
pouvoir contribuer à leur production, les garnitures
n’ayant jamais été ferrées que de la manière
qui convenoit pour maintenir les pièces en fitua-
îion ; lç frottement & la preflïon qui pouvoient
en réfulter étant par cette raifon peu confidérables ;
la gêne enfin occasionnée par l ’application des
a im a n s n’ayant été nullement fupérieure à celle
qu’occafîonnent aux femmes les bracelets qu’elles
portent, aux hommes leurs propres vêtemens. A
la vérité,. ces effets du frottement & de la pref-
fion ont été tels quelquefois , qu’i l en eft réfulté
des impreffions marquées fur la peau, comme nous
aurons bientôt occafion de le dire; mais ces im-
preffions n’ayant eu -lieu qu’après un certain efpace
ae temps, on ne peut les reconnoître pour caufe
des effets que nous examinons ic i, p.uifqu’ils fe font
manifeftés dans l ’inûant même de l ’application ,
ou peu de momens après. Ajoutons que , dans
quelques exemples j- ces effets ont paru devenir
plus fenfibles à chaque renouvellement des a im o n s y
circonftance où la fiirface des plaques étant plus
douce, plus unie, elles dévoient produire moins de
frottement.
Indépendamment des effets qui fe font annoncés
dans l ’iriftant même de l ’ufage de V a im a n t ,. un
plus grand nombre d’autres fe font manifeftés un,
efpace de temps plus.ou moins après leur application*
Ceux- ci femblent fe partager plus naturellement
en deux ordres où efpèces fecondaires
en impreffions locales ou particulières, & générales
ou univerfelles.
L ’ufhge des aimons- portés long-temps en armure y
a produit plus ordinairement des effets ou chan-
gemens fenfibles. dans l’état de la peau, non feulement
dans le point de contaCt,. mais encore dans
tout le voifinage des pièces aimantées jufqu’à une
certaine diftaace. Ces pièces ont excité fouvent de
vives démangeaifons , accompagnées de tiraille-
mens & de pointillemens plus ou moins vifs. Un
malade en. éprouvoit fous les différentes pièces ,,
fur-tout au Mas y d’affez vives pour le forcer a. fe
gratter jufqu’au fang, Ces démangeaifons ont été
quelquefois accompagnées de rougeur a la peau..
Dans d’autres obfervations, il furvint à la poitrine
une ébullition, avec une démangeaifen infùpporta-
ble* On a vu très-fouvent de petits boutons s’élever
dans le point de contaCt & dans le voifinage
des plaques. Ces éruptions’ fourniffoient quelquefois
un peu de férofité. On a vu cet effet d’une
manière plus marquée dans un cas ou la. férofité y
teinte par la rouille des aimans, étoit de couleur
iroufsâtre.
Les boutons qu’on a vus s’élever dans le voifinage
des plaques , ont varié dans leur forme. Quelquefois
ils ont été très-petits, à peine fenfibles y
d’autres fois on les a vus prendre plus de volume,
s’ouvrir & verfer de la ferofité qui donno-it lieu
enfuite à des croûtes de fe former. Dans quelques
cas, ils étoient fingulièremeot reffemblans à. ceux de la gale. C et effet s’eft encore rendu plus fenfible
dans quelques obfervations que les circonf»
tances ne nous permettent pas de rapporter. Les
boutons y avoient acquis le volume des grains de
petite vérole, & des parties de la largeur de la
main en étoient couvertes dans le voifinage des
a im a n s .
Les pièces aimantées ont quelquefois auffi produit
tous les effets du faint-bois. Dans une obfer-
vation les a im a n s avoient laiffé aux bras & aux
jarretières des empreintes fenfibles y avec excoriation
à la peau. Dans une autre y la peau fut de
même excoriée , & couverte, dans les parties où
l’on avoit appliqué les a im a n s ,. de quantité de
boutons qui s’ulcérèrent. On a vu quelquefois fur-1
venir auffi des boutons rouges y avec excoriation
aux poignets.
Ces ulcérations fuperficiellés , qui portoient
T'empreinte des pièces qui les avoient occanonnées
étoient quelquefois couvertes de croûtes légères ^
«quelquefois la plaie étoit vive & fuppurante , 8c 1 on y remarquoit des points plus profonds dralcé—
ration., qui fembloient formés par des boutons
élevés fous les plaques y ouverts à leur fommet &
applatis par la preffion. Ces boutons ou ulcérations
donnoient quelquefois beaucoup de fuppu-
ration,
Eû-ce a TaCtion. magnétique de Y a im a n t qu’ooe
doit attribuer ces effets, & ne font-ils pas évidemment
produits par le feul frottement?: On ne peut guère;
embrafler d’autre opinion à ce fujet * en remarquant
que c’eft après une application plus on
moins longue des a im a n s qu’ils font furvenus
que, pendant la durée de cette application, les.
plaques fe couvrent d’un enduit de rouille qui
forme des écailles plus ou moins fenfibles , dont
leur/urface fe trouve, hériffée du côté delà peau;,
que c’efl principalement aux parties les plus exercées
, ou qui, éprouvant plus de mouvement 9,
donnent auffi lieu à. des frottemens plus fréquena
& plus, confidérables, que ces impreffions fe font
plus fenfiblement manifeftées , comme aux genoux „
aux jambes, aux poignets ; qu’enfin elles ne pa-
roifîent point avoir été excitées par les pièces aimantées
que Ton avoit envelopées avant de les.
appliquer y & qui ne touchoient pas la peau à ntt
dans leur application..
Cependant doit-on- rapporter uniquement ceà
effets à TaCtion mécanique de Y a im a n t , & le-
fluide magnétique n’entre-t-il pour rien dans leur,
production ?- Quelques-unes des éruptions dont nous,
avons- parlé-, ayant eu lieu fur la poitrine, -où le
frottement de la feule plaque que les malades y;
portoient ne pôuvoit être eonfidérable ;; Y a im a n t '
ayant paru exercer fur les nerfs, en quelques cir—
confiancesune irritation plus ou moins marquée „
qui. devenoit plus forte au renouvellement des armures,
TaCtion magnétique de Y a im a n t n’a-t-elle
pas pu concourir a la production de ces effets *.
C’eff ce que de nouvelles épreuves doivent nous.
apprendre , n’en ayant pas tenté à cet effet qui puife
font paroître fatisfaifantes. Mais un point non moins
effet!tiel eft de'rechercher fi ces impreffions: purement
ou plus particulièrement mécaniques, ne font
pas la caufe des autres effets favorables de Y a i -
m a n t . Au moins, quant à ceux que "jufqu’ici nous,
avons confidérés , il fuffit, pour bannir toute ef-
pèce de doute , de remarquer que cette aCtion de
Y a im a n t n’ayant eu lieu , comme nous l ’avons
dit , qu après un ufage plus ou moins long des
pièces aimantées , on. ne peut l ’aflîgner pour caufe
à des effets qui fe font manifeftés dans le moment
même, ou peu de temps après leur application.
Les effets que nous avons obfervés après un
ufage plus ou moins long des a im a n s , ne ,fe font
pas bornés au lieu même de l’application. Un
plus grand nombre ont paru dépendre d’un changement
furvenu dans le fyftême général des nerfs.
C ’eft à ce genre qu’on doit rapporter les différentes
affeCtions ou maladies nerveufes que Ton a vu fe
diffîper à la fuite de l ’application de Y a im a n t .
Ces maladies où affeCtions nerveufes femblent
plus particulièrement appartenir à la claffe de
celles qui dépendent dun excès, foie de fenfi-
bilité , foit de mobilité, foit de tenfîon dans les
nerfs. Parmi les affeCtions douloureufes ou du premier
genre , on doit compter les douleurs à la
tê te , les vives douleurs de la face , les douleurs
ou coliques des reins, plufieurs affeCtions douloureufes
de la poitrine, telles qu’un fentiment de «
fuffocation occafionné par des palpitations, & des
oppreffions hyftériques avec chaleur dévorante dans
les entrailles ; certaines affeCtions nerveufes dè
l ’eftomac, telles que des douleurs, des gonflemens,
des, maux d’eftomac continuels; enfin différentes
douleurs dans les membres, foit accompagnées de
tr e{failleme ns , foit fu jettes à redoubler aux plus
légères variations dans le temps, foit occafionnées
par un lait répandu; tels font encore l’engourdif-
fement des jambes, les laffitudes douloureufes des
_ membres, & la fenfibilité extrême de la vue , enfin
la douleur au bras avec démangeaifon à l ’épaule
dont un malade fut délivré.
Dans le nombre des affeCtions qui fe font diflî-
pées pendant un ufage confiant des a im a n s , on
peut compter- auffi des maladies du genre des affections
fpafmodiques. Telles ont été des crampes,
ou contractions nerveufes de la poitrine, des affections
fpafmodiques de l ’eftomac , des crampes ordinaires
dans les membres, des crifpations nerveufes
en différentes parties du corps. _
Les affeCtions du même genre, mais de nature con-
vulfîve, comprennent les palpitations, la toux ner-
vale, dés vomiffemèns fpafmodiques, & des con-
vulfions de l’eftomac ;■ des eonvulfions générales,
telles qu’on les obferve dans les accès hyftériques ;
des eonvuifîons partielles , telles que des mouve-
mens fpafmodiques à la tête, dans les bras & les
poignets; des mouvemens convulfifs à la face, au
bfas , & a la jambe d’un feul côté ; enfin des con-
vuifions épileptiques, fi Ton doit regarder les deux
malades attaqués de cette efpèce de maladie que
nous avons traités , comme ayant éprouvé pendant
l ’ufage de Y a im a n t une véritable ceffation de leurs
accidens.
Nous avons vu difparoître également, à la fuite
de l ’application de Ta im a n t , des affeCtions du
genre de celles qu’on rapporte à Taffoibliffement
du genre nerveux, au défaut d’aCtion des nerfs.
Tels font fpécialement les tremblera eus , des affeCtions
accompagnées d’étourdiffemens , d’éva-
nouiffemens, de fréquentes foibleffes , de vertige
ténébreux , d’une paralyfie nerveufe , de la foi-
bleffe de? la vue , de la difficulté de parler, de'
Taffoibliffement de l ’eftomac, de treffaillemens à
un bruit inopiné ; enfin d’un froid habituel dans'
quelques parties, ou de friffons irréguliers.
Les affeCtions qui ont paru fe calmer pendant
l ’ufage de Y a im a n t , n’étoient pas toujours purement
nerveufes ,• quelques-unes étoient du nombre
de celles que l ’on appelle nerveufes humorales,
ou matérielles. Tels font les rhumatifmes , les
douleurs de dents , les douleurs ou coliques néphrétiques
; les affeCtions hyftériques avec fup-
preffion ; les vives douleurs de la face , fi cette
affeCtion dépend , comme le penfoit M. Fothergill,
d’une acrimonie particulière, foit cancereufe, foit
de tout autre genre ; & les épilepfies fympathi-
qifes , fi Ton attribue à l ’ufage des a im a n s 1©
calme éprouvé dans les obfervations de ce genre.
Parmi ces affeCtions , quelques autres,- fans avoir
pour caufe dire ôte un principe humoral ou matériel
, étoient au moins compliquées avec une
affeétion de” cette' nature. Ainfi, parmi les mala-
dles que nous venons d’énoncer, nous avons vu des
palpitations accompagnées de violentes pertes
des crifpations de nerfs jointes à un lait répandu
& des douleurs rhumatifmales nerveufes , aux accidens
d’un cancer ; des eonvuifîons compliquées
avec la phthifie, avec Taffoibliffement & la* ré-
traCtion de la jambe , & des tremblemens avec
une fièvre intermittente. Les accidens nerveux dont
une malade étoit attaquée, formoient, complication
avec un rhùmatifme laiteux. On reconnoif-
foit une humeur goutteufe, comme jouant un rôle
parmi ceux qu’éprouvoit une autre perfonne. Enfin
dans dautres cas., on a vu le tremblement joint
à Tépilepfîe, & Taffoibliffement de l ’eftomac avec
la préfence des glaires compliquer des douleurs
de reins.
Dans les differens genres d’affeétions que nous
expofons ici , on n’a pas toujours vu les accidens
céder ou difparoitre après un ufage même longtemps
^continué de Y à im a n t . Plufieurs exemples
nous' ont offert des preuves de ion infuffifance ; mais
on peut remarquer que c’eft fpécialement dans Toiv
dre dés affections réputées nerveufes , foit relatives