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lesfaponois, &c., ont eu recours au feu dans la cure
d’un très-grand nombre de maladies ; à la vérité,
l ’ufage des boiflons glacées eft fur-tout recommandé
en Italie & en Efpagne dans, le traitement
des affections aiguës , & le feu eft plus fouvent
employé en Afie & en Afrique, pour guérir les
maladies chroniques, que pour les aiguës : il y a
cependant un grand nombre de maladies de cette
dernière claffe, pour lefquelles on l’applique , 8c
alors i l ’en réfulte fouvent les mêmes avantages
que de l ’eau glacée. C’eft que l’un & l ’autre font
de puiflans toniques ; c’eft que l ’un & l ’autre font
des ftimulans très-aétifs , & qu’ils font très-propres
à rendre aux fibres leur reffort , & à ranimer
la vie gn réveillant la fenfibilité.
Les effets de Y adnjlion varient fuivant la manière
d’y procéder ; ils fe réduifent aux fui-
vans,
I. Lorfqjae la chaleur que l ’on produit eft
très-vive, & qu’elle brûle la partie fur laquelle
s’exerce Ion activité, i° . les levains, dont cette partie
eft le foyer 5 font détruits en même temps que le
tiffu même de l ’organè : c’eft ainfî que le fer
rouge eft employé utilement dans le traitement
local de la rage & des morfures. des animaux venimeux.
z°. Il fe forme une efearre qui devient
un corps étranger , & autour .de laquelle i l s’excite
une inflammation que la fuppuration fuit ; ainfî,
-11 s’opère un grand dégorgement ; & s’il y avoit
dans la partie quelque principe de dégénétefcence
acrimonieufe ou putride , tout ce qui auroit ce
caractère fe détacheroit par ce procédé : c’eft ainfî
que le feu guérit fouvent les charbons ou anthrax ,
Sc les maladies de ce genre. 30. Une vive douleur
, une irritation des plus fortes déterminent,
vers le point où elles ont lieu , tous les mou-
vemens organiques des parties voifines : ainfî, les
affections fpafmodiques, convulfîves , & douloureufes
, cèdent fouvent à l ’approche du feu ; ainfî,
les foyers de fuppuration font détournés & appelés
au dehors par ce procédé.
II. Lorfque l’application du feu ne produit que
de la chaleur, fans brûlure, il peut s’enfuivre encore
des effets très-utiles. i° . L ’augmentation de
la chaleur fuffit pour dégorger un tiffu fans reffort
, & où les humeurs font épanchées : car d’une
part elles deviennent plus fluides ; & de l ’autre ,
les folides acquièrent plus de ton; z°. les nerfs,
ffimulés par la chaleur, rëagiffent fur les fibres
contraétibles ; & de là , une irritabilité, une mor
sbilité plus grandes , fur-tout dans 1 a région où
la chaleur a été excitée.
Ces prinçipes fuJftront pour faire concevoir quels
font en général & les avantages de Yadufiion ,
& les cas dans lefquels on doit y avoir recours.
Ne craignons point de dire qu’ils font très-nombreux
, & que l ’on devroit l ’employer plus fouvent
que l ’on ne fait. Les médecins , qui voudront
y réfléchir, trouveront dans cet article un
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abrégé de Thiftoire de l ’art à ce fujet ; & ils
penffront fans doute qu’une pratique adoptée de
temps immémorial par les habitans de plus de
la moitié du globe, eft digne de toute leur attention
, & que dans plufieurs des cas que l ’on regarde
comme incurables, elle offre des reffources
qui ne font point à négliger. ( Jf. D . )
A d u s t io n , C a u t é r i s a t io n , C autèr~e
actuel, C autériser , donner le feu , mettre
le feu. A r t vétérinaire,
La cautérifation eft, dans la chirurgie vétérinaire
comme dans la chirurgie humaine , i ’aétion d’appliquer
, dé mettre ou de donner le feu pur , développé
& en aétion , uni & communiqué à un
corps quelconque , capable de le retenir & de le
tranfmettre à une partie du corps des animaux.
Le feu', regardé comme topique , eft le plus
mobile , le plus pénétrant & le plus aétif qui
exifte dans la nature. Il pénè re -les parties intégrantes
les plus intimes des corps fur lefquels on
l’applique. Son activité à cet égard eft néanmoins
„fucceflîve; il n’agit fur les folides & furies fluides
que par degrés, & fuivant fa fphère d’aétivicé»
Cette fphère eft en raifon de la quantité du feu
renfermé dans le corps brûlant ; elle s’affoiblit à
mefure que les particules ignées s’éloignent & fç
diftribuent dans le corps brûlé ; en forte que le
cautère perd à chaque inftant de fa chaleur. La
partie fur laquelle il eft appliqué , le prive du
feu dont il eft pénétré , en proportion de fa mol-
leffe & de fon humidité. La brûlure eft en rajfon
de l ’épaiffeur du cautère , & en proportion du
temps qu’il a féjourné dans le foyer & liar la par-*
tie. Ses premières imprefllons font plus doulou-
reufes que les fécondés , celles-ci que les troi-
fièmes, & ainfî des autres, l ’aétioa de la cauté-
rifàtion variant à chaque inftant de l ’immerfîon
du cautère dans l ’air , 8c de fon féjour fur la
partie.
L e degré de chaleur qu’on doit lui donneç
eft déterminé par les eirconftances, c’eft-à-dire ,
par la maladie qu’on a à combattre. Les cautères ,
deftinés à cautérifer les jambes, les os , lps cartilages
, les tendons, & les ligamens, feront chauffés
julqu’à ce qu’il aient acquis une couleur de ce-p
rife ; ceux qu’on emploiera pour brûler les chairs ,
pour ouvrir les tumeurs , pour arrêter les hémorragies
, &c. , feront plus chauds ; ils auront une
couleur de rofe. On aura plufieurs cautères de la
même forme, afin d’en avoir toujours de chauffés,
pour fubftituer à ceux dont on fe fera fervi, &
qu’on quittera dès qu’ils prendront une couleur
noire. •
Le feu s’emploie pour les animaux dans un grandi
npmbre de eirconftances ; il s’oppofe aux ptogrçs
de la gangrène, de quelque nature qu’elle foit ;
i l fixe l ’humeur des bubons peftilentiéls, il en
change la nature , il la convertit en pus , &c. ;
i l arrête les progrès des ulcères chancreux ; i l détruit
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détruit la racine des fies ou des poireaux; il fond
les callofités & les duretés de l ’intérieur des parois
des fiftules ; il remédie aux engorgeméns oedémateux
; il rappelle & réveille i’aétion ofçilla-i
toire des vaiffeàux dans les endroits ; où la circulation
languit ; il rappelle les parties tumé«?
fiées à leur état naturel, en établiffant-ia fuppù-
ration , la fonte de l ’humeur arrêtée , &c. ; il
facilite 8c hâte ; i ’exfoliation ,des o s , des tendons ,
des cartilages, & des ligamens; il détruit les ma-'
lécules délétères des diftérens virus ; & s’il eft appliqué
à temps & dans le commencement de la
maladie, il eft-le: remède- de la rage ; il n’agit
pas avec -■ moins de fuccès -contre les morfures des
animaux: vénimeux ; dans les ehgorgemens. ihdo-
lens , dans les abcès froids ; il eft, en pareil eàsc,
un ftimulant piaffant , 8c. il excite une inflammation
méceffaire pour Faciliter la fonte des humeurs
, &c.
L ’expérience nous prouve tous les jours qui 1
eft le tonique , le fortifiant le plus dfficace, pour
raffurer les. tendons -8t les articulations ; ébranlées
par un travail exceffif , pour fortifier les ligamens1,
*réfoiidre les tumeurs fynoviales que le travail
a fait’ naître s’oppôfer aux progrès des tumeurs
offeufes , en rendre les - effets nuis par
la force qu’il communique aux parties délicates,
douloureufes , & fenfibles , tiraillées & foulevées
par ces mêmes tumeurs. •
Dans le cas de gangrène on cerne, par une raie;
de cautérifation, la partie tuméfiée entré le mort
& le. v if, on fème enfui te la furface circonfcritey
de pointes de - feu que l’on fait pénétrer jufqu’au
v if; on couvre le tout d’onguent nervin ou de
veffîcatoire , fi le fujet eft foiblë.
Dans la rage 3 on brûle les plaies lé plus profondément
q uil eft poflible ; on fe règle à cet
égard fur l ’importance des parties léfées; on panfe
avec parties égales d’onguent nervin & d’onguent
mercuriel.
Dans l ’hémorragie , cin porte le cautère à bouton
directement. lur le vaiffeau ouvert, & on l ’y
laiffe féjourner jufqu’à ce que le fang ne coule
plus. On arrête l’hémorragie, qui eft la fuite de
l ’amputation de la queue , avec le cautère annulaire.
Voye\ A mputation de la queue.
On ouvre les tumeurs froides avec-le cautère
cutelaire ou à bouton , on le maintient dans le centre
plus ou moins long-temps, félon que les parties:
environnantes font plus ou moins tuméfiées & indolentes.
. On cautérife les os , les cartilages les tendons
, &c. , jufqu’à ce. que la partie que l ’on a
deffein de faire exfolier toit d’une couleur noire ,
8c on panfe avec les huiles effentielles aromatiques
, ou avec les- fpiritueux.
A l ’égard de la cautérifation pour fortifier
les jambes , pour-remédier à la foibleffe des articulations
, & diffiper les engorgemens de ces
parties , on prépare l’animal par la diète , le
M é d e c in e . Tome I .
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régime, & les boiflons délayantes & tempérantes
; on n’entreprend l ’opération que le matin ,
l ’animal étant à jeun ;. on trace avec un cautere
cutelaire , médiocrement chauffé , le deffein ou les
raies que l ’on, fie propofe de faire fur la partie
malade. Gès premières-;faies ne doivent intéreffer
que le poil y <afin de déterminer leur, direction ;
on prend enfuite un fécond, cautère , chauffe ainfî
qu’il a été dit, on le pafle dans les raies tracées,
lans appuyer fur le manche de l ’inftrument, fon
propre poids étant plus que fuffilaiit pour Pr° -
duire l ’effet que l ’on fe propofe , qui eft de brûbr
le .moins poflible les tégumens, & de mettre. 1 intérieur,
de la partie dans leLca& de^ recevoir', le plus
que .faire fe peut de particules ignees» Des que
la couleur rouge de ce fécond inftrument eft paffée,
on en prend un tro ifièm e q u e 'l’on promène de
raie en raie , 8c ainfî de fuite jufqu’a ce qu elles
aient toutes reçu une égale portion de feu , que
la peau foit brûlée également, qu’elle foit ^d une
couleur d’or , & qu’elle laiffe fortir une ferofité
rouffâtre. ■ : , .
L ’opération faite, 011 oint la brûlure & les environs.
avec l ’onguent populeum ou mercuriel,
félon les eirconftances qui ont déterminé a 1 application
du g feu ; on faigne & on fait ufâge de
tous les moyens capables de prévenir la fievre 8c
l ’inflammation; ^ ^
Lorfque l ’on a des chevaux très-délieats a cautérifer
, on ne met le feu qu’à une feule jambe
à la fois ; lorfqu’iis le font moins, on l applique
à deux jambes , 8c l’on a l’attention de 1 appliquer
à celles qui compofent le bipède diagonal,
; ü l ’ on a la liberté du choix.
On fait encore ufage de la cautérifation dans
1 les efforts d’épaules, de hanches , & de reins. A
l ’égard des premières de ces parties , on l ’applique
en raie, 8c ces raies préfentent une roue , une
couronne , des armes , ou un deflin quelconque ,
diéfé par les eirconftances , le goût du proprietaire
ou celui dé l ’opérateur.
Le feu des lombes devant être plus fort & pénétrer
plus avant, attendu l ’épaiffeur des mufcles
de ces parties , on le donne en pointe ; ces pointes
font dirigées de manière qu’elles préfentent un
lofange dont les deux angles aigus fui vent la di-
„rê&ion de l’épine. ( Extrait des cahiers manuf-
crits de M . Chabert y par M. Hu\ard )
Nous ajouterons quelques détails particuliers
aux obfervations générales de M. Chabert.
Le temps de l ’application du feu doit varier
• félon les faifons; l’expérience a prouvé que les
impreffions douloureufes qu’occafionne la cauté—
; rifàtion , font plus vives & plus fenfibles en hiver
& en été que pendant les deux autres faifons ;
■ auffi doit-on fe déterminer pour l’une des dernières,
lorfqnon a la liberté du choix : dans un cas de
néceflîté, on doit choifir le moment le plus tem-.
péré de la journée. Le printemps eft la faifon la
plus favorable, la chaleur de l ’été, qui lui fuccède »
r A u c