
• A G N O D I C E . Ecoutons ce que le Clerc
dit de cette femme.
La peine que la plupart des femmes fe font
de découvrir aux médecins certaines maladies fe-
crètes, les a obligées dès long-temps à chercher
d’autres femens à qui elles puflent en faire confidence,
& qui puflent les fbulager. On a voulu
anciennement leur difputer ce droit, SC l’on s’eft
oppofé en quelque lieu à cet établiffement. Une
ancienne loi des athéniens défendoit aux efcla-
ves & aux femmes de fe mêler de la Médecine ,
jufques - là que le métier d’accoucher , qu’ils ju-
geoient dépendant de cet art , ne pouvoit être
exercé que par des hommes. Mais quelques-unes
des dames athéniennes , ayant mieux aimé mourir
que de fouffrir que des hommes les accouchaiïent,
on dit qu’une d’entre elles, nommée A g n o d i c e ,
qui avoit appris l’art d’accoucher d’un nommé Hé-
rophile, s’avifa de fe traveftir pour fecourir les
autres : ce qui ayant été découvert , obligea les
athéniens de faire une autre loi qui permettoit
aux femmes de condition libre d’apprendre la
Médecine,
Ce que nous avons rapporté, d’après le Clerc,
eft un conte ridicule & faux_, qu’on lit à la vérité
dans un ouvrage qui a pour titre : H y g in i f a -
b u la r , &c. . . . Mais cet ouvrage & autres attri--
bués à H y g in u s , ancien grammairien , font de
quelque écrivain du bas empire , qui ne mérite
aucune créance.
L’hiftoire nous apprend que chez les égyptiens,
les juifs , les grecs , les romains , il y avoit des
femmes qui fe vouoient à aider leurs femblables
dans leurs açcoucljemens. La mère du plus célèbre
des philofophes de la Grèce , étoit fàge-
femme. 11 eft abfurde de croire que jamais les grecs
euffent interdit cette fondioli aux femmes, pour
la donner exclusivement aux hommes. On eft fur-
pris que M. le Clerc , çet homme fi judicieux,
ait inféré ce conte dans ion hiftoirp , -6ç plus encore
, que beaucoup d’écrivains l’aient adopté.
J’en excepte pourtant le favant Schulze , qui
l ’a trouvé indigne d’entrer dans foa hiftoire,
( M . Gqulin. )
A G N U S C A S T U S . M a t iè r e médicale*
U a g n u s - e a f tu s , appelé par G. Bauhin v i t e x
f o l i i s a n g u jlio r ib u s c a n n a b is modo d i fp o f i t i s ;
St. par Linneus , v i t e x a g n u s e a f t u s , f o l i i s d ig i-
ï a t i s , fe r r a t is , f p i ç i s v e r t i ç i l la t i s , eft un petit
arbrifleau dont les branches font longues & déliées
, couvertes d’une écorce cendrée ; les feuilles
étroites , pointues , oppofées , difpoféçs comme
celles du chanvre ; les fleurs arrangéees en épis
verticillés ; les baies rondes, grifes, femblables
au poivre. Il croît dans les lieux humides de
l ’Italie , de la Sicile , &c. Linneus place cç
végétal dans la didynamie angiofpermie.
Les feuilles & les fleurs de cet arbrifleau étoient
employées autrefois çomme apéritives, incifives,
dans les obftruétions des vifeères ; mais c’étoit
fur-tout à fes femences , ou plutôt à fes baies,
qffon atlribuoit de grandes vertus. Quoique leur
laveur chaude & aromatique , la quantité d huile
effentielle que Geoffroy en a retirée, indiquent
les propriétés échauffantes & ftimülantes de ces
femences, un grand nombre d’auteurs'ont recommandé
leur ufage pour réprimer i’oigafmè des
parties génitales, & pour conferver la cKaftete,
comme l'on nom l’indique. A la vérité , quelques
autres ont afluré le contraire.
On a employé cette femence en émulfion avec
l’eau de nénuphar , à la dofe d’un demi-gros juf-
qu’à celle de plufieurs gros ; on l ’a recommandée
dans la fuppreflion des règles , les accès hyfteri-
riques & hypochondriaques , dans la gonorrhée
, &c.
Geoffroy a fait remarquer que toutes les
parties, de cette plante , & fur-tout les fruits ,
ne peuvent convenir que dans les maladies produites
par des humeurs vifqueufes & épaiffes, 8c
accompagnées d’inertie. Au refte, on ne fait plus
d’ufage de cette plante ni de fon fruit, Diofco-
ride avoit remarqué anciennement qu’elle affeétoit
la tête ; elle entre dans l’eau hyfterique du codex
de Paris.
La vertu anti-aphrodifiaque de Y a g n u s c a j lu s
étoit célèbre chez les grecs ; Diofcoride , Galien ,
Pline , nous apprennent que les prêtreffes en
faifoient un grand ufage dans les fêtes de Ceres,
Sérapion l ’appeloit le poivre des moines.
Il faut remarquer que l’odeur aromatique &
la faveur chaude des baies d'a g n u s - c a f tu s n’exif-
tent que lorfqu’elles font récentes , &qu elles perdent
leur vertu par la deflïccation. Murray ob-
ferve avec raifon que les prétendues graines de
cette plante font dè vraies baies , comme nous
les avons nommées dans cet article. ( M * D &
FouRCRor. )
A G O N I E . V o y e i Mo h t & M o u r a n t «
( V* D.)
A G O N IS T IQ U E . H y g iè n e .
Partie III. R è g l e s de Vh yg ièn e^
Divifion II. H y g iè n e pr iv é e .
Se dion IL R é g im e g én é ra l.
Ordre V. U fa g e d e s c h o fe s d e la c in q u ièm e
c la f fe . U fa g e d es e x e r c ic e s g ym n a fliq u e s .
U a g o n if t iq u e étoit chez les anciens la fcienctf
des exercices relatifs / aux combats, C’étoit unç
partie de leur g ym n a f t iq u e , art cultivé avectan$
de foin parmi eux.
Ils divifoient la g ym n a ft iq u e en trois ordres^,
relativement au but qu’ils fe propofoient.
L ’une étoit la gymnaftique vraie, g ym n a ft ica ,
Vérd , celle dont le but étoit de conferver la fanté
& la force du corps.
La fécondé étoit la gymnaftique guerrière, gym-
n a f t i c a b e llic a .
L a troifième étoit la gymnaftique athlétique,
gymnaftica athletica, que les romains appeloient
encore gymnaflica vitiofa , à caufe du mépris
qu’ils avoient pour les athlètes , quoiqu’ils encou-
ïageaffent leurs talens par des prix & par des
éloges. C’eft à la gymnaftique athlétique que convient
le nom d’agoniftique , qui s’entend encore
plus particulièrement de la connoiffance des règles
qui s’obfervoient dans les combats. Voye\
G ym n a s t iq u e . (M. H a l l é . )
A G R A F F E. H y g i è n e Voyez In f ib u l a t io n .
[ M . H a l l e . )
AGRA H A L ID . Matière médicale* Plante
d’Egypte & d’Ethiopie, à laquelle Ray donne
le nom fuivant , lycio a jfn is Ægyptiaca. C’eft ,
félon Lemery, un arbre grand comme un poirier
fauvage, peu branehu , épineux , reflembiant au
lycium. L ’agrahalid porte un fruit noir , approchant
de celui de, l ’h ièble, & d’un goût ftyptique
amer. Ses feuilles , aigrelettes & aftringentes,
donnent une décodion qui tue les vers.
A n c i e n n e E n c y c lo p é d ie . S u p p lém . ( V . D . )
A GRAVÉ, AG G RAV É , S’AG RAVE R
E N G RAVE R. M e d . ve'te'r.
Ces termes , employés par tous les cynographes
& les théreuticographes , ne font expliqués par
aucun. Ils laiflent foufentendre la maladie qu’ils
expriment, par la caufe qu’ils lui aflïgnent; ils
ont toujours cru parler à des ledeurs au fait de
ce qu’ils vouloient dire.
U n chien a g r a v é eft celui dont les pieds, fatigués
par une marche longue pendant une grande
féchereffe , ou dans dès terrains fableux , pierreux
, &c. , ou pendant la neige & les glaces,
font devenus douloureux , rouges , enflammés, cre-
vafles, dont la fo ie , ou le deffous dès ergots,
s’eft ufé , aminci, &c. Cette maladie peut être
comparée à l a fo u r b u r e des chevaux , & elle produit
les mêmes effets : il fe forme des cloches
fous la foie du chien comme dans le cheval. Il
fe forme du pus fous cette partie 5 l ’ergot tombe
quelquefois, comme la chiite du fabot peut être,
la fuite de la fourbure , 8cc. Quelques auteurs
,ont défîgné cette maladie par les termes de cre -
vajfes a u x p i e d s , p i e d s é c h a u f fé s , c h ie n s d e f -
f o l é s : les fuites n’en font jamais auftfi dangereufes
pour le chien que la fourbure pour le cheval;
mais elles ne le mettent pas moins hors d’état
de marcher pendant plus ou moins long-temps ,
fi le mal eft confidérable , ou fi on ne fe hâte
pas d’en prévenir les fuites ; & le çh&flepr n’eft
'pas plus fatisfait du repos forcé de fon chien, que
le cavalier de celui de fon cheval.
Lorfque le mal eft léger , la nature a pourvu
le chien d’un baume efficace pour le faire difpa—
roître ; il lèche continuellement fes pattes ; l’inflammation
& la douleur ceflent bientôt, les cre-
vaffes fe deffèchent, & l’animal ne tarde pas à être
guéri. Mais fi les accidéns font agravés, que les
crevaffes foient faignantes, ou laiflent échapper
une1 férofité qui annonce toujours l ’inflammation ;
que la chaleur & la douleur foient exceffives ,
fur-tout après les premiers inftans de repos ; que
le chien ne puifle le tenir debout, crie & fe plaigne
en tenant les pattes en l ’air & écartées, le
lechement feroit infuffifant, & il faut avoir recours
à des remèdes plus aélifs. Ils font encore
abfolument les mêmes que ceux que l ’on emploie
pour la fourbure des chevaux ; comme eux, ils
varient félon les auteurs qui les preferivent ; mais
ils font toujours tirés les uns &, les autres des
reftriétifs & des rafraîchiflans. Nous allons indiquer
les principaux.
Prenez douze jaunes d’oeufs , délayez - les] dans
quatre onces de jus ou de décoétion de pilôfelle ÿ
ou dans la même quantité de jus ou de décoâion
de pommes de grenade dans le vinaigre, ou enfin
dans du vinaigre pur ; vous y ajouterez quelques
pincées de fuie en poudre très-fine ; vous mêlerez
bien cette efpèce de liniment, vous en frotterez
les pieds du chien , & les envelopperez avec
du linge ; ils ne tarderont pas à être guéris.
D u FouiUotix a preferit ce remède il y a plus
de deux fiècles , & il a été copié par tous
ceux qui l ’ont fiiivi , fans être cité une feule
fois.
M. de C h am p g ra n d ■ en indique un autre. Pilez
un oignon blanc dans un mortier , 'avec une pincée
de- fel 8c de fuie , & exprimez ce jus fur
les çrevafT es. après les avoir lavées avec du vin
chaud.
M. le Vîrrier de la Couteriè preferit le fuivant.
Prenez de l ’huile de tartre , & appliquez-
en deflus & deffous les pieds, particulièrement autour
des doigts & autour des ongles ; le lendemain
l’animal fera guéri. ï l dit auflî que fi on
veut empêcher le chien d’arracher avec les dents le
linge avec lequel on lui aura enveloppé le pied
agravé, il faut le barbouiller d’huile de tartre,
& qu’il n’y touchera pas.
Enfin MM. D e fg r a v ie r s fubftituent les blancs
d’oeufs aux jaunes , & mettent ce mélange dans
un p ot, dans lequel ils trempent les pattes du
chien.
Si au furplus la fatigue, l ’inflammation, & la
douleur faifoient craindre la fièvre , il feroit
prudent de faire précéder l ’application de ces.
remèdes par la faignée , & de meute le çhieà
au régime» ( V* D, & JE)