
réunit, quel nombre infini de traités elle donna
occafion de publier. L e fameux chancelier du roi
d’Angleterre, le chevalier D ig b y , donna fon nom
à la poudre de fympathie. Enfin depuis Paracelfe
& Vanjielmont, qu’on peut regarder , fur-tout le
premier, comme les auteurs de cette feéte, un
grand nombre.de médecins prirent la plume & publièrent
différens écrits en faveur de la nouvelle
méthode de guérir. v,
. Cependant cette révolution, quelque puiffante
qu’elle fût par le crédit & par l ’ardeur de fes pâr-
til'ans, n’entraîna point l ’opinion générale. Les
vrais obfervateurs relièrent attachés à la dodlrine
ordinaire. Ils opposèrent aux nouveaux Testateurs
la fingularité de leur fyllême, fon défaut de preuves
& de conformité avec la bonne phyfique. Mais ces
pppofilions ne les arrêtèrent pas. Au contraire ,
elles les enflammèrent de nouveau ; & dans la vue
de foutenir leur opinion, ils cherchèrent à rendre
raifon des faits qu’ils avançoient comme incontef-
tables. Ils firent tous les efforts de génie dont ils
étoient capables fous ce rapport, Maxwel fur-tout;
& c’eft de là que vint cette théorie particulière
de l’ efprit univerfel , puifée dans les plus anciens
phiiofophes de l ’antiquité , dont on crut pouvoir
étayer la doélrine chancelante, & à laquelle on
s’empreffa de chercher un nouvel appui dans les
nouvelles découvertes de l 'aimant.
Ç ’eft ce même fyftême, qui , malgré ces derniers
efforts , étoit tombé dans le plus profond
ou bli,. que l ’on a vu de nos jours ramené fur la
fcène par M. Melmer. Maintenant que les efprits ,
revenus d’un fol enthoufiafme , ont appris à l’apprécier
à fa jufte valeur, ce feroit perdre le temps
que d’en rendre compte, fi ce n’étoit pas un moyen
de parler plus au long du magnétifme animal ; & fi ,
dans un ouvrage defliné, comme celui - c i , à marquer
les progrès de la vérité, on ne devoit pas
donner l ’hiftoire des erreurs que la philofophie
a diffipées. Ce fera d’ailleurs àuffi une occafion
de donner fur l ’art de faire iilufion , fur ce que l ’on
peut appeler Vimpojlure en ' médecine , des détails
utiles. Ce fyftême ayant paru en offrir tous les
refforts, tous les moyens fecrets, c’eft mettre l ’erreur
à profit, que d’en tracer l ’hiftoire.
Lorfque le parti de M . Mefmer eut fait des
progrès qui parurent devoir alarmer , on crut qu’il
étoit enfin néceftaire de s’en occuper quelques mor
mens. Le ridicule fut une des armes que l ’on employa
pour le combattre ; 8ç maintenant que le pref-
tige eft diffippé, il faut convenir que c’étoit la feule
dont on eût dû faire ufâge. Mais l ’illufion 8c i ’efr
prit de vertige avoient gagné les claffes les plus
élevées ; des nommes que leur éducation & leur rang
jembloient devoir prémunir contre de pareilles fe-
duétions, en avoient été atteints, & Uon crut devoir
porter le^ égards jufqu’à sfocçuper férieufement
de l’erreur frivole qui en avoit été l-ob:et. Alors des
favans diftingués fe livrèrent à des difcuflions -, pro-
Çoadçs, On fournit les principes du nouveau fyftême
à un examen réfléchi ; & des expériences faites avec
foin apprirent ce que l ’on, devoit penfer des prétendus
prodiges que l ’on annonçoit.
Une autre marche reftoit à tenir entre les deux
précédentes, & en pareille circonftance elle paroi
troit devoir être préférée* C’eft toujours comme
une nouveauté piquante, comme une grande découverte
, que les novateurs , les charlatans en médecine
annoncent leurs opinions ; & il eft bien rare
qu’elles en ayent même le mérite. I l y a trop de
gloire attachée aux découvertes réelles, pour que les.
véritables inventeurs ayent befoin de recourir au manège
pour s’affurer un titre a la célébrité. Ce font toujours
d’anciens fyftêmes, de vieilles erreurs, 8C celles
qui font le plus généralement oubliées, que les charlatans
adoptent. Plus l ’oubli a été profond & durable,
plus il y a de sûreté pour eux à les renouveler.
Mais ces anciens fyftêmes ayant été réfutés,
n’eft-ce pas prendre un foin inutile que de les combattre
de nouveau, lorfqu’ils reparoiffent?
D’ailleurs fi dans ces nouvelles tentatives les
idées font neuves & propres à leurs auteurs, on
peut remarquer qu’elles font au moins calquées
fur le même plan. I l eft un art d’en impofer aux
hommes & de propager l’erreur , comme il en eft
un pour la propagation des lumières & pour éclairer
les efprits , & le premier malheureufement eft
beaucoup plus perfectionné, Cet art a fes principes
& fa marche. C ’eft lui qui fert toujours de guida
dans les nouvelles entreprifes du même genre j
mais alors ne doit-il pas fuffire, pour favoir les apprécier,
de prononcer, d’après la réffembîance &
de juger , pour ainfi dire, fur le fignalernent ? C ’eft
toujours & dans toutes un feul & même plan; les
idçes qu’on met en avant font fpécieufes,- le but
eft impofant, les moyens concertés avec art, les
faits choifîs dans un genre convenable , & les intentions
des auteurs faciles à pénétrer, pour peu qu’on
examine leur conduite avec quelque attention.
Cette marche fuivie. relativement à M. Mefmer,
a‘ eu du fuccès (i) ; & comme elle paraît avoir
au deffus des autres dont on a fait ufage à la mçme
occafion, l’avantage de pouvoir être plus univerfel-
lement utile , de pouvoir fervir à détnafquer toutes
les impoftures réelles qui furviendront, nous croyons
qu’il ne fera pas inutile de l ’expofer ici.
C ’étoit comme une nouveauté piquante que M,
Mefmer avoit annoncé fa doctrine ; & l ’o.n doit
fentir quel fuccès il devoit y avoir à faire tomber
ce preftige. Ce premier avantage fut facile à rem-i.
porter. Il ne falloit être en effet que médiocrement;
verfé dans la ledure des auteurs , pour ne pas
ignorer que la do&rine publiée par M. Mefmer
avoit formé pendant un ftècle une opiniçn dominante
, qui j dans l ’hiftoire de tant de feftes fâcheufes
(i) C’eft- elle qui a fervi de plan aux Recherches & doutes
fur le magnétifme animal, que j’ai publiés jyi 1784, in-i)c
bout la ’ médecine avoit offert une époque très-
remarquable ; qu’elle avoit réuni en la faveur un
grand nombre de. partifans ; qu’elle avoit donné
lieu à une foule de differtations & d’écrits , que
l ’on s’étoit empreffé de recueillir dans des ouvrages
itLès-nombreux. C’étoit fous le même nom que cette
doélrine avoit été alors annoncée. Qui ne connoiffoit
pas les différens auteurs qui auroient traité du magnétifme
propre à l’économie animale , & de fon ufage
dans la cure des maladies? Vanhelmont (1) avoit
publié un traité de la cure magnétique des plaies '.
On devoit à Goelenius, profeffeur en médecine, un
ouvrage portant le même titre (2 ) , auquel il avoit
donné une fuite (3), fous le titre de Synarthrojis
magnetica. Le père Roberti, jéfuite , avoit publié,
pour réfuter ces deux ouvrages, deux traités
intitulés, le premier , Examen, &c. (4), le fécond
, Réfutation de la cure magnétique de Go-
clenius (5). ^
Ce n’étoit pas feulement à la güérifon des plaies
& des bleffures, ou -des maladies chirurgicales &
externes, que ces auteurs avoient employé le magnétifme
qu’ils reconnoiffoient dans l’économie animale.
Ils en avoient fait également ufage pour le
traitement général des maladies. Burgravius avoit
publié un petit traité fur cet objet (6), -On devoit
à Santanelli (7) des détails fur les médicamens &
la médecine magnétiques. Nicolas de Locques
avoit publié, en 1664 ( Paris, in-8 ° .) , un traité
des vertus magnétiques du fang. On lit dans quelques
chapitres de Libavius (8) des détails qui fe
rapportent au même objet. Il y parle du magnétifme
du petit monde , ou propre aux êtres vivans.
Tent\elius avoit publié un traité de la médecine
appelée magnétique (9). W ird ig , dans fa Nou- *2 4 7
(i.) D e magneticâ (2) vulnerum curatione. rationeR. oTdh.e aGtroucmle nSiiy mtrpaactlhateutisc udme . mNaogrinmetbiceârg ,v u1l6n6e1ru. m cupag.
1777;
i (3) Rodolph. Goclenii Synarthrofs magnetica pro de-
fen(ji4o)n e tràctatûs de magneticâ vulnerum curatione. (î). Anatome curationis magnetica Goclenii, Goelenius Heautontimorumenos, id eft, curationis
magnetica ruina. ...
■ (6) Joann. Erneft. Burggravii Neoft, Palatini Byoly-
chnium , feu lucema, .... cui acceftît cura morborum magne-
aica, &c. 1629. in-iz.
(7) Ferdinandi Santanelli philofophia recondita, fivim a-
gÏi7c2oe3 . mVagonyeetzi cale mcuhmapiiatlries 1f4e ientioe èxplanatio. Colonia , de magnetibus feu de phar-
macis magneticis.
t’u l(é8 )d eA mlcahgeimfteirxi,o lïqbu. al2it. attrïasd ^o. cc1.u lVtao,y eüzb i led eC hmaapgitnree tiifnmtio^. Voyez auffi Syntagma arcanorum chymicorum,. de magif-
terus formalibus, lib. x cap. <9. nonnulla quadam ad
cteaupr. 2y ,p tarralec t. 1 , lib. 2. Alchemia , ubi de magnete. L’aude
magnete hippoCratico, feu minoris minuit,
vapelp eolménei, ndb itv-iirle, ntpiaurm p;l u&fi eduer sl a pierre d’aigle , lapis atites, magnes uteri.
" (9) Andraas Tcnt^l'ius, de medicinâ diaftaticâ, terme
velU mededne des efprits (1) , avoit infifté parmi
les objets dont il traitoit, fur le magnétifme des
corps, & les cures par le magnétifme. Maxwel (2)
avoit parlé d’une eau & d’une poudre magnétiques
qu’il avoit inventées* On devoit fur-tout à cet auteur
un traité complet fur la médecine appelée magnétique.
Enfin, outre le magnétifme médicinal & le
magnétifme animal, ou propre aux êtres animés ,
dont avoit parlé le favant père K ir cher dans fon
célèbre ouvrage fur P aimant(3), il avoit traité dans
un petit fupplément à cet ouvrage, des aimans
animés , ou particuliers aux êtres doués de la
faculté de fentir. On y trouvoit d’ailleurs plufîeurs
exemples rapportés pour prouver l ’exiftenCe de ce
magnétifme, dans plufieurs efpèces d’animaux particuliers.
.
On avoit entendu dans cette opinion, par ce qu’on
appeloit magnétifme , ce que M. Mefmer annonçoit
par fon magnétifme moderne ; -favoir , l ’art
de guérir par des remèdes purement externes, par
des moyens abfolument particuliers, mais plus fîm-
ples, plus direéls, en banniffant tous les médicamens
pris à l’intérieur, & les différens procédés de la
médecine ordinaire; en un moi, en employant un
moyen d’agir fur le corps humain, qui, étant comme
Y aimant par rapport au fer, un moyen d’actioa
purement externe, & qu’on pouvoit employer fans
aucun contaél immédiat ; c’eft-à-dire , qui opéroit
par une action qui avoit lieu dans l ’éloignement
( ce que les auteurs appeloient aclio in dijlans),
avoit été nommé ainfi par eux magnétifme ou procédé
magnétique
Cet art avoit été fondé fur une théorie très-étendue,
& dans laquelle il n’y avoit aucune des propofi-
tions énoncées par M. Mefmer , qu’on ne pût retrouver.
Ils avoient admis l’exiftence d’un premier
agent auquel ils donnoient le nom de fluide univerfel
, dénomination qu’ils lubftituèrent, dans des
temps plus éclairés , à celles que l ’on avoit données
jufqu’alors à ce même principe , telles que celles
à’ a me du monde, Yefprit de Vunivers , d’/7i-
fluence célefle ou des afires, de force de fympathie
, ou de qualité occulte. Ce principe, fui-
vant eux, étoit répandu généralement dans l’ efpace.
employé par les auteurs comme fynonyme de medicinâ
ma( gi)n eticâ. Sebaftiani Wirdig , nova medicina fpirituum -, &c,
in quâ . ... rerum magnetifmi . . . . curattones per magne-
ltiibfm. uim, .le. . c.h a&pcit.r eH a2m7b, urg. 1688. in-16.—— Voyez fur-touc (2) de magnetifmo & fympatheifmo.. . De medicinâ magneticâ , libri tres auélorc Guillelmo
VMoayxewz ellelo chMap.. D7.. cSocno ctol.- B6r,i ia8cn nleo .c hFarpa. n1c0o,f . iiiSv-. j29. , in-16. &. c.( 3)R oAmthcaa nià6fji4i K, iirnc-hfoerl.i Vmoaygenze sl,i bf.i v3e , dme uanrdtei mmaaggnneettiiccâi,,
pars 7 j IaÇo/zafvHTw^os , id eft, magnetifmus medicina-
lium... Voyez aufli lib. 3 , pars 6 , Zao/j.a.yinTix/A.ts, magnKeitricfmheurs
e aftn iinmtiatuliluém , Le fupplément à cet ouvrage du père magneticum natures regnum, Jivè de triplici
in naturâ rerum magnete — inanimato , animato , fenjîtivo, Amftelod. 1667. in-16,