
glaires accumulées clans l ’eftomae éteignent, par
leur abondance, la propriété antifeptique & diffol-
vante que les . expériences des modernes ont démontrée
dans le vrai fuc gaftrique ; & alors les
alimens renfermés dans l’eftomac prennent bientôt
un. caractère d’acefcence. Mais fouvent auffi ces
glaires femblent elles-mêmes être le fiége de
l ’acefcerice ; car l’acidité, qui çaufe les a ig r eu r s ,
paroît fe conferver quelquefois dans 1 eftomac
long-temps même après que les alimens ont paffé
dans les inteftins. La différence de ces deux cas eft
fort importante pour le pronoftic. & la curation.
Cette difpofîtion de la mucofité glaireufe ou du
mucilage animal à l’acefcence fpontanée , eft bien
connue dans les enfans , dans les vieillards , dans
les jeunes filles chlorotiques& dans les femmes
qui ont eu du lait , indépendamment des caufes
étrangères que les alimens peuvent fournir. Il eft
ài£é de concevoir ce ^que peut faire, dans une pareille
difpofîtion , le moindre ferment qui favorite
le développement de ces a ig r e u r s ; & fi on
donne a ces perfonnes des alimens a ig r i s , on fent
parfaitement qu’un pareil régime peut avoir des
, effets très-prompts , & s’il eft long-temps continué,
très-dangereux , d’abord fur les premières
voies, & bientôt après dans le fyftême lymphatique
& glanduleux. En effet, il eft difficile de mé-
connoître, dans beaucoup de cas , l’efpèce de flux
& reflux qui femble fe faire réciproquement des
premières voies, dans le fyftême lymphatique, &
du fyftême lymphatique dans les premières voies.
Cette réciprocité va même bien au-delà-; car ces.
aigreurs font un fymptôme bien connu chez les
perfonnes attaquées de la goutte , & par conséquent
chez celles qui font menacées ' des calculs
urinaires des reins ou de la veffie. Et en même
temps l ’on fait que l’acide naturel de' l’uriné
éprouve, dans ces perfonnes , une multitude de
variations dignes de l ’étude la plus- férieufe ; &
qui peuvent devenir l ’objet de recherches très-
utiles. En général , ceux qui examineront les
acides qui fe forment dans l’eftomac , auront à.les
confidérer fous deux rapports différens r fous celui,
de leur correfpondance , foi-t comme caufe fbk
comme effet avec l ’état des différentes humeurs-
du corps humain ; & fous celui de leur correfpon-
dance avec la nature de nos alimens, même indépendamment
de l ’acefcence fpontanée qu’excite en
eux la ftagnation jointe à la chaleur dans l-’efto-.
mac. Car il eft des alimens qui , fans aucune
acidité fènfible, paroiffent en contracter très-promptement
par leur feul mélange avec nos humeurs;
Je connois.un homme qui aime beaucoup de fucre ,
& auquel le fucre n’a jamais fait de mal ni caufé-
d’aigreurs, & qui , conftamment , lorfqir’il en
goiîte le matin avant d’avoir pris d’autre aliment,
le fent auflr-tôt tourner très décidément à- Y a ig r e
dans fa bouche, au moment ou il fè diffout dans
la falive. Jamais cet effet n’a eu lieu dans d’autres
temps de la journée * &. il paroît tenir à l ’état
| on fe trouve la falive le matin à jeun. J’Ignore
| fi d’autres que lui ont éprouvé un effet femblable j
mais je ne puis dbuter qu’il n’ait lieu chez lui. Je
n’en dirai pas plus à ce fujet, car je craindrois de-
m’éloigner trop de mon objeten m’étendant davantage
fur cette matière.
Je crois que ce peu de réflexions fuffit pour faire
juger du caractère 8c des effets des fubftaqces aigres
i, autant que nous le permettent nos connoifiances- 1 actuelles, ainfi- que pour déterminer les cas où elles-
font à craindre, tant par elles-mêmes , que par la.
difpofîtion des perfonnes qui en pourraient faire
ufage.
Les mots a ig r i , a ig r e l e t , 8c a ig r e - d o u x r
s’entendent affez bien, pour n’avoir pas befoin ici
d’une explication qui ne feroit que grammaticale
& qui n’ajouteroiî rien d’utile à ce que je viens
de dire dans cet article & à ce que j’ai dit. an
mot a ce fc en c e . ( M. H a l l é . )
A i g r e , A i g r i ,, & A r g r r r - Matière-
médicale. Le mot aigri exprime la propriété légèrement
acide ou aigre que les fubftances naturelles
ont acquife par une fermentation particulière*
C’ell ainfi que. le lait , le bouillon , &c. y
gardés quelque temps , deviennent a ig re s -,, ou:
s’aigriffent. Plu fleurs alimens, le pain , les farineux
, éprouvent la même altération dans l ’èfto—
mac , lorfqne ce vifeère eft fbible ; enfin quelques
médicamens paffent affez promptement à cette
fermentation, telles font les émulfïons, les loochs,,
les bouillons faits avec lÿ chair des jeunes animaux
, & C .;
Les propriétés des fùbftance? aigries' fe rapprochent
de celles des acides affbiblis ( IFoye^ ce-
mot ).. Mais cette faveur eft un défaut , lorsqu'elle;
exifte dans des médicamens. qui doivent être doux
& qui l ’ont acquife par une fermentation : alors»
il ne faut point en faire ufage ; c’eft un défaut,
plus dangereux dans les alimens qui ont- fubi*
cette fermentation dans- l ’eftomac ; il faut alors-
avoir recours aux abforbans , pour détruire les-
aigres, & changer la nourriture. ( M. DE F our*
C R O Y . )*.••
A I G R E M O T N E. M a t . méd. L ’ a ig re mo lue-
ou eupatoire des grecs ; eu p a to r ium veterum , J iv e ’
a g r i mon ta de G. Bauhin,* a g r im on ia o ffiçinarumt
de Tournefort y a g r im o n ia eu p a to r ia de Linneus M
a été placée parmi les polypétalas.rofacées par
Tournefort,. & dans la dodecandrie digynie par.
Linneus. La racine de cette plante éft cilindri--
que , garnie de chevelu , rougeâtre , & environnée,
d’écailles noirâtres ; fa tige a plus d?un pied de',
haut-; elle, eft droite, velue, & fans divifion. Ses-
feuilles font "alternes ^compofées de fept ou neuf
folioles- ovalesdentées-, velues , 8t terminées parr
une impaire. Ses- fleurs font : formée? par un caille
e ‘d’une feule pièce , avec cinq découpures, &.
accompagné d’un caliçe extérieur frangé 3 refferré
z fon ouverture par cinq pétales plats j par fept à
quinze étamines, & enfin par un ou deux ovaires
lurmontés chacun d’un ftyle faillant hors du tube
du calice. Elles font affez petites , jaunes-, &
difpoféès en un épi terminal. Le fruit eft une
capfule qui renferme deux femences, & qui eft
liériffee de petits crochets. Le caractère du genre
de Y aigremoine confifte dans le double calice &
dans fon rétréciffement. Cette plante fe trouve au
bord des bois, des haies , 8c des chemins ; elle
eft vivace , il y en a une variété dont l ’odeur
«ft agréable & affez vive ; la plus commune
n’eft que légèrement aromatique ; fa faveur eft
foible.
Geoffroy a remarqué que le fuc des feuilles
^aigremoine rougit le papier bleu. Cartheufer
dit que l ’extrait fpiritueux de cettte plante n’a
point une odeur très-remarquable ; que fa faveur
eft auftère, un peu. âcre & amère ; quant à fon
extrait aqueux , qu’il n’eft point odorant, & qu’il n’a
que peu de faveur , en comparaifon du premier
, auquel il paroît être fort inférieur en
vertus.
L’aigremoine eft un tonique affez léger , &; convenable
, par fon aâion douce, dans un grand nombre
•de cas ; auffi a-t-elle été rangée parmi les vulné-
■ raires, les céphaliques , les hépatiques, les dé-
fobftruans , &c. On l ’a employée dans la cachexie
, les obftruétions des vifeères du bas ventre
, la jauniffe, lafeite commençante , les fièvres
lentes ., le piffement de fang , les ulcères des
reins, la gonorrhée, la fuppreffion des règles.
Fernel en faifoit beaucoup de cas. Hentilius l’a
employée avec avantage dans les fleurs blanches.
S. Pauli affure qu’elle a fait obtenir des fuccès
dans la maladie vénérienne ; Dolæus , dans la manie
; Vedelius, dans la gonorrhée : Foreftus rapporte
qu’un homme qui avoir la pierre, l ’a rendue
par morceaux, après avoir mangé fouvent de cette
plante avec des oeufs.
Son application extérieure n’a pas été moins
célébrée : elle réfout les fumeurs du ferotum , fui-
vant S. Pauli & Garidel ; elle guérit les aphthes
& les ulcères à la gorge ; auffi. eft-elle d’un ufage
très-fréquent dans les gargarifmes; on affure qu’elle
eft utile dans les engelures, les tumeurs vénériennes
, la chute de l ’anus, le relâchement des
ligamens. Chomel dit avoir diffipé deux duretés
au foie par l’ufage de l’infufîon théiforme de
cette plante, fécondée d’un emplâtre de ciguë ;
avoir guéri un ulcère de la veffie , en injettant
fa décoction par l’urètre.
Aujourd’hui on ne s’en fert prefque plus que
pour les gargarifmes. On retiroit autrefois de cette
plante une eau diftillée que l’on employoit comme
vulnéraire , & que Ton affuroit même être un bon
iithontriptique : mais cette eau ne doit avoir que
J>ien peu de vertus.
On l ’emploie à la dofe d’une poignée en décoéHon„
ou en infufion théiforme , I celle de cinq
à fix feuilles féchées ou macérées dans le vin. On
a auffi fait ufage de fès feuilles bien fèches en
poudre, à la dofe de quelques gros.
\Jaig remoine fait partie . des décoctions rouges
& aftringentes , de l’eau vulnéraire , de l’éleétuaire
catholique, -ou c a th o lic um , de l ’onguent mondi-
ficatif d’ache du difpenfaire de Paris. ( M. D E
F o ü r c r o y . )
A i g r e m o i n e . M a t . méd. vetér.
L1'a igremo in e eft une plante vulnéraire aftrin-
gente & déterfîve , dont l ’ufage pourroit remplacer
avantageufement, dans la Médecine des animaux ,
celui de plufieurs autres fubftances beaucoup plus
chères , dont les vertus font les mêmes. On peut
l’employer en -décoCtion ou en cataplafme , pour
déterger des ulcères fanieux & fàrcineux, le mal
de taupe , celui de garot, &c.^ elle eft bonne
fur la fin du traitement de la galé & des eaux
aux jambes, ainfi que dans les engorgemens de
ces parties. L’infufîon édulcorée avec du miel pourroit
être donnée avec fuccès dans ces flux par les
nafeaux , qui font la fuite des affections catarrhales
de la poitrine, ou qui annoncent la fuppu-
ratiôn des poumons. M. JLafojffe enfin la recommande
en fumigations dans les écoule mens morveux.
( M . H ü Z A R D . )
A I G R E S , A IG R E U R S . V o y e-{ A c r i monie
[M . H u z a r d . )
AIGREURS, GOUT AIGRE ^RAPPORTS
ACIDES , produit des mauvaifes digeftions , qui
dépendent, ou de la foibleffe de l’eftomac , ou de
la nature des alimens, tels que les végétaux , &
fur-tout les farineux déjà échauffés , le laitage 8c
la chair des jeunes animaux. Les enfans, les h y p
o c o n d r ia q u e s , les femmes hyftériques y font
principalement fujets , ainfi que certains ouvriers £
les braffeurs, les amidonniers , ceux qui préparent
l’eaù-forte , & en général ceux qui travaillent
des matières acides., (Boherr. ) Les a ig r e u r s
font, accompagnées de picotement à l’oefophage
jufqu’à l’orifice cardiaque f, de chaleur à l ’efto-
mac , & de flatuofités. Chiez les enfans , les petites
taches rouges qui paroiffent cà & là au vifage ,
au cou , & à la poitrine , font des indices certains
de la préfence des acides dans les premières voies
(Harris. ). Les moyens de détruire ces acides font
d’évacuer ceux qui exiftent déjà dans l ’eftomac ,
de rétablir le ton de cet organe , & de s’abftenin
des alimens qui peuvent en favorifer la production.
L’émétique , les abforbans , les amers, unç
diète reftaurante , rempliffent ces indications.
. ( M . DE L A P O E T E . ) '
A IG U E . Adjectif par lequel on défîgne le
cours précipité d’une maladie. V o y e \ M a la d ie *
a ig u e s , F ie v r e s a ig u e s . ( M . C a i l l e . )
E e e i