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aucune fuite fâcheufe ; & le courage d’un feul
homme triomphe d’un préjugé de trois fié clés (i).
Quelques réflexions dévoileront facilement l’erreur.
i° . Une perfonne eft mordue par une tarentule ;
elle danfe, elle fue, & ne meurt point. Cela ne prouvé
autre chofe , finon que l ’on peut être mordu par une
tarentule, danfer, & fuer fans mourir. Pour que
l ’on put en conclure que la danfe eft dans ce cas
un moyen curatif , il faudroit que la mort eut été
le partage de la plupart de ceux qui n ’auroient
point danfé, après avoir été mordus par cet infefte :
or comme on employoit toujours le même procédé >
on n’en pouvoit tirer aucune induûion en faveur
du fpécifique que l ’on vantoit.
i ° . On atcribuoit à la morfure des tarentules
des charbons ou anthrax qu’elles n’ont jamais produits
; & plufieurs de ceux qui étoient atteints de ces
charbons moui oient, quoiqu’on les eut fait danfer.
5°. Les effets de la crainte fe mêloient à ces
divers accidens x; ils les compliquoient, & ils de-
venoient en quelque forte contagieux pour ceux
qui fe trouvoient dans les mêmes circonftances.
Un homme dirige fon doigt vers un autre homme
dont il parcourt fuceeffivement les diverfes régions
du corps, fans le toucher ; celui qui eft le fujet de
l ’expérience reffent de la chaleur dans les lieux
qui répondent au doigt ; il éprouve des fpafmes
éc des mouvemens nerveux ; enfin il tombe en
fyncope. On en conclut qu’un fluide paffe du
doigt de celui qui opère, dans les organes de celui
qui eft opéré. Un phyficien répète l’expérience my
î l prend toutes les précautions polfibles pour éviter
la fraude. Les yeux dé la perfonne fou-mile
à l ’épreuve font fermés avec foin ; toute co-mmuni
cation entre la vue, l ’ouïe , & le toucher de
cette perfoune & celui qui opère , eft interrompue
; il ne fubfîlïe plus aucune correfpondance entre
leurs fenfacions & leurs mouvemens; & le pref-
tige eft détruit.
Mais qui a produit , dans le premier c a s , le
fentiment de chaleur dans les points que le doigt
parcouroit ? Ce fentiment, les fpafmes, & la fyncope
font des accidens nerveux ; on doit conclure
qu’il exiftoit alors une caufe de la clafTe de celles
qui agiffent fur les nerfs. Cette caufe étoit au
dedans ou au dehors du fujet fournis à Inexpérience $
fi elle avoit été placée au dehors , elle auroit
continué d’agir , quoique les yeux euffent été fermés;
c’eft donc à un agent interne qu’il faut tout
attribuer , & cet agent eft la fe nubilité excitée
par l’imagination.
(i) Voyez le traité de M, S e rra o , intitulé , Délia ta-
-rentola o fia falangio di puglia Lezioni acadetniche di
Trancefco Serrao p.rofeflore dï Medicina nelïa regia uni-
jrerliça Napoli. Jyl, £>CC. M , l l
A G E
Que l ’on apprenne donc à ne s’y plus tromper
; c’eft elle , c’eft l ’imagination exaltée, fé*
duite , qui a rempli le monde de caufes & d<t-
gens fuppofés , devant lefquels la raifon fe
tait , & qu’il eft de l ’intérêt de .; l’humanité de
combattre & d’anéantir. Les deux principes que j’a i
établis, bien appliqués, fuffiront dans tous les travaux
de l ’efprit. Mais fur-tout que l ’on fe fou-
vienne que l ’efpèce de raifonnement par lequel on-
peut remonter jufqu’aux caufes , eft de tous le
plus difficile , celui qui fuppofe le plus de fciencer
de méthode , & de clarté , & qu’il n’appartient
qu’à un petit nombre d’hommes de s en croire
capables. Que l’on fe fouvienne encore que les
yeux les plus attentifs , Iqrfqu’ils ne font pas-
exercés dans un genre d’obfervation , font fous ce
rapport des inftrumens très-imparfaits, & dont ilk
faut fe défier , parce qu’il y a pour eux mille fources-
d’erreurs. ( D . )
A G E U S T I A ou A G H E U S T I A , ordre
nofolog. Sauvages , genre v j , cl. v j, débilitâtes*?
ordre j , dyfeflhcefioe. Linnée, genre cxiv , ci. vj'*
quietates, ord. i-ï-j, privativu Sagar , genre vj'*
cl. ix , débilitâtes-, ordre j-, dyfeflhoejioe. Cullen *
genre xcix, eL iv , locales ,. ord j-, dyfefihcefice^
Linnée & Sagar défignent ftriftement par ce mot
la perte ou le défaut total du goût. MM. Sauvages
& Cullen donnent plus d’étendue à- la lignification
de ce terme ; iis s’en fervent, pour exprimer'
non feulement la perte totale du goût s.
mais auffi la' Ample foibleffe ou diminution de ce
fens. On diftingue cette affeârion- en effentielle y
dont la caufe réfide dans le vice des>' nerfs ou de
l ’enveloppe de la langue; & en fymptomatique ,
comme il arrive dans la paralyfie. ( V . D . )
A G É R A S I E. f. f. d’a privatif, & de ynpaf
vieilleffe. Ce mot fert à- défigner l ’état heuretm
dé certaines perfonnes qui confervent là tforce &
la vigueur de la jeuneffe , même dans un âge
avancé. C ’eft le viridis fenecîa des. latins.
Dictionnaire de Laveifien. ( V» D .
A G É R A TO N . Voye$ A géra$ie. ( V . D.),
AGERU. f. m. Mat. me die. , efpéce d’héliotrope
du Malabar,. ainfi nommé par les brames»
Cette plante vient naturellement dans la famille
des bourraches , & elle en a conféquemment
les propriétés. L ’bonus malabaricus en donne
une bonne figure fous le nom malabare Bena-
pats j a , volume X , planche 48 , page p<,.
Les feuilles de Vageru ont une odeur fade ou’
peu agréable. Ses fleurs font fans odeur , & fa
racine a une faveur un peu âcre & nitueufe. Sur
la çô-te du Malabar\ on emploie pn topique toute
A G G
la plante cuite dans l ’huile de coco * pour fé-
cher les puftules de la maladie appelée p ita o ,
’& fur les morfures venimeufes du grand regard
, que les hollandois appellent jakhalfen.
Ancienne Encyclopédie. ( V\ D . )
A G G LU T IN AN S ou A G G LU T IN A T IF S.
Mat. me'dic. On appelle agglutinahs ou agglu-
tina tifs, en matière médicale, des remèdes dont
la confiftance & la propriété collante font capables
de rapprocher & de tenir rapprochées les
parties du corps qui ont été écartées par une caufe
quelconque. Cel effet eft facile a comprendre &
à prouver dans les parties extérieures du corps ;
■ & fous ce point de vue les remèdes dont nous
nous occupons font tous ceux qui ont la propriété
de retenir les bords des plaies les uns contre les
autres, & de les afïujectir dans cette fîtuation,
jufqu’à ce que la nature en ait opéré la réunion.
Ces imédicamens ne font utiles que dans les plaies
récentes; on voit tous les jours des folutions de
continuité guéries parce moyen, quelque étendues
qu’elles foient ; il faut pour cela que les
bleflures foient bien féchées, & qu’i l né refte pas
de fang où de lymphe , lorfqu’on applique les
agglutinatifs.
Il eft aifé de concevoir que ces remèdes n’a-
giffent que mécaniquement ; tout le monde con-
noît l ’utilité du taffetas d’Angleterre, le plus employé
des agglutinatifs , même dans les coupures
& les plaies d’un affez grand Volume.
Mais lorfqu’on a entendu par le mot aggluti-
nans des fubftances qui ont la propriété de coller
enfemble , & de fouder pour ainfi dire des parties
membraneufes, & fur-tout les parois dès vaiffeaux
ouverts dans les poumons & dans d’autres viscères
intérieurs , i l eft aifé de voir que cette
■ opinion n’étoit qu’une erreur fondée fur des observations
mal faites. En effet -, de ce que la
racine de confoude & les diverfes efpèces de colles .
font épaifles , mucilagineufes & vifqueufes , quand
on les a délayées dans une certaine quantité d’eau,
& de ce que des crachemens de fang fe font arrêtés
pendant leur ufage , on ne peut point en conclure
que ç’eft par leur qualité collante que ces
fubftances ont bouché les vaiffeaux d’où fortoit le
fang, puifqu’il eft démontré, i°. que cette qualité
eft détruite par la digeftion ; z°. que quand
même ces remèdes aïriveroient jufqu’aux vaiffeaux
ouverts ave« leurs propriétés, ils ne pourroient
point produire cet effet. La nature opère la réunion
des vaiffeaux ouverts dans l ’intérieur du corps,
par le même mécanifine qu’à l ’extérieur ; la cicatrice
eft un de fes fecrets : la matière agglutinante
confifte dans la lymphe .même & les
huftieurs animales ; enfin les vrais agglutinatifs
externes n’ont d’utilité qu’ en tenant les parties
^approchées , & en permettant à la -nature de les
À G G 371 réunir; cet effet, entièrement mécanique; ne peut
point avoir lieu pour un organe intérieur. ( M. Dz
E o u r c r o y . )
A G G LU T IN A N S ou A G G LU T IN A T IF S .
matière médicale. Ce mot eft employé en
Médecine dans plufieurs fens très - différais ; mais
on s’en fert principalement fous deux rapports.
Tantôt c’eft pour défigner des fubftances d une
nature collante qui font propres à tenir rapprochées
lés parties extérieures du corps qui ont fouf-
fert quelque divifion , comme on l ’a expofé dans
l ’article précédent ; tantôt on donne ce notn
aux matières glutineufes ou collantes que l’on
croit capables de faciliter la cicatrifation des
plaies : celles qui ont le plus d’analogie'avec nos
humeurs , comme le fang frais lui-même , la lymphe
, la falive , Tichtyocolle , le blanc d’oeuf,
le m ie l, les différentes gelées, foit végétales,
foit animales , le corps muqueux ou fucré des
plantes &e. , l ’emportent à cet égard fur tous
les autres agglutinatifs : il y en a au contraire
qu’i l eft utile d’éviter , parce qu’ils irritent les
parties, & qu’ils produifent fouvent un effet oppofe à
celui que 1 on défire ; la térébenthine , la plupart
des baumes liquides, & principalement ceux quife
rapprochent en quelque forte delà nature des graiffes,-
font dans ce c^s ; les luites fâcheufes qui réfultent ordinairement
de l’application de cette efpèce à’agglutinatifs
fur les plaies fraîches & faignantes , ne font
malheureufement que trop communes & trop nom-
breUfes : c’eft fur-tout lorfqu’on a 1 imprudence de
les appliquer immédiatement fur les parties bief-
fées , même dans les écorchures Amples, que leurs
mauvais effets font le plus marques ; fouvent
alors une inflammation vive s’allume dans la
plaie , & il en réfulte une fuppuration qui ne
fait que retarder la cicatrice & la rendra dif*
forme.
A . E . { V . D . )
A G G L U T I N A T I O N , f. f. Médecine
pratique & Pathologie. Ce mot a deux acceptions
différentes en Médecine. On s’en fert, foit
pour exprimer la réunion des parties du corps
qui ont été divifées par une caufe .accidentelle ,
comme dans les plaies ; foit pour défigner l ’adhérence'
contre nature , qui s’établit quelquefois entre
des parties voifines les unes des autres , à la
fuite de plufieurs léfioos. ( V D . )
A G G L U T IN A T IO N DES PAU P IÈR E S ,
ADHÉRENCE DES PAUPIERES A U G LO B E ,
ANCHILOBLÉ PHARON . Méd. véttrin.
Les paupières ne font pas ,fujettes à un auffi
grand nombre de maladies dans les animaux que
tans l'homme. Leur agglutination eft naturelle
A a a ’Z