En 1700 , le roi Frédéric Ier fonda Y académie
royale des fciences & belles-lettres de P ruße ,
dont Leibnitz fut le premier préfident, & à laquelle
le roi actuellement régnant , fi avide &
fi digne de toutes fortes de gloire , a donné en
1744 une nouvelle exiftence.
En 171 z , le comte de Marfigli s’immortalifa
par l ’établilfement de l ’Inftitut de Bologne, qu’il
dota, & qu’i l réunit à Y académie érigée en 1^5*0.
par Euftache Manfredi..
Le grand homme qui créa, pour ainfi dire , l ’empire
de la Ruffie , regarda comme une des conditions
nécelfaires à fon fuccès , l’inftitution d’une
académie. à S. Péterlbourg , dont l ’inauguration
fut célébrée en 1715 ; & ces mêmes mains qui
avoient quitté le feeptre pour tenir les inftrumens
des arts, ces mains qui ont opéré tant.de prodiges
, ont encore élevé dans le nord le premier
monument aux fciences. Les fouverains de la
Ruftie ont continué de fuivre la même marche j
& l’impératrice régnante, non feulement fait fleurir
les Lettres , qu’elle aime j mais encore elle montre
envers ceux qui les cultivent cette générofité dont
l ’excès eft un de ceux qu’on ne reproche point
aux rois , foit parce qu’ils le commettent rarement
, foit parce que fes bornes font très-circonfcri-
tes , foit à caufe du bien qui ne manque jamais
d’en réfulter.
L a Suède ne tarda pas à s’illuftrer par l’éta-
bliffement d’une académie qui a produit tant de
grands hommes. Dès 1710, il paroiffoit àU p fa l,
tous les trois mois , un volume d'actes littéraires•
Cinq années après, en 1715 , Y académie de cette
capitale reçut la fanétion du Roi & du Sénat, 8c
celle de Stockolm fut inftituée en 1735».
Tous ces corps ont cultivé & cultivent la Phy-
fique , dont la Médecine eft une branche. Leurs
recueils contiennent des obfèrvâtions & des mémoires
qui intéreffent médiatement ou immédiatement
l ’art de guérir, art qui a plus befoin que
tout autre de précifion dans fa marche, parce qu’il
eft très- compliqué.
L a Médecine eft-elle autre chofe en effet que
l’application de la Phyfique, de l ’Hiftoire naturelle
, de l ’Anatomie , de la Chimie, de la Bo