
guéri que, empreint fur le bras (i). M. Mefmer, à
la vérité , n’opéroit point encore pour l ’étendue de
l ’aélion , d’aufiï grands prodiges ; mais on pouvoit
dire qu’il étoit fur la voie , qu-’il les imitoit en
petit. Ce que l ’on racontoic des livres dont on
magnétifoit une ligne ou un paflage, & que des
femmes ne pouvoient lire enfuite fans fe trouver
mal à l ’endroit défigné ; ce que l ’on difoit de ces
arbres magnétifés que l ’on ne pouvoit toucher fans
éprouver une révolution; cette hiftoire d’une jeune
cataleptique, qui, placée dans un appartement
voifin, mais féparé , fans aucune communication
avec M. Mefmer, répétait, difoit-on, fes mouye-
rnens ; toutes ces merveilles ne pouvoient-elles pas
entrer en comparaifon avec les précédentes, & ne
pouvoit-on pas" dire que M. Mefmer approchoit
lïngulièrement de l’habileté des anciens masné-
tiftes ?
C ’étoit donc autant fur le moral que fur le phy-
f que , que , par le magnétifme , M. Mefmer , à
l ’imitation des anciens , fembloit avoir acquis un
empire abfolu. Cet agent prétendu infpiroit, difoit-
on, des fentimens affectueux ; il attachoit par une
vive & douce reconnoiffance les malades à ceux
qui les traitaient ; Ion action enfin étoit propre
à fortifier les liens du fang , & elle devoit
devenir une fource de délices & de bonheur au
fein des familles. Les anciens avoient attribué les
mêmes avantages au magnétifme. Ils l’avoient cru
propre à produire les mêmes effets, quoiqu’ils y
rèconnufîent, au moins fous certains rapports, une
grande difficulté. On pouvoit difpofer des efprits,
difoit Maxwel, mais à çaufe de Vempire de la
volonté, ilfa llo itu n e grande force & le concours
d’ un grand nombre de caufes. On connoifloit
d’ailleurs ce qu’ils avoient écrit fur l ’amour , dont ils
expliquoiént l ’aétion par une forte de magnétifme,
( magnetifmus amoris ) (i). C’étoit par les mêmes
principes qu’ils rendoient compte des preffentimens,
fur-tout entre des perfonnes étroitement liées par
le fang. On retrouvoit encore dans la doctrine du
magnétifme moderne, cette même idée rapportée.
Une autre analogie entre les deux fyftêmes, &
quant à la manière même d’employer le magnétifme
, çonfîftoit en ce que les anciens n’^voient pas
. (i) Ce procédé confiftpit à enlever de Pun des bras de
chacune de ces perfonnes un petit lambeau de chair de
forme égale, d’appliquer le lambeau de l’une, gu bras de
l’autre , & ainfi réciproquement. Sur ees lambeaux, qui
faifoient bientôt corps avec l’individu , oh gravoic en rond
les lettres de l’alphabetj & quand une de ces perfonnes,
ainfi préparée, fouchoit avec un ftilec différentes lettres,
l’autre en étoit inftruite par un fentiment de douleur &
de piqûre à l’endroit où fe trou voit la lettre défignée» Ce
moyen de communication avpit lieu à de très - grandes
diftances. Voyez Boetius de Boodt. geuim. Sc lapid. hift.
c. 254.
(i) Kircher, lib, 3 , myndi magnetici, part. 9 de Ma-
gnetifmo ornons.
exclu de leur méthode certains procédés par lefquels
ils agifloient d’une manière , à la vérité, purement
extérieure, mais avec contait immédiat, & qu’ils
n’avoient pas moins appelés magnétiques ; car il faut
obferver ici que ce n’étoit pas feulement en ce qu’ils
appeloient aclio in diftans que le magnétifme
confiftpit. Des remèdes, des fubftances qu’on appli-
quoit à l’habitude du corps , pour agir fur les parties
intérieures, avoient encore , fuivânt eux , une fem-
blable manière d’agir, & , à le bien prendre, c’étoit
toujours une aition in diftans qu’elles avoient, en
attirant, par exemple, du dedans au dehors, ou plutôt
en guériflant du dehors au dedans. On trouvoit
dans les anciens de fémblables procédés qu’ils avoient
appelés magnétiques ; ainfi , la poiidre de fuccin
répandue fur la tête, guériffoit, fuiv ant Maxwel,
par un véritable magnétifme. Ainfi, l’application
de petits chiens aux pieds, ou celle de pigeons à
d’autres parties du corps, avoient été pour eux autant-
de procédés magnétiques. M. Mefmer aufli, dans fa
doétrine, adoptoit des moyens d’agir, dont l ’ufage
exigeoit cependant le contaâ: ou l ’application immédiate.
L ’attouchement entroit pour beaucoup,
dans fa méthode; mais, ainfi que fes anciens pré-
déceffeurs ou maîtres, e’étoit au moins à une aérion
purement extérieure qu’il paroiffoit principalement
fe borner.
Ce n’étoit pas cependant que dans l ’ancienne médecine
magnétique on n’eût admis même des remèdes
internes ; mais on en avoit fait un choix particulier,
& quelques-uns feulement d’un certain, ordre
dévoient être employés. Tels étoient fpéciale-
ment les médicamens confortatifs, c’eft-à-dire, que
l’on reconnoiffoit comme propres à fortifier Tefprit
v ita l, & dès-lors à féconder, par leur a&ion, celle
de l’agent univerfel ou extérieur que l ’on croyoit
employer. Maxwel a répété en pîufieurs endroits
cette affértion. I l étoit beau, ajoutoit-il, de faire
concourir au fuccès de cette méthode toutes les
forces »de la nature. I l traitait dans fon ouvrage
de l ’ufage que l ’on pouvoit faire des remèdes éva-
c.uans ordinaires ; mais i l infiftoit fpécialement fur
les médicamens confortatifs , lefquels, difoit-il.,
parce qiiils fortifient l’efprit v ital, répondaient
plus particulièrement à fe s vues ; car, ajou-.
toit-il, i l étoit impoffible de guérir une maladie, fi
Von ne fortifioit convenablement Vefprit vital tant
à Vintérieur qu’à Vextérieur. — M. Mefmer re-
ç.onnoiffoit également l’utilité de quelques remèdes
internes dans fa\méthode; dans de certaines circonf-
tances , lors fans doute que les cas le requéroient,
il augmentait le nombre des médicamens , qu’il
admettait à faire partie de fon traitement. Il em-
ployoit même ceux qui font d’un ufage plus ordinaire
& d’une action plus marquée, tels que les
bains, les faignées, les purgatifs.
Défiroit-on encore d’autres rapports, & dans la
manière même d’employer le magétifme î il étoit
facile d’en préfenter. Les anciens payant po^ur agi?
Magnétiquemunt, ainfi qu’ils le difoient, fur les
individus ou les malades, que le fecours des différentes
humeurs ou parties qui en étoient extraites,
avoient cherché au moins & préféré celles quils
avoient cru le plus abondamment pourvues de
Tel prit vital particulier a l ’individu, & qui leur
avoient paru offrir ainfi un moyen plus puiffatot de
communication, à la faveur de Tefprit univerfel.
C’étoit pour cela, difoit Maxwel, que l ’on cnerr
choit Vefprit vital dans Us parties où il étoit
plus à nu , afin qu’en lui appliquant les fe cours
convenables, i l pût fe dégager plutôt des
matières nuifibles & étrangères, & qu’en fe re- -
nouvelant dans toute fa jubfiance, i l parvînt
plus promptement à rétablir le corps dans fon
état naturel. Parmi les différentes, humeurs qui
leur avoient femblé préfenter cet . avantage, ils
avoient placé le fang & la matière de la traufpira-
tion ou de la fueur. Il paroît aufïï que pour leurs
applications magnétiques ils avoient fait choix de
certaines parties du corps, qui, faifànt fonction d’é-
mondtoires, donnoient lieu à une plus grande émanation
de Tefprit vital ou des efprits. Dans la méthode
moderne, les partifans du magnétifme défir
gnoient de même des.. centres particuliers fur le
corps humain, pour exercer leur toucher. C’étoit ,
au moins ainfi qu’iis préféroient l ’épigaftie, qu’ils •
regardoient comme le plus grand point de réunion
des influences vitales.
' On pàrloit dans cette méthode de moyens pour-
’ purger magnétiquement , & nous avons déjà fait
mention du pouvoir en ce genre que l’on attribuoit
a M. Mefmer pour convaincre certains incrédules.
Les partifans de Taueien magnétifme s’étoient
vantés de pouvoir produire des purgations femblables
, auxquelles au moins Ils avoient donné le même
nom. Maxwel avoit reproché aux auteurs de fon
temps, de n’avoir pas de purgatifs magnétiques
encore exempts de tout inconvénient, & fembloit
fe féliciter d’en avoir trouvé un pareil.
M. Mefmer annonçoit que par fa méthode on
pouvoit facilement découvrir le fiége ou le
principe ,des maladies les plus cachées ; qu’on
pouvoit recônnoître, par exemple , fi un malade
étoit attaqué d’obftruérions , & quels étoient les
vifeères où elles étoient placées. Dans l ’ancien
magnétifme on avoit annoncé le même avantage.
Suivant Borel , lorfquun mal étoit interne &
qu’ on ignoroit quelle étoit la partie qui en étoit
affectée , i l était facile de s ’en affurer par une
méthode qu’ i l indiquoit.
■ Dans les opérations du fyftême moderne , le magnétifme
animal, employé, dirigé par M. Mefmer ,
paroiffoit manifefter fon aérion fur les individus
par des fenfations particulières. Dans l'opinion ancienne
on avoit dit de même que c étoit par la fen-
fation que le magnétifme s ’ppéroit. On,fait d’ailleurs1
quel parti .Ton avoit prétendu-tirer de l ’art de .
nuire par les excrémens, pour faire éprouver de
la douleur aux perfonnes dont, on cherchoit à fe
venger.
C’étoit le plus fouvent par une imprefllon de
chaleur que Ton affuroit que le magnétifme fe
faifoit fentir fous les mains ae M. Mefmer ; & San-
tanelli avoit dit , qu autant on communiquoit
d’efprit à un. corps , autant on lui donnoit de
chaleur, & qu’il perdoit de cette dernière dans
la. même proportion que du premier.
Le principe du magnétifme animal, fuivant. fes
partifans, réfidoit dans l ’atmofphère. Ils affuroient
qu’il en faifoit partie. Maxwel avoit placé de même
fon agent ou efprit univerfel dans les plus hautes
régions dè l ’air. C'étoit perdre fon temps , difoit-il,
que de chercher cet efprit filutaire autre part
que fu r le fommet des plus hautes montagnes.
I l avoit penfé d’ailleurs, comme nous avons vu plus
haut, qu’il réfidoit par-tout , libre & dégagé de
toute entrave.
Les partifans du magnétifme animal fe fervoient
de tiges de ferj, qu’ils tenoient élevées, pour pui*-
fer , à ce qu’ils prétendoient, le fluide univerfel
dans i’atmofphère, & ils croyoient aufîi, quand
il furabondoit, pouvoir le rejeter dans le réfer-
voir commun. Les partifans de l ’ancien magnétifme
avoient prétendu également pouvoir faifir le fluide
univerfel qu’ils croyoient répandu dans Tefpace, &
le fixer dans certains corps par des procédés particuliers
; c’étoient des procédés d’alchimie. Ils prépa-
roient ainfi leurs magiftères , qu’ils imprégnoient,
difoient-ils , de Vefprit univerfel répandu dans
l ’air. La fameufe poudre de fympathie étoit ainfi
préparée. C’étoit , difoit le chevalier Digbi , Vefprit
univerfel lui-même, f i x é & comme incorpore.
Par la putréfaérion, au contraire, ils avoient penfé
que la portion de ce fluide que contenoient les mixtes
, étoit rendue au foyer général de l’atmofphère.
Les partifans de M. Mefmer annonçoient que
le principe du magnétifme animal étoit le fluide
univerfel; que ce fluide étoit fufceptible de prendre
différentes déterminations dans fon mouvement,
& que c’étoit en lui imprimant des directions convenables
qu’on pouvoit l’employer d’une manière
utile dans le traitement des maladies. On retrouvoit
les mêmes idées dans le premier fyftême. On fait
que fes partifans avoient cru que le principe du magnétifme
réfidoit dans la matière même de la lumière
, & Santanelli avoit dit que la matière de la
lumière n ayant par elle-même aucune détermination
particulière , i l fa llo it , pour employer le
magnétifme, lui en imprimer une.— Mais pour
n induire perfonne en erreur , ajoutoit-il, il fa lloit
dire que cette lumière, fufceptible de prendre
différentes déterminations , quoique par elle-
même elle n’en eût aucune, & qui, renfermant
le principe de vie de toutes chofes, pouvoit être
appelée le véhicule de l ’ame univerfelle du monde ,
11 étoit point connue dans fa nature.
On affuroit qu’en magnétifant les arbres, on pou