
é t o i t d ’u n e c o n f t i tu t io n n a t u r e l l em e n t f o i b l e ; i l é t o i t
p r e fq u e e x t é n u é p a r l a m a la d ie & p a r l a m a ig r e u r ;
i l f e r o i t v r a i f em b la b l em e n t m o r t p h th i f iq u e , o b s
e r v e Alexandre, fi , e n fu iv a n t u n e d iè t e h u m e c t
a n t e & r a f r a îc h i f fa n t e , i l n’ e û t e n fin r e je t é c e
c a l c u l . L e m é d e c in d e T r a l l e s d é fa p p r o u v e a v e c
r a i f o n l e t r a i t em e n t p r e t c r i t r ig o u r e u f em e n t p a r
G a l i e n d an s u n c a s a n a l o g u e ; i l a v o i t v u u n e
m a t iè r e r a b o t e u f e e x p e c t o r é e , f e m b l a b l e , n o n a un
c a l c u l , m a is à d e l a g r ê l e , & a v o i t o rd o n n é d e s
r em è d e s c h a u d s & defféchans , t e l s q u e l e m i t h r i -
d a t e & l a th é r ia q u e ; i l r em a r q u e a u r e f t e q u ’ o n n e g u é r i t p o in t d e c e t t e m a la d i e ( De loc, affecï.
l i b . jv . c . 8 . ) . Alexandre n’ h é f i t e p o in t à c o n d
am n e r o u v e r t em e n t c e t r a i t em e n t ; & i l d é c la r e
q u ’ i l n e s’ e x p r im e r o i t p o in t fi h a r d im e n t e n p a r l
a n t d’ u n h o m m e d’ un fi g r a n d m é r i t e , f i , e n t r a în é
p a r l ’ am o u r d e l a v é r i t é , i l n’ a v o i t r e g a r d é c om m e
u n c r im e d e l a t a i r e ; & i l t e rm in e fon d ifc o u r s
p a r c e t t e p a r o l e fi c é l è b r e Platç d ’ A r i f t o t e ; amicus , fed magis arnica veritas. C e t t e l ib e r t é
c o u r a g e u f e m a n q u e à c e r t a in s admirateurs d e G a l
i e n , q u i , fem b l a b l e s à M a f fa r ia s , p r o f e f f e u r en
I t a l i e , d ife n t a im e r m ie u x e r r e r a v e c G a l i e n ,
q u e d ’a d o p t e r l ’ o p in i o n m.ême r a i fo n n a b le d e t o u t
a u t r e .
Une remarque d’Alexandre , far l ’ufage des
liquides dans la pleurèfîe, mérite attention ; elle
eft faite par un homme qui connoiffoit bien la
force des fluides animaux & celle des médica-
:mens, « L ’humide , fuivant Hippocrate , dit - il ,
» efl le véhicule de la nôürriture. ( dé alimento Un. ult. ) Ainfi , infiftez toujours fur l’eau tiède
» ( evxparo» ) bue entre les alimens & les po-
» tiens médicamenteufes ; car aucune fubftance
Y> sèche , & aucun médicament ne fauroit pénétrer
» dans les parties intérieures & profondes fans li-
» quide ; ils demeurent au contraire â la fuper-
» ficie , & l ’on n’en voit point l ’ effet qu’on atten-
» doit ; mais lorfqu’il s’y mêle quelque liquide,
» leur aCtion fe manifefte puiflamment, & les
» parties les plus éloignées reffentent ou du ra-
» fraîchiffement ou de la chaleur. Ainfi, bien que
» l ’eau foit regardée par quelques-uns comme
» n’ayant rien de nutritif parce qu’elle eft fimple ,
» elle eft cependant néceffaire à la nutrition, elle
» opère la diftribution de la nourriture dans toutes
» les parties du corps, & tient réunies les parties
7> divifées. En effet, fi elle rapproche les parti-
» cules de terre sèche & définies , & en forme
» un tout continu , tel qu’on peut en faire des
» vafes de différentes fortes ; fi avec la farine elle
» forme le pain dont nous nous nourriffons ; fi
p elle eft dans les animaux & dans les plantes un
» agent néceffaire à leur production & à leur
» entretien , n’ eft - il pas conforme à la raifon
p qu’elle opère les jnêmes effets dans le corps
p humain » ?
£ette obfervatioa eft d’une grande importance,
& fon application d’une grande étendue en Médecine
, mais principalement dans les maladies
aiguës; & quiconque lira avec attention le livre
d’Hippocrate intitulé de vicia in morb. acut. ( le
plus précieux monument de l ’antiquité', d’où l’on
a tiré de quoi compofër tant & de fi gros volumes
fur les fièvres ' verra combien l ’ufage de l ’eau feule
ou des délayans produit d’excellens effets dans les
maladies les plus dangereufes, même fans le fecours
de la Médecine. C’eft pourquoi Alexandre établit
le traitement des fièvres fur ce principe, qu’il faut
que tout tende â augmenter l ’huipidité ; & toute
fa pratique dans les maladies aiguës confifte effen-
tieilement dans les rafraîchiffans & les délayans,
tels que la tifane, l ’hydromel, & c .. . de forte que
bien que les atténuans conduifent prefque au même
but, il rejete l ’ufage des remèdes trop chauds, &
reprend Galien d’en avoir prefcrit. J’obferverai encore
que toutes les fois qu?Alexandre juge né-
ceffaires les médicamens umples qui excitent la
chaleur, il les donne très-rarement fous forme
folide, mais prefque toujours dans une décoâion
d’eau; ce qui efl: non feulement une conféquence
de fes principes & de fon fyftême, mais ce qui
eft encore conforme à la faine raifon.
Dans le crachement du fang, il dit qu’il faut
tirer du fang du bras , n’en pas tirer une grande
quantité , mais réitérer la faignée deux ou trois
heures après. On peut cependant, continue-t-il ,
en tirer hardiment une plus grande quantité, fi le
malade eft dans la vigueur de l ’âge, & paroît avoir
beaucoup de force. I l n’eft pas moins utile de tirer
du fang des parties inférieures. A quoi il ajoute :
lorfque les veines du bras ne fe montrent pas
bien, j’ai fait la faigaée du pied , & elle a été
beaucoup plus avantageufe. La raifon qu’il en
donne, c’eft que l ’abordTîi fang yçrs les parties
inférieures opère une révulfion plus forte : raifon
qui n’eft pas moins clairement expofée , ni moins
folide que celles qu’on produit depuis la découverte
de la circulation,
En parlant de la boulimie ou faim immodérée,
il rapporte une obfervation neuve qui lui appartient
, & dont fes prédéceffeurs ne font aucune
mention ; c’eft que cette maladie eft quelquefois
produite par des vers. Une femme, d i t - i l , qui
mangeoit exceftïvement, fans pouvoir fe raffafier,
qui digéroit parfaitement, mais qui éprouvoit une
erofion dans l ’eftomac & douleur à la tête , prit
d’une poudre purgative , de l ’hière; parmi les évacuations
, elle rendit un ver qui pouvoit avoir
douze coudées & plus de longueur (environ 18 pieds).
Elle fe trouva par-là délivrée de cet appétit ex-
çeffif. Les médecins rencontrent des faits femblables
dans leur pratique.
A l ’égard du hoquet, il fait une remarque neuve,
( ce n’ eft pas une chofe très-importante8c qui
n’eft aujourd’hui ignorée de perfonne ) ; c’ eft qu’on
en eft délivré par une peur fubite , par une furperxifeem
, pleen, es’no cccoumpapntat ntf odrete ml’aerngt endt’ u(ni ).o bj,et , par
(i) Tel eft aulïi le môyen qife Pline indique eh ces
termes : vejligium equi èxcujfum unguia., ut fiolet plerum-
que , f i i uls collcchim reponat, fmgultus remedium ejfe re-
cordmùbus quonam loço id repofuerint. ( lib., xxviij. cap 20.)
Cette phrafe eft rendue ainfi par M,. Poinlînec, trad.
de Pline, in-40. rom. jx. pàg. 774.
<c Un veftige ou morceau de terre détaché du pied d’un
» cheval , 5c qui 'en a confervé l'empreinte, comme il
„ arrive fouvent, ramaffé 5c mis quelque parc, fera palier
» le hoquet routes les fois que l’on fe rappellera l’endroit
». où on l'a mis ».
Il n'êft guere vraifemblable qu'on fe foie jamais avifé
de ramaffer un morceau de terre détaché du pied d'un
cheval. Qu’en auroiç-on fait ? ,5c pourquoi le conferver, le
mettre en- réferve dans quèiqtfe endroit ? C’eft , répondra
quelqu’un, pour guérir du hoquet. Quelle abfurdité !
Saris d;otire vejügiurn. veut dire la trace, l’empreinte du
pied , quelque matière fur laquelle en voit la figure du
pied. Mais ce'n’eft pas,une-raifon pour imaginer que cette
matière eft confiait)ment de la terre un peu humeûée,
qui s’efl attachée au pied du cheval, 5c qui, en s’en détachant
, én garde l’empreinte.
II s’agit certainement ici d’une efpècè de fabot qui s'at-
tachoit àiix pieds des chevaux , avant qu’on eût inventé
les fers en formé de croiffani, qu'on leur met aujourd'hui
« i
Mais ce que Pline dans le chap.. 20 du Ziv.vxxviij , exprime
par le mot vcjiigïum, eft exprimé dans deux autres
endroits par folea 5c par calceatus.
i°. Uojîrâque a’ tate Poppeea conjux JNeronis principis
délieatioribus jumentis finis fi&leas ex aura quoque induere
fiulebat. Lib. xxxiij. cap. xj.
« De notre temps, Poppée , femme de l’empereur Néron ,
» faifoit mettre à fes chevaux de fervice les plus fins
» des fabots d'or ».
( Il eft à préfumer que lés chevaux plus greffiers avaient
des fabots d’une autre matière.-y. . •
i 15. En parlant du chameau ( lib; xj. cap, xlv. ) il dit.. . .
Tes imus, .veftigio carnofio , ut urfi « . . . quâ de eau fia
in longiore itinere fine calceatu fatificunt. « Le chameau
» a le deffousdu pied charnu ( la plante du pied charnue )
» comme l’ours , ce qui eft caufe que, dans un trop long
» voyage, cette partie s'entr’ouvre ( fe fend ) fi elle n’eft
» pas garnie d’un fabot ».
Ariftote avoit dit i 0 «fs nés %n xarMÔcv <rapxra«f«r, urwep
k, oi ray ccpxTMv. Pline , qui le traduit a mis pes imns vejligio
carnofio j ùt urfi. '
Il eft évident qu'id vejtigium a Une autre acception ,. 5c
fignifie le defifious, la plante du pied. Feftus expliquant
le mot vola , le fait de la forte. V o la , vejligium média
pedisçonçavutn.
Mais vejligium fignifie fiabot dans le premier paffage,
dont. voici le fens :
« Il arrive fouvent qu’un fabot ( nous dirions un fer)
“ fe détache du pied d’un cheval ;■ iï quelqu’un le relève
“ 5c le remet, ceux qui fe fou viendront en quel lieu cela
“ s’efl: fait, feront délivres du hoquet ». Il me fernble
qu’au lieu de repofuerint, il faut repofiuerit.
Ceci eft fondé fur l’expérience qu’on avoir que le hoquet
ceflbit en s’occupant fortement d’un objet.
Il eft peu de perfonnes qui n’aient vu le fer d’un cheval
fe détacher, 6c être remis par les charretiers , par les voituriers,
par les ; cochers. Ainfi . un homme a le hoquet ,
pour le faire gaffer , on lui demande tout à coup s’il n’a
lesI Im deiitl leauvrosi r evffue tsq udealnqsu elfeo ics holeie rvai.n Cpuer qpuro’idl u^ ierfet bmoenn td de e relam aprlquupearr.t, dc’eesf t mqaula’ednie st r,a çial npta rllee dtur aviitne*
m& eneft t attentif à indiquer l’efpèce qui , relativemaladàe
. fes qualités, convient le mieux à l’état du ■ il Dfaaint s mlae nftiooinb ledfele lad uî hfuobiea i&be d. aSnos nl ao duyvfrfaegnet ereifet , jneo mcrmoéise, ; leb iepnr emquiee r led aCnsl elrecq upeeln fcee tqteu ep lla’unftaeg ef oeint av eréftiéo nsi nqduiq iulsé onpta rd olnensé easr adbe eDs i,o flceofrqiudeel s& ddaenss mleés
d&e clienss vgerretcuss, qluai clouni foonndt eéntté arveecco nlneu ersh appaor nlteisq uaen ;
ccoiemnms, e ilosn lepse,u at ttsr’iebnu ecnotn và,a ilnac rve éerint ablilfea nrth ulbaa rdbeef -^ cription qu’en fait Rhafîs. Il me fernble qu’A - 'lqeuxea nlad rreh.u‘ebfat rbteo mfûbté fadnasn sd olau tem dêémjàe ceornrneuuer, deq ufooni
tterimngpesn; s c)a rc oilm lma em leets feauultermese ngt raeuc s noomntb rpel adceés -.alfe-' frah avpeorntuti qupeu rgdaatnisv e, c. etPtea ucll afdf’éE g; in&e npea r'doiîtt rêietrne dlee lper emrhiaepro nqtuiqi uaei t qfua’iitl mneonmtimone fdiem cpelettme envte rtputo vd. anIsl dgiitq uceosm pmare nlt’ aodnd iptieount dree ncdercet el efus blfataxnactief.s Mplauiss Pénroerl
pmearr qAuélp inqu era plep orrhtea pqouneti qquuee laqvuoeist- uunnse avveoriteun tp urrerghautibvaer
be, . pLluess gforeibclse mnoédaenrmneosi nos ntq udeo nnnée àl ’ac etltae roaùc ineell el ’écprfothîtè,t em daeis hdaur blaieruic ad,a nnso nle qpuase l deul lel ieefut aappppeolrétéee B; acarrb alar ipaa r, tipea rfcuep éqriueeu r,e cdoem lm’Eet hli’oopbifee revfet qSuaue m, afiufre l,e qeulleel is’lé yte nadvooiitt pjuluffqiue’uârus pgloaclfees dBea rcboamri
m erce, & fur-tout R hapta, m étropole de toute Cs’eutntei t cào nlatr éme.e r Dduès cIôntdée sd ;e c’le’fOt rpieonutr q, uoCie Adédturoai-t rpsïouv s, iv&«fi xaopv.r è(s ' lruhie uMmy rienpdfuicsu, map Jp eCll’eéntto icte tptea r plcaentttee pvooireté efa àn sA ldeoxuatned rqiue e, &de c ’leefut ra intfeim qpus’e lellel ef uét tocoitn naupe
nde’asv emrétidt ecpionisn tg rqeucs *A . lJeex adnoidsr oeb' faeirtv efra iqt ume eSnatiuomn aidfee la rhubarbe ; mais qu’il cite Paul comme en ayant
jamais vu le fer du pied d’ un cheval fè détacher, 5c être
remis fur l’heure par celui qui l’a ramaffé. Il rêve un moment.
S’il dit qu’il £ê le rappelle., on lui demande en quel
endroit s’elt pattée la chofe. Il rêve encore , 6c tandis
qu’il eft dans cette contention , le hoquet eft difiipé.
Voilà fout le prétendu merveilleux de cette recette, qui .
n’eft fondé que fur l’effet qui fuit l’effort qu’on fait pour
fe fouvenir d’une chofe fi peu impoftanté par elle-même»
Il n’y a là ni magie , ni fortilége, ni fympathie. Que de-
recettes femblables en impofent encore, lorfqu on n’en aperçoit
point le but ! Il y en a beaucoup de telles- dans Pline»
Note de M. Goulin»