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tive aux divers pays, en ce qui concerne lès qualités
des productions végétales , & s’obftinant à
nourrir à Paris un beau cheval efpagnal avec de
Porge, fouSi le prétexte qu’il étoit habitué plutôt
à ce grain qu’à l’avoine , fe trouva foreé d’y
renoncer, après l’avoir vu attaqué d’une fourbure
des plus violentes, & telle que l ’occalignneroit
l ’avoine elle-même à tout cheval qui en mangeroit
inconfidérément.
L a réunion de ces deux alimens produit aii
contraire de très-bons effets, en les tempérant l ’un
par l ’autre, comme nous l ’avons déjà obfervé en
parlant de l’avoine. Nous avons vu à Paris, en
1788 , deux chevaux arabes nourris avec ce mélange,
jouir de -la meilleure lanté, & développer, lorsqu’ils
y étoient follicités, toute la force-& toute
la vigueur qui leur font naturelles.
L ’orge eft excellent pour nourrir la greffe volaille
8c engraiffer les porcs ; fi on le met tremper
pendant vingt-quatre heures dans l ’eau, & qu’en-
luice on le donne aux vaches, il augmente leur
lait. Les nouuiffeurs des environs de Paris emploient
aufli à cet ufage celui qui a Servi à la
composition de la bière ; mais cette efpèce de
nourriture' qui eft prefque toujours dans un état
de fermentation vineufe ou acide, n’eft pas fans
inconvénient. ( Voyez drèche. )
D u froment.
L e froment ou blé ( triticum hybernum ) eft
très-nourriffant; i l échauffe beaucoup l ’animal, &
donneroit également lieu- à la fourbure s’il étoit
employé Seul- L ’ufâge dans lequel plufieurs per-
fonnes font d’en donner tous les matins une jointée
avant de faire boire les chevaux étroits de boyaux,
ou de mélanger cette jointée avec la ration d’avoine
deftinée à de vieux chevaux dont l ’eftomac eft
affoibli, ne doit pas néanmoins être condamné. On en
donne affez généralement aufli une ou deux poignées
tous les jours aux étalons, avant & pendant la
monte ; quelques auteurs recommandent même de
mêler fa farine dans-leur boiffon ( Voyez eau
BLANCHE. ) .
On fait combien tous les oifeaux & les. volailles
font avides de ce grain ; il ne plaît pas moins
aux beftiaux & à tous tes herbivores; il leur donne
de la-vigueur & un embonpoint durable. Le pain
& les différentes préparations alimentaires qu’on
fait avec la farine de froment , font également
du goût de tous les animaux. (V o y e z pain.)
D u feigie.
L t feigie ( fecale cereale ) eft le moins employé
de tous les fromentacés pour la nourriture
des animaux. Il eft plus rafraîchiffant & moins
nutritif que le froment , mais il eft aufli d’une
‘digeftion plus facile que le grain d’orge.
En Italie , & fur-tout en Piémont ; il paroît
A L I
etre d’un ufage plus fréquent pour les chevaux
des troupes. On le donner feûl ou mêlé avec l ’avoine
& avec plufieurs.autres graines. Comme la
nourriture de ces chevaux eft à l ’entreprife , peut-
être fon emploi a-t-il plutôt lieu dans-des vues
économiques, que relativement à la bonté de
Yaliment.
M. Britgnone, profeffeur en chirurgie & en
médecine vétérinaire à Turin , dans un mémoire
imprimé parmi ceux de l’académie des fciences de
cette v ille , pour les années 1784- 1785 , croit
devoir attribuer la caufe d’une-épizootie qui fe
manifefta à Foffan parmi les chevaux des dragons
du r o i, au mois de mars 1783 , au feigie g<ermé
& fermenté que l ’on donnoit aux chevaux. Il paroît
que 1 entrepreneur, pour faire augmenter le volume
du feigie & diminuer' la ration , le mettoit en
macération dans l’eau , de manière que dans, le
temps de la diftribution il étoit très-humide &
très-chaud. A l. Brugnone obferve que l ’expérience
a appris que le pain fait avec du feigie ainfi fermenté
, a été un poifon pour le^ hommes qui s’en
font nourris, & que les chiens même l’ont refufé ( î) .
Dans une partie du Danemarck , comme dans le
duché de Slefwick, par exemple, où la qualité
du terrein ne permet pas la culture de l ’avoine',
on cultive du feigie pour la nourriture des chevaux;
on le coupe lorfqu’ii eft mur , on ne le bat point ,
mais on hache grain & paille, & on emploie cet
aliment feul ou mêlé avec l'avoine.
A Berlin & dans plufieurs endroits de la Pruffe,
on mêle aufli le grain de feigie avec celui d’avoine
pour les rations'-ordinaires ; ce mélange eft autant
du à la rareté de l ’avoine, qu’aux bons effets que
produit cette nourriture,' en donnant aux chevaux
de l ’embonpoint & la beauté qui l’accompagne
toujours.
M. W'iborg, penfionnaire du roi.deDanemarck,
& étudiant l ’art vétérinaire en France , en me
communiquant ces .obfervations, a ajouté que .les
chevaux nourris avec du feigie feulement, ou avec
la farine de ce grain, étoient plus gras, mais
plus mous & bien moins vigoureux que ceux nourris
avec l ’avoine.
L e feigie eft fujet à.une maladie appelée ergot•
L ’ufage *du feigie: ergoté a. été regardé comme
très-nuifible pour l ’homme & pour les animaux
par quelques auteurs ; d’autres au contraire n’ont
reconnu à Vergot aucune qualité effentiellement
malfaifante. Nous rapporterons les effets de cette
fubftance fur les animaux , au mot ergot.
D u fon .
[Le fon (fu r fu r ) eft l’écorce ou l ’enveloppe
(1) Voyez-dans le fécond volume de la Sitologia ovvero
racçolta de offerva\iorn, di efperien\e, e di ragionamenti
fopra la nàtura è qualita de grani, e délie farine per il
panificio ,-là lettre délia falubrita del pan di fegala. pag»
3p.i. & la réponfè à cette lettre page 83.
A L I
des graines fromentaêëes, féparée de la farine par
l ’aélion de la meule, 8c qui refte fur le bluteau,
le fas ou le tamis. I l faut le choifir le plus chargé
de farine que faire fe pourra. On doit rejeter
celui qui’, étant manié, blanchit peu la main ou
l ’eau dans laquelle on le délaie , celui qui reffemble
à de la {dure de bois-, ou qui eft vieux & dune
odeur rance & dégoûtante ; car les animaux le ïe=- ~
fuferoient.
Quoiqu’il fait la partie la plus maigre du grain,
on en fait un fréquent ufage pour là nourriture
des animaux, & il eft très-employé dans la médecine
vétérinaire.
Le fon eft généralement du goût de tous les
herbivores; plufieurs en font même très-friands, la
volaille l ’aime beaucoup aufli. Il eft des cantons
où les chevaux, les mulets , les .vaches- 8c les
porcs n’ont pas d’autre nourriture. On le donne
lec ou mouillé , feul ou mêlé, avec l ’avoine,
fuivant les ckconftances. qui. déterminent fon
emploi.
M. Bourgelat dit que le fon forme un aliment
très - rafraîchiffant & d’une très-facile digeftion.
Souvent au lieu de le mêler avec l’âvoine dans
l ’intention de modérer la chaleur qu’elle pourroit
provoquer , on donne l ’ordinaire en grain foir 8c
matin, & on diftribye une mefure de fon à.midi.
Du refte , cette nourriture , feule avec le fourrage,
ne fuffiroit point à l ’entretien des animaux qui
travaillent ; c’eft Une forte de diète à laquelle on
les foumet quand ils font en repos , ou quand leur
fan té êft altérée. Voyez r é g im e .
On fait avec le fon délayé dans l’eau une boiffon
qui eft la tifane ordinaire des animaux fatigues ou
malades. ( Voyez eau blanche.)
11 eft plufieurs efpèces de jon qui font plus
ou moins nutritives , félon la quantité de farine
qui y eft reftde adhérente , & félon la nature des
graines qui le fourniffent ; on lés nomme gros-fon ,
recogpe , récoupette , fo n -g ra s , treffiot , &c.
Celui des amidoniers & des braffeurs eft prefque
généralement employé dans Paris 8c aux environs
pour'nourrir les vaches 8c les porcs ; celui d orge
n’eft que peu ou point nourriffant , il rafraîchit
8c relâche au contraire l’animal.
L e fon eft très-ancienne ment, en v ufage pour
nourrir ou rafraîchir les chevaux , & on le trouve
indiqué par les vétérinaires Grecs & Romains.
Les anciens lui donoient le nom de bran.
Les artiftes vétérinaires qui ont fuivi les effets
du fon comme aliment 8c comme me Ucamehtr,
ont obfervé, i° . que les animaux qui n’avoiënt
pas d’autre nourriture, 8c auxquels ôn la donnoit
à diferétion, étoient fujets aux tranchées, aux
indigefiions, & aux météorifitions\ qu’ils étoient
très-mous & hors d’état de fupporter de grandes
fatigues; z*. que ceux qui, après de rudes travaux,
étoient mis à la diète ^/^/rc/j^téprouvoient quelquefois
une diarrhée putride ®qu’on regarde ordinairement
comme falutaire , & qui n’eft peut-
A L I <8.2 7
ê t r e q u e l ’ e f fe t d e l a m a u v a i f e d ig e f t io n du fon\
3 0. q u ’ i l s’ a c c u m u l o i t d an s l e s r e p l i s d e l ’ in ie f t in
c o i o n 8c d an s l e s f e u i l l e t s d u t r o i f ièm e e f t om a c
d e s rum in a n s , d e m a n iè r e â y fo rm e r d e s m a f f e s a l i m
e n t a i r e s t r è s - d u r e s , in a t t a q u a b l e s à l ’ a & i o n
d es d é i a y a n s , 8c d’ o ù r é f u l t o ie n t d e s m a la d i e s in f lam m
a to i r e s & m o r t e l l e s ; 4 ° . q u e l e s a n im a u x q u i ,
a v e c u n t r a v a i l f a t i g a n t , en f a i f o ie n t f o u v e n t u fa g e ,
d é p é r i f lo ie n t r a p id em e n t , 8c é t o i e n t b i e n t ô t é p u i fe s ;
ç ° . q u e lo r fq u ’ o n l e d o n n o i t m ê l é a v e c l ’ a v o in e
à d e s c h e v a u x v o r a c e s , i l s n e m â c h o i e n t p a s c e t t e
d e r n iè r e & l a r e n d o ie n t e n t i è r e , & fa n s ê t r e d i g é r é e ;
6°. q u e l a g r a i l l e q u i e f t l e p r o d u i t d u f o n ,
é t o i t ja u n â t r e 8c m o l l a f î e ; 7 0. q u e l e s p o r c s , é t o i e n t
fu je t s à la . ladrerie , & l e s p o u l e s à p o n d r e d e s
oeufs hardés ; 8 ° . q u ’iL r e t a r d o i t l a c u r e d e .q u e l q
u e s maladies chroniques, q u ’ i l p r o d u i f o i t d e
m a u v a i s e f fe t s d ans l e farcin, d ans l e s g r a n d e s '
fu p p u r a t i o n s , d an s l a gourme, d ans l e s m a la d i e s
c u ta n é e s d é s e x t r ém i t é s , q u ’ i l f a c i l i t o i t l ’ é v o lu t i o n
d e s v e r s , & c . & c . ; p ° . q u e q u e lq u e s m é d e c in s l e
r e o - a rd o ie n t c om m e d a n g e r e u x d an s l e s é p i z o o t i e s
8c d an s to u t e s l e s m a la d ie s p u t r id e s ; i o ° . en fin
q u ’ i l n ’ é p r o u v o i t q u e p e u o u p o in t d’ a l t e r a t io n
d ans l e c o r p s d e s a n im a u x . I l p a r o î t r o i t p a r
c o n f é q u e n t r é f u l t e r d e c e s o b f e r v a t i o n s q u e - fi
l e fon n’ e f t ' p a s p e r n i c i e u x , i l n’ a p a r lu i -m ê m e
a u c u n e b o n n e q u a l i t é , & q u e l ’ e fp è c e d e r é p u t a t io n
d o n t i l jo u i r n’ e f t d u e q u ’à l a fa r in e q u i l u i e f t
a d h é r e n t e .
I l feroit donc effentiel de fixer les. opinions
fur les bonnes ou mauvaifes qualités d’une fubftanoe
fi généralement employée , & qui a en fa faveur
un long-ufage , le préjugé, & l’intérêt.
Ces confidératiofis ont déterminé la fociété
royale de médecine, d’après le voeu d’une per-
fonne qui 11’a pas voulu fe faire ténnoître , de pro-
pofer un prix de .300 liv fur la queftion fuivante :
Déterminer, par une fuite d’obfervations, quels
font les bons & les mauvais effets qui réfultent
de l ’ufâge des différentes efpèces de fo n , confidéré
comme aliment ou comme médicament dans la
médecine des animaux.
Ce prix ne devant être adjugé que dans la
féance publique de Saint - Louis 175? 1 , nous renvoyons
pour toutes les obfervations recueillies fur
cet objet au mot fon.
D e s prairies artificielles & des herbages.
Les prairies artificielles font celles que l ’on
sème avec la graine d’une, de deux, ou de trois efpèces
de plantes, convenables à la nourriture habituelle
des chevaux & du bétail. Elles nc iubfiftent qu’une
ou quelques années , & elles diffèrent en cela des
prairies naturelles dans lëfquelles la graine de
Il ’herbe une fois femée , fe perpétue & fe molti- plie d’elle-même , & de manière à nôtre point
obligé d’ enfemencer le champ de nouveau.
« I l feroit ,à délirer que l’on examinât avec plus
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