
forts ou défordonnés, comme les relichans . les
caïmans, &c.
Si «ces médicamens touchoient immédiatement
les parois de l ’eftomac & des inteftins, ils auroieot
une action trop forte, & on ne pourroit pas les
donner auffi énergiques qu'on le fait tous les jours :
mais ces parois font garnies & recouvertes d’un
enduit humoral lymphatique, que l ’on appelle fucs
gattrique & inteftinal, qui les défend du contaél
immédiat des corps qui y font introduits. La quan-
nature. > & lu confiftance de ces humeurs
modifient 1 action des médicamens. C e ft quelque-
xois a caufè de leur abondance & de leur épaiffif-
fement que les émétiques & les purgatifs ont une
action beaucoup moins forte chez certains fujets
Huç chez d autres , & c’eft fouvent en délayant &
en faifant couler une' partie de cet enduit vifqueux
& trop abondant, que les tifanes , les boiffons
tempérantes & préparatoires favorifent 1’effèt de
cette claffe de remèdes. Il faut donc compter pour
quelque chofe la réaélion réciproque des fubftances
medicamenteufes fur les fucs gaftrique & intefti-
naL La b ile , verfée dans le duodénum, modifie
aufli ces fubftances ; elle leur ôte une partie de
leur énergie ; elle les rend quelquefois plus folu-
bies quils ne font naturellement ; elle en change
la nature chimique , & elle éprouve elle-même
ces alterations & des change mens fouvent’ utiles
de leur part.
. J-*a ftru&ure, la pofition ,8c l ’extrême fenfîbilité
de 1 eftomac peuvent encore donner naiffancè à
des effets qui doivent paroître prefque miraculeux
aux yeux des perfonnes qui ne connoiffent point
l'économie animale , & qui font faciles à concevoir
pour celles dont l’étude s’eft portée vers
cette belle partie des connoiffances humaines. Je
veux parler des fénfations fingulières que l ’on fait
quelquefois éprouver à des fujets , & fur-tout à
des femnïes^ très-irritables', en tenant les «doigts fur
la région épigaftrique , en y exerçant de douces :
greffions. Il eft démontré que ces procédés occa- \
fidnnent, chez les fujets défignés, de la chaleur ,
dés palpitations , de la fueur , des fymptornes nerveux
de tous les genres, & quelquefois même,
.-quoique beaucoup plus rarement, des évacuations
par le haut ou par le bas. Four concevoir la caufe
de ces effets très-natufels, i l faut fe rappeler que
l ’eftomac eft pourvu d’une grande quantité de nerfs:
qu il forme un des principaux centres de fympa-
thies; qu’il eft placé immédiatement fous la peau
& les mufcleç abdominaux; que c’eft le vifeère le
plus expofé au contafl, ou le plus voifin de l’extérieur
du corps ; que la région épigaftrique eft
remplie de plexus nerveux, d’où partent des filets
qui communiquent avec tous les vjfcères, par le
moyen du grand intercoftal. Il doit donc naître
une irritation nerveufe , une ofcillation , un tré-
mouffement plus ou moins fort , lorfque l ’on
place les doigts fur une région auffi fenfible, auffi
mobile , & fur-tout lorfque l ’on appuie légèrement,
ou par des preffions graduelles. Ce
lus une fois en action, les nerfs , communiquant
avec la huitième paire , doivent éprouver les
memes impreffions ,. & tous , les fymptômes nerveux
paroître avec d’autant plus d’énergie & de-
vivacité*, que les fujets chez lefquels cette opération
eft pratiquée , font plus irritables & plus-
mobiles. Il eft encore tout fimple que les perfonnes
chez iefqueiles il y a quelques engorge-
mens dans les vifeères du bas ventre, & quelques
1 affeétions de l ’eftomac , qui font la caufe de laga-,
cernent des nerfs qui les tourmente , foient plus-
fufceptibles de ces impreffions. De quelque nom
faftueux que l ’on décore l’a r t, fort connu & fort
ancien , d exciter ces fénfations, quelque brillante
théorie que l ’on propofe fur cet art & fur fes
prétendus prodiges ; jamais ils n’étonneront plus
les véritables médecins, & ils ne feront pas pins
difficiles à expliquer pour eux , que le rétablif-
ment de l ’eftomac par les friétions fèches , la
guérifon des fpafmes de la gorge par la teinture
des cantharides appliquée aux-malléoles , la purgation
produite par l ’onguent d’Arthanita placé
fur le bas ventre , la décoâion de tabac appliquée
au poignet, &c. , &c. Ils fauront apprécier les
effets de cet art, les réduire à leur jufte valeur,
& les-oranger dans la clafie des procédés médicamenteux
-connus ; tandis que quelques perfonnes r.
trop peu éclairées fur les propriétés des.forces
vivantes pour mètre pas entlroufiafies, n’arriveront
à cette vérité que lorfque le temps & les guéri-
fons trop peu multipliées qu’il préfentera, les
auront peu à peu détrompées.
§. IV. De /’aftion générale, des médicamens
introduits par Us organes de la refpi-
ration.
Le mouvement alternatif du thorax , la dilatation
& le refferrement fuçceffifs des véficules pulmonaires
donnent continuellement entrée à l ’air,
dont le 'contaél & Y actionj fur le fang font né-
ceffaires pour l’ entretien de la vie. La grande
quantité de ce fluide qui pénètre dans la poitrine,
favori fe l ’intromiffion de pluûeurs médicamens
volatilifés & diffous par l ’air les médecins
emploient fouvent ce moyen avec les avantages
les plus marques.- C eft fans doute l ’obfervation qui
a guidé les favans dans l ’adminiftration de ce procédé
médicamenteux. On aura remarqué les bons
effets que produit l ’air chargé des molécules odorantes
des plantes aromatiques , & l ’utilité qu’en
retirent les perfonnes attaquées des maladies de
poitrine.. On a enfuite eflfayé de fubftituer les
procédés de l ’art. à ceux de la nature : & telle a
été l ’origine des premières fumigations reçues dans
les poumons.
On peut varier à l ’infini la nature & les pro- I
priétés des -rêpèdes adminiftrés de cette manière*
L ’air pur retiré du nitre ou du précipité rouge
8t lavé dans l’eau de chaux, les différens gas mêlés
à l ’air atmofphérique dans la proportion d’un huitième
, l ’eau en vapeurs, les corps odorans & les
huiles effentielles volatilifés, le vinaigre , confti-
tuent la plus grande partie des médicamens qui
peuvent être preferits fous cette forme. Il y a tout
lieu de croire qu’il paffe une- partie de ces corps
dans le tiffu des vaiffeaux, & qu’ils fe mêlent au
fang*, ils peuvent donc être utiles dans toutes les
maladies qui attaquent les humeurs, & les bons
effets de l ’air fec chargé du parfum des fleurs dans
les affections qui dépendent des, virus rachitique ,
fcrophuleux , & fcorbutique., font néceffairement
dus à cette action. A plus forte raifon les remèdes
employés de cette manière conviendront-ils dans
les maladies qui attaquent le tiffu même du poumon.
Auffi s’en fert-on alors , avec beaucoup de
fuccès. £ ’eft ainfi que l ’eau en vapeurs , l ’air frais ,
le vinaigre volatilifé font utiles dans les inflammations
des poumons; c’eft ainfi que les fumigations
des baumes & des .réfines, chauffées affez
pour être réduites en vapeurs., &. non brûlées,
comme on l ’a- fait fouvent fort mal à propos ,
contribuent à la cicatrifation des ulcères qui affectent
le tiffu des véficules pulmonaires.
11 eft important d’obferver qu’aucun médicament
ne peut parvenir dans les poumons , fans être fou&_
forme élaftique & diffous par l ’air. Ce dernier
doit toujours y étire mêlé; car un fluide élaftique
ou tout corps vaporeux , qui feroit pur & fans
mélange d’a ir, ne pourroit pas être introduit dans
la trachée-artère. L ’ouverture de ce canal extrêmement
fenfible fe contracte & fe ferme au contact
de toutes les fubftances étrangères a l ’air ,
quoiqu’elles en aient la forme. Tous les gas, &
en particulier l ’acide aérien ou crayeux , le gas
inflammable , le gas alkalin , acide marin & acé-
teux, dans leur état de pureté, & ayant les propriétés
extérieures, & fur-tout l ’état élaftique de
l ’air , font arrêtés avant de pafler dans les bronches
par la glo tte, dont les parois fe rapprochent
fpafmodiquement par leur contaCfc. Mais lorfqu’pn
mêle ces gas avec l ’air atmofphérique ;à la dofe
d’un douzième pour les plus aCtifs, & jufqu’à un
quart pour les plus énergiques , alors ils peuvent
être reçus dans les poumons-à la faveur du véhicule
ou du diffolvant approprié qui les porte.
Ces. fubftances , qui pures feroient de véritables
poifons fuffo quans , & ne pourroient point fervir
à la refpiration, deviennent dés médicamens très-
précieux par ce mélange , & ils méritent d’autant
mieux la confiance des médecins , qu’il eft démontré
qu’ils doivent agir avec beaucoup plus de promp-
titudé & d’énergie , en s’appliquant immédiatement
aux régions malades des poumons , que ne le feront
jamais les remèdes introduits dans l ’ellomac , &
qui perdent leur nature & leurs propriétés avant
d arriver dans l ’intérieur des organes de la refpiration.
Ce qui vient d’être dit des fluides ...aérifoxmes,
qui ne font point de l ’air, doit s’entendre de tous
les autres corps liquides ou folides qui jouiffent
de propriétés médicamenteufës. Dans leur état d’agrégation
, ils ne peuvent point pénétrer dans la
trachée-artère : fi on les réduit en vapeurs par
Y action du feu , ces vapeurs pures & fans mélange
n’y pénétreront point davantage ; il faudra les
mêler avec une portion d’air, pour les y introduire*
Il en eft abfolument de même du principe odorant;
quelque tenues que foient fes molécules, elles ne
feroient jamais admifes dans la glotte , fi elle9
n’étoient diffoutes & portées par l ’air atmof£>héri-
que. Tous ces médicamens, infinués par lin fp i-
ration, fe réduifent donc à de l ’air chargé ou
imprégné de particules plus ou moins aétives ,
acides , alkalines , aromatiques, balfamiques, âcres,
douces, onétueufes , &c.
Dans l ’hiftoire des médicamens- fimples en particulier
, qui eft traitée â l ’article de chacun
d’eux j on verra quel parti les médecins' peu-,
vent tirer de l ’acide crayeux, de la ir déphlo-
giftiqué , de l ’efprit refteur aromatique des plantes >
adminiftrés. de cette manière. On y démontrera
également que .c’eft à des fluides analogues, dégagés
& mêlés à l ’air pur par la nature , qu’il faut
rapporter les fuccès obtenus de l ’habitation dans
les prairies, des promenades à la fuite de la charrue*
des bains de terre , &ç.
§. V . D e /’aélion générale des médicamens
introduits dans Le tiffu. cellulaire.
Toutes les fois qu’on tient appliqués pendant
quelque temps â la peau des médicamens fluides
ou volatils , une portion de ces fubftances, abfor-
bée par les pores relâchés &_ouverts de cet organe
, eft portée de proche en proche dans les aréoles
du tiffu cellulaire , & agit, par fes différentes propriétés
fur les plaques dé ce tiffu & fur les fluides
qui y font contenus. C ’eft ainfi que l ’eau tiède
des bains, des émolliens , des relâchans, pénètre
le corps muqueux , fe mêle aux fluides qui y font
amaffés', les . délaye , les diffout , relâche & détend
les fibres nerveufes fourni fes â fon action,
calme les douleurs , diffipe les engorgemens &
les fymptômes inflammatoires. S’il eft prouvé , par
les diffefiions , que fouvent la caufe des maladies
a fon fiége dans le tiffu cellulaire , quelle utilité
ne retireroit-on pas de l ’application immédiate des
remèdes fur ce tiffu ? La Médecine n’a point encore
employé cette reflource ; elle a été propo-
fée par quelques hommes de l ’art qui en ont fenti
toute l ’importance, mais qui malheureufement n’ont
pas trouvé les occafions de la mettre en pratique*
On ne peut donc avoir que des analogies fur cette
méthode d’adminiftrer les médicamens, & fur les
fuccès qu’elle promet.
Tous les poifons inoculés, les virus morbifiques,
ou les humeurs animales vénéneufes agiffent après
avoir été introduits dans les lames du tiffu sella»