
•méthode de guérir font dédiés à Apocauchus ,
qu’il croit être le même que cet Apocauchus
qui fe rendit très-célèbre fous Andronic & Cantacuzène,
l’an 1330 ou 1331 : c’eft de cette cir-
conftance feule qu’il s’appuie. Mais comme les
xaifons qu’i l emploie pour faire valoir fon fen-
timent, font aflez fingulières , i l convient d’en
examiner la valeur.
11 veut prouver qu’Apocauchus eft le même que
celui qu’Acîuarius dit ( mais fans le nommer ) être
parti pour une ambaflade dans le Nord , & avoir
été fon condifciple fous Jofeph Rachendyte , auquel
font dédiés fes livres de fpirïtibus. Apocauchus
, dit Lambecius , étoit également habile
.dans la Philofophie & dans la Médecine. Pour
le démontrer , i l produit un palfage de l ’hiftoire
de Jean Cantacuzène , dans laquelle , dit - i l ,
Apocauchus eft appelé ironiquement, 0 J'iJ'ctma
Aof tÎis o/kV/*év«î kÀi /j.a.ÜY,Tris tS nrpetov xaj (p
.ôpw-ary, te magijîer orbi.s , & difcipulus mitis illius
ja ac benigni proeceptoris , nempè Jofephi R a ta
chendytoe, cujus nomen ibi fub audiendum
o ejlw : c’eft-à-dire , maître du monde , & difei-
p le d’un maître doux & philanthrope , Jofeph ^
Rachendyte , .dont J e nom doit être ici fous-en-
iendu.
I l continue de la forte : « Hue etiam pertinet
» quod Joh. Çantacu\enus refert Apocauchum
» metaphoricis loquendi modis à medicinâ de-
p fumptis uti confuevijfe ^ & Joh. Cantacu^e-
» num fuum appellajfe medicum , ut pote cujus
» opéra, multis implicatus periculis & mife-
» ris ajfecîus modis , ereptus atque curatus
p fuijfe t ». A quoi fe rapporte aulli ce que dit
Jean Cantacuzène, qu’Apocauchus faifoit fréquemment
ufage de métaphores tirées de la Médecine,
& que Jean Cautacuzène l ’appelle fon médecin,
ayant été, par fon fecours, arraché à des dangers multipliés
dont il avoit été environné, & délivré des
maux dont i l avoit été affeéfcé.
Telles font les paroles qu’on trouve dans Fabri-
cius, & auxquelles on a ajouté foi ; cependant
elles paroîtront fort étonnantes à quiconque çon-
ifultera l ’hiftoire même. Car dans le premier paf-
fa g e , Cantacuzène ne défigne point Apocauchus ,
mais il parie du patriarche Jean, qu’il traite d’arrogant
& d’homme dur , qui fe vantoit d’être comme
le précepteur du monde entier, & le difciple de
celui qui avoit été doux envers les hommes , 8c
rempli d’amour pour le genre humain : expref-
fions par lefquelles on voit évidemment qu’il peint
non pas Rachendyte , mais notre fauveur 3 dans un
autre endroit, il fe fort encore des mêmes expref-
fions , & dans le même feus. Une femblable
erreur fe rencontre en parlant des métaphores tirées
de la Médecine , fi familières , dit - on , à
Apocauchus : l ’hiftorien n’en fait aucune mention $
i l obferve feulement qu’Apocauchus avoit coutume
de l ’appeler fon médecin, non pas dans le feas
propre de ce terme , mais parce que Cantacuzène
l’avoit tiré de beaucoup de peines 8c de
dangers. Od ne fauroit donc inférer de là qu A-
pocauchus fe foit rendu habile en l ’art de guérir.
On vante même fi peu, dans cette hiftoire, les
eonnoiflances ou l ’inftruétion d’Apocauchus, qu on
raconte que, d’une origine obfcure & fans fortune
, ayant été bas écrivain au tréfor ro y a l, il
obtint d’abord, par fes fouplefles ,* par fes intrigues,
& par l ’argent que fon adrefle fut lui procurer,
une place dans la recette des impôts^ 8c enfuite,
fous l ’empire d’Andronic, il parvint à être un des
directeurs des finances. Mais étant paffé dans le
parti du petit - fils d’Andronic ( car foulant aux
pieds l ’honneur & la décence, tous les moyens
qui pouvaient l ’avancer étoient bons pour lui ) ,
il s’éleva par degrés au rang de quefteur , de
préfet de la cour & de l’empire, & enfin dAr>
chiduc j il fut tout , fuivant l ’expreflîon de Cantacuzène.
I l eft d’autant plïft furprenant qu’il foit
parvenu à cette haute puifiance, que le prince le
déteftoit 3 8c qu’en lui confiant des emplois fi im-
portans , il le regarda toujours comme* un vrai
fripon. Après s’être long - temps comporté avec
une arrogance insupportable , ce;qui eft conftam-
ment le caractère d’une ame vile , baffe , foible , &
avoir été*reconnu pour l ’auteur des calamités publiques
j cet Apocauchus fut enfin mis à mort, en
134$, par des captifs $ digne châtiment de fes
forfaits.
Cependant, bien que ce portrait d’Aj^cauchus
convînt à l ’homme dont parle A c îu a r iu s il n’eft
paspoflible que ce foit de lui c[u Acîuarius faffe
mention en cet endroit 3 car il eft facile dè prouver,
que non feulement Acîuarius, mais même un autre
écrivain qui le cite & le copie fouvent, ont vécu
avant cette époque. C ’eft Nicolas Myrépfus, le
dernier des écrivains grecs, fi l’on doit regarder
comme d’un grec un langage barbare ^cincorreét j if
a recueilli, fous le titre d’Antidotarium, différens
médicamens qu’on trouve épars chez les grecs 8c
chez les arabes. U eft très-certain que Myrépfus
a compilé cet ouvrage avant l ’an 1300: car non
feulement Pierre d’Abano , qui mourut vers 1316»
mais encore Matthieu Sylvaticus , 8c François de
Piémont, tous deux médecins de Robert, roi de
Sicile , lefquels ont écrit au commencement du
règne de ce prince (1310 ) , rapportent plufieurs
formules qu’ils déçlarent tirées de Nicolas. On
ne fauroit donc djre qu’il a véçu après cette époque
3 mais quoiqu’on ignore de combien il eft
plus ancien, il eft cependant vraifemblable qu’il
a vécu peu de temps avant la fin du treizième
fiècle,. Car fans parler de l ’antidote indiqué fous
le nom de Michel l ’Ange, qui eft peut-être le
premier empereur de la maifon des Paléologues ,
vers l ’an 1150, & qui eut pour femme la fille
d’Alexandre l’Ange , Myrépfus en décrit un autre
dont fe fervoit le pape Nicolas. Ce fut, je crois,
le troifième pape de ce nom , qui mourut l ’an
l iô o , 8c qui étoit* contemporain de Myrépfus î
ce pape étoit, pour fon temps, un homme aflez
inftruit, & protecteur des lettres.-
Tant de faits démontrent fort bien qu'Acîua-
rius eft un écrivain plus ancien que ne le penfe
Lambecius. J’ai dit plus haut quelque choie du
ftyle à'Acîuarius 3 il peut fervir à prouver que
l ’auteur n’eft pas- fi moderne : en effet, fi on le
compare aveu celui de Pfellas & de Siméon, on
reconnaîtra que fa diction eft plus pure 3 8c aflu-
rément, agrès l ’an izoo , il eft difficile de trouver
aucun ^rivain qui n’ait point chargé fon discours
ou de grec moderne, ou de barbarifmes tirés
de quelque autre langue. 1
Si Ton objeCte l’autorité d’un manuferit, où le
livre eft dédié à Apocauchus , la réponfe eft aifée j
c’eft , ou qu’il y a eu un autre Apocauchus, ou
que cette infeription eft faufle j fifperchcrie très-
ordinaire des copiftes, & qui déjà exiftoit lorfque
Ptolémée Philadelphe fondoit ou augmentait la
bibliothèque, d’Alexandrie , devenue, parla fuite,
fi célèbre.
Freinci a tracé" l ’hiftoire d'Acîuarius , & a
donné ^extrait de fes ouvrages 3 comme il n’entroit
point dans fon plan d’en indiquer les differentes
éditions qui en ont été faites , nous allons
eflayer d’y fuppléer d’après les bibliographes.
Editions des ouvrages d’Acîuarius.
I. Acîuarius a beaucoup écrit. Quelques - uns
dfe fes ouvrages n’ont point encore été imprimes 3 ils
font reftés enfevelis dans quelques bibliothèques 3
favoir , un traité de diætâ , commentarii inapho-
rifmos Hippocratis , 8c quelques autres dont il
eft parlé dans la biblioth. med. J. G. Schenckii.
D’autres ont eu un meilleur fort 3 nous allons
les indiquer, avec la date des éditions.
I. Acîuarii de urinis libri feptem, Ambrofio
Leone, Nolano , interprète ; Venetiis, apud Eau-
rentium Vitalem, 1519 , in-40. '
Parijïis , i$zz , in-40. Kejlner, p. 113. c.
Parijzis , 1548 ,10-8°. Cette édition eft due
aux foins de Jacq. G o u p y l, méd. de la faculté
de Paris 3 elle a été par lui revue fur des ma-
nuferits grecs 3 i l y a ajouté des notes &
des feolies. Mais le texte n’a jamais été imprimé.
j— Parijiis , 15C7 , in-folio. Avec les. autres ouvrages
de Médecine raflemblés 8c imprimés par
Henri Etienne , fous ce titre : Medicce artis
principes. '
S— Ultrajefiti , 1670', in-8°. Ce traité a encore
été plufieurs autres fois réimprimé , avec des
traités fur le même fujet*
II. De compofitione medicamentorum ,* Joanne
Ruellio interprète. Paris , 153? , in-ia.
■— Bafilece, î5 4 6 » in-8°.
—- BafilecE ,1 5 4 0 , in-8°. Dans cette édition,
publiée par Conrad Gefner, fe trouvent d autres
traités fur le même fujet.
Nota. I l eft bon d’avertir ici que ce traite
fur la compofition des médicamens n eft autre
chofe que les livres cinquième & fixieme de 1 ouvrage
Acîuarius , intitulé de Methodo me-
dendi. Plufieurs bibliographes , & entre autres
Van-de-Linden , Mercklin, B a y l e n ’y ont pas
fait attention , 8c ont cru que c etoit un traite
particulier.
III. jDe Methodo medendi libri fe x . Cor. Hen-
rico Mathijio, Brugenfi medico, interprète. Venetiis
, 1554 , in-40.
Cet ouvrage a été plufieurs fois imprimé depuis
j il fe trouve dans la colleétion de Henri
Etienne , intitulée Medicce arth principes. Paris,
1567 , in-folio. Le texte grec n’a pas encore été
imprimé.
IV. D e actionibus & affe&ibus fpiritûs animalis
, ejufque vicîu lib. i j , nunc primùm in
lucèm prodierunt Jacobi Goupyli beneficio ,
graecè. Parijiis , apud Jÿlartinum Juvenem ,
15 5 7 , in-8°. ‘
Nous donnons ce titre tel qu’il fe trouve dans
Mercklin , fous le mot Acîuarius.
Nous avons vu une édition plus recente, mais,
à ce qu’il paroît, encore peu répandue en France*
I l convient de la faire connoître.
i Ax.1ya.piov 'crtpx ivipyttav xeti «raôtov t« Jyxixtf
«mv/AetToî xcu T.«î Xtt? av1o ïicut-as Àoyot & Quorum
alterum é Pàrif. exemplo Martini Juve-
nis , 'alterum è'cod. monacenjz *cum varietate
lecîionis nunc primùm in Gerniania edidit Joh•
Frider. Fifcherus. Lypjjce fumtu Joh. Freder„
Langenhemii, a. c. cio 10 cc Ixxiiij. ( in-8 . }
Ce ti^re , & la dédicace qui le fu it , contiennent
xiiij pages en italique. Le texte , accompagné
de quelques notes , en occupe 130.
Cet ouvrage, publié deux fois en grec , a été
traduit en latin par Jule Alexandrini, & imprimé
à Venife en 1547 , in-8°. I l fe trouve aufli dans
l ’édition de la Méthode d’Acîuarius , donnée par
Mathifius. Venife , 1554 5 in-4°*> & dans la col--
ledlion d’Henri Etienne , 156 7, inTolào.
V . Ces différens traités à’Acîuarius ont été raffemblés
& imprimés en latin fous ce titre : ^
Acîuarii Opéra. P a r ijiis , apud Morellum, in-8°*
Mercklin.
— Lugduni apud Jo. Tornejium , I5 5 6 y in -x i.
tribus confi. voluminib*
Nous répéterons qu’ils fe trouvent dans la cdl-
leétion d’Henri Etienne. (M . G'o u l in .)
A C T U E L ( Cautère) ad je Nom par lequel
$