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Vanhelmont ; & auffi-tôt qu’ils voient venir leur
bourreau , ils parlent raifonnablement.
Cette manière de guérir , en changeant directement
l ’idée folle par une fenfation violente ,
excitée à l ’extrémité des nerfs , guérit le jugement
pendant quelques jours : mais les humeurs mélancoliques
, atrabilaires , ou d’une autre nature
vicieufe , reftant les mêmes ; les malades ne tardent
pas à tomber dans les mêmes folies.
On peut voir dans Arétée & Alexandre de Tralles
l ’énumération de plufieurs fortes de délires mélancoliques,
il paroît que la caufe de ces (ymptômes
& de ces délordres de l ’elprit ne procède que de
l ’humeur mélancolique qui réfîde dans les artères
& dans les veines qui font fituées au deffus du
diaphragme , jufqü’aux veines & artères iliaques.
Tant qu’elles ne le débarraffent pas de ce qui leur
eft nuifibîè , elles mettent toujours en défordre les
puiffançès de l ’ame.
Les maîtres d’école donnent des rerules & le
fouet aux petits enfans qui font ftupides & ont
de la ^difficulté à apprendre, mais fans favoir ce
qu’ils font. Ces châtimens font néceffaires chez, les
enfans d’un génie groflier , lourd , que l ’on De
peut > -émouvoir , ni par les louanges, ni. par le
blâme. La douleur des châtimens excite le fen -
forium commune. , qui eft dur & engourdi de
naiflance, & le rend plus délié & plus élaftique,
pour recevoir plus aifément d’autres idées;.les douleurs
répétées feront autant de coups pour Ôter .de
ce tronc rude les épines qui le couvrent,.
Mais fi ceux qui font chargés d’élever la jeu-
nelfe, fe feryoient de la. même méthode pour en-
fèigner les- difcipies qui ont un efprit doux , un \
caradère fenfible qui eft agité à la moindre représentation
, qui eft animé & excité au travail
par les louanges , dont le vifage eft coloré d’un
fang vermeil, dont les yeux annoncent beaucoup
de vivacité : alors, le châtiment fera nuifible , la
crainte, la terreur engourdiront le fenforium commune
, élaftique & délicat.
Enfin cette idée folle qui domine toute les.
paffions de l?ame , fe détruit, par. une angoiffe morte
lle , ou- près de la mort ; ainfi font les furieux ',.
les phrénétiques , les maniaques, les- amans paf-
fionnés /les enthoufiaftes , les foperftitieux , les
hypocondriaques , les hydrophobes. Vanhelmont,
& François Mercure Ton fils ont obfervé que
plufieurs de ces malades, ont 'été guéris en les
plongeant dans l ’eau, & en les y laiffant pendant
quelques fécondés , non que le remede fut 1 eau
mais la frayeur mortelle qui naît de la crainte
de mourir. Avec cette angoiffe , cette idée folle ,.
ce. délire fe détruit , ,pourvu qu’il ne foit pas.de
la‘nature de celui des imbécillës ou des vieillards;
& le fènforiüm commune eft tellement changé ,
que le malade entrevoit les objets avec les ■ cir-
conftânces du paffé & du préfent. Mais la caufe
de cette idée folie refte dans le corps ; il eft
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néceffaire de le changer ,. comme nous avons dit",,
foit par le régime , foit par des rèmèdès continués
pendant plufieurs années. Ce font là les deux
moyens de guérir qui. agiffent dire été me nt fur
l ’efprit; cependant nous voyons clairement qu’aucun
de ces moyens n’eft. fuffifant pour prévenir les
rechutes de ces malades. 11 eft néceffaire de guérir
le vice corporel, qui eft la. caufe ou 1 origine
de cette folie : fi ces humeurs, ces'défordres;
du cerveau viennent des humeurs du corps , quoique
dégénérées, nous pourrons les guérir facilement,
mais on ne les traitera-qu’infrüétueufemenfc
dans la manie'', dans les anciennes mélancolies x
8c autres paffions de l’ame invétérées. Alors les
parties folides font altérées ,. la dure-mère & la
pie-mère font calleufes ou offifiées : on trouve
des pierres, dans la glande pinéale , dans la véhicule
du fiel ;. des skirresdans le cerveau, dans le
pancréas , dans l’inteftin duodénum,. dans le foie,
dans les glandes du méfentère ;, des ftéatomes, des
athexômes , des abcès dans le cerveau , dans la
pie-mère «Sc ia dure-mère , dans Je foie , l ’inteftin
duodénum , le colon ,. le méfentère : on. trouve
même des pierres dans la veine porte..
L e médecin ne peut donner ici que des remèdes
généraux, qui changent la nature de toutes les
humeurs , en les altérant peu. à. peu. Ces remèdes
font la diète végétale „..compofée d’herbes
& de racines, de lait > de fruits murs, de miel,
d’eau pure, 8c du pain..Ce régime , continué longtemps
,. produit une diarrhée ;. toutes les humeurs
font évacuées ,. & i l s’en formé de nouvelles avec
cette diète-.. / . . . • . :;
Qn change auffi" le^ Humeurs par des remèdes
généraux & par les purgatifs. Les anciens préparaient
Srcorps , & le rendoient fluide par la diète végétale
& les bains; ils donnoient enfuite l’ellébore : ce
purgatif, agiffant très-violemment par les vomif-
fem,ens & les felles-,. changeoit toutes les. humeurs.
'
Nous employons aujourd’hui la falïvation dans
les. cas ou i l eft .néceffaire de changer toutes les-
Humeurs, non feulement dans la cure du mal vénérien
, mais auffi dans les maladies ci-deffus décrites.'
Il y a foixante ans qu’a Hambourg . une
dame fut mordue à la. lèvre par un- petit chien
avec lequel elle dormoit ; ce chien en mordit.un
autre, & ne tarda pas à-écutner. On reconnut
qu’il étoit enragé. Le médecin, qui fut appelé
fans aucune préparation , ni aucun autre remède,
fit oindre la malade avec l ’onguent mercuriel ,
comme fi elle avoit été attaquée d’une maladie
vénérienne; elle faliva pendant trente jours, 8c
fut préfervée de la rage. Cette méthode de dbn-
ner la falivatiori & de Trotter de mercure dans
la morfüre d’un chien enragé, a été publiée par
Default, d'ans fa differtation fur la rage ,. imprimée
en I73&Î-
Je penfe qu’on pour toit guérir de cette" manière
plufieurs perfonnes attaquées de manie $£
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d’autres maladies chroniques , dans lefqueîles la
raifon eft bleffée , foit qu’il y ait délire , Toit
qu’il y ait fureur : mais dans ces cas je voudrons
auparavant préparer, le malade, afin de prévenir
tous ,Ies accidens qui peuvent furvenir par la
falivation.
( Cet article a été communiqué 6* traduit
du portugais par M. A w D R Y , après un
manufcrït de feu M. Antoine Nuriès Ribeiro
Sanchês. )
! AFFILÉE I AFFILEZ , ( 1’ ) > LA FILÉE , .
art, vétérinaire» * ;
T e l eft le no,m d’une maladie particulière aux
agneaux, dont on fait mention très-imparfaitement
dans l ’ouvrage intitulé le grand calendrier ou
compoft des bergers % &c. Voici à peu près ce
qu’on en dit.
U affilée eft une maladie qui vient communément
aux agueaux, lorfqu’ils ont goûté le premier
laie de leur mère , quand elle a mis bas, ; . elle eft
périlleufe , 8c les agneaux en meurent fouvent.
Pour la prévenir, le berger doit traire quelques
gouttes du premier lait dé chaque-mamelle, &
le. jeter, afin que l’agnelet n’en goûte; fi la maladie
exifte , le remède confifte à féparer l’agneau
de fa mère , & à lui en faire teter une, autre
pendant quelques jours : on ne trait point pendant
ce temps la brebis ; le lait acquiert de bonnes
qualités, & on peut Remettre alors l ’agneau avec
fa mère. ■
Plufieurs "auteurs, â la tête defquels on- peut
placer Çollumèllê, font d’avis qu’on doit jeter le
premier la it ,des.brebis , qui quelquefois eft très-
iéteux » & d’autres fois reffemble à de la .matière,
parce qu’il peut préjudicier, à l’agneau : mais ce
premier la it , au contraire , en chaffant le méconium
, donne quelquefois au nouveau né une légère
diarrhée, qui ne peut que lui être falutaire.
Cette diarrhée n’eft donc pas la maladie qu’on
appelle l'affilée, puifqu’éUe n’eft point mortelle
/tandis que Vaffilée eft périlleufe , & que les
agneaux en meurent fouvent.
La plupart de$ agneaux qui périffent, dit M.
Daubenton , meurent de faim , ou n’ont eu que de
mauvais lait. Après ■ ces deux caufes , ce qu’il y
a de plus d craindre pour eux , c’eft lorfque le
pis de la mère eft couvert de laine : l ’agneau
faifit cette laine , au lieu du mamelon, ou avec le
mamelon , l’arrache & l ’avale ; elle forme dans
la caillette des pelotes appelées gobbes ,ou æga-
gropiles , qui fouvent bouchent les inteftins, empêchent
le paffage des ali mens , & Font mourir
les agneaux. Le berger prévient cet accident en
tondant la Taine autour du pis. L 3affilée re-
connoît vraifemblablement l’une ou l ’autre de ces
caufes. L ’ignorance dans laquelle lai fie l ’ouvrage
que nous citons , & le filence des autres’ fur cette
maladie & fur fesfymptômes, ne peut qu’accroître le
défir que le public témoigne depuis fi long-temps
if
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de poffddet bientôt les obfervations de M. Dau-
benton fur les maladies de cette portion ti utile
des animaux domeliiques. Voye^ A g n e a u .
(M. H.VZARD.)
A F F I L E R , A F F I L O I R , A IG U IS E R ,
D O N N E R L E F I L , R A IG U I S E R , RE-
G U I S E R , R E P A S S E R , &c. A r t veten-
naire.
Tous ces mots, fignifient, dans 1 art du maréchal
, comme dans la plupart des arts mécaniques
, l ’aftion par laquelle, en frottant la lame
d’un inftrument tranchant, avec un corps plus dur
quelle , on la met en état de couper beaucoup
mieux qu’avant cette efpece de manipulation»
Mais les premières de ces expreffions font parti-
culièremént confacrées , dans l ’art vétérinaire , i
faire entendre la préparation & l ’état dans lefqifels
doivent être les clous avec lefquels on fe propofe
d’affujettir le fer fous le pied de l ’animal, parce
qu’en effet la pointe du clou eft rendue tranchante
par cette opération y & que pour faciliter fon introduction
& fa Tortie dans les parties qu’elle doit
traverfer, on eft obligé de lui donner, pour ainfi
dire , le fil.
Le clou, tel qu’il fort des mains de l ’ouvrier
qui le fabrique y n’eft pas en état de fervir au
maréchal; non feulement, le plus fouvent , l a
lame en eft courbée fur p la t , mais elle eft encore
trop large dans une partie de fa longueur,
& la-v pointe en eft mouffe ou irrégulière. Il faut
donc néceftaixement qu’il foit affilé, pour pouvoir
être broché.
Pour affiler un clou , on le pre'nd par" la tête
avec le pouce & l’index de la main gauche; la
partie de cette tête , qui eft divifée par .une rainure
ou fîllon , regardant 8c appuyant fur l ’index ,
on tient de la main droite le brochoir, 011 îe -
dreffe d’abord la laine fur la petite enclume destinée
à. cet ufage , & nommée affzloir f ou l ’unk
dans toutes fes parties, 8c on lui donne une forme
pyramidale depuis le colet jufqu’à la pointe. On
donne â cette pointe., fur le plat de la lame/
du côté qui- regarde le pouce , un ou deux coups
de-brochoir , en penchant un peu en dehors la
main qui tient cet inftrument , & en baiffânt lé gère
ment celle qui tient le clou , en forte qu’i l
réfulte dans cette pointe , 8c de ce côté feulement,
une efpèce de talus d’environ une ligne , ou x
peu près , de longueur , tandis que l ’autre côté
conferve toujours la direction . de la lame ; &
ç’e ft, à proprement parler, ce talus qui conftitue
l ’affilure
Qu’on rie croye pas au furplus que le choix
du côté de la lame for lequel doit être ce. talus
Toit indifférent, & qu’il le fait lui-même. Ore
eft généralement : convenu , dans l’a<ftio.n de brocher
les clous , que la partie, de la tête , divifée
par un fillon , regarderoit conftammént la !rlve