
des corps voifins, eft très-petite en comparaifon
de leur volume & de leur mafle, ou de la quantité
de matière qu’ils contiennent» Les phyficiens
regardent comme confiant que la quantité de
chaleur nécefîaire pour échauffer un corps a un
certain degré , efl proportionnelle à la quantité
de matière que contient ce corps, que ce corps
s’ échauffe d’autant plus lentement, qu’il a & plus
de folidité & plus de denfité ou de pefanteur {pacifique
, & qu’i l fe refroidit d’autant plus vite qu il
a plus de furface. A ce calcul i l faut ajouter celui
des adhérences fpéciales, relatives a la nature
des corps ou des principes qui les compofent. M.
de Bufron a donné des expériences curieufes relatives
à cet objet j mais elles ne font pas de notre
reffort.
On fait d’après cela que Y air. qui nous environne
& qui eft le plus léger des corps qui exiftent
naturellement autour de nous, eft aufïi celui qui
s’échauffe le plus promptement, & qui fe refroidit
le plus vîte ; que par conféqueht c’eft un des conducteurs
les plus prompts de la chaleur.
( 3°. Çaufes principales qui produifent la chaleur.
) Parmi les caufes qui font fufceptibles de
* produire la chaleur, la première eft le frottement;
elle a long-temps été la feule connue. En-
fuite l ’obfervation a appris que la déoompofition
des corps produifoit auffi de la chaleur , comme
on le voit dans la fermentation, la combuftion *
&c., & dans diverfes opérations chimiques, où les
principes des corps fe défuniffent & fe combinent
de plufieurs manières. La même obfervalion a fait
voir auffi que dans d’autres cas il fe produifoit du
froid. Ces obfervations, perfectionnées par les découvertes
modernes, ont démontré que le principe
de la chaleur entroit réellement comme principe
çonftitutif dans la compofition des corps ; que lorsqu’il
s’en dégageoit & qu’il devenoit libre, il fe
produifoit beaucoup de^chaleur fenfible; que lorf-
qii’Ü s’y combinoit en certaine quantité, il fe produifoit
du froid ; que c’(éloit principalement à la dé-
compofition des gaz , & particulièrement à celle de
Yair vital dans la combuftion , qu’étoit due la plus
grande quantité de chaleur qui puiffe fe produire par
des moyens artificiels. On a obfervé encore qu un
moyen d’augmenter la chaleur étoit d’en condenfer-
& d’en accumuler une grande quantité dans un petit
efpace, comme on le fait, a l ’aide delà lumière,
avec le miroir ardent & la lentille de Tfchirnaufen ,
& même qu’on pouvoit produire le même effet par
la concentration de la chaleur feule, fans le concours
de la lumière. On a vu encore que la con-
denfation rapide des corps par plufieurs moyens
mécaniques, entre autres par la percuflïon , augmentait
confidéxablement la chaleur de ces corps,
comme fi par ce moyen elle en étoit exprimée,
ou que , rapprochée dans un plus petit efpace, elle
devînt plus fenfible ; & en général le paffage des
çorps d’une agrégation plus rare a une agrégation
plus denfe , même fans décompofition, eff
accompagné d’un dégagement de chaleur, & le
paffage d’une agrégation plus 'denfe à une açré-,
gation plus rare , eft au contraire accompagné d ab-
lorption du même principe; c^cft ce quont- démontré
plufieurs expériences modernes ; & cet effet
fe manifefte auffi par une chaleur ou par un froid
fenfible, lorfque ce 6e font pas la chaleur ou le
froid eux-mêmes qui font les agens de ce changement.
En un mot, on peut réduire les caufes connues
qui produifent la chaleur, aux fuivantes.
i°. A la concentration & au rapprochement d une
grande quantité de chaleur libre & ifolée, reunie
dans un foyer étroit par divers moyens ; réunion
qui devient fur-tout très-facile fi la chaleur fe
trouve combinée ou mêlée avec la lumière.
Au frottement, à la percuflïon, à la con-
denfation rapide des corps dont la chaleur adhérente
paroit par ce moyen fe condenfer auffi &
devenir ainfî plus fenfible.
3°.' A la décompofition des fubftances du feia
delquelles fe dégage le principe de la chaleur qui
entre dans leur combinaifon.
Tous ces moyens produifent plus ou moins rapidement
une grande quantité de chaleur fenfible ;
& cette chaleur, ordinairement produite au milieu
de Y air atmofphérique, s’y unit, s’y répand, y
adhère jufqu’i ce que la caufe ceffant d agir, elle
paffe dans les corps voifins, & l’équilibre fe rétablit.
On fent bien qu’en parlant des caufes de la chaleur
, les caufes du froid font néceffairement indiquées,
& que par conféqnent il eft inutile d’en
parler à part. ^ 'f ';.
A l’égard des caufes qui donnent, dans l ’atmôl-
phère, naiffance aux viciffitudes & aux alternative*
! de la Chaleur & du froid, leur difeuffion appar*
| tient à l ’article atmofphère & à celui des mé-*
téores. • _
( 4*. Quantité de chaleur libre dontles corps font
fufceptibles de fe pénétrer. Phénomènes de jon p a f
fage à travers les ga\.) Parmi les corpi que nous
connoiffons, i l en eft beaucoup, même parmi ceux
que la chaleur ne décompofe pas, qui n’en peuvent
comporter qu’un certain degré ; & lorfque la chaleur
qu’on accumule fur eux devient plus^ forte, ils
changent d’agrégation & paffent de l’état de Solides
à celui de liquides, ou de celui-ci à l ’état
de fluides aériformes ou de gaz. Ainfi, l ’eau n eft
plus folide au delà du degré zéro du thermbmètre
de Réaumur , ou de 32 de celui de Fahrenheit;
& lorfque. le baromètre fe tient à 28 pouces fran-t
cois, elle ne s’échauffe pas au delà du 80e degré
de Réaumur ou du a i z ç de Fahrenheit; au delà
de ce degré elle perd fon agrégation liquide, 8C
pafjTe à rétat de fluide aériforme , comme il paraît
par les bulles qui fe dégagent rapidement de
ce fluide dans l’éfat d’ébullition, & qui ne font
autre chofe que de l ’eau paffee à l’état de gaz.
Pour les fiuides aérifojrnes, çowne 1 d i r , où.
peut accumuler fur la plupart d’entre eux une jm~
înenfe quantité de chaleur fans changer leur état,
à moins qu’ils ne foient. en. contaét avec des corps
capables de les décompofer. Seulement la chaleur
les raréfie & les dilate plus ou moins, fuivant le
degré auquel elle eft portée , jufqu a ce ■ que
quelque corps plus froid , plongé dans ces fluides,
abforbe cet exces de chaleur, & les refroidifl'e en
s’échauffant. A cet égard, M. Prieftley a remarqué
que la propagation de la chaleur fe raifoit inégalement
par les différens gaz; qu’elle fe cornrau-
niquoit très-rapidement à travers Yair inflammable
, & deux fois plus vîte que dans 1 air commun;
mais que dans celui-ci, ainfi que dans Yair
vital, elle fe propageoit plus vîte que dans le gaz
acide crayeux ou carbonique , & dans tous les gaz
acides. Ce qui nous indique que cette rapidité dans
la propagation de la chaleur eft d’autant plus grande,
que le fluide qui en eft l’intermède eft plus rare, &
par conféquent fufceptible d’en abforber ^une ihoin-
dre quantité, ou, ce qui revient au même , qu’il
en eft pénétré plus promptement, en raifon de fon
peu de denfité. ’ x
( 5°. De la dilatabilité de Vairpar la chaleur.)
En parlant de la pefanteur fpécifique de Yair>,
j’ai parlé de fon expanfibilité par la chaleur. Celte
expanfibilité eft , comme nous l’avons /remarqué ,
beaucoup moindre que celle de certains gaz. M.
Prieftley a. déjà obfervé la grande expanfibilité du
gaz alkalin ; & il paroît que l’expanfibilité des
x gaz n’eft point exa&ément en raifon de leur denfité ,
mais dépend d’une nature particulière à chacun d’eux.
A l ’égard de la mefure de l’expanfibilité de Yair
atmofphérique par la chaleur, il me femble que les
expériences de MM. Amontons & de la Hire ne
fuffifent pas pour la déterminer. V . des Sc.
1702 & 1708. Mais les obfervations de MM. Schuck-
burgh & Magellan nous donnent des moyens de
l ’ eftimer ,& il paroît qu’ on peut compter fur leurs
calculs. Ces calculs ont été faits dans l ’intention
de corriger les différences caufées par la chaleur
dans les hauteurs barométriques & dants le calcul
des élévations des lieux. Ils font établis fur la mefure
dès expanfions tant du mercure que de Yair
atmofphérique , dont il n’eft pas inutile de com-r
parer ici les rapports. .
Pour les expanfions du mercure, M. Schuckburgh
trouve quelles font entre elles exactement dans
la proportion des hauteurs barométriques ; c’eft-
à-dire, que plus la prejjîon de Vatmofphère eft
grande, plus Vèxpanfion du mercure , par un
même degré de chaleur, eft forte ; d’où, il fuit, que
l ’expanfion du mercure eft en raifon de l ’augmentation
que produit dans fa denfité la pefanteur de
l ’atmofphère. C ’eft précifément le contraire pour
Yair, comme on va le voir. Les expériences de
M. Schuckburgh établiffent que quand le baromètre
eft à 30 pouces anglois, l ’expanfiondu mercure eft
par chaque degré du thermomètre de Fahrenheit, de
'0,00304 de pouces ;& en ramenant ce calcul à celui
des mefures françoifes, on trouve que pour la hauteur
de 2.8 pouces du baromètre françois , chaque degré
du thermomètre de Réaumur donne une dilatation
de ,00638188 de pouces françois. En multipliant
par J z , on a le nombre de lignes & de décimales
de lignes auxquelles répondent ces décimales de
pouces (65).
( 65 ) Dans lès mefures angloifes, la toife contient 6
pieds, le pied 12 pouces, mais le pouce feulement 10 lignes.
La proportion du pied ou du pouce anglois eft à celle
du pied &'du pouce françois dans le rapport de 100000
à 106575 •, en forte que ioccoo pieds ou pouces françois
équivalent jufte à 10657s pieds ou pouces anglois.
De plus, les degrés de chaleur du thermomètre de Fahrenheit
, plus petits que ceux de Réaumur, font à ceux-cî
comme 9 à 4, ou comme 2 un quart ou 2 ,2 j à ,1. Par conféquent
un degré de'Réaumur en vaut 2 ,2s de Fahrenheit.
Ces proportions établies ! voici les échelles de dilatations
qu’on peut dreffer pour les mefures françoifes, d’après celles
de M. Magellan, Je les place ici en faveur des médecins qui
s'occupent d’obfervations météorologiques.
Dilatations du mercure félon les hauteurs
du baromètre.
Hauteur du baromètre
, mefure
françoife.
Dilatations correfpondantes du mercure
par chaque degré du thermomètre
de Réaumur.
En pouces. En décimales de
ponces.
En décimales de
lignes.
. . . . . . i . . , 00022796. , . , 00273SS2.
î . . . . . . ■ , 0004s592.
3. ' r •• K . . , 000682S8. . . , 008206S6,
4...................... . 93 , 00O91084.
5...................... . . , 00113880. &c.
6. . . . . . . , ©0136676.
1 ■ . • sa • , . , 0015 9472*
8...................... . . ., 00182268.
9. • I • ' •• I ... >, -, , 00205064.
En avançant les décimales d’un degré, on a les dilatations
.correfpondantes à 10,20,30 pouces , & par ce moyen
on a toutes les combinaifons poflibles.
Dilatations de Vair félon les élévations des lieux.
Hauteur au deffus du ni— | Dilatations de l’air corref-
veau de la mer ou d’un lieu-pondantes à un degré du
quelconque«. thermomètre de Réaumur.
E n p ied s fra n ço is. E n d écim a les d è p ied s
I . . . . . . . . . . . . , 0054675.
2. ................................................... H S U S , 0 x09350.
................................... . . . . , 0164025.
4 ..................................> • • . . . . , 021870p .
5 ........................................................... • • • ■ - ° = 7 J 3 7 S .
6 . .................................................... . . . . , O328O5O4
7 . . . . . . . . . . • ■ , 0382725.
8........................................................... • * • * > O4374OO.
9 ........................................................... • . . . , 0 4 9 2 0 7 5 .
On peut avoir toutes les combinaifons poflibles par cette
table comme par la précédente.