
ce genre de bnîlure fait refîeiuù des douleurs qu'on
ne peut fupporter ».
I I I e. O b s e r v a t i o n .
« M. Foubert, ce célèbre chirurgien de Paris , fi
connu par Tes recherches fur l ’opération de la
taille , étoit réduit, par une douleur de fciatique,
à un état à peu près femblable à celui de la foeur
Gervais ; les eaux minérales & la diète blanche
ne le foulageoient point ; il n’avoit de repos que ■
lorfqu’il étoit agité par les mouvemens de fon
carrofle. Frappé par les exemples de guérifons que*
j’avois rapportés dans la première édition des mélanges
de Chirurgie , il daigna me demander fi
je penfois que, malgré fon trifte état ,1e feu pût
encore lui donner quelque foulagement ; l’ayant
engagé à en faire ufage au plutôt, iL m’écrivit
peu de temps après, pour m’apprendre qu’il a voit
fuivi mon confeil ; que M. Moreau , qui remplit
fi dignement la place de chirurgien major du grand
hôtel-dieu de Paris , lui avoit donné fes (oins ;
qu’il fe trouvoit fenfibiement foulagé , & que les
douleurs de la brûlure n’avoient rien d’aflez fâcheux
pour l ’empêcher d’y revenir, fi le béfoin le
demandoit».
I V e. O b s e r v a t i o n ,
Qui prouve les avantages de /’aduftion ou de
la chaleur fâche fu r la chaleur humide, dans
les cas de douleur & $ engorgement extérieur
n ),
« Les befoins de ma fanté m’ayant conduit, â
la fin de juillet 17 7 1 , aux eaux de Bourbon-i’Àr-
chambault, j’y fus confulté par mademoifelle Engerrard,
âgée de feize ans , que madame fa mère
avoit emmenée de la Rochelle â Bourbon.
La maladie de cette demoifeile étoit un engorgement
confidérable de toute la partie fupérieure
de la cuifle droite, avec fipvrc lente , fueurs nocturnes
, & maigreur confidérable. Le fiége principal
de l ’humeur étoit dans l ’articulation même
de ia cuifle avec là hanche ; cette articulation
étoit remplie d’une humeur qui repoufloit la tête
de l ’os ; de forte qu’en mettant les deux pieds a
ÇÔté l ’un de l ’autre , celui de la cuifle malade
outie-pafloit l ’autre de trois travers de doigt. Cette
maladie, autant que je peux en juger par les détails
qu’on a donnés de celle qui nous a enlevé
le duc de Bourgogne , étoit là même que celle
qui nous 3 prives de ce jeune prince/, après avoir
donné lieu à un abcès fiftuleux qui lui -avoit ouvert
i’articulation de la cuifle carié les os.
jVlademoifelle Engerrard , arrivée à Bourbon,
depuis ^ trois femaines , avoit fait ufage , fans le
moindre fuccès , des eaux minérales, tant en, bains
qu’en boiflon : on efpéra tirer plus d'avantage de
la douche ,-que l’on donna â un degré de chaleur
très-tempéré , & en ne laiflant que deux pieds de
chûte à l ’eau. Malgré ces ménagemens , il furvint
des mouvemens convulfîfs qui obligèrent de ramener
la malade au plutôt dans fon lit. Ces mouvemens
fe foutinrent, mais en décroiflant, pendant
toute la journée : ce fut à cette époque qu on me
confulta pour cette demoifeile «5 qui auparavant
n*avoit jamais éprouvé de mouvemens convulfifs.
La faifon étoit des plus ardentes , & les douleurs
étant des plus aiguës dans i’articulation malade,
je convins , avec M. Debrie, médecin des eaux
de Bourbon , très-digne de la confiance dont il
jouifloit alors ; je convins , dis - je , qu’il étoit
à propos d’appliquer , fur le centre du mal ,
trois fangfues. Cependant cette faignée locale ne
procura qu’un très-foibie foulagement. Une évacuation
aflez abondante par un veificatoire qu’on appliqua
fur la même région quelques'jours après, n’ajouta
que très-peu au mieux procuré par les fangfues.
Je (i) propofai à mademoifelle Engerrard de
faire brûler , fur le "noyau dè la douleur, un cylindre
de coton. On prévoit que cette propofitioQ
ne. fut pas facilement acceptée; cependant on fe
rendit, la brûlure fut fuperficieile ; & malgré cela,
dès le même jour , elle procura le foulagement
le plus fenfîble;la fièvre 8c les- fueurs noélurnès
ne fe montrèrent plus ; & le fommeil, plus long ,
plus tranquille , dédommagea fi bien la malade
des douleurs de la brûlure , qu’elle fe détermina,
huit jours après, à une' nouvelle application du
même remède.
Le$ progrès du côté de la guérifon étant tou-;-
jours plus fenfibles, & l’application du feu ayant
produit un effet diamétralement oppofé à celui de
ia douche, je fis entendre â cette demoifeile qu’ér
tant à la veille de nous féparer par une diftance
de cent cinquante lieues , i l lui convenoit .d’avoir
encore , fous mes y eux , recours au même remède.
Elle y confentit beaucoup plus aifément que je nç
l’avois efpéré ; & pour faire diverfîon â ia douleur
, elle chanta pendant, tout le temps que le
coton mit â fe conlumer. Trois jours après, cette
demoifeile monta deux étages, fans fecours étranger
, pour venir me faire fes remerciemens , au
moment de mon départ. A cette époque , l ’engorgement
de la cuifle malade étoit tellement
diminué , qu’elle étoit plus maigre que l ’autre.
Madame fa mère en ayant quelque inquiétude , je
lui fis comprendre que cette cuifle , maléfîciée depuis
deux ans , à' un âge où toutes les parties du
corps prennent de l ’açcroiflejnent , n’avoit pu ,
(x) (Euv. pofth. de M, Pouteau. t. 1, pag, 305, (1) Ceft toujours M. Pouteau qui parle.
autant
autant que l’autre, s’enrichir des fucs nourriciers
que la circulation diftribue également ; ,que ces
fiics viciés & étrangers ayant été diflipés par la
force réfolutive du feu , cette cuifle le trouvoit
réduite à un état de maigreur néceffaire. J’ajoutai
même , qu’elle n’avoit pas pu prendre'en longueur
autant d accroiffement réel que l ’autre ; & que
lorfque la guérifon feroit entière , je ne ferois pas
furpris d’apprendre qu’elle étoit devenue plus courte
que la cuilfe faine , quoiqu’elle excédât encore de
quelques lignes la longueur de celle-là.
Depuis, ce temps , j’ai reçu deux lettres de
madame Engerrard, qui, peu après mon départ
de Bourbon , retourna a la Rochelle. La première
m’apprenoit que .tout alloit de mieux en mieux ,
à une affez grande foibleffe près dans la cuifle malade
, & que le niveau n’étoit pas encore parfaitement
rétabli entre les deux extrémités inférieures
; que d’ailleurs la fanté, les forces, le
fommeil , & l ’appétit ne laiffoient rien à délirer;
Ma réponfe fu t, que je n’avois pas fans deflein
donné une petite provifion de cylindres , qu’il
falloit en faire brûler encore un -y ce qu’une
féconde lettre m’apprit avoir été exécuté avec
fuccès.
En voici une troifième du 13 mars 1773 , qui
eft d’autaut plus intéreflante à rapporter en entier,
qu’on a voulu jeter des doutes fur cette guérifon.
Je fu is , Moniteur, de plus en plus dans
le cas de vous faire mes remerciemens , pour
le foulagement que vos directions procurent à
ma malade. L a dernière brûlure fur-tout lui a
été vraiment falutaire , puifquelle a fa it remonter
entièrement la cuijfe, & lui a ôté tout
fentiment de douleur. Cette brûlure fa ite le 5
décembre , n a commencé à fe détacher & à entrer
en fuppuration que le 14. Elle a duré cinquante
jours avec plufieurs variations ; elle a
commencé par une humeur blanchâtre qui efl
devenue fanguinolente ; après quoi elle a pris
une couleur verdâtre , & a donné parfois un
fa n g noir & pourri. Tant que la plaie a duré,
f a i fa i t ufage du grand emplâtre que vous
mavex indiqué ( 1 ) ,• lequel , je crois , a aujji
bien fa it . Ma fille efl actuellement au point de
ne plus fâuffrir , quelque mouvement qu'elle fe
donne, fe couchant de toits côtés , dormant
bien , mangeant de . même , & rien ne l’ incommodant.
Mais i l lui refie une foibleffe extrême
dans la partie malade ; & quoique cette partie
prenne de la nourriture , i l pciroît cependant
qu’elle en prend un peu moins que l ’autre :
cela 11e fe fa i t remarquer que dans la feffe ,*
<i) C’efl l'emplâtre noir fait place de l’huile d’olive. avec l'huile dé noix, à la
MÉDECW&. Tome L
ce qui me feroit craindre qu’en croijfant elle ne
devînt difforme. L a taille de mil fille n efl pourtant
pas affectée; les os de la hanche font
parfaitement <Vaccord, les articulations de toute
la partie affectée font infiniment plus libres ;
mais La foibleffe empêche la malade d’en faire
ufage ; ce qui m’inquiète.
Auffi-tôt que votre lettre me fu t parvenue ,
ma fille commença à faire ufage du Lait coupé
avec de Veau de fquine ,. qui a toujours bien
paffé ; elle en prend un verre.au lit dès le matin
; à déjeûner , elle en prend un autre avec
un peu de pain ; & au fouper , une fujfifinte
quantité , pour n’avoir pas befoin d’autre
chofe. ^
Tout cela pu{fe a merveille. Sa boiffon journalière
efl cette même eau pure & fimple, ayant
fupprimé la falfeparèille, le nouez d’antimoine ,
& l ’huile de tartre , ainji que vous me l’ave^
marqué.
Je fu is bien mortifiée , Monfieur , de vous
importuner f i fouvent : ma malade fe trouve f i
bien de vos confeils , quelle ne veut avoir recours
qu’à vous. Je vous fupplie de . les lui
accorder, & d’ être bien perfuadé de fa recon-
noiffance & de la, mienne. K la Rochelle ce
13 mars ,1773 > f i ë ne' d’Engerrard , née Rondeau
».
D e s motifs qui déterminent Vapplication dit
moxa parmi les chinois , les japonois ,. &
les autres nations voifines ( 1 ).
Les différens peuples afiatiques , qui emploient
le moxa pour pratiquer Yadufiion, l ’appliquent
indifféremment fur les enfans & fur les vieillards,
fur les grands & fur les gens du peuple, fur les
hommes & fur les femmes : perfonne n’eft épargné
, fi ce n’ eft . les femmes enceintes, lorfqu’élles
n’y ont pas été précédemment accoutumées. L ’application
n’en eft pas, dit Ten-Rhyne, auffi dou-
loureufê qu’on pourroit le croire ; les enfans
mêmes la fupportent fans verfer beaucoup da
larmes.
Le moxa , dit Kæmpfer, eft en ufage dans la
Chine & au Japon , foit comme préfervatif, foit
comme’ curatif. Tous ceux qui prennent foin de
leur fanté , ajoute cet auteur , ne manquent pas
de fubir l ’opération du moxa une fois tous les
fix mois au moins , comme on fe fait appliquer
des ventoufes en Allemagne ; quelquefois même v
ajoute Ten-R hyne trois fois l’année , au renouvellement
des faifons ; & cette coutume eft
E e
(1) Kæmpfer , amoenitat. exot. fafeie iij.