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lève l ’inflammation par un effet fubit & furpre-
nant.
Aétius étoit né à Amida en Méfopotamie ; il
avoit étudié à Alexandrie ; il étoit probablement
chrétien , & c’eft peut être pour cela que plufieurs
I ont confondu avec un autre de ce nom , qui étoit
un fameux arien, & qui vécut du temps .de Julien.
Dans certains manufcrits , il a le titre de
xtput o \ { , cornes obfequii, c’eft- à* dire , le principal
des officiers qui alloient devant l’empereur,
& faifoient les provifions, comme ceux qu on appelle
â préfent maréchaux de logis.
On trouve chez lui plufieurs ehofes qui ont
du rapport à la Pharmacie égyptienne. Il a ra-
maffé une grande quantité de recettes qui avoient
été vantées ou mifes en üfage , comme des fecrets,
par leurs inventeurs. Il femble ne faire mention
de quelques-unes que pour montrer à quel prix
extravagant ces gens vouloient qu’on les leur
payât : tel étoit, par exemple , le collyre de Da-
naüs qui à Conftantinople fe vendoit cent vingt
nu mi fines , & qu’on ne pouvoit avoir qu’avec beaucoup
de peine ; tel étoit l ’antidote de Nicoftratus,
appelé fort audacieufement t<nfccs(égal à D ie u ) ,
lequel s’achetoit deux talensï 11 femble, dis-je,
que fon deffein ait été défaire voir combien peu
de chofe font ces; recettes , lorfqu’elles font devenues
publiques, quelque grands noms qu’on leur
ait donnés , ou quelque grande- qu’en ait été la
vogue. C’eft pourquoi il ne les recommande pas
lui-même comme les ayant expérimentées , ni de
■ la manière dont il loue avec juftice-le pkilonium.
II penfe que c’étoit affez _les indiquer , pour
prouver la mauvaife foi de ceux qui les ven-
doient , & la folle crédulité de ceux qui les ache-
torent.
Un homme qui a la moindre connoiffance de
la Médecine doit fentir que tout remède univer-
fel doit être une impofture. Bien que le remède
fût le meilleur du monde en lui - même , il éft
cependant împofîible qu’il puiffe être également
appliqué â- toutes perfonnes , dans tous les cas &
dans toutes les circonflances : ainfi , c’eft à un
habile médecin de déterminer, par la nature, &
par les fymptômes de la maladie, quand rl faut
le prefcrfre, ou quand il faut le défendre.
Il n’eft pas néceffaire de chercher une preuve
de ceci plus loin que dans ce grand fpécifique, je
veux dire le quinquina. Si l’on s’en fert indifféremment
& fans difcernement , même dans des
fièvres intermittentes, il fait fouvent plus de mal
que. de bien.
I l femble oyx Aétius , foit parmi les chrétiens,
le premier grec qui ait. écrit dé la Médecine ;
du moins mes recherches ne m’en ont pas préfenté
d’autre. Il eft aufïï le premier qui dife quelque
chofe des remèdes qui étoient fi fort en vogue
parmi les anciens égyptiens , & qui confiftoient
en paroles magiques, comme celui de faint Blaife,
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qui ôtoit du go fier un os qui y ef! arrêté, & tw*
autre contre la fiftule.
La divifion des feize livres d3Aetius en quatre ,
fous le titre de TîTpa/3//3Aoi , n’a point certaines
ment été faite par lui-même., comme le remarque
Fabricius; c’eft une divifion moderhe : car la
manière dont il s’ eft cité , non feulement lui-même,
mais encore dont, il eft cité par Photius, eft relar
tive â la fuite numérique des livres. Je trouve cependant
, dans un endroit , que le traducteur fe
fert du mot quaterniônibits, qui,, félon toute apa-r
rence, fe fera glifle par inadvertence.
Je finirai ce qui regarde Aétius par l ’expofé
d’un remède pour la goutte, parce qu’i l eft fort
extraordinaire, & le premier dans fon efpèce qu’on
puiffe , je penfç., rencontrer dans l ’hiftoire de la
Médecine : il l ’appelle'le grand defficcatif. Le
malade doit en faire ufagè durant une année entière
; & outre cela, il faut que chaque mois il
obferve dette diète ( A eûtes donne, aux mois les
noms alexandrins ou égyptiens j nous les rapprochons
des nôtres). Il faut en feptembre boire du
lait ; en octobre , manger de l’ail ; en novembre ,
s’abftenir du vin ;, en décembre, ne pas manger de
choux y en janvier , prendré un verre de vin pur
le matin ;. en. février , ne 'pas manger de bette ;
en mars, mêler des ehofes.douces & dans les boif-
fons & dans les alimens ; en avril, ne pas manger
de raiforts j ni en mai , le poiflon appelé poly-
pus ) en juin.., boire de l’eau froide le matin j en
juillet , s’abftenir des femmes; & enfin , au mois
d’août, ne pas manger de mauve,
C’en eft affez pour nous donner une idée de la
charlatanerie - de ces temps-là. On trouvera dans
Alexandre un antidote encore plus extravagant pour
la même maladie ; lequel doit être pris au (fi pendant
l ’efpace de douze mois, de la manière fuivante«,
IL doit être donné ,en-. janvier, février, mars & avril,
cinq jours dans chaque mois alternativement; eu
ju ille t, août , & feptembre , un- jour dans chacun
; dans oéfcobre & novembre ^ deux jours dans
chacun ; & dans décembre , quatre jours alteinati-
venaemenL II y a ainfi trente fix dofes à prendre
dans le courant de l’année. Le malade doit en
même temps s’abftenir de vin , de chair de porc ,
de boeuf, de lièvre, de choux, de moutarde , .de
la it , &c. Alexandre a encore un autre.remède con-
fiftant dans trois cent foixante cinq potions ; lefr
quelles doivent 'être prifes de manière que cela
emporte deux années.
Editions des écrits- ^’Aétius.-
I l nous refte à indiquer les éditions imprimées
que nous avons de ce Médecin..
Les écrits XAétius ont eu à peu près le même
fort que. ceux d’Oribafe ;; car de feize livres , . les
huit premiers feulement ont été imprimés en
grec , Veneüis , apud Aldum & Afulanum i
1534, in-folio.|
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Les huit autres font demeurés enfevelk manufi
erits dans les bibliothèques; ils font, dit-on, dans
la bibliothèque du roi , à Paris-, & dans la bibliothèque
de l’empereur, â Vienne. On dit auffi
que René^ Moreau , médecin de la faculté de
Paris, mort en 1659 , en poffédoit un exemplaire.
. Deux médecins fe font occupés , dans le feizième
fiècle , à . traduire Aétius en latin , Janus Corna-
rius , & J. B. Montanus ; le manuferit qu’avoit
Cornarius n’étoit point complet; il traduilit feu-
lument fix livres : Montanus fit la verfion de dix
livres? Ce travail réuni fut imprimé à Bâle en
.1535' j in-fol.
Cette édition étant épuifée , Cornarius revit la
première verfion : l ’ouvrage fut imprimé à Bafle en
1541 , in-fol.
On en trouve d’autres éditions poftérieures ,
favoir :
— Venetiis , 1J43 , in- 8°.
*— Bafileæ , 1545), in fo l .
Lugduni , IJ 4P, 111-fo l.
«— Lugduni , i j 6® , in-n ., 4 vol-
L ’ouvrage S Aétius forme une partie de la.
<jolle6tion de Henri Etienne, intitulé : Medicæ
aftis principes. Paris , 1567 , in-fol.
Colomiés dit que Jean Brodeau avoit fait fur
les fix premiers livres d’Aétius des notes qu’Ifaac
Voffius poffédoit manufçrites.
; Hugo Solerius , ou Hugo de Soleriis, a fait
fur les deux premiers livres des feholies peu importantes
, qui fe trouvent dans les deux éditions
de Lyon, 154p & ijè o .
Chrifiop. Or i f d u s , ou de Horo^co, médecin
efpagnol, a. fait des obfërvations critiques fur la
verfion latine de Cornarius & de Montanus. Elles ont
été imprimées fous ce titre :
’ Annotationes in interprètes Aetii, Montanum &
Cornarium. Bafileæ, 1740, in-40. (M. G o u tiN . )
AFFADISSEMENT , fi m. Symptomatologie.
Dans l ’état de fanté , les fucs falivaire , gaftrique ,
biliaire , & pancréatique, ont toute l’énergie né-
ce(faire , à la digeftion. Ils ftimulent l ’eftomac &
les inteftins , dont jls entretiennent le ton au degré
çonvenable. Ainfi,. la digeftion fe fait complètement
; & il ne refte point de matière chileufe
adhérente aux parois de ces organes. Alors il n’y
à ni naufée , ni dégoût , ni pefanteur d’eftomac ,
ni affadiffement : 1 appétit eft bon, & les alimens
produifent ui>e fenfation agréable à celui qui s’en
nourrit.
Dans un état contraire, les glandes qui fepa-
*ent les fucs digeftifs, ont perdu une partie de leur
teffort. Ces fluides, dépourvus de leur énergie , ne
ftimulent point affez l ’eftomac ni le tube inteftinal;
reftes de digeftions anciennes y féjournent, parce
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que la. force expultrice eft altérée. Les fibres
abreuvées fe meuvent avec plus de difficulté 3
l ’appétit eft languiffant , les glandes , font engorgées
de fucs inertes & lents ; & les nerfs ,
dont les papilles en font retouvertes , privés de
toute fenfation agréable , n’éprouvent que de la
fadeur ou de Y affadiffement.
On remédie à cet état par tout ce qui rend du
ton , & qui débarrafle les glandes, des fluides qui
les relâchent. Les acides,, les amers, les doux fti-
mulans conviennent : mais il eft prefque toujours
néceffaire de donner quelques fecouffes par un vomitif.
Ce cas eft un de ceux dans lefquels on dit
que Ton a ou qu’il faut fondre des glaires.
Il y a un autre genre de fadeur ou à'affadiffement
nauféabohde, produit par l ’imagination , lorfi-
qu’une petfonne très-fenfible fait ou entend le
récit de quelque événement accompagné de cir-
conftances qui dégoûtent & foulèvent le coeur.
X r . D , ) ^ :
A F F A I S S É . Adjeéî.- On entend généralement
par ce mot ,. dans les maladies aiguës, cet
état du corps dans lequel le malade, étant abforbé ,
éprouve une proftration exceffive des forces. L ’af-
faiffement fuppofe toujours de TaffoiblifTement ,
ce qui n’eft pas réciproque , un malade pouvant
être affoibli fans ê!t e a fa i f é ; ; • . . .
On fe fert auffi fort fouvent de ce mot pour.defigner
cette efpèce de flaccidité ou de'relâchemeiit qu’éprouvent
les parties folides , Torfque les numeurs
qui étoient épanchées entre leurs mailles-ou dans
leurs cavités , & qui les tenoient diftendues ,
viennent à s’évacuer tout à coup : cette efpèce
d’affaiffement a ,lieu dans les différentes hydropi-
fies, lorfque les eaux fe vident trop fubitement
par quelque caufe que ce foit ; l ’aftaiffernent des
vaiffeaux , à la fuite des hémorragies abondantes
& des faignées trés-copieufes, doit être rangé dans
la même claffe. {H. D . )
A F F A I S S E M E N T , fi m. Méd. Maladie.
Boerrhaave diftingue cinq efpèces de maladies relatives
aux cavités rétrécies ; & Yaffaiffement en
eft une. « I l faut rapporter ici , dit ce grand mé-
» decin, Yaffaiffement des vaiffeaux , produit par
» leur inanition ; ce qui détruit leur cavité. N’ou-
» blions pas , ajoute-t-il , ce qui peut arriver à
» ceux q u i, trop détendus par une matière mor-
» bifique , fe vident tout à coup par une trop
» grande évacuation. Rapportons encore ici Ta trop
» grande cdntraélion occafionnée par l ’atftion excefi
» uve des fibres orbiculaires » ; ce qui foudivife
Yaffaiffement en trois branches différentes. Exemple
de Yaffaiffement de la fécondé forte. Si quelqu’un
eft attaqué d’une hydropifie anafarque , la
maladie a fon fiége dans lé pannicule adipeux ,.
que l ’eau épanchée diftend au point d’augmenter,
le volume des membres dix fois plus que dans l ’état
de fauté. Si dans cet état on fe brûle les jambes,
H h 2r