
fon haleine, & ï’on n'y refpire, pour ainfi dire, quyà
demi;
Gette crainte, fans être entièrement dénuée de
fondement, eft peut-être portée trop loin j mais il
cffc du moins fort intéreffant, tant pour le bien des
malades que pour la fécurité de ceux qui les feignent
, de connoître quel peut être le degre de
corruption de l’air dans, les hôpitaux, jufqu à quel
point ou peut le corriger , & h Ton peut efpérer
de trouver les moyens d’empêcher qu’il ne s y introduire
& ne s’y perpétue. ,
Pour éclaircir cette matière , il paroît nécêf-
faire de traiter ici les queftions fuivantes.
i° . Quelle eft l ’efpèce d’altération que Voir peut
éprouver dans les hôpitaux ?
z°. Quels font les. moyens de reconnoître cette
altération & d’en.mefuret lé degré?
5°. Quels font les, effets de cette altération fur
les malades ?
4°. Quels font les , moyens de corriger cette
altération, & de rémédier à fes effets? .
5°. Quels font les- moyens à- mettre en ufage
pour la prévenir ?
Quelle eft Vefpèce 3 'alteration que Voir peut
éprouver dans les hôpitaux ?
P R E M T È R B Q U E $• T I O N V
' JJ. air de l’atmofphè.re , dans fa plus grande pureté
, contient une grande quantité de vapeurs qui
lui font étrangères ; ces, vapeurs, auffi tenues ,. auffi.
volatiles que l’air lui- même , font le produit des
exhalaifons animales, ainfi- que de la décompo.-
fition de ' tous les corps de la nature; Elles tout
impurés & incapables de fervir à la refpiration,
avant de s’ëtre unies intimement iYair^ mais après
cette union, enveloppées pour ainfi dire,& corrigées
par lé fluide élaftique auquel elles viennent
d’être agrégées, elles ont perdu leur qualité mal#
faifante. Dans l’état ordinaire de i ’atmofphère, il y
a près de trois parties de ces vapeurs étrangères’,.
pour une partie d’air principe ou parfaitement pur.
Tant que cette proportion fubfifte , fatmofphêre
eft folubre ; mais toutes les fois que cette Gombi-
naifon eft rôrapue par la furabo'ndancè dès vapeurs
étrangères, l’air eft vicié. Nous déléguerons ic i
ces vapeurs fous le nom dé gaz méphitique, nom
que les chiraiftes ont particulièrement accordé à
l ’air fixe, mais qu’on peut donner côllëétivêment
à tous les autres gaz connus fous les dénominations
8 air inflammable , alkalin, putride, nitreux, &c j
car , fuivant M. Macquer , tous ces différens gaz-
font méphitiques, c’eft-à-dire , mal-fai fans , meurtriers
, & incapables, par eux - mêmes , de fervir
à la refpiration des animaux. Ainfi, l’on peut dire
que Y air d’un lieu eft corrompu , toutes les fois
qu’il ne peut diffoudre ou corriger le gaz méphitique
qui s’ y développe. Ce gaz Surabondant St
■ non -•corrigé eft principalement celui qui- doit do*
miner dans les' falles des hôpitaux ; & en effet
on trouvé dans- ces maifons des fources' abondantes-
de ce fluide dangereux.
i ° . Le nombre des malades : quelques perfonnes-
raffemblées dans un efpace borné, corrompent bientôt
l’àir qui y eft contenu , s’il n’eft pas renouvelé
avec foin j à plus forte raifon ce fluide doit-il perdre
fes qualités vitales quand beaucoup de malades font
accumulés dans des falles où il n’eft pas toujours
poffible dé faire, circuler l’air, comme on le défi-
r e r o i*
z°. La ■ maladie ; elle augmente le befoin Y air r
parce qu’elle accélère la refpiration & la chaleur,&
qu’elle donne un .degré ,d’atténuation plus fort, aux
exhalaifons pulmonaires & çùtanées. 3‘f . .L’odeur
qui s’exhale des'bouillons & des alimens : pn s’etv
aperçoit en traverfant les- falles des hôpitaux
immédiatement après les repas. 40. Les miafmes-
que répandent les exhalaifons de toute nature«-
5°. Les émanations plus exaltées endore des abcès,,
dé la gangrène, & fur-toùt des os cariés. 6°. Les
-vapeurs qui s’élèvent continuellement des lits , qui
font toujours imprégnés., jufqu’à un certain points
de miafmes putrides.-?0.. Enfin la chaleur naturelle
ou artificielle, qui donne un nouveau degré
d’éuer.gie à- ces différens; âge ns..
Toutes les caufes les plus communes & les;
plus puiffantes- du-méphitifme fe trouvant raffem-
âblées dans les falles des hôpitaux nous devons;
donc conclure qaeTaltérationde Y air j d laquelle
elles font e^pofées -, provient de la furabôn-
dance du gaz méphitique fur Y air pur - j fiira-
bondanee qui, par - tout, peut devenir mortelle ,
mais qui eft' doutant plus aangereüfe dans les hôpitaux
, que l ’efpècé de méphitifme qui s’y développe
eft. auffi fubtil que pernicieux, comme nous
aliOns le voir dans la queftion fiiivante.
Quels font tes moyens de reconnoître Valtération
de l’air oit le méphitifme des hôpitaux L &
d’en mefurer le degré ?
D e u x i è m e q u e s t i o n .
La phyfiqüe nous offre aujourd’hui des procédés
bien ingénieux pour répondre à. cette queftion :
en vidant un vafè plein d’eau dans, l’endroit qu’on
veut éprouver , Y dit de ce lieu s’introduit dans le
vafe à mefure que la liqueur s’écoulé , & la différente
pefânteur de ce fluide invifible donne, dit-ôn s
la mefure de fon degré de pureté. En employant
cette méthode , on a 'comparéX'àir des hôpitaux,
dés marchés , des prifons, des falles de fpeétacles j
mais.' en applaudiflant à ces expériences , nous ne.
craignons pas de dire que nous ne croyons pas
qu’elles foient fuffifantcs pour faite connoître avec
vérité"& précifionl’altération de Yair dans les
folles des'hôpitaux. La chimie peut bien mefurer,
avec affez de jufteffe,jufqu’à quel point IWreft
chargé de gaz non refpirabie , mais elle né fou-
roit nous faire connoître l ’efpêce de méphitifme
dominant & l ’iutenfité de fa qualité délétère.
. Il .eft poffible en effet que Y airToit chargé d’une
odeur fort défogréable, ou même qu’ilfoit très-vicié,
fans : qu e ces - expériences puifteut y découvrir une
altération bien fenfîble. Lorfque deux ou trois
bêtes mortes & corrompuès aux environs d’un v illage,
y répandent une maladie épidémique , foù--
vent meurtri èj,e, Y air eft bien. certainement Corrompu
d’une manière notable & alarmante ; mais les.
inftrumens des chimiftes & des phyfîciens ferôient
bien éloignés d’indiquer ce degré d’altération dangereux
, parce qu’ils annoncent feulement fi 1 air eft
plus ou moins refpirabie, & qu’ils ne ,peuvent.,
rien indiquer fur la qualité mal-faifonte &! fubtile
qui imprime à Y air ife cara<ftère pernicieux qu’il,
a dans ce moment j il fuit de là ,, que fi la chimie,
peut nous enfeigner quelle eft la difpoficion de Y air atmofphérique , relativement à la refpiration ,
elfe ne nous a pas encore appris la' difpoficion plus
ou moins dangereufe, par. laquelle l ?«f/\âgît ffifr
le genre nerveux, & de là fur nos: humeurs . &
fiîr toutes les fonctions de l ’économie animale.
Oh s’eu aperçoit aux réfuitats: qu’ont donnés les-
phyfîciens fur les différens degrés de pure,té de Y air des divers quartiers des villes. Selon eux, Yrair des falles de fpeétacîes & celui des folles à manger,
•eft plus corrompu que celui des hôpitaux, parce:
que leurs épreuves, le trouvent moins refpirabie,
dans ces derniers lieux , que dans les hôpitaux ; ;
mais i l eft pourtant hors de doute que Yair àe.l ’infirmerie des galeux , à bicêtee, par exemple-,-
eft plus mai-foin que celui de la folle de l ’opéra,
ou d’un falon de noces. Quel fera donc le moyen
de juger dé l ’altération de Y air dans les hôpitaux ?
Les fens d’un médecin expérimenté font peut-être
ce qu’il y a 4e plus propre à faire connoître fa
pureté & les différentes efpèces d’altération qu’il
peut éprouver ; mais les mots manquent pour exprimer
ce que l ’organe de l ’odorat fait diftinguer aux
perfonnes exercées : cependant, fons fubtilifer fur
les différentes odeurs qui frappent les médecins
dans les hôpitaux , on peut en diftinguer plufieurs'7
efpèces faciles à reconnoître $ il eft une odeur fétide
analogue à celle qui s’exhale des garde-
robes, & une odeur putride qui eft moins exaltée.',
mais plus défagréable par le dégoût général qu’elle
infpire ; une troisième odeur, qu’on .peut appeler
pütrefcente , eft cara&érifée par un - mélange de'
l ’aigre, du fade & du fétide, qui foulève plutôt;
s l’eftomac qu’elle ne bleue l’odorat ; elle eft coxti-
pagne de la diffolution , & c’eft la. plus révoltante
dé toutes celles qu’on refpire dans les hôpitaux.
Il y a encore une odeur due a la malpropreté
; celle-ci pique le nez & les yeux j on di-
roit que Y air contient quelque chofe de pulvérulent,
& en fai font des recherches, on eft fur de
trouver des linges humides & gâté sdes amas d’oçr
: dures, ou des vêtemens & des. lits imprégnés de-
miafmes fërmentéfcibles. Les différens virus ont
une exhalaifon particulière : les médecins connoiflent
l’odeur de la gangrène , celle’ du virus cancéreux,
& les émanations peftileutielles de la carie. Mais
tout le monde- peut favoir ce que l'expérience-
apprend aux médecips. fur cet .article , en, comparant
rôdeur diftértnte des foliés d’hôpitaux. Celles
‘où font les enfans fontent l ’aigre & le fétide j celles
des femmes, le doux- & le putride j tandis-que les
; dortoirs des hommes ont une .forte odeur , mais
Amplement fétide & bien moins repouffante. Dans
! les falles des bons pauvres de bicêtre , quoi
qu’il y règne aujourd’hui une propreté plus grande
; qu’autrefois , il y a une odeur^lfade qui fait mafi-
• quer. le - coeiir des perfonnes délicates. Cette odeur
l a la meme origine que la . pâleur, blafarde & la
maigreur des habitans de cette ■ maifon , dont le
: r-écrime la nouxriturë infuffifonte , ou peu con^
' vènable , ne donnent • pas . aux humeurs la coélion
néceffaire, & le - degré d’animalifation propre à
: l’homme. Ainfi,. en reconrioiffant , %avec! tout le
î monde ., que certains îinftrumens de chimie & de
: phyfiqüe font propres’; à faire juger de-la quantité
; du méphitifme, comme; d’autres- -inftrumens^ -font
■ e-onnoître la quantité, .de - chaleur .& d’humidite ,
. il faut conclure - que les fens font Je moyen le plu»
fur . pour apprécier ' la qualité, du méphitifme , &
jucrer avec précifion du genre & du degre d alteration,
del’azr dans les folles des hôpitaux. Un infirmier intelligent
n’a befoin ni de. thermomètre , ni d’hygromètre,
ni 'dfoucune autre .machiné, pour prononcer
1 fur la qualité de Ydïr des-falles de fon hôpital : il eft
comme le chimifte expérimenté , qui juge au coup-
! d’oeil & au t a r des différens degrés de chaleur &
de coétion des liqueurs fur lefquelles il travaille :
mais les différens degrés de 1 altération de l ’air
fe manifeftent promptement par les effets plus ou
moins dangereux qu’ils produifent.
Quels font lés différens effets de Valtération de
~. l’air dans les hôpitaux l
T r o i s i è m e q u e s t i o n .
Il eft d’expérience que les plaies de tete ne
• fe, guériffent q u e très-difficilement;-dans les grands
i hôpitaux. On a éprouvé depuis quelques années ,
1 en France & en Angleterre , que les femmes etr
j couches font plus expofées dans les hôpitaux à cette
j maladie dangereufe, à laquelle on a donné le nom
. de fièvre puerpérale. '
On doit donc admettre , par une confequence
néceffaire, que la difpofitioti de l ’air, dans les
hôpitaux, doit auffi influer, quoique d’une maniéré
in fenfible , fur toutes les' maladies aiguës & chro-
' niqueS. -En général , r dans les grands hôpitaux,
, lorfque la place n’eft pas -allez vafte j jrelative-
|*i ment au tiomqre ' des -malades & que les foins
• C c c e i j