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mériter, d*y répondre, & le propriétaire s’en trouvera
amplement dédommagé*
30. Enfin, il y a vingt-cinq ans que M.Ronden
cenfuroit celui dont il nous relie à parler ; les
chofes étant encore dans le même état, nous croyons
ne pouvoir mieux faire que de tranfcrire ce qu’i l difoit
alors fort énergiquement.
« Si j’expole ici un abus miférable qui règne
» parmi les maréchaux, c’eft dans l’intention de
» l’anéantir : trop heureux fi je pouvois réulfir !
» le bien public en feroit la produétion , par l ’at-
» tention qu’ils auroient à leur état, & dont, jufqu’à
» préfent , iis ont été incapables par le mauvais
» emploi qu’ils ont fait de leur temps.
» ÎJabus dont je veux parler eft de voir ces
» maréchaux paffer vilement à boire avec les gens
» d’écurie, un temps qu’ils devroient employer à
»> 1 étude de la théorie & à la pratique , s’imaginant
p augmenter leurs travaux par le moyen de ces
» protecteurs bacchiques, qui, flattés de cette fami-
» iiariié & de ce rapport de goût , les prônent
» fans ceffe à leurs maîtres, & les font paffer pour
p gens à talens aux y.eu^ des perfonnes qui, par
p inattention , donnent trop aifement leur confiance.
» Si ces mêmes perfonnes étoient à portée de con-
» noître les abus qui fuivent fouvènt cette intel-
p ligençe , & combien quelquefois leurs intérêts
p en fouffrent, ils- feroierit les premiers à y mettre
p ordre,
» Çop.nie rien n’eft .fi offenfant que la vérité,
» fur-tout quand elle ne corrige pas , je m’attends
p au nombre d’ennemis qu’elle va me faire; mais
p étant , à tous égards , au-deffus de leurs haines ,
p plus iis me marqueront en avoir, plus ils flatteront
p mon amour - propre, ne cherchant en général
p dans les hommes que le fuffrage de ceux qui favent
p penfer ».
Terminons cet article, trop long pour la gloire
de l ’art, mais trop court peut-être pour les progrès
, par une anecdote dont nous pouvons confi-
îater l ’authenticité , & qui prouvera .combien , de
nos jours, ce dernier abus eft encore enraciné.
Un ancien maréchal, qui jouit dans la capitale
d’une certaine réputation & même de la confiance
de quelques tribunaux , venoit d’être cônfulté pour
pn animal malade ; fortant de la maifon avec le
.maréchal ordinaire , il lui propo.fa bouteille : celui-
ci , ne voulant pas refufer ouvertement, alléguoit
la proximité de fa demeure du propriétaire : Bon !
bon ! répondit l’ancien, les maîtfes ne favent - ils
pas qu’i l faut que les maréchaux boivent ? Une raifon
aufli convaincante étoit bien faite pour lever tout
fcrupçle » .& ils burent.
l e forgeron hideux, courbé fous fou enclume,
Boit & rie au milieu du feu qui le confirme.
De Saint-Percivi , épit. fur Ifi confomption.
( M . H v z a r d . )
A C A
A B U T ILO N , f. m. Ce nom, donné par Avicenne*
eft celui d’une1 plante que les modernes ont appelée
fatoffe guimauve ou guimauve jaune. Cette plante
s’élève à trois ou quatre pitds ; fa racine eft partagée
-en plufieurs petites branches velues $ fa tige
eft ronde & rameute ; fes feuilles font larges , un
peu en coeur, molles, velues, & pétiolées ; fes
fleurs axillaires font monopétales , campaniformes,
très-ouvertes, & découpées à leur bord : les étamines
font réunies en un corps cylindrique qui laiffe paffer
le piftil j celui-ci devient un fruit en forme de
chapiteau eompofé de plufieurs cap fuies affemblées
autour d’un axe ; chaque capfule s’ouvre en deux
parties, & renferme des femences uniformes. T e lle
eft la defeription qu’ en donne Tournefort. On
cultive eette plante dans les jardins : elle fleurit en
juillet.
On a employé en médecine fes feuilles & les
feinenees ; les premières, appliquées fur les ulcérés,
en changent le mauvais caraétèrè, & les nettoyent j
les graines excitent l ’évacuation des reins , & font
rendre du gravier : on les range parmi les diurétiques
, les apéritifs , & les vulnéraires ; on n’en fait
que peu d’ufage. ( M. D E FOURCRQY. )
ACA CA L IS , f. m. L ’acacalis eft un arbriffeati
dont la fleur eft papillonacée, & qu’on appelle ,
dans le Levant, kelmefan, chafmefen & kirmefen,
Diofcoride ne donne le nom aacQçàUs qu’au fruit
de cet arbriffeau, qui croît, fuivantlui, en Égypte.
C ’eft une efpèee de earrouge fauvage. Galpar
Bauhin l’appelle Jiliqua fylvejlris rotundifolia,
Samuel Dale en fait l ’hiftoire à la fuite du car-
rouge ordinaire. Ray affure que fit femepee eft un
remede populaire à Conftantinople pour les maladies
des yeux : fon efficacité, dans désaffections.,
a même paffé en prôverbe : S i doleanp oçuli,
habes chafmejen. La coffe qui enveloppe le fruit,
fuivant R a y , eft un très-bon aftringent. Le fort
de cette plante n’eft pas bien décidé , comme on
l ’a dit dans la première édition de l ’Encyclopédie 3
& il faut attendre que les progrès de l ’Hiftoire
naturelle éclairent fur fa nature & fur fes propriétés«
(M . d e F o u r ç r o y ,)
A C A C A L O T L , f. m. Hygiène*
Partie II. Chofes non naturelles?
Claffe III. Ingefla.
Ordre J. Alimens. Animaux, Oifeaux aquatiU
'tiques,
x4 cacalotl eft le nom Mexicain d’un oifeau, autres
ment appelé corbeau aquatique. Courlis varié dit
Mexique de M. Briflbn. Numenius Mexicanus
varias. Id,
Cet oifeau fournit aux habitans du Mexique une
j nourriture qui n’eft pas défagréable ; mais là chair
eft un peu ferme, & eonferve une odeur de poiffoa i
A C A
comme celle de la plupart des oifeaux aquatiques.
( Extrait de Varticle acacalotl de M. Adanfon ,
dans l'ancienne Encyclopédie, ) Voye\ O iseaux
AQUATIQUES. ( M, H ALLÉ. )
A C A C IA , f. m. Hygiène.
Partie II. Chofes non naturelles.
Claffe III. Ingèjla.
Ordre I. Alimens végétaux. Sucs mucilagi-
heux,
C’eft de Y acacia que. nous vient la gomme
appelée gomme arabique. I l faut bien la diftinguer
du fuc S acacia préparé par la macération & l ’ex-
preflion des gouffes de cet arbre ; ce fuc eft aftringent
, & appartient à l ’ordre des médicamens.
La gomme au contraire eft une. fubftance douce ,’.
alimenteufe , & qui . réellement fait une partie de
la nourriture des caravanes d’arabes & de maures
qui en font la récolte, les uns en Arabie , fur les
côtes de l.a mer Rouge, les autres au Sénégal.
M. Adanfon reconnoît trois principales elpèces
de gommiers ; celui qu’il nomme, d’après les
nègres , nebneb ; celui qu’il appelle gonake- , &
celui auquel il donne le nom Suereck. Les deux
premiers donnent une gomme plus rouge, un peu
amère , & qui a quelque chofe de la propriété
aftringente du fuc d’acacia. Le dernier donne une
gomme blanche & très-douce. (E x tra it de Varticle
acacia de M. Adanfon dansVanc. Encyclopédie.)
On fent que ces différences peuvent avoir quelque
influence furies propriétés de la gomme, comme
aliment ; mais je renvoie ce qui regarde lés propriétés
nutritives de la gomme, à l ’article G omme.
( M. H a l l é . )
Acacia ( fuc d* ) , .Matière médicale. E t fuc
$ acacia, qui, nous arrive d’Égypte & d’Arabie par
Marfeille, eft un fuc épaifli , extraftif, & gommeux,
brun à l ’extérieur, rouffâtre ou même jaunâtre en
dedans , affez ferme , mais fe ramolliffant dans la
bouche prefque comme une gomme. Sa faveur eft
d’abord un peu douce, & enfuite auftère , aftringente
, mais non défagréable ; on l ’apporte fous la
Forme de pains irrégulièrement arrondis pefant
de 3 à 8 onces , enveloppés dans des veflîes minces.
On doit choifir celui qui eft n e t, récent, d’un
brun clair en dedans , qui fe diffout facilement dans
l ’eau; & rejeter les pains noirs, fecs, très-caf-
fans, d’une odeur défagréable, & qui laiffentbeaucoup
d’impureté fur les filtres, quand on le diffout.
L ’arbre d’où l ’on tire ce fuc croît dans l ’Égypte
& dans l ’Arabie Pétrée ; c’eft le grand acacia ou
\ acacia vrai, celui d’où découle la cromme ara-
Acacia ver a, fo lio feorpioides legUminofoe de
.G- Bauhin ; mimofa nilotica de Linnæus. Cet arbre
vient fort haut ; fon tronc eft armé d’épines ; fes
feuilles font compofées de folioles ; fes fleurs axü-
lakçs font jaunes, monopétales, garnies de beaucoup
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d’étamines & d’un piftil. ( Voye\, pour une defeription
plus exaéle, le Dictionnaire de Botanique.
) Les gouffes ou légumes de cet arbre font
longues de quatre à cinq pouces, applaties &
divilees par anneaux, entre chacun defquels eft renfermée
une lemence, La couleur de ces gouffes eft
brune ou roufsâtre : on les cueille avant leur maturité
, on les arrofe d’un peu d’eau , on les broyé,
011 les exprime , & on fait épaiflïr le fuc par
l ’ébullition : lorlqu’il eft réduit à une confiftances
convenable, on en forme des pains ou de petites
maffes, qu’on laiffe féchèr au lo le il, & qu’on enveloppe
enfuite dans des veffies.
Ce fuc eft purement extractif ; l’efprit de via
ne lui enlève qu’une légère partie colorante, comme
le remarque Cartheufer : mais l’eau le diffout complètement',
à l ’aide d’une douce digeftion. On n’en
. a point fait une analyfe allez exafte , pour favoir
s’il ne contient point un fel effentiel particulier. J’ai
obfervé qu’il précipite le fer en noir, comme toutes
les fubftances végétales aftringentes.
On l ’a fort recommandé en médecine , comme
incraffant, fortifiant, & aftringent, dans le vo-
miffement, le flux de ventre, le diabète, la gonorrhée
bénigne , les .hémorrhagies. On le donnoit
depuis la dofe de quelques grains jufqu’à un demi-
gros , diffout dans des potions aqueufes,, ou fous
forme d’opiat, de bols, de pilules. On n’en fait
prefque plus d’ufage depuis qu’on a diminué en général
l ’adminiftration des aftringens*
Ce médicament eft fort employé en Égypte 8c
dans tous les pays du Levant. Profper-Alpin nous
apprend que les égyptiens preferivent tous les matins
un gros de fuc d’acacia diffout dans quelque
liquide, aux perfonnes attaquées d’émoptyfie.
11 le propofe en. injeétion dans la matrice pour
les femmes fujettes aux hémorrhagies de cette partie.
I l affure que l ’ufage qu’on en fait en Égypte
pour les maladies des yeux , eft fuivi de beaucoup
de fuccès.. Il le recommande, appliqué en fomentation
, pour la chute de l ’anus & de la matrice ,
& même pour les douleurs dégoutté : mais i l n’eft;
pas exempt de danger dans cette affeétion.
Le fuc d’acacia entre dans la thériaque , le mi-
thridate , les trochifques de Karabé, & dans les
emplâtres & onguens agglutinatifs. (, M. DE F ou r-
, CROY. )
A cacia^ commun , Matière médicale. On donne
le nom S acacia commun, de grand ou de faux
acacia , à un arbre qui vient de la Virginie & du
Canada , & que l ’on cultive, dans nos jardins. C ’eft
le pfeudo acacia vulgatis des Inftituts de Tournefort
, & le Robinia de Linneus. Le premier arbre
de cette èlpèce fut mis au jardin royal de Paris,
par les foins de M. Robin. ( É~qye^, pour la defeription
, le Dictionnaire de Botanique. )
| Les fleurs de cet arbre font regardées comme un
j affez 00u aniihyftérique ; l ’eau qu’on en retire par
J U mftiiiAîion, eft adrainiiUée dans les potions 0$