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tamarins , la crème ; de tartre , font légèrement
purgatifs ; le vinaigre , tonique & cordial , &c.
T e lle eft la raifon pour laquelle nous ne croyons
pas devoir traiter ici des vertus de ces acides ; on en
trouvera l ’expofé à leurs articles particuliers. V'oÿe^
les mots A l l é lu ia , C it r o n , C rème de t a r t
r e , É pine - v in e t t e , O r 'ange , O seille ,
L a it a i g r i , P h o s ph o r e , T am a r in , V in a i g
r e , &c. ( M. de F ourcro y )
On a difputé long-temps parmi les phyfiolp-
giftes fur l’exiftence des acides dans les humeurs
des animaux fains. La queftiûn fe bornoit cependant
à favoir fi l ’on en rétiroit ces efpèces de Tels , &
elle n’auroit pas dû être long-temps indécife, puisqu’il
s’agiffoit d’un fait de chimie, plutôt que d’un fait
de phyfiologie. On fait aujourd’hui que l’on peut
tirer un acide de beaucoup de matières animales, dans
lefquelles il n’exifte pas à nu , & qu’il eft uniquement
dû aux travaux chimiques. C’eft ainfi que
l ’on obtient un '-acide du fang & de la chair, par
la diftiilation, la-macération dans les alkalis ; mais
cet acide y étoit dans l’état de combinaifon.
On a découvert depuis quelques années Yacide
phofphoiique dans les , os ; mais il y eft combiné
avec la chaux , & neutralifé par ce.tttè bafe. Voye\
le mot. Os.
L ’urine eft la feule humeur connue qui contienne
un acide développé dans l ’état le plus fain.
Ce fluide Colore promptement en rouge ,1a teinture
de tournefol, & le papier teint avec cette
anàtière colorante. Dans quelques cas, à la vérité,
cette humeur excrémeqtitielle eft plus manifèftement
acide que dans d’autres ; mais elle l ’eft conftàm-
inent. Foye\ l e mot U r in e .
Lorfque d’autres fluides animaux, font acides,
cela dépend d’une altération particulière qui appartient
à la Pathologie;
11 y a des claffes d’animaux dans Iefquels on
trouve des acides tout développés , comme -les infectes.
On rencontre des fucs acides dans les fourmis,
les abeilles , les vers àT o iè , &c. Ces fucs font
contenus ordinairement dans des réfervoirs'-particuliers
, & ils paroiflent appartenir à la dalle des
liqueurs excrémentitielles. (M. DE FOURCROY.)
A c i d e , Médecine pratique. Dans plufieurs
maladies i l fe produit des acides dont la préfence
eft; annoncée par des lignes très - manifeftes. On
ne peut douter que quelques humeurs animales',
& en particulier l’humeur gélatineufe , le lait ,
les fucs gaftrique -& inteftinal , la lymphe des
enfans, ne foient très -difpofées à contraéler l ’acrimonie
acide. C ’eft aulfi dans ces fluides qu’on
Tobferve particulièrement. Les aigreurs font dues
a des acides formés dans les premières voies
par le trop long féjour d’ali me ns acefcens. On
les obferve fpécialement chez les enfans , dans •
le s hommes délicats & fédentaires , chez les jeunes
Üiles attaquées des pâles couleurs ou de la chloÀ
c l
rofe, chez les femmes grolfes & en couche, celîeÿ
qui nourriffent, &c. Dans ces dernières circonf-
tances , où l ’humeur laiteufe forme la cachexie
dominante, il n’eft pas rare , comme on le voit
fouvent dans les enfans & les femmes en couche,
que toutes les excrétions foient imprégnées d’un
acide très - développé ; fôUvent les urines , les
excrémens , les fueurs même ont une odeur aigre,
très-reconnoilfable & tres-caraétérifée : les nourrices
favent même diftinguer à cette odeur , plus
ou moins piquante , li leurs nourrilfons ont des
tranchées, li le lait s’aigrit trop promptement,
& c’eft „pour elles une mefure affèz certaine' de
la fanté des enfans. ■
Ces acides développés-conftituent un état morbifique,
fur-tout chez les hommes foibles & appliqués
à des travaux fédentaires. L ’eftomac en eft
le lîége le plus fréquent, & ils y donnent naifiance
à un grand nombre d’accidens. Tels font en parti-
vculier les douleurs dans la région épigraftique ,
dans les hypocondres , les douleurs vagues dans
les membres , la migraine , les pefanteurs de tête,
les. vertiges, la foibleffe,& le trouble de la vue,
les rapports aigres, là fenfation de chaleur ardente
dans le creux de l’eftomac, les naùfées; les bor-
borygmes , les gonflemens de l ’épigaftre , les
vents, les digeftions laborieufes , l ’expulfion fréquente
de matières vifqueufès, les châtouillemens
& les acretés de la gorge , les aphtes ; à ces premiers
fymptôme(s fuccèdent les obftruétions du
bas ventre , „les affe&ions mélancoliques & hypocondriaques
décidées ;, fi l ’on n’y apporte pas
de remède.
Il y a deux, indications, principales à remplir
dans ces cas qui fe préfentent très - fréquemment ;
Tune eft de détruire les aigres des premières voies
par des médicamens d’une nature oppofée , & que
l ’on appelle communément aptacides ou abfor-
èans ( vojye\ ces mots ). On choifit fpécialèment
la magnéfîe angloife., .ce- mo.t on la
donne;en nature , ou fous forme de tablettes , allié,e
au fucre & à quelque aromate..
La fécondé indication eft de s’oppofer à la formation
dès acides. On remplit celle-ci en défendant
les alimens acefcens ( voye\ le mot A cescence
) , en preferivant une diète oppofée , l ’exercice
, les fri étions fèches fut d’abdomen & les
extrémités-, l ’application des fachets remplis d’herbes
aromatiques; en c.onfeillant Tufage des ftoma-
chiques ( voye% ce mot), des martiaux ; en admi-
niftrant quelques purgatifs, des vomitifs. Tous ces
moyens doivent être modifiés fuivant l ’âge , le
tempérament; le fexe , & les circonftances particulières
aux malades. ( M . DE F o u c r o y . J
A C I D E S & A C I D U L E S . Hygiène>
Partie II. Chofes non naturelles.
piaffe III. Ingefia.
K G ï
Ordre II. Boijjons. Qualités générales des
boiffons.
• Les acides & les acidulés ne diffèrent que par le
degré; & comme ces faveurs font fort Amples, elles ne
peuvent fe définir que par l’épreuve même de la fen-
fation qu’elles excitent dans les organes du goût.
Je ne confidérerai dans l’ufage ordinaire que
l ’on fait des acides , que les acides minéraux, les
acides dus à la fermentation , & ceux qui fe
trouvent naturellement unis au mucilage des fruits,
ôc en général des végétaux.
Je ne m’étendrai point fur la nature des acides minéraux;
il eft encore inutile ici de parler du mouvement
de fermentation qui donne naifiance au vinaigre
; & j’ai déjà dit ce qu’on-devoit penfer du genre
d’acidité qu’on nommé acefcence\ ainfi , avant de
paffer aux réflexions relatives à l ’ufage que l ’on fait
des acides , ■ je me bornerai à quelques confidérations
-fur leur manière d’être dans les végétaux.
La Nature ne produit point 'diacides véritablement
nus dans le règne végétal. Les acides que
nous trouvons dans les plantes & dans les fruits
font toujours plus ou. moins combinés avec le
mucilage , & donnent à l ’analyfe ia plupart des
produits des corps muqueux.
Parmi les acides que nous rencontrons dans
les. fruits, les uns. précèdent la maturation , & dif-
paroiffent dans le fruit mûr, pour laiffer la place
au fuc fucré, dans la compofition duquel il eft
probable qu’ils entrent. Les autres 1 appartiennent
a la nature du fruit , le caraftérifent, & fe déve- *
loppent par la maturation même. Les premiers
ont quelque cliofe d’acerbe & de vert , comme le
verjus; les féconds font plus atténués, moins durs,
& ne portent pas avec eux la même aftriétion.
Les acides qui fe recontrent dans les plantes
mêmes, font prefque tous d’une même efpèce,
analogues au fel d’ofeille, & n’ont de différences
remarquables que les nuances dépendantes de la
plus ou moins grande quantité d’eau, & des parties,
foit extraâùves , foit muciiagineufes, qui en
affoibliffent, en altèrent, ou en émouffent le goût
dans les différens âges de la plante»
Peut-être au fond tous ces acides ont-ils une
même nature. Les cliimiftes ne nous ont rien
appris de précis fur cet objet ; mais les liaifons
qu’ils contractent dans les-végétaux, leur donnent
des qualités apparentes & des propriétés qui font
que j’oferai les divifçr en trois clafies.
La première eft celle des acides verts & af-
tringens. La fécondé claffe eft celle des acides
contenus dans la plupart des fruits d’été parvenus
à maturité , comme les limons , lès grofeilles, &
les cerifes. C es acides , unis à un mucilage très-
.doux, très-atténué , peuvent être caraètérifés par
leur folubilité. Enfin la dernière claffe fera celle
des acides , que j’appellerai tartareux , comme
celui de l ’ofeiile. Ils font unis principalement à
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la partie extraétive des plantes. Ils fe manifefteuÉ
cependant auffi dans le fuc de certains fruits;
mais alors il femble que c’eft Y acide natif du
fruit , dont les liens font rompus par quelques
caufes, comme la fermentation , & qui , perdant
par-là fa grande folubilité, prend la forme & les
qualités diftinftives des acides tartareux.
Tous les acides en général font regardés comme
antiputrides & rafraîchiffans, ç’eft-à-aire , comme
modérant cette ardeur qui femble dépendre chez
nous d’un développement particulier de la bile &
d’une âcreté qui,lui eft propre. Car, à vrai dire;
en mettant tout fyftême à p art, nous ne fayons
pas très - précifément ce que c’eft que rafraîchir;
nous corinoiffons les effets , mais nous fommes
bien peu avancés dans la connoiffance des caufes.
Seroit - ce en décompofant la bile que lès acides
produifent ces effets ? Cela pofé , on concevroit
peüt-être comment les acides aident la dîgeftion
chez les uns , la détruifent & l ’arrêtent chez
d’autres, font couler la bile accumulée chez Certaines
perfonnes, 1^ fixent au .‘contraire & l ’empêchent
de fe former chez celles dans lefquelles
cette humeur importante eft peu àèüve & peu
développée.
Quoiqu’il en fo it, en général, les acides verts
rafraîchiffent & reflerrent ; les acides des fruits
mûrs, que j’appellerois volontiers acidesfolubles-,
par oppofition aux acides tartareux , s’unifient très-
promptement à nos humeurs , pénètrent aifément
par-tout , & rafraîchiffent très-bien & très-vîte;
Les acides tartareux rafraîchiffent & fendent le
ventre libre , en faifant couler. la bile. U acide
du vinaigre rafraîchit comme acide, & donne enr
core un peu de ton & d’aétivité aux fibres, parce
qu’i l conferve quelque, chofe d’aromatique & de
fpiritueux, qu’il paroît tenir de la fermentation qui
a, produit le vin; les acefcens , comme je l ’ai déjà
d it, ont l ’inconvénient des fubftances qui font dans
un état aéfuel de décompofition , état qui fubfifte
& s’augmente lorfque ces fubftances ont paffe
dans notre eftomâfc, & qui peut avoir dès incon-
véniens réels (vojye^ A cescens) ; pour les acides
minéraux, plus antiputrides que les autres, parce
que , ne tenant à autune fubftance muqueufe ni
extraélive , ils font par eux - mêmes inaltérables ,
mais aufii moins analogues par cela même à nos
humeurs , ils rafraîchiffent fans doute , parce qu’ils
corrigent l ’âcreté de la bile ; mais ils ne la font
point couler. Ils agacent, ils picotent, quelque
délayés qu’ils foient, parce qu’ils ne font point
adoucis par ces combinaifoiis qui ' rendent les
acides végétaux fi falubres & fi agréables. I l eft
d’ailleurs des conftilutions très - mobiles & très-
irritables , auxquelles ils ne conviennent point du
tout. Au refte , ces défauts que nous reprochons
aux acides minéraux , les acides végétaux les ont
aufîi en quelque degré pour les poitrines fenfibles
& pour quelques eftomacs ; mais il faut remarquer
que quand c’eft l ’eftomac auquel ils nuifent