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buftion, comme dans celui qui a fervi à la refpi-
ration.de l'acide carbonique ; mais la combuftion
en produit beaucoup plus que la refpiration; en
jécompènfe elle ne donne pas lieu, comme -la respiration
, à une augmentation fenfible de la quantité
de mofette contenue dans Y air. Cela fë voit
encore mieux dans l ’examen comparé des réfultats
de la combuftion & de la refpiration dans 1’air
vital pur. ( V . $. i , n°. 4. )
11. La portion d’air vital contenue dans l’air
atmoiphérique eft donc le feul aliment de la refpiration
& de la combuftion, & la mofette atmof-
phérique n’entre pour rien dans les cbangemens
connus que Y air éprouve dans ces deux opérations ;
e lle ne fe r t, dans la combuftion , qu’a diminuer la
rapidité & la violence de la déflagration, & dans
la refpiration qu’à modérer la chaleur qui s?y développe.
[ V . 1 , n°. 4 & p j
I h
A ces cbangemens dans Yair refpiré répondent
des changemens dans l ’animal qui refpire. Mais
quoique les expériences foient loin d’ être com-
plettes relativement à l’analyfe de Yair refpiré,
elles le font encore moins relativement aux chan-
geajens que la refpiration produit dans l ’animal.
i t . On regarde comme certain que le fang
artériel, c’efti-à-dire , celui qui fort du poumon
pour paffer dans les cavités gauches du coeur, &
dans les artères qui en fortent, eft d’un rouge plus
brillant & moins fombre que le fang veineux,
c’eft-à-dire, que celui qui, contenu dans les veines
du t r o n c d a n s les cavités droites du coeur, n’a
pas encore palfé par le poumon. Celui - ci eft ,
à ce qu’il paroît, plus noir & plus approchant,
au moins par la couleur, de l ’état charbonneux;
mais les expériences qui confiaient ces faits méri-
tproient d’être rendues plus précifes. ( §. 11 ,
n° .'iAz ).
13. Les expériences faites fur le fang des animaux
femblent prouver aufli que le fang» artériel
eft plus chaud que le fang veineux, d’un certain
nombre de degrés. ( §. 11 , n°. 1 )•
14. L a refpiration produit une augmentation de
chaleur dans l’animal qui refpire.
Elle en produit d’autant plus , que l ’animal respire
davantage dans un temps donné : elle en produit
d’autant plus, que Yair refpiré contient une
plus grande portion à’air vital : Yair qui fort du
jpoumon eft d’autant plus altéré^, qu’il y a eu plus
de chaleur produite ; d’oft il fuit que la chaleur
produite eft proportionnelle à la quantité d’air
vital’ altéré dans la refpiration ,. au degré d’alté'
ration que cet air y éprouve, à la fréquence de
la refpiration qui multiplie ces altérations. C ’eft-
à-dire , en un mot, que la chaleur produite eft toujours
en raifon des comhinaifons ou altérations
que Yair éprouve dans le poumon dans un temps
donné. ( J. 1 1 , n°. 3 ), •
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ï y. Par-tout ou Yair vital fe combine de manière
à être remplacé par l’acide carbonique, il
fe produit de la chaleur. C’eft ce qui arrive dans
la refpiration, la fermentation , la combuftion. ^
La quantité de chaleur produite dans ces trois
opérations répond à "la quantité de cet acide développé
, & à la rapidité des comhinaifons qui lui
donnent naiffance (18)5 elle eft moins forte dans la
refpiration , plus dans la fermentation , infiniment
plus dans la combuftion.
Enfin , plus il fe forme d’acide carbonique dans
la refpiration, plus il y a de chaleur produite,
comme i l arrive quand on refpire Yair vital; d oà
i l réfulte que ç’eft plus à la production de l ’acide
carbonique qu’à l’addition de la mofette dans la
refpiration , qu’eft due la chaleur qui en réfulte.
( §. 11 , n°. f . )
16. On fait que les proportions de mofette &
d’air vital dont eft compofée i ’atmofphère ? ne varient
prefque point.
Aufli le degré de chaleur que produit la refpiration
varie-1-il très-peu dans les mêmes efpèçes
d’animaux, &. encore moins dans un même individu
, tant qu’il eft dans l’ état naturel.
Cette chaleur n’augmente & ne diminue que pat
des caufes étrangères à l’atmofphère. ( §. 11 » n°* 4 ).
17. Les effets naturels qui réfultent de 1 augmentation
de la chaleur, ont lieu aufli plus complètement
dans un air frais que dans un air
échauffé ; ainfi, le froid de Y a ir , en produifant
dans le moment de fon introduction dans le pou-?
mon un fentiment de froid , ne s’oppofe point au
développement de la chaleur animale. ( §» n ,
n°. 6 ). / ,
18. *Les effets de la chaleur animale augmentée
font l ’accélération du mouvement du coeur, & une
augmentation fenfible d’aCtivité dans tous nos organes.
Ces effets deviennent fenfibles lorfqu on
paffe d’un air moins p u r , plus ftagnant, plus
échauffé, dans un air plus pur , plus renouvelé,
plus frais : ils deviennent fenfibles lorfqu’on augmente
dans Yair la proportion d’air vital ; ^îïs
font encore plus fenfibles par la refpiration d’un
air vital pur dans les fujets épuifés. ( §. 11 , n°. 7. )
1 p. Ainfi, la pureté de Y a ir , la chaleur vitale,
& l ’aCtivité de nos organes font trois^ chofes q u i,
dans l ’état naturel, fe correfpondent néceffairement
& fi immédiatement, quelles jpourroient, jufqu’à
un certain point, fe mefurer l ’une par l ’autre. ( 5»
11 > n°. 7, )
(18) Le degré de chaleur produit dans la refpiration n eft
que l'excès de la chaleur du fang artériel fur celle du fang
veineux, & par conféquent èft peu confidérable dans
l'état naturel ; comme la quantité d’acide carbonique produit
dans cette opération, eft aufli fort peil confidérable
dans l’état ordinaire de Yair atmofphérique. Mais lorfque
l’on.refpire l’air vital, il. fe produit une quantité d acide
crayeux ou carbonique beaucoup plus confidérable, & la
chaleur qui en réfulte eft aufli beaucoup plus forte. Nouvelle
preuve de la vérité de ce qui eft dit dans cet article»
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£6. Voici donc, en un mot, ce qui fe pane dans1
la refpiration. L ’air atmofphérique perd une portion
de Yair vital qu’il contient, fè charge de mo-1
fette & d’acide carbonique; en même temps ces^
changemens donnent lieu au développement de la-
quantité de chaleur néceffaire à l'entretien de la
vie J & le fang veineux, d’une couleur fombre &
ôbfcure, prend une coûleur plus vermeille, fans
doute en perdant un excès de principe colorant,
que nos chimiftes modernes regardent comme étant
le principe du charbon.
Mais i l faut bien remarquer- que c ’eft à cela
feul que fe bornent les faits démontrés jufq.u’à
préfent; tout ce qui eft au delà, quelque féduifant,
quelque fatisfaifant qu’il paroiffe, ne peut être
encore mis qu’au rang des c-onjeétures.
$. I V . Obfervdtions fa r les théories propofées
relativement à la refpiration..
( i ô. 'Théories fu r la détérioration de l’ air dans
la refpiration ). Une des théories qu’on a le plus
généralement admife , eft celle de Haies. Ce grand
phyficien prétendoit que Yair ceffoit de devenir
refpirable , parce qu’il perdoit une partie de fon
reffort & de fon élafticité. I l avoit fondé cette
opinion fur une obfervation vraie, mais dont il
tiroit une fauffe conféquence. L ’air dans lequel
un animal avoit refpiré , ou dans lequel avoit
brûlé une bougie renfermée fous une cloche renver-
féefur l ’eau, perdoit ïuccèHivernent de fon volume;
l ’eau s’élevoit dans le vafe jufqu’à une certaine
hauteur J & le refte de Yair n’entretenoit plus de
même' la refpiration & la combuftion. Haies en
eoncluoit deux chofes, que Yair étoit abforbé par-
i ’animal qui refpiroit, & que fon reffort étoit
diminué par le mélange des vapeurs qui s’exha-
lorefit de l’animal. Le reffort ou l ’élafticité de*
Yair étant ainfi diminué par la refpiration , cefc
air altéré devoit foûtenir plus foiblement le contrepoids
de Yair extérieur ; de là i l fuivoit qu’i l
étoit moins fufceptible de diftendre les véficules
pulmonaires & de favorifer la circulation du fang
dans le poumon ( 15)V
. Cependant Boile avoit démontré avant Haies,
que Yair refpiré par les animaux jufqu’à extinction
de la vie , étoit également capable de fou-
tenir le mercure dans le tube du baromètre, qu’il
l ’y élevoit même plus que ne faifoic Yair atmofphérique
(zo), & par conféquent qu’il n’avoit réel-
(i$) Voyez Seat, des vcg.- exp.- e v i , c v n , é v i l i , e x ,
É x i, & appendice ,• exp. VI«-
(2.0) ( Experim. pneumanca de' refpirarione , tic. XV. exp;
ï , i l , n i.) Il-paroîtroit même, d’après cette expérience,
que la refpiration, en donnant de l’acide carbonique à Y air,
& lui donnant aufli de la mofette, donne un volume de
«es gaz' plus confidérable que celui de Yair vital, qui dif- fa-roît pour lors( 11 £»uç bku que cela fpitf fi le fuercure
A I R j o ?
le ment point perdu fa propriété élaftiqué, ni au-'
cune de fes propriétés fenfibles , fi ce n’eft celle
de fervir à la refpiration. Cette expérience ne pou-i
voit s’accorder avec la conclufion que Haies tiroit
de là fienne. Mai? nous voyons bien aujourd’hui
à quoi tenoit l ’erreur de ce dernier : il y étoit induit
évidemment par l’abforption qui fe faifoit
de l ’acide carbonique ou crayeux dans l’eau fut
laquelle étoit renverfée la cloche, ou par l ’humidité
de la veflie dont i l fe fervoit dans i ’expé-r
rience CVIIÏ.
Voilà à peu près à quoi fe rédüifoient- les con-
noiffances qu’on avoit fur la détérioration de Yair
par la refpiration , avant les expériences de M.
Prieftley , & les autres obfervations auxquelles
fes découvertes ont donné lien. On fait qu’il a
regardé Yair épuifé par la refpiration comme:
chargé dé phlogiftique, & que Yair ainfi phlo—
g i j l i q u é fuivant lu i , eft la même chofe que çe
que nous appelons aujourd’hui mofette ou- gaz azotique.
M. Prieftley a méconnu l ’acide crayeux oir
carbonique dans cet air. Son exiftence: a été mifes
hors de doute par M. Lavoifîer ,: après avoir été
annoncée par M. Fontana; & M. Lavoifier a dé-
montré que la diminution de Yair vital atmosphérique
, eft en proportion de la quantité d’acidiï
carbonique produit. Enfin on a- vu ce qpe M. Ju-'
rine‘ a ajouté à ces premiers travaux, foit par rapport
à l ’addition- d’une nouvelle quantité de mofette
à la mofette atmofphérique, foit relativement
aux rapports mutuels de la produftion de l ’acidei
carbonique dum côté , & de la nouvelle mofette’
de l ’autre»
Je ne m’occuperai pas ici de déterminer fi- la
mofette eft un gaz fimple, ou fi elle réfulte réel«-
lement,' comme l ’a penfé Prieftley, du mélange
& de la combinaifon du phlogiftique avec Yair'
vital ; fi' ce phlogiftique, dont le nom a été
inventé pour défigner une fubftance qu’on n’a
jamais faifie , & a laquelle on a fait jouer tant
de rôles différen? ,- fi ce phlogiftique doit être
regardé feulement comme la bafe d’une des plu?
ingénieufes théories,- Ou fi c’eft un être réellement
exiftant : je ne m’arrêterai point à chercher s’il eft.
vrai, comme i l le paroît, que l ’acide crayeux;
ou carbonique foit une combinaifon- du charbon y
ou plutôt du principe combuftîble du charbon avec
la bafe de Yair vital ; ce qui fembleroit devoir-
rapprocher,. au moins en un point, les partifans dis
s’élève plutôt dans le baromètre qu’il ne s’ y abaiffe, mêintf
après le refroidiffement, fuivant la remarque de Boile. M»-
Jurine a- prouvé que Yair dans lequel on plongeoit le bras-
fe cbargeoit diacide carbonique par le contaft delà peau y
& qu’en fe chargeant- de cet acide il diminuoif de volume
d’une manière fenfible. A infi, l'augmentation de fluide-1
capable de foulever le mercure dans le baromètre dans:
rexpérience- de Boile', ne pourroit être attribué qü a la-
refpiration.- Mais diverfes expériences modernes femblenÿ
contredire celle de Boile.-