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tiou de la graifïe , mais encore 1’altération de
cette humeur, telle qu’ elle paroît jouer le premier
rôle dans la production de leurs fymp-
tômes.
En effet, fi les perfonnes qui jouiffent d’un grand
embonpoint, fe livrent, pendant les chaleurs, à'un
exercice violent , elles éprouvent dés diarrhées
qui enleventTa graille furabondante. Les dyffen-
teries paroiffent dépendre plus particulièrement
de la tonte de la graiffe par les chaleurs, ou de
(on infeétion, par la contagion qu’elle contracte
avec facilité. Lorry attribue le cholera-morbus à
la pucréfaCtion de la graiffe par les chaleurs violentes
,à la fuite defquelles on obferve cette maladie.
Mead regarde les urines laiteufes & graffes ,
que l’on rend dans le diabètes , comme un ligne
certain de la fonce de la graiffe & de fon amas
fur quelques parties du corps , principalement fur
le foie. Dans les fièvres bilieufes , les-'urines graffes
& huileufes, les évacuations abondantes, les portions
graiffeufes que l ’on y reconnoît, l ’amaigrif-
fement qui leur fuccède, démontrent l ’altération
de la graiffe, fon analogie avec la bile , & l ’influence
réciproque de ces deux humeurs, influence
que prouve encore la jauniffe, dans laquelle tout
le tiifu adipeux paroît affeCté. On reconnoîfra de
même l ’analogie du pus avec là graiffe , fi l ’on
fait attention à ce qui fe paffe dans ces abcès qui
terminent les maladies aiguës. Si le pus efl de
bonne qualité , s’il a iffue au dehors, il fe fait,
une dépuration facile , & la cri’fe efl falutaire ; mais
f l , comme il arrive dans les perfonnes cachectiques ,
ou infeCtées de quelque virus , la fuppuration efl
vicieufe , la matière fejourne dans le tiflu cellulaire,
elle s’étend de proche en proche, elle fond & détruit
toutes les parties, & elle 'réduit lès malades à
l ’ épuifement & au marafme. On feroit même porté à
croire que c’eft la graiffe qui fournit la matière de
la fuppuration , diaprés la maigreur extrême des
malades , après les grandes fuppurations & l’embonpoint
qu ils acquièrent bientôt après. Le lait
paroît aufli avoir une tendance à s’unir avec la
graiffe j i l & avec elle , la décolore , fe
répand dans 'tour le tiflu cellulaire , y féjourne ,
& produit dps tumeurs indolentes ; fi l ’on ne prévient
, par des évacuutions falutaires, les défordres
qui peuvent naître de ce mélange , i l s’altère
promptement, & il fe développe une acidité rance,
propre au lait à la graille , de laquelle résultent
des maladies de la peau , des petits boutons
dont la démangeaifon eft extrême , des croûtes
épaiffes fur toute Fhabitude du corps, ou bien les
tumeurs , indolentes auparavant, fe multiplient,
s’enflamment, & donnent lieu a des fuppurations
abondantes.
9 Outre ces altérations communes à la graiffe &
aux autres humeu rselle paroît être la première
affedée dans, les maladies éruptives qui ont leur
fîége dans le tiflu adipeux. L ’éléphantiafis fur-
Ççut &Ee regardé comme une maladie de cét
A D M
organe : la peau eft héiiflee de croûtes, ou par-
femée irrégulièrement de tumeurs remplies d’une
graiffe verdâtre, ayant une odeur rance. Dans les
écrouelles , tout le tiflu. cellulaire eft farci d’une
graiffe blanche , dure , & prefque friable. Morton
remarque , que chez un grand nombre de phtifiques
qui ont été fcrophuleux dans leur jeuneffe ; on
trouve les glandes, & le tiflu cellulaire qui J es
environne, engorgées d’une matière dure , friable ,
& prefque plâtreufe. Enfin , Boerrhaave croyoit
que le virus vénérien attaquoit principalement la
graiffe : c’eft dans'cette idée que, pour le guérir,
i l croyoit néceffaire de réduire les malades à la
plus extrême maigreur! ( M. DE LA P o r t e .)
A D I P S I A. Ordre tiofologique. Genre 165*
de Sauvages, & ro8e de M. Cullen. On défigne,
par ce ' mot , l ’abfence de la foif. Cette abfençe
eft en général un bien , & ne doit être regardée
comme un mal que dans les cas od l’ordre des
fenfatioris eft troublé : alors elle n’eft que le fymp-
tôme d’une autre maladie. En général, cette affectation
de donner de grands noms à des fymptômes,
eft une méthode vicieufe , que l’on peut reprocher
à tous les nofologilles. Mais cette fcience peut facilement
être débarraffée de ces entraves, & alors elle
deviendra pJus fimple & plus utile. ( V > D.)
A D I P S O S. f. m. Mat. médK Voye1 Réglisse.
[V . D .)
A D M IN IS T R A T IO N DES H O P IT A U X .
Cet article , au premier afpeét, femble moins
appartenir à la Médecine qu’à la partie politique
& légiflative : il eft néanmoins certain que
dans les hôpitaux il n’y a aucun objçt étranger
à l ’art de guérir, & que les lois qui les concernent
, les fonds mêmes deftinés a l ’entretien
de çes établiffemens, font du reffort du Médecin,
qui doit embraffer l ’enfemble des connoiffances &
des rapports qui peuvent concourir à la perfection
dè ce genre ainftîtution.
On peut faire , en effet d’un bon médecin
d’hôpital, un adminiftrateur très-utile , & jamais
on ne ne pourra faire du meilleur adminiftrateur ,
un homme également inftruit dans toutes les parties
effentielles du fervice & de la geftion d’un
hôpital.
L ’adminijlration des hôpitaux comprend, fous
une acception générale , tout ce qui a rapport
à leur entretien, leur régime , & leur fervice , pour
le foulagement des malheureux.
On les claffé fuivant leur deftination & fui-
vant les genres & efpéçes d’individus qui y fout
admis.
Il y a des hôpitaux confacrés aux troupes de
terre, on les appelle hôpitaux militaires ( voyeç
ce mot j ; il y en a pour les gens de mer , on
les nomme hôpitaux de la marine (voye% ce mot) y
il y en a enfin pour les pauvres de toute çfpèce,
qui
A D M
qui retiennent le nom d’hôpitaux civils ou de chanté.
WÊm Hôpitaux civils.
Les hôpitaux militaires & de la marine n’ont
qu’une feule ' deftination, le traitement des malades
, au lieu que les hôpitaux civils font confacrés
à toute efpèce de misères- où d’infirmités':’ils
font divifés en plufieurs claffes ; lavoir ,■ celle des
malades, v q y e { -Hôtels-D ieu ; celle des infirmes
& des vieillards , v ô y é% Hôpitaux généraux.
Il y en a pour les aveugles , pour les
orphelins des deux fexes , pour les enfaus trouvés ,
pour* les incurables , les toux & foliés, les vénériens
| les fcrophuleux , les épileptiques i &c.
Souvent tous les genres de 'maux & de misères
font réunis dans un hôpital général , ou ils forment
plufieurs départe mens."Mais il y a aufli des hôpitaux
particulièrement deftinés à chaque genre-, enfin il
y en a où les pauvres , attaqués de maladies
aiguës, & tous les autres défîgnés ci-deffus , font
admis.
On peut" juger, par cette divifion , qu’il doit
y avoir plufieurs efpèoes , ou , pour mieux dire ,
plufieurs formes- ti-adminiftradon , qu’on peut
néanmoins réduire à deux ; l ’une pour les troupes
de terre & les gens de mer , & l ’autre pour' les
hôpitaux civils.»
Ces deux formes font entièrement différentes-.
Yadminiflration des hôpitaux militaires & de la
marine a pour bafe les ordonnances qui émanent
du département de la guerre & de celui de la.
marine , tant pour le fervice, que pour le régime
& la dépenfe. Tantôt ces hôpitaux font en régie ,
tantôt en entreprife. Les intendans des provinces,
& fous leurs ordres , les commiffaires des guerres,
font à la tête »des hôpitaux militaires ; les; intendans
& les commiffaires; de la marine, à la tête
des hôpitaux confacrés aux gens de mer.
Les uns & les autres chefs font fournis à leurs
miniftres refpe&ifs , & il y a dans chaque département
un premier commis des hôpitaux ,
qui eft chargé de l ’enfemble des bpérationsv &
qui eft en quelque manière leur furintendant : c’eft
lui auquel tous les comptes , tous les rapports
font renvoyés ; c’ eft lui qui préfente à la ùgjga-
ture du miniftre toutes les lettres , tous les ordres,
les brevets, &c. ; c’eft enfin lui qui -a l'influence
la plus grande fur toutes les parties de Yadmi-
nijiration. ’ ' ■ ; ;
m a eu des infpe&eurs de diverfes. efpèces
pour les hôpitaux militaires; favoir , des7,commif-
iaires des guerres , des médecins , & des chirurgiens :
depuis quelque temps , il n’y a plus qu’un médecin
& un chirurgien infpe&eurs titulaires, qui doivent
donner leur avis fur le régime & le fervice ,
fur la capacité des officiers de fanté , & fur les
projets d’amélioration , qui font dans le cas de
taire des infpe étions , lorfque le miniftre l ’ordonne,
& qui font paffifs ,.lorqtfon ne les confulte’ pas.
Souvent, pour les foulager , on nomme desmé-
decitos qui rempli fient leurs fonctions dans les pro-
?Mé DECIME, Tome I.
A D M 19 3]
vînees ; 8c comme la correfpondance avec les médecins
des hôpitaux eft une tâche très-pénible , on
a jugé à propos de la confier , par l ’ordonnance
du 2. mai 1781, à un médecin qui en fût uniquement
occupé.
Ces places d’inCpeéfceurs.. font accordées, pour
l ’ordinaire.; à edesc: officiers, de fanté qui ont une
connoiffance très; approfondie du régime & du fervice
des.hôpitaux.militaires -, par l ’expérience quils
y ont acquife ; & Ues talens particuliers-qu’ils ont
montrés dans cette partie :. mais le premier commis
n’a pas fouventi bèfpin de leur miniftère, parce
quefes rapports avec chaque hôpital font plusfuivis y
plus étendus plus; direéls que ne peuvent 1 être
ceiix des infpe&eurs. ■> f-
A l ’égard des hôpitaux de la marine, qui font
placés dans les ports .du roi & dans nos .colo-?
nies,' ils ont aufli ’ des infpeéteurs , quo.iqu’à dire
vrai l ’infpeétion n’en foit pas très-facile. Le régime
& le fervice de ces hôpitaux font a peu
près les mêmes que dans ceux des troupes de
terre. L ’infpeéleur médecin y remplit , dans notre
continent ,, un fervice: plus ou moins-utile , avec
plus ou moins. d’influence , fuivant les. circonf-
tances. : 1 . .
Dans l ’un & l ’autre département, on diftingue
les .hôpitaux de paix & les hôpitaux de-guerre.
Les premiers font à pofte fixe dans les lieux miles
troupes de terre & les gens de mer réfîdent;
les autres font formés , fuivant le befoin , a
I la portée des armées Voÿe\ Hôpitaux des
ARMÉES.
L ’entretien de tous ces hôpitaux , leurs fournitures
, foit qu’il y ait une régie ou une entre-
prife générale ou particulière , font payés fur les
fonds des départemens auxquels ils appartiennent.
Tout’y eft réglé conformément aux ordonnances qui
les concernent & aux ordres miniftériels. Les cora-
màndans des provinces & des villes, les officiers des
troupes ont le droit d’infpe&ion dans ces maifons.; mais
Yadminijîration réfide dans la perfonne du com-
miffaire départi, auquel on rend compte de tout
ce qui s’ y paffe , &c qui a une correfpondance
direéte fur cette partie avec le miniftre.
On peut juger , par ces détails , que Yadmi-
nifi ration des hôpitaux militaires & de la marine
doit être fujette à. beaucoup de variations ,
& que les ordonnances, les réglemens ^pouvant
changer fuivant le fyftême du jour, il n’y a rien
de bien ftable dans les formes. On ne peut néanmoins
s’empêcher de convenir cgie la règle y
étant uniforme , fuivie , & furveillee conftanmient ,
le fervice en eft exad, & q uil eft à défiler qu’on
s’y conforme , à beaucoup d’égards, dans les hôpitaux
civils , où Ion {oigne les malades.
Il n’y a qu’une feule manière utile pour la
réo-ie d’un hôpital de malades : c’eft elle feule
qu’ il faut fuivre ; & quand on s’aperçoit qu’il y.
a différentes formes pour le fervice & le régime
des hôpitaux de même efpèce , on eft en droit
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