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mon. Si Y a i r vital étoié pur dans l’atmclphère , I
il en fourniront beaucoup plus qu’il n’en enlève,
comme l'expérience le prouve. Il en foùrniroit
trop, & l’on fent parfaitement ici les raifons de
la nature dans là compofition de l’atmolphère.
( 6 ° . L 'a i r p a r o ît d év eloppe r u n e p lu s g ra n d e
q u a n t it é de ch a leu r v i t a l e , à ra ifo tï de J a f r a î ch
eu r , p o u r v u b a i l le u r s que f a d e n f ité f o i e là
m êm e .) C’eft un autre, fait également démontré
par l’expérience , qu’un certain degré de refroi-
differaent facilite beaucoup les combinaifons des
fluides aériformes. C’eft lâ fans doute une ‘ des caufes
qui nous rend fi utile & fi agréable la refpiration
d’un a ir frais ; fa fraîcheur doit faciliter les chau-
gemens utiles qu’il vient éprouver dans le poumon
; & je crois qu’il ne feroit pas difficile de
démontrer par l’expérience , que Y a ir frais reçu
dans le poumon produit à la longue plus de chaleur
vitale qu’un pareil volume d’a ir échauffé à
un» certain degré 6c fervant aux mêmes ufages.
Au défaut d’une démonftration dire&e, on peut
en avoir une également, certaine par l’obfêrvation
des effets qui réfultent de l ’augmentation de cette
chaleur. En effet, les forces vitales > qui, comme
on va le voir, lont en général proportionnées au
degré de chaleur vitale qui s’engendre dans l’animal
, font bien plus énergiques après la refpiration
d’un a ir frais qu’après celle d’un a ir chaud, en
fuppofant même la pureté de l ’un 8c de l ’autre
parfaitement égales ; & fans doute cette propriété
de Y a ir frais de développer plus de chaleur , eft
en hiver d’une grande utilité pour foutenir la chaleur
animale au même degré, malgré les caufes
multipliées qui tendent alors autour de nous à diminuer
eti nous la fomme de cette chaleur.
On doit fentir cependant que cet avantage de
13 a ir frais fur Y a ir échauffé, ne peut avoir lieu
que dans un degré de froid modéré , & dans des
denfités à peu près égales de l ’atmofphère ; car
fi Y a ir très-frais fe trouvqit en même temps très-
raréfié, comme, il l ’eft fur les fommets très-élevés
îles pics les plus hauts, la raréfàdion caufée par
la hauteur détruiroît les effets de la condenfa-
tîon produite par le froid , & nous verrons que
l’expérience confirme direéfement ce qui ne paroît
ici qu’une conjecture autorifée par les faits connus.
( 7°. E f f e t s f e n f ib le s de la ch a leu r f u r le s f o r c e s
v i ta l e s & f u r l 'i r r i ta b i l it é d e n o s o rg a n e s< )
■ Enfin il eff évident que cette chaleur ainfi développée
eff un ftimulant auquel le coeur eff ^rès-
fenfible, & non feulement le coeur , mais par fuite
toutes les parties fenfibles & irritables du' corps
humain. On fait déjà ce qui arrive aux animaux
plongés dans Y a ir vital, & plus évidemment encore
à ceux auxquels on fait refpirer, cet a ir en
le renouvelant continuellement ; on allure aue
leur pouls s’accélère prodigieufement, & qurls
tombent à la fin dans un état de fièvre lente. En
deux minutes & demie M. Jurine refpirant de Y a ir .
vital , quoiqu’il ne le renouvelât pas, fentit fon
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f pouls s’accélérer, & le nombre de fes battement
| s’accrut de l y par minutes. Enfin .toutes les per-
fonnes auxquelles on a fait refpirer momentanément
de Y a ir vital , ont fenti, par l ’ufage de ce
remède , une augmentation fenfible de forces. M.
Jurine en rapporte un exemple dans une perfonne
déclarée phthilique, dont les forces épuifées fe rétablirent
à un point très-fingulier. Ainfi, la même
caufe qui augmente le développement de la chaleur
, accélère auffi le mouvement du coeur , réveille
& augmente fenfîbiement l ’aélivité de tout
notre corps, quoique cette caufe n’agiffe certainement
pas immédiatement fur tous ■ nos organes.-
Son aïlion ne paroît y parvenir que par l’inter-
mède de la chaleur dont le fang s’eft pénétré dans
le poumon& qu’il porte rapidement dans toute
l’étendue du corps. On fait d’ailleurs , par une expérience
aifée à répéter, que la chaleur eff un des
moyens les plus efficaces pour réveiller l’irritabilité
expirante dans les animaux, 6c fur-tout dans le
coeur, féparé même du refte du corps. On connoit
l’impreffion de cet agent univerfel 6c fur les animaux
engourdis & fur les infeétes qui font dans
un état de mort apparente, & même fur les noyés
fufceptibles d’être rappelés à la vie. L’on fent
auffi parfaitement que la chaleur produite au milieu
des poumons & dans le centre de la circulation
, doit avoir une efficacité encore plus grande
que la chaleur externe, qui n’eft appliquée qu’à
la furface dès corps r auffi eft-il reconnu que pour
rappeler non feulement les noyés , mais encore
tous les afphixiés à la vie , aucun moyen n’eft préférable
à l ’intro'duâdon de Y a ir vital dans les vé-
ficules pulmonaires. _
Ainfi, toutes chofes d’ailleurs égales ( car il eff
des circonftances où des ftimulans fort différen's de
Y a ir pur produiroient à quelques égards le même
effet), toutes chofes égales, dis-je, la pureté’de Y a ir
que nous refpirons, l ’intenfîté de la chaleur vitale ,
6c l ’aôivité de la fibre organique font trois chofes;
qui fe fuivent néceffairement & qui pourroient
être reconnues & déterminées l’une par l’autre,.
de manière quel’aéUvité deviendroit un thermomètre
fur de la chaleur vitale & un indice de la pu^
reté de Y a i r qui nous environne. C’eft ainfi que
nous nous fentons vivifiés dans un a ir pur & dans
les lieux élevés à un certain point & expofés aur
vents. Nos mouvemens y font plus aétifs & plus
libres. C’eft: ainfi que quand nous avons été longtemps
renfermés dans un lieu où Y a ir peu renouvelé
eff encore échauffé par les lumières & altéré
par la refpiration de beaucoup d’hommes , nous
nous appefantiflons , nous nous foutenons difficil-
lement, nous nous affoupiffons, à moins qu’un fort
intérêt ne nous éveille. Mais fortant de là pour
refpirer un a ir plus pur, nous nous fentons ranimés;
la vigueur & l ’agilité renaiffent au dedans
de nous. On peut encore entendre par-là, du moins
en partie, pourquoi un a ir extrêmement raréfié y.
de manière que nous en retirions infiniment moins.
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fous un pareil volume, paroît produire le même
effet qu’un air dans lequel la proportion A3air vital
a été diminuée par une caufe quelconque. C’eft
ainfi que fur le mont B la n c , à commencer d’une
élévation de ipoo .tüifes, jufqu’à la hauteur de
Z450 , dans un froid d’ailleurs très-vif 6c dans un
air qui n’étoit altéré par aucune émanation végétale
ni animale , M. de Saufiùre a éprouvé , même
après un repos fuffifant , une fingulière inaptitude
au mouvement & au travail, qui l’obligeoit de s’arrêter
au milieu de fes opérations , ce qu’il n’eut
pas fait à une autre hauteur dans le même degré
de froid. Les mêmes effets fe faifoient fentir également
à fes compagnons de voyage.
Je n’ai point parlé jufqu’ici de la durée de la
vie 6c de la refpiration des animaux dans les dif-
férens d i t s , ni des expériences comparatives de
la combuftion & de la refpiration dans Y a ir altéré
par l ’une & l’autre de ces opérations ; je remets
à en parler au chapitré 3 de cet article, lorfqu’il
fera queftion des effets des différens mélanges dont
Y a ir vital ou Y a ir atmofphérique font fufceptibles.
Mon objet, dans ce premier chapitre, étoit feulement
de conftater la nature des combinaifons
que Y a ir éprouve dans lès corps vivans & reJpirans.
§. III. R é fu m é d es f a i t s r e la t i f s a u x combin
a ifo f is d e V o i r d a n s la r e fp ir a t io n .
Je viens d’expofer les principaux faits, bien
Connus, qui ont rapport au jeu de Y a ir 6c à fes
effets dans la refpiration. J’ai mis au rang de ces
faits , non feulement ceux qui font direélement
démontrés par l’expérience , mais encore les vérités
qui réfultent néceffairement du rapprochement
des faits que l ’expérience a conftatés.; en voici l’en-
femble.
I.
• 1. U a ir atmofphérique eftCompofé ordinairement
de 7a parties de mofette ou g a \ a zo tiq u e , de a 7 à 'air
v i t a l , & d’une partie de gaz crayeux ou carbonique.
( V . §. T. n°. i.,).
1. Introduit dans nos poumons pour fervir à la
refpiration,, U en fort chargé d’environ un ^ d’acide
crayeux ou carbonique, & d’une nouvelle
portion de gaz azotique ou'mofette. Mais la quantité
d'a i r vital qu’il contenôit eft fenfiblement diminuée.
(A’”. §. 1 , n°. a , & not. 4 , ç , '6, 8, 2, 1 1 ,
n°, 34 , & not. 14. )î-
3. La proportion de mofette ou gaz azotique *
autant qu on en peut juger par l ’épreuve du gaz
nitreux, augmente progreffivement dans les différentes
portions dé Y a ir rendu par une même expiration
, depuis celle qui fort la première jufqu’à
celle qui eft chaffée la dernière. ( §. 1 , n°. a , &
not. 5.) *
4. La proportion de moffette ou gaz azotique
augmente aulfi progreffivement, félon que Y a ir eft
plus long-temps retenu dans J,e poumon, ou ffu’i l
A I R yor
y eft: rappelé un plus grand nombre de fois par
de nouvelles infpirations. ( §. 1 , n°. z , & not. 6.)
5. Pour l ’acide carbonique, il fe forme en beau*
coup plus grande quantité dans Y a ir vital pur ,
que dans Y a ir atmofphérique. Lorfque cet a ir
vital fert à plufieurs infpirations de fuité , i l fe
forme beaucoup- plus d’acide carbonique dans les
premières Infpirations que dans les dernières, & fa
proportion diminue fucceffivement depuis j jufqu’à
tô ou rï* Mais dans Y a ir commun , la quantité
de cet acide n’excède guère ~ , comme il a été
dit, excepté dans Certaines circonftances-. ( V . §. 1»
n°. 5 , & not. 14). 6. Ainfi, plus Yair rèfpirë eft pur, plus il pa-4
roît fe charger d’acide carbonique 3 & en diminuant
de pureté, il paroît fe charger davantage de mofette
ou de .gaz azotique, ( s & 4 ). , r . not. 14 )</
7. Tout ce qui augmente le mouvement du fang
& la quantité de ce fluide qui pafle par le poumon
, augmente auffi la détérioration de Y a ir infi*
pilé , mais non pas toujours de la même manière*
La digeftion augmente cette détérioration, plus
par l ’augmentation de l’acide carbonique que par
celle de la mofette. L ’exercice & la fièvre augmentent
la détérioration de Y a ir par la mofette
ou gaz azotique dans une plus grande proportion.
{ V. §. 1 , n°. a , & not. 8 .)
fl. Tout ce qui diminue le mouvement du fang
cm la quantité de ce fluide, qui paffe par le poumon
, diminue auffi la détérioration de Y a i r , mais
non pas toujours de la même manière.
Le friffon diminue’cette détérioration uniquement
par la diminution de l ’acide carbonique : la fai—
gnée diminue à la fois la détérioration de Yair
par l ’acide carbonique , & celle* par la mofette 3
mais elle diminue celle - ci à un point conlidéra-
ble & fingulier , s’il n’y a pas d’erreur dans les
calculs de M. Jurine ( 17 ). ( V . §. 1 , n V z , 6c
not. 8.)
p. Il paroît qué pour l ’homme, Y a i r n’eft déjà
plus reipirable avant d’avoir été totalement épuifé
de Y a ir% vital qu’il contient. Mais long - temps
avant, cet pur eft déjà incapable de foutenir la-
combuftion, ainfi que l’a vu M. Jurine. Ainfi, le
mélange de la mofette dans Y a ir atmofphérique
eft plus nuifible à la combuftion qu’à la refpi-
ration. ( V , §. 1 , n°. 4 , 6c not. 13. )
10. I l fe forme dans Y a ir épuifé par la com-
•-(17) M. Jurine marque par o, 10 la diminution d’un mé--
I;ange de parties égales de gaz nitreux & d’air commun*
tendu par l’expiration après la faignée. L ’air atmofpjiéri-
que , avant l’infpiration, ne donnoit pas une diminution-,
pareille à beaucoup près , puifqu’il donnoit 0,94. Il eft à
fuppofér qu’il faut'mettre 1,10 au lieu de 0,10 ; alors il y J
aura toujours une diminution aiïez forte de la quantité'
de mofette fournie par la refpiration, puifqu’avant la fai--
gnée l’air expiré donnoit 1,20.5 fans cëla il faudroit- fup—
pofer que le poumon,abforbe alors une partie de la mofette
atmofphérique , & dépure l’air vital contenu- dans-l’ôi?'
ordinaire. | F. encore note 8 )*-