
comme cel-a a été démontré dans l’expérience de
M. Fordyce. La chaleur, de ces bains, quoique fu-
■ périeure à celle du corps humain, n’eft pas a fiez
forte pour que l ’eau qui ruiflele fur les membres
excite une fenfation douloureufe.
« La vapeur de l’eau fe dilate par-toute la ca-
» pacité du bain , fi rapidement (148 ) , -qu'elle
» obfcurcit la lumière que l’on conferve pour foi-
» gner ceux qui fe baignent..,,. . . Cette vapeur fi
» aétive , fi pénétrante , & fi chaude , appliquée à
v un corps nu , couché > déjà échauffé, refpirant
» - un air d’une température égale à celle du corps
» humain & au delà , relâche la peau ; la circu-
» lation augmente fans qu’il y ait de l ’embarras
» dans la relpiration ; elle fe fait par les moindres
» artères & veines de tout le corps, tant danslin-
» 'teneur que dans fa fuperficie; le malade com-
» mence à fuer; il éprouve le calme le plus doijx,
» & tombe , fans s’en apercevoir, dans un fom-
1» meil tranquille & fatisfaifant ».
« Ainfi , le premier abus (2.5 z) qu’on fait du bain
» ruffe, principalement ceux qui fe baignent dans
» les bains publics, eft d’y entrer lorfque Vair
•a' du bain ejl encore fe c 6* ardent, & qu’on fent
» immédiatement comme un bandeau autour de la
» tête. Pendant tout ce temps, quoique le bois
» qui a fervi à échauffer le four foie en braife ou
» en cendre, & qu’on n’y fente aucune odeur dé-
» fagréable , produite par le bois qui pouvoit en-
» eore refter dans le four ,, ou par l ’humidité du
» bain , s’il étoit gelé auparavant; on ne doit pas
» y entrer’pour fe baigner avant qu’on n’ait;.jeté
» une quantité d’eau fuffifante fur les cailloux
» ardens , & que tout le four ne foit rempli de
» vapeurs ».
« Lorfqu’on eft dans le bain de vapeur (163).,
» & qu’on y fent de la foif, de la chaleur, Je
» l ’inquiétude , fi on verfe de l ’eau froide fur des
» pierres ardentes ,'la vapeur qui s’en élève rafraî-
» c h i t auflï-tôt le malade, & il fe trouve (bulagé
» fur le champ ».
Ainfi, la chaleur sèche & ardente produit une
fenfation défagréable & une aridité pénible à la'
furface de la peau , comme il a déjà été obfèrvé
plus haut 3 & l ’humidité pure de l ’eau réduite en
vapeurs détend la fibre, fait cefler la douleur, &
fait fuccéder la foupleffe 8c le. bien être à la gêne
& à l’agitation.
On peut voir les autres avantages qui réfultent
de l ’impreflîon d’une vapeur chaude fur nos organes ,
à l ’article bains, & dans les auteurs qui ont traité
des bains de vapeurs, comme dans Galien; Mer-
curialis de drte gymnajlicâ ; Profper Alpin de
med-. Ægyptior ; Sanchès , mém. fur les bains de
Ruflîe ; Savary, lettres fur l ’Egypte, &c. Ces effets
fe rapportent tous à la détente qu’ occafionne la
vapeur de l ’eau chaude & i ’a<ftion de Y air imprégné
de cette vapeur, qui ne fe borne pas à la furface
de la peau, mais pénètre encore jufqu’aux articles
& aux organes intérieurs de notre corps, coiflmô
le démontre l ’expérience.
( iz ° . Effets du froid fe c & du froid humide
fu r le corps humain. ) Quand- il s’agit des différences
entre un air fec & un air humide, dans une
même t em p é r a tu r e , il faut toujours fe rappela?
l ’effet confiant de l’humidité de .Yair fur les fibres
animales, par lequel elle les étend, les relâche,
e x a c t em e n t comme il arrive au cheveu dont eft
formé l ’hygromètre de M. de Saüflure. En forte
qu’il paroît- que la fibre animale sèche , comme
l ’eft l’épiderme du corps humain, a- la propriété
de fe pénétrer de l ’humidité de Y air & de 1 ab-
forber.
I l en réfulte que la température d’un air humide
fe communique en général plus complètement
& plus intimement que celle d’un air fec;
Ain-fi, comme nous avons vu que la température
d’un air très-chaud fe communiquoit au corps qui
y eft expofé , d’urife manière beaucoup plus fenfibie ,
au moyen de l ’humidité, de même celle d’an air
notablement plus froid que le corps humain , nous
fait éprouver une fenfation de froid d’autant plus
remarquable , que cet air eft chargé de plus d humidité.
Dans les pays chauds on rafraîchit beaucoup les
appartemens, d’abord en. en fermant 1,entrée aux
rayons du foleil 3 mais enfüite, & fur-tout en y
fartant jaillir des eaux ouen y entretenant de l’eau e»
vapeurs , foit eh lavant de cette eau les planchers
Se les murs, foit en en mettant des jattes pleines à
différentes diftances. Indépendamment du froid qu’on
peut attribuer à l ’évaporation même, on doit compter
pour beaucoup dans la fraîcheur qu’on éprouve dans
ces lieux, l’effet du contait d’un àir chargé d’humidité.
De la vient qu’une même température pourra,
paroître chaude dans un air fec , & fraîche dans un
a zV h um id e , & nous connoi f io n s 'p a r,u n e expérience
journalière, qu’une atmofphère humide dont la
température eft fupérieure au ternie de la glace,
nous paroît plus froide qu’un air fec, dont la température
fera fort inférieure à ce même terme.
En effet, l ’épiderme qui eft farte pour défendre
l ’organe nerveux de la peau des impreffions de Y air
extérieur, remplit bien cet objet tant qu’elle eft
sèche ; fi elle reçoit l ’impreffion de l ’humidité qui
la dilate & la relâche , elle ne forme plus une
enveloppe auffi exaite , & le froid extérieur pénètre
jufqu’à l ’organe fenfibie 3 en forte que les reproches
qu’Hippoerate fait au froid relativement
à fon effet fur les nerfs, font encore dus à bien plus
jufte titre au froid joint à l ’humidité.
Néanmoins le froid humide n’eft jamais.exeeffif
au thermomètre. S’il approche du terme de la
glace , alors l ’humidité fuperflue fe criftallife , 8c
tombe fous la forme de neige : s’il defeend bien
au défions-, Y air cefle d’être véritablement humide.3
, enfin le froid eft toujours fec quand il eft defeendu
au-defious dû cinquième degré inférieur à zéro*
La température froide & humide eft, de toutes ,
celle qui.s’oppofe le plus à la Ivanfpii-ation & à
l'évaporation, cutanée. Car pour le froid fec, il
n’eft pas défavorable, même à la .tfanfpiration, 8c
l ’expérience a prouvé qu’il s’y faifoit une évaporation
foüvent allez rapide. .Le froid humide .augmente
les urines, occalionne un reflux versjes voies
inteftinales, produit, plus qu’aucune autre température
, les douleurs d’articles, les affeétions rhu-
matifmales, les inflammations .catarrhales,, & les
fluxions fur le poumon & la membrane pituitaire.
Il paroît même , fi ,on en juge par diffère ns phénomènes
des épidémies automnales, qu’il favoirife
i’ahforptipn cutanée , en même temps qu’il fait refluer
les humeurs excrémencitielies de la circonférence
, au centre. . . . . '
( 130 Effets des variations & des viciPfitudes
du froid & du chaud r de l ’humidité & de la f i cher
effe. ) Quel que fort l ’ordre dé chofes dans le quel
un homme eft placé , fi cet ordre eft toujours
le même , cet homme s’y habitue, fe s fondtions fe
difpolent en e o n f é q u e n ç e des influences dont elles
éprouvent l ’ a d t io n 3 6c les dépurations ou les évacuations
habituelles femblent fe mefurer tellement
fur les caufes qui peuvent altérer nos... humeurs ,
que celles-ci cônfervent conftamment les proportions
nécefiaires au maintien de la fanté & à l ’entretien
de la vie. Les contrées les plus infalubres
pour les voyageurs , ne le font pas fenfibiement
pour les hommes qui y font nés ou acclimatés :
ou fi ceux-ci même y font affectés de maladies ,
c’eft toujours pendant les alternatives des faifons
&dans les changemens de température, ou à la fuite
d’excès & d’erreurs flans le régime; en forte q u ’ o n
peut dire avec raifon que les caufes des maladies des
hommes font prefque toutes dans les viciflïtudes
& les changemens; foit que ces vicifliludes foient
dans l’atmoiphère, foit qu’elles aient lieu dans le
nombre de chofes dont l’homme fait ufage & qui
fervent à fa vie , à fa-nourriture , ou à fes ptaifirs.
Hippocrate a le premier fenti cette vérité, quand
il recommande aux médecins de refpedter les habitudes,
de fonger que des choies mauvaifes en
apparence deviennent foüvent bonnes par un ufage
-confiant & uniforme ; & qu’on doit être fort ré-
fervé à Soumettre l ’homme â de grands changemens
, même quand ces changemens fe font vers
le bien. (Aph. fe d t , I I , n° 50, &c.
Ainfi, fi l’on en excepte les températures e x c e f -
fives, qui blefient toujours, parce qu’elles font def-
trudtives de l ’organifalion; les températures de Y air
ne nuifent réellement que par leurs viciflïtudes.
Hippocrate a dit, ce font principalement les chan-
gemens de temps qui engendrent les maladies, CCI lUÉTttCoÀCU TttV (àfi COI p&AïS'tt TIKTOVer/ VOVO-JI/Aàja.
( fedl. III, aph. 1 . ) Ce font donc ces viciflïtudes
& ces changemens qu’i l eft nécefiaire d’étudier..
Dans les viciflïtudes des températures, il y a à
confidérer la température qui çeffe, celle qui fuccède,
& le changement plus ou moins rapide par
lequel l’une fuccède à l ’autre. Ainfi, pour con-
noïtre l ’effet de ces viciflïtudes , il faut connoître
d’abord l’effet nécefiaire qu’ont produit fur le corps
les qualités que Y air cefle d’avoir, comparer en-
fuite l’effet néceflaire de celles qu’il prend; enfin
il faut eftimer ce qu’ajoute à l ’aétion de ces qualités
la rapidité du changement.
( 140. Effets de là vicifjitudé du chaud au
froid & au froid humide. ) De toutes les viciflïtudes,
celles qui nuifent davantage font celles du
chaud au froid , & fur-tout du eb.âud au froid humide
; & en général le paflage du chaud au froid
ne fe fait guère promptement, fâns que l’humidité
augmenté Tenfibleméht, parce que la faculté diflol-
vante de Y air eft confidérablemeiit diminuée par •
cette alternative.
Irritation des nerfs. Il n’éft point de changement
dans l’air auquel nous foy’ons plus fenfibles,
parce que l ’épiderme a été dilaté précédemment pat
la chaleur , 8c fur - tout par la chaleur humide.
Dans la chaleur sèche même , l’épiderme (e trouve
également dilaté , parce que les fluides du corps
humain fe portant davantage â la peau pour fournir
à une abondante tranfpiration , l’ont amollie 8c
. relâchée. Ainfi, les enveloppes de l ’organe nerveux
étant plus lâches , l ’expofent davantage aux
effets du froid qui fuccède, & dont une des propriétés
eft d’irricer les nerfs, & de les irriter d’autant
plus qu’ils font davantage à nu. Auffi voyons-
nous que par-tout où la fibre nerveufe eft tout à
fait à nu, comme dans les dents cariées, dans les
ulcères, dans les brûlures 011 l ’épiderme vient d’être /
enlevée, & toutes les fois que l ’on ôte dans les
plaies le pus dont la nature enduit les extrémités
nerveufes, pour les" défendre du contaél de Yair, le
contaél d’un air froid ou d’un corps froid quelconque
, comme 1 eau fraîche, & c ., ou, ce qui
de même, le paflage rapide du chaud au froid >
eft infiniment douloureux ; il jette même dans des
fpafmes violens; parce que l ’irritation portée dans
un point fe communique bientôt comme par irradiation
à tout le fyftême nerveux , ou du moins,
aux nerfs des parties voifines, ou à ceux des parties
les plus foibies du corps, ou de celles qui ont
déjà été affeftées. C ’eft par la même raifon & par
le même mécanifme que le froid fubit, lorfqu’il
vient à nous frapper, quand nous venons d’éprouver
| lès effets d’un air chaud , ou que nous iommes
moins vêtus que de coutume, irrite la peau , la
contracte avec un fentiment douloureux. Cette irritation
, ébranlant tout le fyftême nerveux , occa-
fîonne le friflon ; ou fi fon aétion eft déterminée
fur quelque partie moins couverte & moins bien
bien défendue que les autres, elle y produit une
douleur locale qui affe&e non feulement la peau
de cette partie , mais les mufcles qui font défions
8c les articles qui y répondent, qui même fe transporte
fouvént fur les organes \ roibles du corps,
attaque la poitrine*, caufe les rhumes, les inflani