
Cet âge paîTé-j i ’hoiume eft adulte, c’eft-à-
dire, qu*ii eft parfait, & qu'il entre dans l ’âge
viril. Cependant le travail dés poumons dure encore.
Et fi nous jugeons de fa durée par le développement
des levains héréditaires , nous la porterons
jufqu’à l ’âge de trente - quatre ou trente-
cinq ans. Liage v ir il,, dans fa plus grande étendue
, commencera donc avant trente ans. Et malgré
le témoignage des anciens, j’oferai l'étendre
jufqu à foixante ou foixante - trois ; mais je diviserai
cet efpace en trpis époques. La première
finira à trente-cinq ans; & c ’en la virilité commençante
, pendant laquelle les anciens traitoient
les hommes de juvenes.Après trente-cinq ans ils de-
venoient viriv, proprement dit : & j’appellerai cette
époque la virilité confirmée. C’eft de quarante-cinq
ou cinquante ans, jufqu’à foixatite & foixante-trois,
que les anciens comptoient leur première vieil-
lelfe , à laquelle ils donnoient.l’épithète de cruda
& viridis , & que je nommerois plutôt virilité
décroifitime, ou , avec M. Daubanton, âge
de retour. C’eft à ;cet âge aufli que les femmes,
ceffant de pouvoir être mères, confervent cependant
encore de la force & de la vigueur, quand
elles ont paffé les orages qui menacent leur fexe.
Les hommes poffèdent encore la faculté d’engendrer,
i l eft vrai; mais leurs befoins diminuent, &
leur ardeur s’éteint fenfiblement. Voye\ A dultes ,
V ir il {âge).
Enfin vient une époque, fameufe chez les anciens
, l ’époque de foixante - trois ans , appelée
par eux la grande climatérique , & qu’ils regar-
doient comme le temps critique des hommes. C ’eft
en effet celui où ils font menacés d’un plus grand
nombre d’oragès; c’eft là que très-fenfiblement continence
ce qu on doit appeler vieillefle. Mais cette
première vieille fie , jufqu’à l ’âge de foixante-dix-
31ns , eft -encore forte ; & i l eft des êtres fortunés
, ou par la bonté de leur conftitution , ou par
la fageffe de leur v ie , qui , maigre la diminution
néceflaire de leurs facultés , confervent entre
elles un équilibre parfait, qui en foutient le n -
femble, jufqu’à ce que l’homme , parvenu à un
âge très-avancé , ceffant à la fois d agir & de
fentir , ceffe aufli d’exifter , & meurt fans avoir
été malade. Mais ces exemples font rares, & l ’on
peut dire en général que , malgré les apparences
d’une fan té ordinaire, on prévoit aifément, des la
première vieillefle, tous les maux de l^i fécondé.
Déjà les féefétions commencent à s’égarer , les
catarrhes à s’annoncer, les humeurs retenues à menacer
la tête , la goutte à fatiguer les ’articulations.
La voix s’altère, & l ’homme voit difpa-
toître peu à peu les lignes de fa virilité. On voit
dès lors que bientôt les os deviendront caffans,
que le füc offeux formera diverfes concrétions. C’eft
alors que reftomaç le charge de glaires ; que les
digeftions s’altèrent' fouvent fans qu’on s’en aper-
* çoive. Sans doute aufli ç’eft alors que les glandes
juéfentériques çommençeut à diminuer & à s’oblitérer.
Par une fuite néceflaire , l ’aflindlation ,
moins parfaite , engendre une abondance de glaires
crues , qui bientôt furchargeront la poitrine , formeront
les catarrhes & les afthmes §f ou altéreront
le tiffu de la peau : mais les maladies de la peau ,
chez les vieillards , ne feront plus des dépurations ,
comme dans l’enfance ; ce feront des cachexies»
Ces triftes préparatifs ont enfin tout leur effet, dans
la fécondé vieillefle (Jenium ) , où la vie femble
fe partager entre les maladies & la fanté. Enfin,
tôt ou tard, viennent la décrépitude ,. l’immobilité
, l ’enfance; l’efprit s’égare; & l ’homme , fans
facultés, fans mémoire, fans fondions, diminue rapidement
jufqu’à ce qu’il celle d’être. V . V ieillessb.
T e l eft l’ordre & la fucceflion des âges. Les
anciens, plus attentifs que nous à en marquer les
périodes, peut-être parce qu’une vie plus fimple,
un ciel plus é g a l l eur donnoit lieu de faire des
obfervations plus exactes , ont cru devoir les renfermer
, dans des termes encore plus précis , auxquels
ils attachoient une grande importance, &
qu’ils appeloient années climatériques. Ces années
ou ces périodes , car les mois en étoient
aufli, étoient marqués de neuf en neuf, ou de
fept en fept; & Pÿthagore attribuoit une grande
valeur à ce dernier nombre. L ’importance qu’Hip-
pocrate donnoit au feptième mois de. la groffèfle,
relativement à la formation du fétus, femble indiquer
qu’il n’étoit pas loin d’adopter le py-thap'
goréifme.
L a réunion des deux fupputations dans la foixante«
troifième année-, formée de la multiplication des
deux nombres 7 & 9 , donnoit, félon eux , à cette
I époque une importance qui fembloit fe rencontrer,
jufqu’à un certain point, avec les phénomènes
de la nature. Et en général , quoiqu’il foit
difficile de ne pas regarder, à beaucoup d’égards,
cette exactitude comme chimérique & fuperfti-
tieufe , i l faut avouer qu’elle fembloit quelquefois
fe rencontrer avec les véritables époques &
les révolutions naturelles. Qu’on fuive en effet
l ’enchaînement de ces révolutions , tant dans les
premiers mois de la vie que dans les années qui
les fuivent, & l ’on verra que les nombres 7 , 14,
z i z8 , 3$ 4$ & 63 , font toujours plus ou
moins proches des grands événemens ; en forte qu’il
n’ eft pas étonnant que chez un peuple comme les
égyptiens , dont les grecs ont emprunté ces; dogmes,
& chez lequel la fuperftition étoit toujours
à côté des lumières & de la fcience , on ait mis
dans ces remarques une religîeufe exactitude &
une importance myftérieufe.
Quoi qu’il en fo it , les befoins & les goûts
de l’homme changeant néceffairement avec fa.conf-
titulion, la nature de fon régime doit fuivre les
variations de fon tempérament; la quantité de fes
alimens doit être proportionnée à l ’etendue, de fon
corps , à la grandeur & à la fréquence de fes
pertes, fes exercices changer avec fes forces, fes
occupations avec fes facultés, fes précautions avec
fe fenfibilité. Les détails de ce régime feront ex-
pofés à l’article de chaque ; ici je ne confi-
dère que les enfèmbles'*, & je me contenterai de
dire en général qu’à mefure que l'homme , ou
fe rapproche plus de fon origine, ou s’avance davantage
vers fa fin , & que les changemens qu’il
éprouve font par conféquent plus grands & plus
rapides , & les forces réfîftantes moindres, les précautions
, les foins , l ’exaCtitude en tout^enré
deviennent aufli plus importans , & les excès plus
dangereux. L e tendre enfant & le vieillard chancelant
fuccombent fous le poids des caufès que fent
à peine l ’adulte vigoureux : un régime trop exaét
* eft un mai pour c e lu i- c i, comme trop de négligence
en eft un pour ceux-là. Les degrés intermédiaires
doivent fuivre la loi des progreffions
qui les éloignent ou les rapprochent de ces trois
termes. Qu on ne donne donc point à un âge les
alimens , les travaux , les plaifirs , les occupations
d’un autre ; mais fur-tout , que les gradations
foient plus étudiées dans les paffages difficiles qui
lient les grandes époques de la vie, & où fe préparent
& fè font les grandes révolutions. Ainfi, «
lesdentitions , la puberté, le temps critique des
Femmes & celui des hommes font des momens
marqués pour la néceffité & l ’exa&itude du régime.
En général, plus la nature a d’objets à remplir,
moins il faut la charger de travaux étrangers
, moins il faut lui laiffer d’obftacles & de ré-
fiftances à vaincre. Mais fur-tout qu’on ne réunifie
pas les grands efforts de l ’eiprit avec les
grandes révolutions du corps. Qu’on fonge qu’aux
époques de la dentition & de la puberté , & pendant
les grandes croiffances , l ’homme eft moins
capable de faifîr les objets faits pour exercer fa
mémoire, fon jugement, & fur:tout fon imagination.
Qu’on remarque bien que la nature nous donne
elle -même des leçons de prudence à ce fujet. Ne
voit-on pas des enfans devenus comme incapables
& ftupldes à ces époques, prendre enfuite un effor
qui nous étonne. En général, entre la première
& la fécondé dentition , l ’enfant doit s’accoutumer
a reconnoître & à faifîr' les objets qui l ’entourent
; fes idées fe forment & fe fixent ; fon corps ,
ainfi que fon efprit, fe mettent à l ’uniflon avec
tout ce qui l ’environne ; l ’obfervation fimple &
fans réflexions abftraites , eft l ’apanage de cet
âge , c’eft l’âge de l ’imitation. De la fécondé
dentition à la puberté , i l rapprend à réunir les
imprefliohs qu il a reçues, à fe les rappeler dans
1 abfence ‘des objets qui les ont produites ; c’eft le
régné de la mémoire. L ’efpace rempli par l’ado-
lefcence eft le temps o ù , de la comparaifon des
idées & des efforts de la mémoire, fe forme 1’/-
magination, époque impétueufe & brillante. Enfin
la réflexion & le jugement, mûris dans l ’adulte ,
enrichis des produits de l’imagination & des tré-
fors de la mémoire , enfantent des chef - d’oeuvres
folides, faits pour la gloire & le bonheur de
l ’humanité.
Mé d e c in e . Tome I ,
Que l ’hoitîme ne cherche donc point à intervertir
cet ordre. Il eft trop commun de voir
une fertilité prématurée , fuivie d’une affligeante
ftérilité !
Mais une chofe dont il eft encore important
d’avertir ici , c’eft qu’aux grandes époques, 0$
fouvent le corps fembiç fouffrir, il faut bien fè
garder de prendre toujours cet état pour un état
contre nature. Qu’on ne fe permette donc pas trop
légèrement de multiplier les remèdes, lorfqu’il
ne faut que du régime. La vie de l ’homme a fes
crifes comme lés grandes maladies ; dans les unes ,
comme dans les autres , le rôle du médecin eft
prefque toujours d’obferver : la nature travaille,
on la trouble fouvent , fous prétexte de l ’aider.
Voye\ E nfance , P u b e r t é , A d o l e scen ce ,. V i r
il it é , & V ie il le s se . ( M . H a l l é . )
A g e s . ( pathologie des ) La vie fe partage etr
plufieurs âges'y favoir, en enfance, qui dure depuis
le-moment de la naifîance jufqu’au temps
où l ’on commence à être; fufceptible de raifon.
Suit après l’âge de puberté , qui fe termine 2
quatorze ans dans les hommes , 6c dâns les filles
à douze. L ’adolefcence fuccède depuis la quatorzième
année jufqu’à vingt ou vingt - cinq ans 9
ou, pour mieux dire , tant que la perfonne prend
de l ’accroiflement. On paffe enfuite à l ’âge viril,
dont on fort à quarante - cinq ou cinquante ans.
De là on tombe dans la vieillefle , qui fe fub-
divife en vieillefle proprement dite , en caducité
& décrépitude , qui eft la borne de 1%
vie.C
haque âge a fes maladies particulières ; elles
dépendent de la fluidité des liquides, & de la ré-
fiftance que leur oppofent les folides : dans les
enfans, la délicateffe des fibres occafionne diverfes-
maladies , comme le vomiflement , la toux , les
hernies, l ’épaiffiffemenc des liqueurs, d’ouprocèdent
lesaphthes, les fluxions, les diarrhées, les convulfîons*
fur-tout lorfque les dents commencent à paroître 9
ce qu’on appelle vulgairement le germe des dents•
A peine les enfans font-ils quittes de cesaccidens,
qu’ils deviennent fujets aux inflammations des amygdales,
au rachitis, aux éruptions vers la peau , comme
la rougeole & la petite vérole , aux tumeurs des
parotides, à l ’épilepfie ; dans l ’âge de puberté , ils
font attaqués de fièvres aiguës, à quoi fe joignent
les hémorragies par le nez ; & dans les filles, les
pâles couleurs. Cet âge eft vraiment critique, félon
Hippocrate : car fi les maladies opiniâtres auxquelles
les jeunes, gens ont été fujets, ne ceffënt
alors , ou, félon Celle , lorfque les hommes con-
noiffent pour la première fois les femmes , & dans
le fexe féminin au temps de l ’éruption des règles ,
elles deviennent prefque incurables. Dans Pado-
lefcence , la tenfion des folides devenant plus con-
fidérable , les alimens étant d’une autre nature,
les exercices plus violens , les humeurs font plus
atténuées, divifées, & exaltées ; de là réfultent les
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