
j:o:nt clans la journée. Il ne tarda pas à reprendre
la vigueur & fon embonpoint.
Il eft 'nombre de per Ion nés qui font dans l ’ufage
d’envoyer leurs chevaux boire à la rivière, lorf-
qu’il y en a une à leur proximité , contre le fen-
liment de Xénophon (i) , & fuivant L’avis de Camerarius ( z ) , dont nous .n’avons garde de
nous éloigner , pourvu que l ’eau de la rivière
fblt bonne &£alubre, que l ’on Toit afluré de la
fageffe des perfonnes qui les y conduifen-t, qu’on
ne les y mène pas dans le temps le plus- âpre
de l ’hiver , qu’on ne les fafTe pas courir au retour,
& qii’on ait l ’attention , lors de leur arrivée ,: non
feulement d’avaler l ’eau dont leurs quatre jambes
font mouillées, mais de les fécher parfaitement
ainfi que l ’ongle , en la bouchonnant.
Quant a ceux qui abreuvent l ’animal dans l ’é.-
curie , ils doivent en hiver avoir grand foin de
faire boire l ’eau fur le champ, auffi-tôt qu’elle
eft tirée,. & avant qu’elle ait acquis un degré de
froid confiderable.. Dans l ’été , au contraire, il eft
indifpenfable de la tirer le fbir pour le lendemain
malin , & le matin, pour le foir du même jpur ,
à l'effet de lui faire perdre le degré de froid
qu’elle avoit. En vain Camerarius ., très-diftant
du fentiment ÜAriJlote fur l ’eau, trouble, inve&ive-
t - il les palefreniers qui offrent, à leurs chevaux
de l’eau, qui a féjoumé dans un v a f e p a r cette
feule raifon qu’elle a été expofée à la chute de
plufieurs; ordures, & veut-il qu’elle foit tirée nouvellement
& préfentée aufn.-tôi à l'animal;, les
fuites fùneftes d’une pareillè méthode obfervée dans
les temps de chaleur r n’ont, malheureufement que
trop prouvé la févérité avec laquelle elle doit
ef£e profcrite. I l eft poffible cependant de parer
& d’obvier à la, froideur de l’ean & a fa trop
grande crudité , en^y trempant les mains , en y
jetant du fon, en l ’expofanf au foleil , en y mêlant
une certaine quantité d’eau chaude , en
l ’agitant avec une poignée de foin, &c.. C’eft ce
que l ’on doit néceflàirement faire lorfqu’en été
Fon ne peut avoir que de l ’eau tirée fur le champ
du puits.
Arijlote a fixé la durée du temps pendant lequel
le chevalpourroitfe palier dé boire, à quatre jours*
il ne parloit fans doute que des chevaux en fànté
& travaillans , car nous avons été à portée d’bb-
ferver fouvent que des chevaux oubliésmalades,
ou abandonnés, ont refté beaucoup plus longtemps
privés de boiffou, fans que cette privation,
paroifle avoir donné lieu à des accidens mortels.
Quelle e ft, ou quelle doit être la quantité des alimens liquides , refpeéHvement à celle -des alimens folides ? Nous, penfons qu’il en eft de
la foif comme ■ de la faim; ces fenfations diffèrent
l ’une de l’autre, non feulement dans les genres &r
dans les-efpèces, mais dans les individus. I l eft
(I) D e re eçuejîru Lipfice, i$<6 ,
(?) Hippocomicus quce e ji difputatio de aurandis equls, I<k
certainement des animaux plus voraces que leurs
pareils, & les écrivains. qui ont prétendu que
i homme mange la quatrième partie.de fon poids,
& le boeuf la fîxième ou la huitième du fien>
n ont véritablement pas penfé que nette obferva-
txon, faune ou vraie, ne fut fufceptible d’aucune
exception ; nous avons vu des chevaux manger
eonfidérablement en raifon de la boiffon , qu’ils
prenoient, & d’autres mangeE très-peu & boire
beaucoup. On peut néanmoins dire en général,
que celui qui eft grand mangeur, boit copieufe-
ment. Nous en- avons vu un à l’école vétérinaire
de Paris, q.ul buvoit. habituellement ftx fceaux
d eau par jour, ce qui fait , à-douze pintes par
fceau, environ cent quarante-quatre livres pelant
de liquide ; il jouiffoit d’une bonne fanté étoit
gras , & dans le meilleur état ;• il mange oit beaucoup
& avec une extrême avidité j il étoit fujet
tous les quinze jours à de fortes évacuations par
l’anus 'y la fufpenfion de ces déjeéüons lui occa-r
fionnoit de vives tranchées ;- du refte, il n’urinoit
pas plus qu’un autre , mais il- étoit continuellement
dans une forte de moiteur ; fon poil étoit
lo n g , hériffé , & il étoit prefque impoffible de
1 étriller. I l eft aufïi des chevaux qui boivent trop
peu , ceux-ci font affez communément délicats fur
les alimens folides ; ils font aufïi, pour l’ordinaire y
étroits, de boyaux, maigres, efflanqués, ardèns, &.
tributaires de maladies inflammatoires; plufieurs
périffent de la fortraiture , & un grand nombre,
pat la pouffe. Le défaut en- eux. de proportion
dans les parties liquides & folides du fang , rend
ce fluide peu. propre à traverfer librement les plus
petits vaiffeaux ; de là ", les ftagnations dans les différentes
parties , les difgolirions- dès vifeères à s’obf-
truer, des reflux de fucs mal élaborés dans la
maffe, enfin nombre de maladies chroniques dont
on démêle rarement la génération & 4a caufe ,
parce qu’on n’a jamais réfléchi fai la néceffité 8c
fur les effets de la,boiffon. Il eft encore des chevaux
que le dégoût & la fatigue empêchent de s’abreuver^
on réveille en èux le defîr de boire, par quelques-
poignées de foin , en failant fondre dans l’ eau une
certaine quantité de fel commun , ou par différentes-
fortes de maftîcatoires, &ç.-( Voyez foif-) Le chien boit proportionnellement plus que
le cheval, celui-ci plus-- que le boeuf, le boeuf
plus que la .chèvre , la chèvre plus que le mouton
&c. Le plus ou. moins grand appétit de l ’eau, qui
tient à la nature & à la conftitution particulières
de ces efpèces, dépend encore d’une infinité de
c irconfiances ,. comme de la qualité des alimens folides qu’elles prennent, du plus ou du moins'
d’exercice qu’elles font r de la différence des climats,,
de la température des fa ifo n s& c . Des animaux
nourris au fée boivent davantage que des animaux
qui pâturent &. qui s’alimentent d’herbes plus ou
moins remplies de fucs ou d’eau , â moins que
ces plantes ne FufTent aromatiques ,; ou imbues,
d’eau fàlée, comme celles, des bords de la. mer. ;
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car alors ils feroient follicités à boire au moins
autant que s’ils étoienl nourris au fè c , par la
raifon que tout ce qui tend à faciliter les fecrétions
& les' excrétions, ainfi qu’a faire contraâer un
certain degre d’acrimonie aux humeurs, eft une des
caufes principales de la foif. Les exercices violens
& longs, en occafîonnant des déperditions, fuf-
citent une foif plus fréquente. Dans les pays marécageux
, dans les faifons humides, les animaux
boivent moins; dans les pays chauds & en été, ils
boivent plus que dans les pays froids ou tempérés, &
qu en hiver. Toutes ces différences feront facilement
comprifes, lorfqu’on connoîtra le mécanifme de la
machine, & les imprefïîons qu’e lle peut recevoir.
Ï1 faut encore faire attention à..la conformation
& a la la-xi té naturelle des fibres; les animaux ru-
minalns , qui ont quatre eftomacs ; boivent moins
que les animaux qui n’en ont qu’un feul ; le
chameau, pou'rvu d’un réfervoir particulier pour le
liquide, peut fe paffer très-longtemps de boire;
les bêtes à laine, dont la trame dés folides paroît
favorifer fans ceffe une ample filtration d’iiuineurs,
peuvent être long-temps aufïi à l’abri de Ja foif ;
mais cette fiiraboridance confiante de férofités les
difpofe facilement aux maux qui font la fuite
d’une boiffon trop abondante, tels que le dégoiît,
la bouffiffure, les hydatides , l ’hydropifie, la pourriture,
&c., &è. '
Une idée affez générale faifoit regarder comme
une des caufes de la rage, la privation de la boif-
ion dans les animaux, & particulièrement dans les
carnivores ; mais fi quelquefois une diète auftèré
à produit la ftrangulation & quelques fymptômes
d ydrophobie, l’expérience & l ’obfervation ont fou-
vent prouvé que i ’abftinence du liquide ne donnoit
pas lieu â la rage. M. Chabert a privé trois chiens
de toute boiffon; l ’un a vécu fix jours, l ’autre huit,
& le troifième neuf; il leur préfentoit de V e a u
fur le déclin de leur vie ; aucun n’a donné le moindre
figne d’hydrophobie \ tous s’approchoient également
pour laper. M. Chabert a trouvé dans les uns &
dans les autres l ’eftomac fort enflammé , la veflîe
fortement racornie & refferrée fur elle-même, une
bile très-âcre & des fecrétions très-épaiffes. Redi a fait mourir plufieurs chiens de faim & de foif;
ï l en a vu deux petits vivre, l’un vingt-cinq jours,
& Eautre près de trente-fix. M. Bourgelat a répété les
expériences àt,Redi. On lit d’ailleurs encore” dans
les Mémoires de Vacadémie dçs fciences de Paris,
1 hiftoire d’une chienne qui ayant été oubliée dans
une maifon de campagne, vécut quarante jours fans
autre nourriture que 1 étoffe & la laine d’un matelas
qu elle avoit déchiré, & M. Beccari rapporte qu’un
chat, laiffé par inadvertance dans un endroit exac^'
tement ferme, & oû les rats ne pouvoient pénétrer,
fut trouvé vivant & fur fes pattes trente-un jours
après. Ces auteurs ne difeot point que ces animaux
aient donné aucun figne de rao-e. Nous
avons vu aufïi un chat refter dix-fept purs fans
aucune nourriture , dans une chambre où per-
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fonne n’ofoit entrer, dans la crainte de le trouver
enragé, fes miaulemens étant en effet rauques &
prefque effrayans; oti y entra cependant avec précaution
, on le trouva exténué, fe traînant à peine :
on lui préfenta de l ’eau qu’i l eut d’abord beaucoup
de peine à avaler ; mais il but, & très-fouveut.
11 fut bien bientôt rétabli.
Du lait.
■ Non feulement le lait eft la nourriture ordinaire
de tous les jeunes animaux tant qu’ils tètent leurs
mères, mais il eft encore, dans tous les temps,
un aliment fain & recherché par les efpèces carnivores
; les autres efpèces ne s’en accommodent
pas aufîi bien , & quelques-unes .même le refufent
âbfolument-.'
Dans les provinces où l’on fait beaucoup de beurre
& de fromages, & où , par conséquent, les veaux ne
letent pas longtemps, on les nourrit avec le lait—
de beurre ou le petit-lait jufqu’à ce que leurs
eftomacs foient en état de fupporter les alimens folides; le cochon eft de'tous les animaux celui
qui s’en accommode, lé mieux ; dans ces mêmes
provinces on en élève ordinairement un graud
nombre , auxquels pn nedonBe point d’autre boiffon;
on y ajoute du fon , des pommes de terre cuites,
ou d’autres fu b fiances nutritives propres à cet animal
(Voyez lait.)
Dans la longue férié alimens liquides propres
â l’homme , il en eft encore une foule que la
domefticité a rendps familiers â quelques animaux,
& dont nous ne parlerons point ici ; tels font
quelques liqueurs fermentées , le thé, le café, le bouillon, &c.
De Vabjlinence, du régime, des alimen&s. de la dijlribution
Si la difette d’alimens liquides eft réellement
pernicieufe, celle dès alimens folides ne l’eft pas
moins. Vabjlinence outrée, qui dans les animaux
ne peut jamais être volontaire , nuit â l ’entretien
des forces, & eft plus contraire encore à ceux qui
font maigres & foibles. En général, la faim diffout
les parties géiatineufes du fang & de la lymphe;
elle rend la tranfpiration languiffante par la diminution
du volume du fang, qui demeure bien
moins pur dans fes vaifleaux , & qui contra été
bientôt, ainfi que toutes les humeurs animales, l i vrées
alors, comme ce fluide, à leur fort * une
acrimonie mécanique ; d’ou l ’on voit combien il
eft dangereux de fortir ùe fon jufte milieu , fi
cher à la nature, en fe "portant ou dû côté de
l’excès ou du côté de la diminution dans la quantité.
Nous ajouterons que celle du fourrage & du
grain ne doit être diftribuée qu’à plufieurs reprifes,
& queutant que.Ton,préfume que les précédentes
N n n n n z