
p lè te , & Ton diftribue les aimans également de -I
chaque côté du corps. Dans tous les cas , c’eft fur
l'épigaftre ou le creux de l ’eftomac que l ’on a
foin d'en placer plus particulièrement. On ne doit
en multiplier le nombre qu’avec réferve ; on l ’augmente
à proportion des effets déjà produits par
les premières pièces appliquées. A chaque changement
des garnitures, on doit fubftituer fur le
champ de nouvelles pièces, les malades , dans
l ’efpace de temps qu'ils reftent fans aimans , étant
fujets à voir leurs accidens fe renouveler.
Nouveau plan de recherches , avec''les moyens
de perfectionner la méthode magnétique.
En nous livrant à nos effais, le premier objet
que nous devions nous propofer, étoit de nous
affurer fi Yaimant, comme fubftance magnétique ,
a fur le corps humain une a&ion réelle & particulière.
Nous croyons avoir établi cette vérité fur
des réfultats fimples & précis. Mais eft-ce unique-
mens fur les nerfs que cette aâion s’exerce , &
Y aimant n’en a-t-il aucune fur les vifcères & les
humeurs ? Eft - ce uniquement dans les affeétions
nerveufes qu'il manifefte fon efficacité, & ne s’étend
- elle pas auffi aux maladies avec matière
ou humorales ? Convient-il également à toutes
les affeétions des nerfs, quel que foit leur caractère
, c e ft-à -d ir e , qu'elles foient douloureufes ,
fpafmodiques, ou convulfives ; quelle que foit auffi
leur caufe ou leur principe , c eft-à-dire, qu’elles
dépendent ou qu’elles ne dépendent pas d’une affection
propre aux nerfs ; qu’elles fe rapportent au
défaut ou à l’excès de leur aétion , qu elles foient
Compliquées avec l ’état d’atonie, ou de tenfîon &
d’éréthifme ; enfin quel que foit le fîége de ces
affe&ions ? Cette aftion de Y aimant eft-elle uniquement
ifédative & calmante; eft-elle toujours
îalutaire; peut-elle devenir entièrement curative,
ou n’eft-elle que fimplement palliative, comme on
a lieu de le penfer ? Ces différens points méritent
la plus grande attention, & pour les approfondir ,
i l faut une fuite d’obfervations beaucoup plus
nombreufes que les circonfiances ne nous ont permis
d’en recueillir. On a lieu de préfumer qu’on
parviendra à les éclaircir, avec les nouveaux degrés
de perfeéfion dont la méthode magnétique
paroît fufceptible.
Dans l ’application que nous avons faîte des
C-imans , nous nous fommes fcrupuleufement abf-
tenus d’employer aucune autre efpèce de remèdes
pendant le traitemenr. Cette précaution étoit
effentielle pour le fuccès de n«s recherches. Mais
p’a-t-on pas lieu de préfumer qu’en fécondant l ’action
des aimans par des remèdes appropriés, on
retirera de plus grands avantages de leur application
;? Quand la raifon ne feroit pas preffentir cette
vérité, l’exemple de l'.éie&riçite fuffiroit feul pour
l'établir.
De tous les fecours que l’on peut défirer de
voir joindre à l ’ufage de Y aimant, c’eft 1 électricité
, fur-tout, dont il femble qu’on ait lieu de
pouvoir plus attendre. Le fluide électrique paroît
avoir avec la matière du magnétifme des rapports
fi nombreux & fi marqués, ils offrent dans leur
nature tant de reffemblance & d’analogie , qu on ne
peut fe refufer à l ’idée de prélumer qu’ils doivent
s’unir enfemble d’une manière très-intime. Quelque
différence , quelque oppofition même qu on
femble remarquer entre leur manière d’agir & leurs
propriétés , ne peut-on pas foupçonnet qu’on peut
les* réunir, comme on affoeie tous les jours dans
la pratique les fubftances calmantes & fédatives
aux médicamens incififs & ftimulans? De cette com-
binaifon dont on ne peut au moins refufer de re-
connoître la poffibilité , ne doit-on pas efperer
l ’avantage de rendre l ’éleéfcricité applicable , peut-
être dans les tempéramens irritables , dans les conf-
titutions nerveufes , aux maladies qui en requièrent
l ’ufage ? N ’obtiendroit-on pas auffi de cette réunion
un moyen de donner au magnétifme plus d energie
& d’aCivité , de le rendre au moins propre à combattre
dans leur fource des afFeétions nerveufes ,
auxquelles on reconnoît pour principe une caufe,
humorale , ou matérielle, capable de céder a 1 action
de l ’éledricité, & que Y aimant feul ne peut
détruire.
Mais fans chercher dans des fecours étrangers
des moyens d’augmenter ou de féconder les effets
du magnétifme , on peut en indiquer plufieurs dans
la préparation même des aimans. Dans l ’ufage
que l ’on fait des différentes efpèces de pièces
d’acier aimantées , on n’emploie Y aimant qu’à
l ’extérieur. Ne peut-on pas, en employant, foit la
pierre d’aimant, foit la limaille d’acier aimantée
pulvérifée , le donner à l ’intérieur? Ne peut-on
pas, en y laiffant un barreau infufer, aimanter l’eau,
comme on parvient à préparer par un moyen fem-r
blable , ce qu’on appelle de Veau ferrée ? Ne
pourroit-on pas, avec plus de fuccès encore,, employer
la limaille aimantée , ou la poudre de
pierre & aimant , en l ’incorporant dans des emplâtres
, & fe procurer ainfi l ’avantagé de faire
des applications magnétiques d’une adion plus
douce , plus légère ,& fur des furfaces plus étendues.
La fufpenfion de quelques parcelles détachées
des barreaux & diffoutes dans l ’eau , la préparation
que fubiroit l ’acier aimanté ou la pierre
d aimant en les pulvérifaut, les dépouillent-elles
auffi abfolument qu’on le prétend de toute qualité
magnétique ? .
En fe bornant même, dans l’emploi des aimans,
à l’ufage des plaques ou barreaux d’acier aimanté
dont on fe fert plus ordinairement, ne peut-on
pas au moins efpérer d’en perfectionner l ’application
? On découvre chaque jour de nouveaux
moyens d’aimanter plus fortement l ’a c i e r & parmi
les procédés qu’on emploie à cet égard , plufieurs
font .applicables à la préparation des diverfeis
plaques
plaques qui font en ufage pour les armures. La
rouille que ces plaques font fufceptibles de contracter
, affoibliffant confidérablement & promptement
leur vertu , ne pourroit-on pas prévenir cet inconvénient
en enduifant les pièces d’un vernis qui
les préferveroit des impreffions de l ’humidité de la
peau ? Les différentes formes que l ’on petit donner
àux plaques ne doivent-elles pas influer auffi fur
leur degré de force ? En les faifant de plufieurs
pièces réunies, ne peuvent-elles pas acquérir plus
de vertu ? Enfin n’a-t-on pas lieu de penfer qu’en
acquérant chaque jour de nouvelles lumières , on
parviendra à perfectionner la méthode d’application
, foit relativement au nombre , à la forme, à
la direction des pièces que l ’on emploie , foit par
rapport au choix des parties fur lefquelles leur
aétion peut être plus prompte, plus sûre, & plus
immédiate fur le genre nerveux, relativement aux
différens tempéramens des malades, & au caraCtère
des affeCtions plus ou moins fufceptibles d’obéir aux
impreffions de Y aimant l
C’eft «fur-tout relativement à l ’ufage des aimans
ifoles , c’eft - à - dire, de ceux que l ’on n’emploie
que pour de fimples applications du moment, qu’on
peut fe promettre de donner à la méthode magnétique
de nouvaux degrés de perfection. Tant qu’on
ne connut que la pierre 8 aimant, on n’employa
1 aimant qu’en armure. Lorfque l ’art eut appris
a préparer des aciers aimantés, on ne commença à
en.faire ufàge que pour de fimples applications.
Bientôt on préféra de les employer auffi en armure,
& cette méthode paroît être celle que l ’on
fuit maintenant plus communément. Mais pendant
que les malades portent ainfi Y aimant, ne peut-on
pas encore les foumettre à l ’aCtion de fortes pièces
aimantées, dont on réitéreroit l ’application a différentes
reprifes ? Cette méthode offriroit d’autant
plus d’avantages qu’on pourroit s’en fervir fans aucune
incommodité pour les perfonnes qui y feroient
foumifes. On pourroit y avoir recours pendant la
nuit, en plaçant les aimans dans le lit ou fous les
matelas. On pourroit en placer à la tête, aux pieds,
& environner ainfi les malades d’une atmofphère
magnétique pendant le fommeil. I l feroit poffible
de les difpofer également de manière à agir fur
les perfonnes dans le temps où elles feroient affifes ,
en les plaçant auprès ou fur leurs fiéges. Enfin
les malades eux-mêmes pourroient les employer
en fe foumettant, à différentes reprifes, à leur a&ion
chaque jour pendant le traitement. Nous avons
cité plufieurs exemples de cette nature dans nos
obfervations.
On fait à quel degré de force on eft parvenu
de nos jours à porter les aimans artificiels compotes.
L ’ étendue du tourbillon dont ils font environnés
, étant en proportion avec cette force, non
feulement ces aimans peuvent porter des poids
confidérables , de cent & de deux cents livres; mais
leur aCion fe propage & s’étend fort loin , à la
diftan.çe de ^douze & de quinze pieds. Plufieurs re-
Médeciue. Tome U
cueils font mention d’une pierre d*aimant appartenant
à la fociété royale de Londres , & pefant
foixante livres, qui fait mouvoir une aiguille à neuf fieds d’éloignement. Dans l ’article aimant de
ancienne encyclopédie , il eft parlé d’aimans
artificiels, dont l ’a&ion fe manifefte ainfi à quatorze
pieds. Ne pourroit-on pas, vu la grande dife
tance à laquelle le porte le tourbillon de pareilles
pièces, préparer, en les réunifiant en certain nombre,
une machine particulière, à l ’aide de laquelle on
foumettroit les malades- à l ’aCion du magnétifme ,
comme on le pratique pour l ’éle&ricité ? En fui-
vant cette idée , ne pourroit-on pas, en fe fervant
de tiges de fe r , déterminer fpécialement le courant
magnétique à travers telles ou telles parties
plus particulièrement affe&ées , comme on le fait
relativement à Téleéhicité dans la méthode de
M.. Partington. On trouve, dans les éphémérides
d’Allemagne, un fait de cette nature. Enfin,
dans cette méthode , ne pourroit-on pas dire que
l’ufage dés forts aimans feroit à celui des fimples
armures, ce que les commotions & les étincelles
font à l ’éleCrifation par bain ? Ces objets méritent
d’être examinés.
I l eft encore un nouvel ordre de moyens de perfectionner
la méthode magnétique. La théorie de
Y aimant étant abfolument ignorée, n’a-t-on pas
lieu de préfumer qu’en parvenant à la connoître,
il en réfulteroit des règles de pratique plus sûres,
des procédés plus parfaits pour fon application ?
On ne doute plus de nos jours de l ’exiftence d’un
fluide univerfel répandu dans l’atmofphère , & qu’on
regarde comme le principe du magnétifme. Comment
ce fluide agit-il fur le corps humain ? Car on
ne peut méconnoître qu’il entre pour quelque chofe
dans les effets de l ’atmofphère fur l ’économie animale.
Quelques phyficiens affûtent que l ’a&ion
de ce fluide n’eft pas uniforme , & qu’elle varie
fuivant quelques circonftances. Ainfi , .on a obfervé
que la force des aimans varioit en de certains
jours , quoiqu’on ne pût pas affigner les circonftances
auxquelles tenoit cette différence d’a&ion.
Mais ne doit-elle pas auffi fe manifefter- dans la
méthode magnétique , & ne feroit-il pas au moins
curieux & utile de diriger vers cet objet l ’attention
des obfervateurs, comme on l ’a fait pour l ’électricité
?
Il ne feroit pas moins int,éreffant de connoîtrô
comment ce fluide fe comporte dans l ’atmofphère,
comment il entre & pénètre dans les aimans,
A-^t-il une direction réelle & confiante du nord
au fud, comme on le croit généralement, & d’après
cette circonftance feroit-il avantageux de diriger
les malades le vifage au nord dans l ’application
des forts aimans; de placer les lits dans
la même direction , en mettant aux pieds & an
chevet de fortes pièces aimantées pendant la nuit î
Relativement aux différens aimans, le fluide les
pénètre-t-il par un pôle plutôt que par un autre,
& dans ce cas, y a - t - i l une différence à noter L U