
voit leur communiquer une difpofition qui par le
principe du magnétifme les mettoit en état d’agir
l'ur les malades d’une manière falutaire. Dans 1 ancien
fyftême on en avoit fait ufage aufli pour opérer
la guérifon des maladies par l ’intermède de l’ef-
prit univerfel. C ’étoit fur ce point qu’avoit été fonde
l ’art de guérir par tranfplantation.
Dans l ’ancien magnétifme on avoit regardé la
tranfpiration comme un moyen d’a&ion univerfelle.
On pouvoit la regarder, difoit Maxvrel, ainfi
que la fu eu r , comme l’ effet d'une forte de liquéfaction
de toute la fubfiance du corps. C’étoit
pour cela quelles étaient d'un fi g ram£ ufage
dans La médecine magnétique. Les partifans du
magnétifme animai ont eu aufli grand foin de con-
feiiier tout ce qui pouvoit favorifer la tranfpiration.
Ils recommandoient comme une attention
particulière, de veiller à la plus grande propreté
du corps.
Les partifans de l ’ancien magnétifme avoient
annoncé, d’après leur doftrine , des méthodes particulières
pour la cure de quelques-unes des maladies
les plus rebelles, & q-u’on regarde comme
incurables : Maxwel avoit dit qu'il donneroit une
manière sure de traiter la manie , l’épilepfie, l'im-
puiffance, l'kydropifie , la paralyfie, les fièvres
intermittentes & continues. M. Meftner annonçoit
<le même qu’i l elfayoit fa méthode « contre l’épi-
» lepfîe , la manie, la mélancolie, & les fièvres
» intermittentes. Il plaçoit aufli, dans le nombre
» de ces affeétions , la paralyfie, pour laquelle il
» annonçoit d’ailleurs qu’il avoit une méthode par-
» ticulière ».
M. Mefmer avoit renfermé dans quelques pro-
pofitions fondamentales les principes de fa do&rine.
Maxwel avoit également renfermé la fienne dans
des propofitions particulières, en forme d’aphorifmes.
On les retrouvoit dans Santanelli, éclaircis & commentés.
Ce n’étoit au refte qu’un premier aperçu
de fon fyftême qu’il avoit préfenté. Mais il devoit
donner dans un autre temps des chofes bien plus
merveilleufes , & qui intérejfoient le bien public.
M. Mefmer annonçoit aufli q uil publieroir plus
amplement fa doftrine ; « en communiquant fa mé-
» thode, il devoit démontrer, par une théorie nou-
» velle des maladies, l’utilité univerfelle du prin-
» cipe qu’il leur oppofoit ».
Enfin M. Mefmer tiroit de Yaimant même des
comparaisons pour faire entendre les principes.
« Une aiguille non aimantée , difoit-il, ne reprend
» que par hafard une dire&ion déterminée ». Dans
l ’ançien fyftême, Y aimant avoit aufli fourni des com-
paraïfons pour mieux faire entendre la doétrine.
On pouvoit en citer mille exemples. Maxwel au
moins en avoit employé. D e même, difoit-il, que
la pierre d’aimant fe fortifioit & f e nOurrijfoii: en
quelque manière en adhérant au f e r , de même
auffi il y avoit des fubfiances qui confervoient
ï'efprit yital qu’on étoit parvenu à fe procurer.
On voit par ces détails, quelle étonnante con-*
formité il y avoit entre l ’ancien magnétifme & le
moderne, & jufqu’à quel point on pouvoit retrouver
dans le premier, finon toute la méthode,
au- moins toute la doctrine de M. Mefmer. C étoit
en effet fous le rapport médical le même fonds de
doétrine j c’étoient les mêmes principes , les memes
vues, les mêmes prétentions. L ’étoit l’influence des
aftres ou le magnétifme planétaire , le magnétifme
harmonique, ou celui de la mufique , le
magnétifme animal enfin; ou propre aux etresvi-
vans & fenfibles, ramenés fur la fcene. C étoient
les mêmes idées fur l ’exiftence d’un principe univerfel
, qui animoit l ’homme & tous les êtres vi-
vans, qu on pouvoit faifir, & par lequel ou pouvoit
agir extérieurement fur le corps humain. Sous le rapport
phyfique , on voyoit des traces de la memècoiv»
formité j les aftres comparés par M. Mefmer a de
grands aimans qui s’attiroient mutuellement, & re-
gifîoient ainfi leurs propres mouvemens ; le foleil &
la lune occafionnant fur notre globe le flux & le
reflux de la mer, & produifant un mouvement pareil
dans toute l’atmofphère ; l’harmonica, dont on
trouvoit dans , le père Kircher,- à 1 article meme
du magnétifme animai, une forte de defeription
ou d’imitation ; enfin , fuivant ce qu’avoit dit M.
Mefmer fur cet article qu’il ne faifoit qu’indiquer,
fa doétrine devoit donner de nouveaux éclaircif-
femens fur plufieurs autres points de phyfique ab-
folument les mêmes ,fu r la nature du feu àr de
la lumière, ainfi que dans la théorie de Vattraction
, du f l u x '& du re flu x , de l ’ aimant, & de
V électricité.
A ce fujet, on ne peut pafler fous filence une
expérience que les partifans du magnétifme animal
citoient & répétaient aux yeux de bien du monde«
comme propre à les convaincre , & que I on retrouvoit
aufli dans le père Kircher ,* c’étoit celle
de l ’épée que l ’on faifoit foutenir par la garde fur
deux doigts, & que l ’on voyoit, difoit-pn , fe mettre
dans un mouvement de rotation aflez rapide, lorf-
qu’une perfonne qui magnétifoit, tournoit circulaire
ment fon doigt autour d elle (i). Telle étoit
encore l’expérience de la bague, q u i, fufpendùe a
l ’extrémité d’un fil & plongée à l ’intérieur ,d’un
verre, fonnoit l’heure entre les mains des per-
fonnes magnéiifées. On trouvoit dans Kircher cette
expérience rapportée parmi plufieurs autres def-
criptions qu’il donne d'horloges magnétiques•
Mais c’étoit fur-tout dans le but qu i l fe propo-
fo it , que M. Mefmer fe rapprochoit infiniment des
anciens magnétiftes. T elle étoit la prétention de
guérir par des moyens purement externes, & de pof-
léder le fecret de la médecine univerfelle. Il feroit
inutile à ce fujet, s’il n’étoit pas des vérités que
(ï) Lib. I , parr. i , de magnete in genere. cap. 4. On
trouve à cet endroit. dans le père Ktoher , unç figure
qui repréfente cette expérience, ^
l’on ne petit aflez répéter, d’obferver ici que Cefte
prétention a fervi d évoile dins tous les temps aux
impofteurs qu’on a vu paroître dans l ’empire des
fciences, & fur-tout en médeclk". C ’eft eri l ’appuyant
d’une théorie impofante qu’ils fe font flattés
de la faire fervitjà leurs vues, & rien ne pouvoit
être mieux imaginé. C ’eft autant par l’intérêt que
par leur penchant pour le merveilleux , qu’on fé-
.duit les hommes, & dès-lors la médecine univerfelle.,
réuuiflant ces deux mobiles, doit être regardée
comme un des plus puiflans moyens que l’on
puifle mettre en oeuvre pour les tromper. L ’hiftoire
nous apprend aufli qu’i l n’y en a pas eu de plus
communément employé. C’eft elle qui fervoit de
principal fondement à la magie. Perfonne ne doute,
difoit Pline, qu’elle ne foit née de la médecine |
& qu’en réunifiant ce que la religion a de fplen-
deur & d’autorité pour captiver le genre humain,
& l ’aflrologie judiciaire de merveilleux , elle
ne fe {oit infinuée dans les efprits, fous prétexte
de donner des remèdes plus efficaces que les remèdes
ordinaires. T e l étoit auffi le principal fondement
de l ’art des enchantemens & de l ’afcrologie
judiciaire. En général, & c’eft ici ce qu’il faut
bien remarquer , cette prétention a dû exifter dans
tous les fîècles. Taut de faits prouvent que le corps
humain vit dans use dépendance abfolue des chofes
qui l’environnent, que l ’on s’eft facilement perfuadé
qu’il étoit animé par un principe d’exiftence qui
lui étoit extérieur. De cette idée , au défîr de faifir
cet agent, à l ’efpérance de pouvoir l’employer &
s’en fervir de 'manière à agir fur l’économie animale
pour la modifier fuivant les divers befoin de
la vie , le rapport eft trop intime & la liaifon
trop naturelle, pour que les premiers hommes qui
ont réfléchi ne les ayent pas aperçus & faifis. Aufli
trouve-t-on cette idée admîfe dès les temps les
plus reculés, & c’eft elle qui, comme nous venons
de le dire, donna naiflance à la magie, à l ’art fi
menforiger des charmes, des enchantemens, desfaf-
cinations, enfin aux illufîons de l ’aftrologie judiciaire.
On avoit cru fucceflivement l’homme animé
par différées principes extérieurs, & fuivant les erreurs
dominantes dans l’enfance de Ï’efprit humain ,
la nature de ce principe avoit été diverfement indiquée.
Dans les fiècles dominés par l ’ignorance,
où la fuperftition avoit peuplé l’ air d’une foule
d'intelligences ou d’efprits fubalternes qui préfi-
doient à la confervation des êtres , l’on en avoit
admis un grand nombre qui s’étoîent partagé les
différentes parties du corps de l ’homme dont elles
prenoient foin, & l’on crut qu’en les invoquant
çhaaTn.e f^lon les parties qui étoient affedlëes, les
malades de.vçient être guéris. Ce préjugé donna
naiflance à la confiance des égyptiens pour les
charmes & ces efpèces d’enchantemens qui eonfîf-
toient en de certains mots ou prières qu’on réci-
tpit aux oreilles des malades. Chez les peuples,
q,ui, par la nature de leur climat & de leurs m.oeurs;
étoient plus particulièrement portés à robfervation
M éd e c in e » Tom. î .
des deux , on refta perfuadé que l ’influence des
aftres étoit la puiffance qui animoit tous les etres
d’ici bas (1). On crut bientôt pofleder des moyens
efficaces de détourner les mauvais effets, que pouvoir
avoir cette influence , de la rendre propice ;
& cette croyance fit naître ces cara&ères hiérogli-
phyqnes ou fâcrés, & ces efpèces d’amulettes que,
dans l ’aftrologie judiciaire , l ’on nomma talifmans#
La mêm.e prétention fubfifta dans les fiècles fuivans.
Dans les temps où régnèrent les qualités occultes,
elle fe lia à la grande théorie de la fympathie & de
Y antipathie ; & il ne faut pas croire que les temps
plus modernes en ayent été exempts. On l ’a vue
reparoître, depuis ces époques éloignées & parmi
nous, fous les deux premières formes qui l ’avoient
d’abord recélée. Tels font le preftige des poflef*-
fions, ou des maladies oçcafionnées par les diables ,
qui a fuccédé à l ’exiftence des efprits ou intelligences
admifes dans l ’art des enchantemens, & le
magnétifme lui-même , qui dérive manifeftement du
fyftême fi ancien de l ’influence des aftres, ou de l ’af-
trologie judiciaire,.
Toutes ces tentatives diyerfes , tant de fois re—
nouvellées pour parvenir à la médecine univerfelle,
n’ont été que des împoftures daines & ridicules.
On fait à quel point les différentes opinions que
l ’on a produites pour l ’appuyer, font fucceflivement
tombées dans le mépris & dans l ’oubli ; & cependant,,
chacune à leur époque, elles avoient eu de
brillantes aeftinées. Leurs partifans ou leurs auteurs
en avoient appelé à l ’obfervation, à l ’expérience,
au témoignage des feus ., & l’on ne peut douter
que des faits nombreux , ou les apparences au
moins ne paruflent dépofer en leur faveur. Mais
fi l ’on y regarde de près, fi l ’on fe reporte avec
quelque attention fur l’hiftoire de ces opinions,
on verra en quoi confiftoient le preftige & l ’erreur,
(
I l eft plufieurs prdres.de faits dont les partifans de
ces opinions favoient adroitement profiter, & qui les
fervoient merveilleufement dans leurs prétentions.
On doit placer au premier rang dans ce genre, lacir-
conftancê heureufe & utile d’être fécondé par la nature
, dans des maladies où l ’on a méconnu l ’étendue
de fon aétion. Ainfi, dans le traitement des plaies
par la cure magnétique ou fympathique, on croyoit
opérer des guérifons quife faifoient d’elles-mêmes,
parce qu’on n’.avoit pas alors aflez bien vu que la
nature fe fuffu feule pour guérir le plus grand
nombre des bleflures. Dans la perfuafiôn où l ’on
étoit que les plaies avoient befoin des fecours de
l ’art pour guérir , on attribuoit à la poudre de
fympathie , des cures que l ’on ne croyoit pas
qui euflent pu avoir lieu autrement, puifqu’on
n’avoit appliqué aucun remède au bleffé. On ne
peut douter qu’il n’en fût de même des prétendues
(1) Jgon eji hiç hcr b a ivferiùs cui J lella fua non f it qu<z
dicat et, crefce,
N n n