
foufre eft intimement combiné avecl’huile & l ’ efprit
recteur de cette plante, & qu’il eft entraîné avec
ces principes dans la diftiilation. Il croit cependant
que ce n’eft point au foufre qu’il faut attribuer
l ’odeur de Y. a i l & des crucifères, puifqu’il eft
parvenu à féparer le foufre de Tefpric du raifort, '
lans influer fenhblement fur fon principe odorant».
J’obferverai que le foufre ne peut être volatil &
paffer avec 1 efprit re&eur que dans L’état de gaz
hépatique , & qu’en analyfant les. eaux minérales
chargées de ce g a z , on obtient, dans beaucoup
d’expériences, une odeur analogue à celle de. Y a i l
altéré. J’ai fait bien des. fois cette obfervation fur
les différens produits de l ’eau d’Enghien ou de
Montmorency. Il el^donc poflîble que le principe
odorant des crucifères foit dû au foufre dans l ’état
de gaz hépatique , altéré & modifié d’une manière
qui nous eft encore inconnue.
Ces notions fur la nature de Y a i l fuffifent pour
le faire ranger parmi les médicamens échaummts ,
toniques , incififs , diaphorétique's , diurétiques. Il
doit aider la digeftion, & comme tel fervir d’af-
faifonnement ; auffi plufieurs peuples en font-ils
un grand ufage. Tout-le monde a remarqué que
les perfonnes auxquelles Y a i l ne réuftlt point, quoi-
qu’employé à petite dofe & Amplement comme
afTaifonnement , le prennent fans inconvénient lorf-
qu’i l eft cuit j cette remarque démontre que fés
propriétés font détruites à mefure que fon principe
odorant eft dégagé. Ce principe paffe même
dans les voies de la circulation, & parvient pref-
que fans altération jufques dans les canaux qui
portent la lymphe ; on fait que le lait des vaches
qui mangent des plantes alliacées, eft imprégné de
l ’odeur de ces végétaux. La tranfpiration & l ’urine
des perfonnes qui en font un ufage habituel, offrent
le caractère odorant de cette bulbe. Geoffroy remarque
, qu’appliqué à la plante des pieds , fon
odeur infeéte l ’haleine. B'ennet affure que l ’humeur
des caùtères prend l ’odeur de Y a i l trois ou quatre
heures après que les malades en ont mangé. Mac-
quer obferve que l ’ urine des perfonnes foibles ,
rendue quelques minutes . après le repas , fait re-
connoître la préfence de cet affàifonnement dans
les ali mens dont ces perfonnes ont ufé. Cependant
ce n’eft que la partie la plus fubtile de fon prin-'
cipe odorant qui paffe ainfi dans les humeurs les
plus éloignées des organes de la digeftion : il en
refte encore la plus grande quantité, 5c , pour ainfi
dire, la portion la plus fixe dans le réfidu des
digeftions, puifque les exçrémens de ceux qui en
font ufage ont une odeur extrêmement fétide de
gaz hépatique. Il faut que l ’eftomac, & fur-tout
le fuc gaftrique , ait une grande force digeftive ,
pour diüoudre tout le principe odorant de Y a i l ;
lorfque cette force e x if te le s exçrémens n’ont pas
la même fétidité , mais les humeurs lymphatiques
font fortement imprégnées de ce principe , & elles
peuvent en contracter une âcreté dont les effets
fe porteront ou for les vifoères , ou à la peau.
Telles font les fuites néceffaires de l’abus de cet
affaifonnement.
C’eft toujours en raifon de cette âcreté , de cette
odeur vive qui forme aùtour de Y-ail une atmosphère
qui s étend affez lo in , que beaucoup de
médecins l ’ont regardé comme un des plus grands-'
préfervatits de la pefte & des maladies'Contagieufes*
Cette opinion , comme toutes celles de l ’ancienne
médecine ,. a paffé chez le peuple, qui croit qu’avec
quelque« gouffes d’a i l il peut fe mettre à l ’abri-,
de toute contagion, & braver impunément fes-
eftets. Les gens de la campagne l’eltiment autant
que la thériaque ; auffi l’a-t-on appelé^ la thériaque
des payfans. Quoiqu’on ne doive point adopter
entièrement celte opinion, on ne peut disconvenir
que Y a i l ne foit capable de produire en partie
cette aCtion.
. Cette bulbe eft encore regardée comme un car-
minatif & même comme lithomriptique. Plufieurs-
auteurs affurent qu’elle contribué à diffoudre les-
graviers des reins f mais les médecins inftruits ne
font pas beauçonp de cas de cette vertu. Il eft
très-reconnu que Y a i l a la propriété de tuer les-
vers. On le fait prendre aux enfans en décoétion
dans du lait ou dans du bouillon 'on en applique
auffi les gouffes pilées fur la région ombilicale.
Il a eu plufieurs fois de grands fuccès dans-
les coliques vertteufes. Foreftus l ’a vu faire couler
les eaux des hydropiques. Sa propriété béchique
incifive n’eft pas moins remarquable fuivant d’autres
médecins, & on Ta confeillé comme un fpé-
cifique dans l ’afthme humide.
On peut réunir quelques obfervations fur les;
mauvais effets de Y a i l . Spigel affure que le fuc
trouble de Cette bulbe eft un véritable poifon d’autres-
ont obfervé qu’i l étoit très nuifible à-ceux qui ont
des hémorrhoïdes, & qu’i l produifoit fouvent des-
^maux de tête & des vertiges. Malgré ce que nous-
avons expofé plus haut de la propriété alexi-
tère, attribuée par beaucoup de médecins à Y a i l
Diemerbroeck prononce que fon ufage eft plus;
dangereux qu’utile dans la pefte. Fallope remar-?
que qu’i l eft nuifible^aux perfonnes attaquées de
maladies vénériennes. Quelques hommes de l ’art
ont prétendu qu’il falloit le proferire entièrement,
de nos cuifines. C’eft un excès qu’on doit éviter „
comme celui de le croire une efpecç de panacée..
Il eft certain que cet affaifonnement eft utile aux
pauvres , dont la nourriture eft groffière & v if-
queufe, & fur-tout à ceux qui n’ont que des eaux
de, mauvaife qualité $ mais i l ne l ’eft pas moins-
qu’il nuit aux tempéramens chauds, ardens, bilieux
, & que fon excès produit toujours de grands;
maux, i .
Sonmfage eft aujourd’hui prefque nul en médecine
j ce n eft que dans Le peuple ou parmi les ha-r
bitans de la campagne qu’on l’employe pour les
vers des enfans, pour les coliques, pour la jauniffe ,
foit en décoéfcion dans du la it , du vin, du bouillon,
foit a l ’ extérieur en efpèce d’épithème. On conçoit
bien que cette adminiftration empyrique eft
plus fouvent nuifible qu’avantageufe. On le pile
auffi avec- de l ’huile d’olive, & on en fait une
forte d’onguent extemporanée, qui fond fouvent
les tumeurs fcrophuleufes ; on l’applique auffi’fur
le nombril, fur, les brûlures, fur les parties attaquées
de goutte j on en frotte la peau couverte
de boutons galeux ; enfin on met quelquefois un
pareil mélange fous la plante des pieds , pour
rappeler dans ces parties quelque humeur fixée
fur un vifeère. Rai en faifoit beaucoup de cas pour
débarraffer les . poumons des humeurs glaireufes.
U a i l n’eft employé en pharmacie que pour la
préparation du vinaigre antifeptique, vulgairement
nommé, vinaigre.des quatre voleurs.{M . DE
F o u r c r o y . ) :
A il . ( M a t . méd. v é té r .) Les racines de cette
plante bulbeufe font d’un ufage très-fréquent dans
la médecine vétérinaire. On l ’ordonne généralement
dans toutes les maladies putrides, épizootiques
, & contagieufes des bêtes à cornes & des
chevaux. On -la regarde comme un préfervatif &
un bon antiputride. On l ’emploie fréquemment
encore pour rétablir l ’appétit des, animaux ; on en
forme alors des b i llo t s ou des. m a jlig a d o u r s . On
en fait auffi ufage fous cette forme dans les maladies
cataralles de la tête & de la poitrine j
elle excite alors l ’expedforation & l ’évacuation
d’une quantité confîdérable de phlegmes épais
vi.fq-ueux, qui fouvent eft la feule & unique caufe
du dégoût. Son fuc donné dans le vin blanc agit
avec beaucoup plus d’efficacité dans la fo u r b u r e
que celui d’oignon ; rnais on doit le proferire s’il
y a fièvre & inflammation. Appliqué à l ’extérieur
en forme de cataplafmes, elle eft un puiffant ma-
turatif pour les tumeurs froides & indolentes qui
fe forment quelquefois fur les côtes & aux extrémités
'y elle n’agit pas moins comme réfolutif fur
ces dernières, àc nous l’avons va Faire difparoître
des ca p e le is & des m o le tte s , pour la guérifon
defquelles on ne connoiffoic plus d’autre reffource
que l ’application du feu. L ’inflammation qu’elle
excite toujours,. la rend d’un ufage dangereux dans
les tumeurs chaudes & p hlegmoneufeselle a cependant
fixé plufieurs fois des charhons dont la
délitèfcenee auroit inévitablement entraîné la mort
de l ’animai. Nous avons été à portée d’obferver
fouvent les. mauvais effets de ces cataplafmes appliqués
fur fes ja v a r t s , dans la vue d’en accel-
lérer la maturité. Ils agiffoient commekde véritables
véficatoires ; toute la portion de peau touchée
par le cataplafme tomboit à la levée de
l ’appareil ou peu après, & les délabremens occa-
fionnés dans les articulations par l ’inflammation
violente' qu’ils excitoient, ont quelquefois mis les
animaux hors de fervice , ou retardé de longtemps
la guérifon*
Pline ( liv. io , cliap. $7 ) recommande de
faire tremper dans le jus de Y a i l la nourriture des
poules attaquées de la p é p ie . ( M . HuZARD. )
A I L E ou A L E . Hygiène.
Partie II. M a t i è j e d e l'h y g iè n e , ou chofes.
a p p e llé e s n on n a tu r e lle s .
Claffe III. I n g e j la .
Ordre II. B o iJ J o n s , liq u e u r s f e rm e n t é e s .
L ’a ile ou a le , comme l ’écrivent les anglois ,
eft une efpèce de bière qu’on fait fans houblon ,
mais avec des ingrédiens âcres & piquans qui
excitent une fermentation très-vive j elle eft jaunâtre
, claire, tranfparente , & fort piquante. Le
goût en eft plus agréable que celui de la bière
commune j mais elle moufle & fe gonfle fi rapidement
, que , fi on débouche trop précipitamment
la bouteille , elle fort avec impétuofité, & la bouteille
demeure vide. ( V o y e \ le D i c l . de J am e s ,
a u m ot A l l a . )
La vivacité avec laquelle le gaz fe développe
& s’échappe dans cette liqueur, & ' Tabfençe du
houblon eft ce qui la diftingue de la bière ordinaire
, relativement à la falubrité. 11 paroît que
la fubftancé même en eft plus légère & moins
chargée que celle de la bière ordinaire , ce qui
la rend moins à chargé pour Teftomac, & par
conféquent diminue la néceffïté du houblon ; e lle
eft auffi par cela même plus apéritive & plus diurétique.
Mais la vivacité & la quantité du gaz qui
s’en échappe doit occafionner une prompte ivrefle,
dont cependant la durée doit être moins longue;
que celle que caufe la bière , quand elle eft forte
& chargée.
Les médecins anglois . ordonnent â leurs malades
Y aile coupée avec l ’eau pour boiffon ordinaire
; cette boiffon eft apéritive , tonique, & rafraîchi
fiant e.
Telle eft Y a ile des anglois. ( V". Bi e r e . )
U a ile de nos braffeurs n’eft autre chofe que ce
qu’il s . appellent encore m é tie r s . C ’eft la fimple
décoétion de l’orge ou du grain germé & moulu ,
que Ton nomme dréche ou m a lt m ou lu . Cette l i queur
eft douce & fucrée jufqu’à la fadeur. C h a rg é
comme elle l ’eft pour faire la bière ,■ elle doit
être lourde & venteufe. Si au contraire on ne
Fait du malt qu’une infufion légère , cette infu-
fion doit faire une boiffon très -douce, nourriffante
& apéritive , & préférable, dans beaucoup de cas
à l’eau ou a la tifàne - d’orge fîmple mondé ou
perlé. V . O r g e , B iè r e . ( M . H a l l é . )
A I L E R O N S , A I L E S . H y g i è n e •
Partie II. M a t iè r e de l 'h y g iè n e , c h o fe s n o n
n a tu r e lle s .
Claffe III. Ingejla.
Ordre I. A l im e n s , a n im a u x , o i f e a u x , p a r t ie s
d e s a n im a u x .
Confédérées comme alimens , les ailes font dans