
Paracelfe, n’étoit pas d’un moindre fe cours. f i l e
vantoit pour calmer les fpafmes , le tétanos ; pour
diffiper les attaques hystériques , & tous les accir
dens qui dépendent de la fuffo cation utérine. Il le
croyoit particulièrement propre pour les fpafmes
des femmes enceintes. Il le recommandoit auffi
comme un moyen très-efficace de prévenir les accès
d épilefie, en enchaînant, pour ainfi dire, les traînées
nerveufes dans le foyer où elles fe mettent en
mouvement pour fe porter a la tête.
Dans ces différentes maladies , Paracelfe faifoit
nfage également des deux pôles ; c’eft au moins
te qu’on peut inférer de la diftinéfion qu’i l fallait
entre ce qu’il appeloit le ventre & le dos de
Yaimant. Comme on favoit de.fbn temps que cette
fubftance attire par un pôle > & quelle repouffe
par l ’autre, il fe fervoit de celui qui repouffe pour
réprimer la portée trop vive des humeurs, & de
celui qui attire pour les rappeler à leur fource.
I l ne regardoit au relie ce traitement que comme
palliatif. Quand les humeurs étoient rappelées &
contenues dans leurs foyers particuliers, il s’agif-
foit de travailler à leur maturation ,.& de les préparer
a être évacuées- par leurs émonétoires naturels.
Ces indications dema-ndoient, pour être remplies
, les fecours ordinaires & connus.
On voit, d’après ces idées , combien le raa-
gnétifme avoit pris d’extenfion, On ne borna pas
encore là fon étendue. A l ’aétion connue de Y aimant
fur les nerfs ,. Paracelfe avoit ajouté'la propriété
d’agir fur les humeurs & de les attirer.
Van-Delmont & fes difciples crurent devoir lui
attribuer auffi la même vertu furies différens vifeères.
JJ aimant, d it- ila y an t fur les inteftins la
même aétion que fur le fer , il éft propre à guérir
les hernies. Il le recommandoit auffi contré les
catarrhes , qa’il difo-it être , dans fon langage ,. de
Tiatu-râ martis. Toutes les elpèces de magnétifme,
ajoute le même auteur, peuvent être employées
au foulagement du corps humain. En déterminant
l ’application de Y aimant, fuivant le procédé qu’il
décrit, de manière que l ’aétion attractive ait lieu
vers les lombes , & que la force répulfive foit
dirigée vers les çuiffes, on peutfuivant lui, s’op-
pofer à l ’avortement des femmes. Dans Inapplication
inverfe , au contraire , Y aimant fert merveil-
leufèment à facilïtfer l ’accouchement. C ’étoit par
£on action fur la m atricequ’on expliquoit comment
Y aimant produifoit ces effets. On lui attri-
huoit la même action fur l e , corps de l ’enfant.
Ain fi , on avoit recommandé y dans les cas où les
femmes font menacées d’avortement, d’appliquer
de Y aimant fur le nombril , parce qu’on penfoit
qu’il avoit la vertu d’attirer l’enfant, comme i l attire
le fer,. & dé l ’empêcher de defcendre. A f l rue rapporte
cette opinion;
On ne fe bornoit point, dans cette méthode ,
à employer Yaimant. en malle, ou tel que nous
le 'préfente la nature. En parlait de l ’aâfion de
Yaimant fur le fe rn o u s avons vu que les- auteurs,
pour en tirer un plus grand parti en médecine ÿ
l’avoient fait entrer dans un grand nombre de préparations
v foit pour l ’ufage intérieur, foit pour;
des applications purement externes. On en fit autant
relativement à la propriété de Yaimant que'
nous examinons. Les alchimiftes crurent pouvoir
introduire cette fubftance dans plufieurs compofi-
tions , pour tirer plus d’avantage de fon aétion«
fur les nerfs, fur les viièères , & les différentes*
humeurs.
Ain fi, nous trouvons dans la pharmacopée cfe?
Schroeder la compofition d’un emplâtre fort eftimé
pour appaifer les douleurs de la goutte , fait avec;
Yaimant calciné & de la cire.- L ’emplâtre de P a -'
racelfe contre la goutte eontenoit également 1W -
mant \ il entrok auffi dans le gargarifme contre*
les douleurs de dents , dont Stockeras donne la1
compofition. U-aimant faifoit encore la bafe de!
plusieurs emplâtres , tels que l’empl-âtre attraétifi
contre la manie,- de Paracelfe ,• l’emplâtre de*
Quercetan, contre les membres convu-llés l’em-
piâtre ftiptique de CrolLius-, auquel, entre autres»,
propriétés, on attribuoit la vertu de calmer les
douleurs ,-éii' l ’appliquant fur la partie fouffrante^
Zwinger rapporte , d’après Rnèus r qu’on le
faifoit entrer dans les remèdes recommandés contre
certaines affermions des yeux, telles- que Vepi~
phora ou larmoiement. On trouve de même dans
Mylius la.recette d’un élixir contre les catarrhes y
dont Yaim_Qj.it faifoit partie. Enfin nous Voyons»
qu’on a attribué à certaines préparations magnétiques
la même aétion furles vifeères, qu’l l ’ufage
de Yaimant en topique. Ainfi ,. Rofencretirer 9
dans fon AJlronomia in fe r io rum a vanté un emplâtre
d’une grande efficacité contre la- defeente
de matrice, compofé avec Yaimant \ ladhaux vive
Sc la graiffe d’ours. Suivant Ettmuller, on forme
avec ces fubffancesmifes.à digérer dans l ’efprit—
de-vin , une maffe de confiftance emplaftique , avec
laquelle on frotte la région du dos ou de l ’os
facrum , & l’on voit alors, - d i t - i l l a matrice fe replacer.
auffi-tôt. Zwinger a rapporté la même’
recette ainfi que Mylius , fous le nom Yemplaf-
tntm magnetis ad proeïdentiam uteri. On doit
remarquer ici qu’i l ne s’agiffolt aucunement d’employer
le fer dans ces fortes d’applications, comme
nous l ’avons dit des emplâtres magnétiques pour.'
les hernies j ce qui fait voir que leu: efficacité ne
venoit pas de l ’aôtiôn de Yaimant fur le fer-,, mais;
dé celle- qu’on lui- attribuoit fur les nerfs ou les*
vifeères. On a de même , fous ce dernier rapport v
employé Yaimant en emplâtre contre les hernies,,
comme - on peut le voir par plufieurs paffages-
d’auteurs. Dans ces cas, c’étoit fur la région des;
lombes qu’on l ’appliquoit, c’eft-à-dire., vers l ’origine
des nerfs ou des ligamens qui font particuliers
aux inteftins.
Jufqu’ici la leéture dès. auteurs n’offre fur 1’tifagé’
de Yaimant. que nous examinons, que des. vertiges,,
ou dés parties détachées d’un ancien corps de doâxine*
fans indiquer aucuns faits , aucunes obfervations
particulières fur lefquels on puiffe croire* qu’il
eut été établi. En parcourant les recueils des
obfervateurs poftéileurs à cette époque , on trouve
quelques exemples de cette nature qui confirment
les fuccès. Nous en citerons ici quelques-uns.
Pierre Borel , dans l’édition de fes oeuvres en
j 6$ 6 , cent. 3. obf 80, fait mention d’une manie
eatifé;e par la matrice , qui fut guérie en faifant
porter pendant quelque temps à la malade un
aimant appliqué fur la région de l ’eftomac.
On lit dans les éphémérides d’A llemagne,
pour l’année 1686 , déc. z. ann. ,5. pag. 473 ,
qu’une femme attaquée d’un goutte fe reine ,, en fut
manifeftement foulagée en lui appliquant à la nuque
d,u cou une pierre A’aimant de la meilleure quali
té , & fur les yeux de petits fachets remplis de
limaille de fer, pour diriger le courant magnétique
vers les nerfs optiques.
Le Mercure de France rendit compte, au mois
de juillet 1716 , de l ’obfervation d’un religieux
bénédictin, attaqué depuis plufieurs années d’une
foibleffe extrême & de mouvemens convulfifs, &
qui en fut fubitement délivré eu portant habituellement
une pierre A’aimant. Les affiches de Be-
fançon contiennent un fait pareil , obfervé
depuis fur un célèbre miffionnaire. Vers 1769,
on apprit par un autre recueil , qu’un jeune
homme de vingt - un ans avoit été. délivré d’un
état des plus déplorables , & des convulfions
les plus violentes , en lui appliquant au bras
un aimant du poids de huit onces. Enfin, en, 1760,
M. Achille Mie g , dans une lettre datée de Bâles
le 6 décembre, publia l ’obfervation d’une jeune
fille de onze ans , attaquée d’une convulfion hyffé-
rique d’un genre fîngulier, qui reprenoit fes fens .
& fentoit fes convulfions diminuer toutes les fois
qu’on lui faifoit tenir une pierre d’aimant à la
main.
Les phyficïens n’employoient &. ne connoilîoie'nt
guère alors Yaimant que fous la forme que lui
donne la nature , & les difficultés qu’offroit fon
u fa g e le s 'empêchèrent de multiplier leurs effais.
On fait en effet combien , fous cette forme , la
pierre d’aimant eft difficile à travailler. Les pièces
néqeffaires aux expériences étoient ainfi très-rares
& d’un prix exceffif. Douée d’aillëurs d'aune affez
foible vertu, on ne pou voit, avec quelque efpoir
d’obtenir au moins des effets marqués, employer
la pierre A'aimant qu’en grande maffe, ce qui la
rendoit alors incommode aux malades par fon poids
Sc fon volume. Tous ces inconvéniens étoient bien
capables de refroidir le zèle des phyficiens, & de
nuire au fuccès de leurs recherches. Heureulement
ces obftacles n’étoient point infurmontables ; &
bientôt une découverte importante offrit les moyens
de les fur monter.
Telle fut celle qui apprit à perfectionner , par
de certains procédés, 1 art d’aimanter affez fortement
le fer & l ’acier, pour les rendre bien fupé-
rieurs en force aux meilleurs aimants naturels.
C’eft fur-tout aux travaux de MM. K n ig t , Miche I I ,
& Canton en Angleterre, de M. Duhamel en France,
que la ph y figue eft' redevable de ces curieufes Sc
importantes découvertes. On s’empreffa bientôt
d’en-profiter, pour rendre plus nombreux & plu«
fùrs les procédés propres à faire connoître les effets
du magnétifme fur l ’économie animale. Alors , aux
meilleures pierres d7aimant, que plufieurs inconvéniens
rendoient peu propres à féconder les vues
des phyficiens, on fubftitua des pièces d’acier aimantées,
dont on put à volonté multiplier le
nombre , varier la forme & modifier l ’application f
dans 'lefquelles fur-tout on put concentrer fous Un
pètit volume des degrés confidérables de force Sc
d’aCtivité. Enrichi de tous ces avantages, le ma-
gnétifme prit à cette-époque une forme confiante *
& devint un art auffi varié dans le.manuel de fes.
opérations , qu’on Tannonçoit fécond & puiffant
dans fes moyens.
Une cîreonftance particulière contribua fin-tout
à rendre cette époque plus i-nt ère fiant e pour les
effais que l ’on méditoit. • La vertu, de Yaimant.
étoit connue , & depuis.long-temps, employée pouC
la guérifon des maux de dents j mais ce fecret étoit
refté concentré dans cette claffe d’hommes trop
accoutumés à faire un myftère de ce qui peut leur
être profitable. Vers l ’année 1765 , M. K.larich 9
médecin du roi d’Angleterre, & phyficien à G ot-
tingue , la confirma par les effais les plus nombreux.
Ces effais, publiés dans lesqournaux , donnèrent
l’éveil aux obfervateurs. On s’attacha d’abord à
1 application de Yaimant contre les maux de dents.
Von A ken , apothicaire à Orebo , & M. le pro-
fefleur. Strorner, l ’expérimentèrent en Suède. On
en obtint d’heureux effets à Petersbourg, en Angleterre
, en Allemagne. MM. Koe jln e r , H oW
man, Hejfe, & Baefnier de la Touche, réitérèrent
les épreuves avec le même fuccès.
On ne fe contenta pas de 'conftater cette vertu
de Yaimant ; on préfuma facilêmeiTf qu’en étendant
fon ufage à d autres maladies dépendantes également
de 1 affection des nerfs, on obtiendroit de
fon ,application de pareils avantages. M. Klarlcft
avoit porté fes recherches fur cet objet. i l kvoie
éprouvé de bons effets de l’application de Y aimant 7
en certains cas, contre les douleurs des' membres,,
la furdité , la paraiyfie.
M. Webery docteur en médecine à Jtfaîfrotîe ÿ
fut un dès premiers' en Allemagne à marcher, fur
feS pas. Dans 1 année 1767 , il communiqua à l ’académie
royale de Gottingue un mémo ire dans
lequel il détailloit la guéri fon A^üiye-, incommodité
fïngulière de la vue , à laquelle', etoit fujet
un' vieillard de ' foixante • douze 'ans. En' appliquant,
à trois'différentes, reprifes par jour, pendant une
heure chaque fois, un aimant artificiel au coi®