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l ’étendüe des pays habité$ par les noirs a Totient
de Y A fr iq u e , fera à peu près égale au nord 8c '
eu fud. de l’équafeur, & s’étendra d’un tropique à
l ’autre : fi les abifîîns , au contraire, font réellement
, originaires à’Afrique , i l faudra attribuer, comme
M. de Buffon, leur couleur à l ’élévation de leur pays,
.plus grande que celle de la Nubie , qui en eft
voifine; mais alors il reliera toujours à démontrer
. çômmenti i l fe fait qu’à l’orient de Y Afrique il
(e trouve des peuples noirs jufques fous l ’un 8c
l ’autre tropique , tandis qu’à l ’occident , proportionnellement
plus échauffe que l ’orient du même
continent, la zone des nègres ne commence d’une
Si d’autre part qu’au dix-huitième degré , fur-tout
au nord , & même au fud , fuivant M.. de Buffon •
*lui-même. Pour le centre de l ’Afrique , comme
nous avons vu que les baflîns occidentaux font
beaucoup plus profonds que les baffins orientaux,
l ’étendue des races noires occidentales eft aufli
beaucoup plus grande des côtes au centre de
Y Afrique , que celle des races . orientales , &
l ’intervalle montagneux qui les fépare eft , dit-on,
•occupé par des peuples blancs, ou au moins ftem-
blables aux galles & aux abifîîns, fur-tout au nord
de cette chaîne centrale. ( H ijî. nat. de M. de
Buffon , fuppl. t. iv , in-40. t. viij , in-izy )
I l y a encore une remarque importante à faire ,
•c’eft que , fi l ’on confulte les rapprochemens que fait
M. de Buffon d’après les différens voyageurs ( Hijl>
liâ t, y variétés de Y efpèce humaine, t. i i j , in-40. ,
tom. v j , in - iz . )-, on verra que les différentes
nuances dés noirs font loin d’être proportionnées
à leur éloignement de l ’équateur. De tous les
Uoirs , les Sénégalais & ceux de Gambie parmi
‘les occidentaux, ,& parmi les orientaux les' Nubiens
, ceux de S o fa la , de Mozambique, de Madagascar
t 8c du Monomotapa, font les plus
hoirs 5 les habitans du Congo' font plus noirs que
le refte de nègres, mais moins que les Sénéga-
lôis; enfin les moins foncés font ceux de Juidà
8c YArada. Ceux des îles du Çap-Verd, -appelés
nègres couleur de, cuivre, font regardés
comme mulâtres des portugais & des naturels détruits
; & ceux du Cap-rerd même font noirs
comme les Sénégalois. Pour les fo u le s qui fobt
établis en plufieurs endroits fur les rives du Sénég
a l, & qui ne font^pas tout à fait noirs , on les
regarde en général comme des mulâtres venus
du mélange des arabes du défert & des Sénégalois.
Le refte des habitans de VAfrique pourroit fe
divifor, quant à la couleur, en blancs 8c en bafafins.
Et beaucoup de relations empêchent de douter que cés
côtés n’aient été Occûpées pàr des noirs dont quelques-uns
exiftent encore, Lefi habkans'd’Adel , tnàhoirfét'atis , & qûi
ne font pas plus noirs quelles gâiles & les àbiffîns ; font
auffi fans doute une colonie poftérieure, mais originaire
d’ Arabie,
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nés 6u olivâtres ; & dans cette dernière couleur il
faut encore diftinguer les peuples de? parties méridionales
de Y Afrique ,« des peuples foptentrio-
naux. Car il paroît que la couleur des peuples
feptentrionaux n’eft qu’une couleur acquifo , qui
n’exifte point dans les individus élevés à l’abri,
comme les femmes & les enfaos ; tandis que la
couleur des méridionaux eft naturelle & abfolu-
ment de race, & fe développe au bout de quelques
jours après la naiffance dans les enfans nouveaux
nés. Cependant fi l ’on fonge que.les femmes
d’Abiffinie , qui font renfermées, dans les harems
du Caire, font cependant d’un teint brun olivâtre,
quoique très-belles & très"-eAimées , on fera
porté à croire que la couleur des abifîîns eft réellement
'de race, & la même chofe fe trouvera
peut-être vraie des arabes méridionaux , dont au
refte il ne'dôit pas être qliéftion ici.
Les habitans de Y Afrique qui ne font -pas
noirs, font donc: i° . au nord de l’équateur , les
habitans de Y Egypte , des pays Barbarefques,
des montagnes de l ’A tla s , du 3 er ici, du Salira,
, & de l ’Abiffinie y z ° i ceux, du centre montagneux
de Y Afrique , que M. de Buffon parole
rapporter aux galles ( Siippl. t. viij , in-12..
pag. 17a) 5 f i au fud , les habitans .de la Çaf-
frerie occidentale, du f?ap de Bonne-Efpérance1,
& ceux des terres orientales de f ia t al St dé
Fumos.
Parmi les habitans de l’Egypte, de la Barbarie
, du Jerid, '8c. du Salira; il faut diftinguer les
arabes, des autres peuples.-Les aràbes font partout
bruns olivâtres : cependant, comme les -arabes
de ces contrées viennent des arabes feptentrionaux ,
ilsne doivent pas être naturellement auffi colorés que
les arabes méridionaux. Pour leurs femmes, on fait
qu’enAfîé celles d’un rang diftingué font très-blanches;
celles du-commun, qui fe livrent aux travaux ,8c font
expofée? à l’air, font brunes | & celles du Sahra font
bafanées- comme les hommes. Les Egyptiens font
en général bruns olivâtres, dit M. de Buffon, &
.d’autant plus qu’on avance plus vers la Nubie.
Cette obfervation peut être générale pour leà
Coptes , qui font les vffais originaires , & pour
les gens de la campagne, mais ne l’eft certainement
pas pour les Mamelus , dont la plupart
font originaires d’Europe. Les femmes vraiment
égyptiennes ne 'font què les femmes du commun
, & font brunes comme les hommes ; les
autres font toutes efclaves , 8c leur couleur dépend
du pays d’où elles ont’été tirées. Parmi les barbarefques
, les maures font bruns, bafanés, &
en quelques -endroits.bafahés jufqu’au noir: cepen-
pendant les femmes mêmes des habitans de la province
d’EfcüTe , fur larivière de Darâ , royaume de
Maroc, qui fqqt très-bafanés, font fort.blanche,s;
& en général, les femmes barbarefques font fi
blanches y que-M. de Buffonv d’après M. le 1 chevalier
Bruce y dit1 qu’elles font d’un' blanc' mat &
prefquè blafatd ) !àyeç liii rolage fur les joues qui
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le détache fur ce fonds d’une manière trop vive pour
■ être agréable (1). Les enfans font auffi du plus beau
teint. Les xabyles ou habitans des montagnes de
l ’Atlas font au contraire blancs; en général, ceux
des montagnes de Fez le font d’une manière remarquable.;
& les habitans du mont Aurefs, dans
le royaume d’Alger , font blancs , & blonds de
-.elieveux •; de manière que Shaw croit y voir des
‘traces des anciens vandales; car en général les cheveux
des peuples de Barbarie font noirs, ou roux. Au
srefte , il ne feroit pas étonnant que des pays tant
de fois dévaftés , conquis 8c abandonnés par ; les
•.romains, .les égyptiens, les vandales , les efpa-
•gnols, & les arabes, offriffent, dans la variété de
Leurs habitans, un tableau de la multitude de leurs
révolutions. A l ’égard des habitans du Jérid & du
.’Sahra,, foit ceux qui vivent à la manière des Bédouins,
foit.ceux qui habitent des demeures fixes ,
font bafanés 8c noircis en raifon de la chaleur du
lieu qu’ils habitent : mais comme ils font de la
»même race que les arabes & les cabyles de Barbarie
, il eft évident qu’ils ne font point de race
moire.
J’ai déjà dit quelque chofe de la couleur des
uibijjins & de leurs femmes, j’ai parlé des habi-
Laus SA d e l 8c des Galles , dont la couleur eft la
même que* celle des abiffins ; ce qui eft d’autanc
moins étonnant des Galles , qu’ils font eux-mêmes
originairement abiffins. J’ai dit que la couleur
•olivâtre de ces peuples paroiffoit tenir davantage
des .couleurs de race que celle des autres peuples
■ feptentrionaux de Y Afrique. Si les peuples fûp-
pofés blancs des montagnes du centre de Y AfHque
font de la même origine que les Galles , cette
couleur aura donc cédé à l ’influence du climat.
Cependant fi l ’on veut, avec M. de Buffon , continuer
cette race de blancs de montagnes en montagnes
, jufqu’aux hottentots, il y aura une difficulté :
•ce fora de lavoir pourquoi, dans un pays encore tout
montagneux, & même rempli de très-hautes montagnes
, les hottentots , couleur d’olive , confervent,
au delà du tropique auftral., dans une région affez
tempérée, une couleur de race aufli marquée, & que
divers voyageurs ont même pris pour une couleur
hoire, quoiqu’elle n’en ait que l’apparence. J’ai déjà
•dit fur quel fondement je crois qu’on peut établir que
les habitans de la côte occidentale de Y Afrique,
au delà du tropique auftral, & ceux fur-tout de
Na tal, dans la partie orientale correspondante ,
font de la même couleur que les hottentots : quoi-
(ï) M. Ramel , fils , médecin 1 Aübagne, qui a longtemps
demeuré fur la côte d’ Afrique , mais à la vérité
dans les comptoirs françois de la Calle & de Bonne,
•qui font des lieux peu falubres, dit que les femmes des nomades
, ou des peuples errans , c*eft-à-dire, des arabes ,
font bafanées., & que les citadines font blanches , mais
d ’un blanc jaunâtre & chlorotique',^ qui , loin d’annoncer
la fraîcheur & là fanté ,■ Semble être l’indice d’une mau-
vaife conftttution.
M é d e c in e . Tome 1.
A F R. , 513
que peut-être uit peu plus foncée : M. de Buffoa
paroît être de cet avis. (Voyez- dans cet article
§. V , nos p , 10 , & 11 , & HiJl. nat. t. V I ,
in -iz , p. Z45.) I l réfulte de là , que les peuples
de l’extrémité de Y Afrique font d’une race
effentiellement colorée , mais qu’on ne doit pas
confondre avec celle des nègres.
Les noms en eux-mêmes ne font rien, & peu
importe quelle fignification les arabes donnent au
mot Caffre , relativement à leurs opinions reli—
gieufes. Le mot Caffre ne fignifie abiolument rierr
pour nous. I l nous eft donc libre de l ’unir à des
diftinétions phyfiques remarquables par l ’obferva-
tion, & étrangères au mahométifme & à l’idolâtrie.
C ’eft ce qu’a fait M. de Buffon, qui réunit
à ce fujet une quantité de faits impôt tans avec
cet art qui n’appartient qu’au génie. Cependant >-
quand on a lu la diftinftion qu’il fait entre le s
nègres 8c les caffres , dans laquelle i l donne £
ceux-ci , pour caraèlère diftinélif, la beauté des
traits du vifage , la propreté de la peau, ou du!
moins le peu d’odeur de la tranfpiration, un caractère
altier , fauvage, ennemi de la fervitude ^
& aux nègres tous les cara&ères oppofés ; i l eft
impofllble de comprendre pourquoi, dans une même
clafTe ( la claffe des caffres j , il réunit les hottentots,
qui, comme i l le démontre , ne font nullement
noirs, avec les habitans de Madagafcar,
de Sofala, de Mozambique , & du Monomotapa ,
qui font les plus noirs des peuples orientaux de
Y Afrique. On concevra encore moins comment i l
accorde la beauté des traits , cara&ère diftinCtiff
des caffres, fuivant lu i, avec la laideur des hottentots,
qu’il dit en cet endroit être les plus hideux, comme-
les plus fales Les mortels. I l eft bien vrai que les
hottentots font auffi fort attachés à une vie libre
& indépendante ; mais ce cara&êre eft loin ù’aP"
partenir à tous les caffres, & les voyageurs afla-
rent que ceux de Mozambique font d’une lâcheté-
méprifable, & du cara&ère le plus fervile & le
plus bas.
Mais eh fuivant les rapprochemens que fait M.
de Buffon, en admettant avec lui & les voyageurs
qu’il cite, que les noirs qui habitent les cotes
orientales font plus beaux , c’eft à-dire , ont des
traits plus rapprochés de ceux des européens que-
les noirs occidentaux , qu’i l appelle proprement
nègres ; en obfervant que les câffres de Natal font
de même affez beaux en comparaifon des hottentots
, qui néanmoins font plus laids par le foin qu’ils
prennent de s’enlaidir & de fo contrefaire , que
par leur conformation naturelle ; on concevra une
nouvelle divifion plus exa&e, ce me femble, 8c
plus complète, dans laquelle on ne confondra point
les peuples que l ’art foui a noircis, âvec ceux que
la nature a créés noirs. Après avoir tracé entre
les africains, relativement à la couleur de leur
peau , des lignes qui fo trouvent prefque parallèles
à l’equateur, & qui fépareront les hommes
noirs d’entre les tropiques , des hommes olivâtre*