
» Mais outre que tous les infeétes ne contien- '
» nent point des humeurs très-atténuées, & qu’au
» contraire un mucilage très-gluant appartient à
» plufieurs infe&es aquatiques , i l eft difficile de
» (avoir fi ces animaux fe ncmmlïcnt uniquement
» d’infedtes, ou d’une infinité de principes muci-
» lagineux, extraits des plantes qui fe rencontrent
» dans le limon des eaux , ou même des femenees
» qui doivent y germer à leur tour ».
Poiffons. ( P . 409-. )i
« Les poiffons font l’efpèce d’animaux dont nous
» connombns le moins lés propriétés Spécifiques
» & les dîffc îrences, par rapport à la matière nu-
» tritive. Ils vivent dans un autre élément que nous,
» & il eft difficile d’épier leur façon de vivre. Ce
» qui paroît reconnu de tous les naturaliftes, c’eft
» que les plus gros mangent les plus petits. Il
» faut avouer cependant que cela n’eft pas géné-
» r a l , pour plufieurs raifons-, dont les principales
» font-, que les rivières les plus poiffonneufes con-
» tiennent beaucoup de plantes dont les femences
» multipliées s’enfoncent dans le limon , & y font
» trouvées par les poiffons ; que beaucoup d’eatre
» eux n’ont pas lés inftrumens néceffaires pour dé-
» vorer d autres animaux ; que plufieurs peuveut
» être amorcés, par des appâts tirés des .végétaux,
» 8c qu’on voit les carpes & beaucoup d’autres
» poiffons manger avec plaifir le pain. qu'on leur
» jette , d’où l ’on peut déduire qu’ils font ufage dé
ô végétaux. Les différences qui les diftinguent à cet
» égard , né font pas fi marquées j à peine en aper-
» Ç^it-on entre les poiffons qu’on appelle d’eau
» douce , Sc ceux qui vivent dans i’eau falée. Plu-
» fieurs approchent davantage de la nature desqua-
» drupèdesj d’autres-(91}, recouverts d’écailles de
t> plufieurs pièces, comme d’efpèces de cuiraffes ,
» ont une force prodigieufe dans leurs mafelés, & ont
» la chair sèche , ferme , prefque toute excrémen-
» teufe, dé mauvarfe digeftion, cependant fujette à
» fe pourrir, foit à caufe de la nourriture dont ils
» ufent, foit par le peu de nourriture même qu’ils
p prennent, & dont ils font diipenfes par le peu
» d’évaporation que font tous les poiffons, peu
» propres par eux-mêmes à' tranfpirer, vu la len-
» teur du mouvement de leur fang ÿ & le peu de
» chaleur qu’ils engendrent. D’autres , enfermés &
» enveloppés dans des écailles pierreufes , fortes,
» 8c capables de défendre une fubftance extrême-
i> ment tendre, font liés firnplemerct a leurs écailles
»> par des mufcles forts & par des fubftances ligamen-
» teufès, que nul eftomaç ne paroît digerei, & ils
B écasse ) que les chiens qu’on emploie pour la chafie
flî cet oifeau y répugnent beaucoup, & que les.barbets
jnemes , qui font les feuls qu’on puifle bien dreffer pour
cet effet » refufent d’en manger la-chair? *
(91 ) Lès naturaliftes ne mettent ni.les tortues dont parle
ici M. Lorry, ni les huîtres dqnt il parle en fu ite a u rang
des poiffons.
» ont d’ailleurs le refte de leur fubftance fi tendre y
» que les délices des hommes font d'e les manger
»(ans préparation : telles font les huîtres, qui
» fourniffent beaucoup d’excrémens, peu d‘alimens,,
» & qui, par des parties étrangères, font en état
» de procurer la liberté du rentre. Pour les autres
» divifîons , que les auteurs qui ont traité des ah-
» mens ont apportées fur les poiffons, elles n in-
» diquent pas grand’chofe fur leur nature. En gé-
» nérai, on retrouve dans ces animaux une flexi-
» bilité -, une molieffe, 8c une foupleffe (ïngulière
» dans les fibres, qui femble même les mettre fi>
» fort à l’abri de. la vieilleffe, que tous les natu-
» raliftes nous citent des exemples prodigieux de
» vieilieffe dans les poiffons , fans qu'on puiffe
» s’apercevoir de la moindre différence , foit dans.
» le goût de leur chair, foit dans leurs autre» parties«
» La différence de leur nourriture. peut produire
» de grandes variétés dans le goût & dans le vo-
» lu me ; mais ce qui eft général à tous les poif-
» fons , tant d’eau falée que d’eau douce , c’eft
» la facilité prodigieufe qu’ils ont à prendre le
» caraétere de pourriture 192.). Si-tôt qu’un poiffoi»
» eft mort, il tourne bientôt en pourriture , &
» difparoît, prefque entièrement réduit en une l i -
» queur âcre , qui- approche beaucoup de la dé-
» compofition des principes. Suivant les remarques
» de Boerhaave, une baleine, animal monftrueux ,
» difparoît prefque entièrement en peu de jours,
» fur les rivages les plus froids de la Norvège ,
» où la pourriture a par conféquent moins d’aéfion..
» En général, les poiffons ont la texture desfolides
» très-foible ; & , quoiqu’on retrouve chez plu-
» fieurs d’entre eux un mucilage très-gluant, &
» capable de former une colle paiffanteleurs
» principes font affez généralement fort atténués ».
Solubilité .de la chair des poiffons. ( P . 415.}
« Dans l ’ébullition , la chair des quadrupèdes &
» des oifeaux laiffe à la vérité beaucoup de prin-
» cipes s’écouler , mais cependant fe sèche , &
» s’endurcit au milieu de l ’eau. La chair des
» poiffons femble fe détruire entièrement par
» i’aétion continuée de l ’eau , & ne paroît plus
» compofer qu’un mucilage, à la vérité plus fo-
>. lide que celui qui avoit paru dans la première
» aétion de l’eau fur les poiffons. Cette facilité à
» la diffolution fubfifte dans l ’eftomac : auflî , de
» toutes les nourritures, on peut dire que le poiffoo
» eft la plus légère , celle qui laiffe le moins
» d’inipreffion à l ’eftomac', & qui-le fatigue moins.
» Si la chair de poiffon laiffe beaucoup d’excrémens’,
» ce font des excrémens fort atténués, & qui font
(92) Nous avons parlé ct-deflus, page 70 j de cec article,
de cette prom-pte putrefcence d’après M. de Fourcroy. La
prompte folubilité de la chair des poiffons, dont parle
ci-après M. Lorry , eft un prçferyadf contre les effets de cette
propriété de la chair des poiffons dans la digeftion»
M plutôt des excrémens des fécondés voies, que des
» premières, à caufe de leur légèreté ; aulfi Galien
» prononce-t-ii hardiment : Porto alimentum quod
» ex eis fumitur , non modà concoclu ejl facile ;
» Jed hominum eticim corporibits J alu béni m u m-, ut
» quod fanguinem medium cotifijlentià générée».
Différences entre les poiffons. ( Ibid. )
«A u refte, les anciens, d’après Hippocrate,
» diftinguoient deux efpèces de poiffons , les uns
» étoiem plus légers, les autres étoient plus pe-
» fans fur i ’eftomac. Cet auteur nous donne comme
» plus pelans, ceux qui vivent dans les lieux bour-
» beux 8c marécageux ; il nous donne au contraire
» .comme plus légers., & de meilleur fuc , ceux
» que les anciens ont appelés Littorales, fa x a tile s ,
» qui ont une chair blanche, molle , agréable, 8ç
» qu’on trouve fur les côtes de la mer , au milieu
» du fable & des cailloux, dans l ’eau la plus pure ,
» 8c dont Galien faifoit tant de cas, qu’il en con-
» feilloit l ’ufagc aux cpnvalefcens, préférablement
» à tout autre aliment. Il regardoit comme un
» problème de Médecine , qu’il pût y avoir certains
» eftomacs qui digéraffent plus facilement la chair
» de boeuf, que ces efpèces de poiffons. H ip p o -
» crâte joint à ces poiffons un autre genre qu’il
» appelle vagabonds, erronés , 8c prétend que cette
» différence produit de 1a- fécherefis dans la matière
» nutritive qu’on .en tire (93). On ne conçoit pas
» aifément quelle différence doit produire l ’exer-
» cice entre des poiffons , à l’exception peut-être
» de ceux qui vivent dans des lieux fangeux 8c
» bourbeux , & qui paroiffent aimer le repos. Ga-
» lien admet une différence bien plus réelle, lorf*
» qu’il rejette les poiffons qui vivent au deffous
» des grandes v illes, dont les fleuves qui les arro-
» fent font les égouts perpétuels ; -car, outre le
» mauvais goût que ces poiffons contractent, ils
» prennent plus volontiers une qualité putride ,
» répondant à celle des excrémens dont ils fe nour-
» riffent. En général donc, indépendamment des
» cruftacées qui ont la chair-par eux-mêmes fort
» tendre & fort aifée à digérer, mais mêlée plus
» ou moins de gros mufcles & de ligamens con-
» fidérables , qui font prefque tous excrémenteux,
» des teftacées qui font plus ou moins durs , mais
» qui ont toujours une dureté plus confidérable que
(93) Cette diftin&ion des erronés, irxa.tîira.t, parmi les poiffons,
ne forme pas un genre, comme le dit M. Lorry, & nous
avons déjà dit qu’on pouvoir aifément comprendre ce que
dit Hippocrate , d’après la différence des poiffons de même
efpèce qu'on pêche en haute mer , & ceux qu’on pêche
près du rivage. Tous les marins aflurent qu’en haute mer leur
chair eft bien plus ferme & moinsagréable. Auflî Hippocrate,
dit-il, les vagabonds ( erronés) ceux qui battent les flo ts, &
qui éprouvent beaucoup de fatigue , ont la chair plus ferme.
wAa»»7a< iq xv/xaroTrA«yes, Tî^pv^t^jvoiTWTr«»®, rspîWTîpny
tmy capxa gj^ovej.
» celle des animaux terreftres 8c des autres poif-
» fons; on peut diilinguer cette claffe en poiffons
» dont la chair eft molle , tels font les littorales
» & fa xa tiles ; & en poiffons dont la chair eft
» dure , 8c par conféquent plus excrémenteufe : tels
» font ceux qui habitent da-ns la pleine mer & dans
» i ’ôrigine des grandes rivières, comme les eftur-
» geons , les thons, les marfouins , 8c autres de
» cette efpèce , dont on doit concevoir la nature
» d’après ce peu de principes ». \
« Telles font les claffes générales des animaux
» qui fourniffent de la nourriture. Il refte à pré-
» fent à examiner la nature propre de chaque partie
» d’animal en particulier ».
Parties des animaux. ( P . 416.)
; « Les animaux ont deux efpèces de parties qui
». diffèrent effentiellement entre elles. Les unes
» font les parties folides ; les autres font fluides,
» & conftitue’nt les.liquides du corps animal».
Proportion des liquides aux folides. ( Ibid.)
« Leurs quantités refpeélives (ont différentes ;
». fui van t la divetfité de la nature des animaux; car
» les animaux qui ont l ’extérieur évidemment plus
» fec, plus aride , & qui ont moins d’embonpoint,
» ont à proportion moins d’humeurs que les autres;
» plus d’excrémens, 8c fourniffent moins de nourri-
» ture. Nous avons dit ci-deffus, avec Hippocrate ,
» qu’on peut juger affez exactement de la quantité
» des humeurs que contient un animal, par la quantité
» de fang qui lui eft propre ; 8c l ’on peut juger de la
» quantité eu fang , non feulement par la comparai-
» fon des maffes de fang qui peuvent s’écrouler en un
» temps donné par des ouvertures égales , mais
» même par les figues extérieurs des tempéramens ,
» tels que la qualité du pouls, l ’embonpoint fans
» une graiffe extraordinaire , le gonflement & le
» nombre apparent des veines, la couleur de la chair,
» & les autres lignes qui fe trouvent ordinairement
» chez les fanguins, & qui doivent caractérifer
» autant chaque efpèce différente, que chaque in-
» dividu dans quelqu’une de ces efpèces. Mais, fi
» l ’on peut juger affez exaétemenc de la quantité
» de matière nutritive contenue dans un animal ,
» par l ’infpeétion du fang 8c des (ignés de fa quan-
» tité plus ou moins grande , on ne peut pas juger
» abfolument de la quantité des humeurs étrangères
» au mucilage. L ’eau, par exemple , fe trouve
» plus abondamment dans les tempéramens & dans
» les natures des animaux qu’on appelle pituiteux;
» la graiffe s’y épanche plus abondamment, la
»partie mucide s y trouve plus développée, les
» parties y font plus écartées les unes des autres ;
» mais elles ne (ont pas en plus grande quantité;
» car autrement i l faudroit dire que l ’inaéHon 8c
» l ’oifiveté peuvent produire plus de matière nu