
on leur en donnoit à difcrétion , ils en feroient
incommpdés. Elle contient beaucoup d’air furabon-
dant & de végétation , qui, venant à le dégager dans
l ’eftomac, pourroit donner lieu à des météonfcitions.
Si au contraire on leur en donne modérément, elle
leur tient le ventre libre & même les purge doucement
; l’animal prend des forces, & l ’on eft pref-
que affuré qu’il (apportera les gxoffes chaleurs de
lé té fans en être incommodé.
L e temps de couper cette paille eft marqué par
la fleuraifon ; dès qu’elle celle, il faut l ’abattre.
I l feroit mieux encore dé ne couper chaque jour
que celle que les animaux peuvent confommer. On
ne doit pas la leur donner aulfi-tôt fon arrivée des
champs , i l faut vin peu la laifler flétrir & diflïper la
rofée, ou une partie de fon eau de végétation, qui
pourroit donner le dévoiement. La quantité à donner
fe règle fur le volume de l ’animal, fur fon
appétit, fur fon travail habituel, & c ., &c.
i° . Celle coupée en verd & féchée ne diffère
de la précédente que par cette dernière opération ;
on la nomme foin-paille ou foin-avoine. Elle
offre une reffource très-précieufe aux provinces méridionales
qui manquent de fourrages naturels , &
vaut fouvent mieux que le foin ordinaire, qui eft
prefque toujours coupé trop tard. Un particulier ,
en \7 7 9 i avoit formé le projette fournir du fo in-
avoine aux chevaux de la capitale ; mais malgré
un prolpedtus très-détaillé, & dans lequel cet aliment
écoit regardé comme unique & capable de
préferver les animaux de toute efpèce de maladies,
cette entreprife a eu le fort d.e celles dont nous
avons parlé pour la paille hachée.
5°. La paille d’avoine proprement dite, c’eft-
à-dire, féchée & féparée de fon grain, n’eft point
aufli nourriffante que les précédentes. Cependant
les boeufs la préfèrent a toutes les autres, 8c les
chevaux la mangent avec plaifir : elle entretient
dans les uns & dans les autres une chair ferme,
une refpiration libre y & une bonne aâivité.
D e la paille de feigle & d’orge.
Les pailles de feigle & dorge ne font que peu
ou point employées pour la nourriture des chevaux
; on les livre aux beftiaux pendant l ’hiver :
les vaches -mangent bien celle de feigle, & elle
leur donne beaucoup de lait, lorfqu’elle eft coupée
en verd comme l ’avoiue » ce que l ’on peut répéter
jufqu’à trois fois, lorfque l ’année eft pluvieufe.
Celle d*orge, féchée, eft la moins bonne de toutes ;
mais donnée en vert au printemps , elle eft d’un
ufàge très-fréquent, fur-tout dans Paris & aux environs
, pour les jeunes chevaux & pour ceux qui
ont effuyé quelques maladies longues, chroniques
, &c. On la donne pendant un mois ou fix
femaines , & avant qu’elle ait épié ; quand l’épi eft
ford du fourreau, elle provoque la fourbure, ainfi
que nous l’avons déjà précédemment obfervé. Quelques
jours après l ’ufage de cette nourriture, l ’animal
eft dopieufèment purgé ; peu à peu l’évacuation
celle , il engrailfe, fon poil devient plus vif , SQ
ces lignes font, avec un flux très-abondant d’urine, la
preuve la plus certaine de Tefficacicé de l ’aliment.
Comme i l eft plutôt médicamenteux qu’alimentaire,
nous en parlerons, beaucoup plus en détail au mot
v e j r t - d ’ o r g e . On donne encore cette paille en
verd aux âneffes dont le lait eft employé pour des
malades.
f ) e Vavoine,
U avoine ( avena fa t iv a ) eft une plante graminée,
dont le grain tait la principale parlie de la
nourriture du cheval ; elle lui donne de la force
de la vigueur, le tient en haleine & difpos poulie
travail. La meilleure, eft celle qui eft noire
ou brune, pefante à ia main, sèche, luifante , bien
nourrie , & non mélangée de mauvaifes graines qu y
dépofent certaines plantes, telles que celles de colfa
(braffîca arvenfis ) ^ de coquelicot ‘papaver rheas)
des pjillium ,de caidamine ( cardamina pratenfis),
de percepierre pavanes arvenjis) , de féne'vé ( fi-
napis arvenfis ) , d’orobanches, de nielle ( nigella
arvenfis ) , qui dégoûtent inévitablement l'animal.
Celle qui n’eft pas parvenue à fon dégré de maturité,
eft aqueiïïe, flatueufe, peu noutrilfante. On
doit encore faire attention qu’elle n’ait pas fou£-
fert d’altération dans le champ ou dans le grenier;,
dans le champ, fi , après avoir été fauchée ou abattue
, elle a fouffert une pluie abondante 8c de longue
durée , de façon qu’elle foit en partie pourrie 8c
en partie germée; dans le grenier , fi, par la négligence
qu’on a eue de la remuer, elle a fermenté
& s’eft échauffée ; car dès lors fes principes fe
développent & fe décompofent ; elle devient
acide, rance, fétide, & elle tombe dans une efpèce
de putréfaction capable de donner aux chevaux, s’ils
la mangeoient, toutes les maladies qui font le pro-
duit d’une nourriture corrompue.
M. Duhamel du Monceau obferve, dans fes
élémens dagriculture, que les chevaux délicats ne
veulent pas manger l ’avoine qu’on a recueillie
dans les champs qui ont été fumés avec l’engrais
provenant de la vidange des latrines. Il ne faut
fouvent pas chercher ailleurs, ainfi que dans le
changement de foin -Jorit nous avons parlé ci-devant
, la caufe du dégoût dont certains chevaux
font affe&és. ( Voye\ d é g o û t . )
Quelque ordinaires que foient les bons effets de
13avoine, elle nuit à des chevaux malades, à des
chevaux échauffés ^ la quantité en feroit préjudiciable
à des chevaux trop jeunes., à des chevaux
ardens & colères, dont il eft' toujours dangereux
d’agiter puiffammcnt les liqueurs', & qu’il faut au
contraire tempérer, en mélangeant le grain qu’on
leur donne avec du fon de froment, ou bien avec
de l ’orge gruée, s’il s’agit non feulement de calmer
mais de foutenir l ’animal. I l eft inutile de
lui en donner lorfqu’i l ne travaille pas ; i l convient
au
au moins alors d’en diminuer la quantité , parce
qu’il peut donner lieu à la fourbure.
Toutes les fois que le palefrenier donnera 1 ’a-
voine, il aura* l ’attention de la cribler ou de la
yaner, afin de la purger de tous les corps inutiles ou
étrangers. Le crible ou le van en féparent lur - tout
une pouflîère line 8c une efpèce de duvet qui picote
& s’attache au goder des animaux. Il n’eft pas
moins important d’en ôter les petites -pierres & les
grains de table qu’elle contient fouvent, & qui ,
avales entiers ou broyés par la maftication , forment
le noyau çu la fubftance de ces béfoàrds ,
qui , dans le cheval fur-tout, acquièrent quelquefois
u11 volume énorme , & fit il lient toujours par
entraîner la, perte de ces animaux.
En examinant les excrémens d’un grand nombre
de chevaux, : on retrouve l ’avoine'entière, & dans
toute fon intégrité; elle eft feulement gonflée par.
Th u mi dite, 8c a une forte propenfion à germer ,
pour peu que les circonfiances le permettent. C’eft
principalement dans les chevaux ard ensqui mangent
beaucoup de ce grain ; qui travaillent fortement
comme les chevaux de remife & de fiacre ;
qui mangent avidement, & qui, pour me fervir de
l ’expre/lioh ufitée, boivent Vavoine, qu’on obferve
ce grain entier. Les excrcmens des animaux rurni-
nans n’en préfentent point, parce que, s’il a échappé
a la première maftication, ils fe broient exactement
lors de la rumination. Ce qui -prouve combien
ce grain, trouvé dans les excrémcns, eft peu
altéré & a peu perdu de fes qualités alimentaires,
c’eft l ’avidité des poules & des oifeaux à le chercher
pour s’en nourrir. Il a donc été inutile à la
fubfiftànce de l ’animal qui Ta ainfi avalé, & n’a
.puNqu$ fatiguer en pure perte les organesdigeftifs;
-•aufil l^s chevaux qui boivent l ’avoine, quoiqu’or-
dinairè ment ardens , ont toujours p eu ' de corps y
font efflanqués 8c fe vident fouvent.
Ces obferv-ations faîtes en différens endroits,
avoient donné lieu à la publication de plufieurs
méthodes de préparer Vavoine, qu’on fuppofoit
‘ toutes propres à remédier à l ’inconvénient dont
i l s’agit.
Les uns ont propofé de faire moudre ce gfain,
d’en former une efpèce de gruau, & de le donner
ainfi aux animaux (i) ; les autres ont prétendu
qu’il falloit le convertir en pain (a).; enfin quelques
uns ont . indiqué de le faire macérer • dans
l ’eau pendant quelques heures avant de le leur donner
à manget ($}. Mais les premiers n’ont pas fait
attention que la digeftion de. / avoine, devenue
trop facile par la mouture & par la panification,
ne formoit pas une nourriture alfez fplide & àffez
économique pour des animaux qui fatiguent beaucoup
, & dont l ’eftomac doit être fuffifamment lefté ;
les féconds, en lui donnant une humidité qui lui
(i) M. l’abbe Jacqitin , ^Mercure de France y août 1775.
(z) Ga\ette dyAgriculture , 177S , gage 6zz.
(3) Journal de P a r is , année 1777.
M é d e c in e . Tome l .
eft étrangère , & qui l ’empêche d’être imprégné,
lors de Ja maftication, de toute la falive qui lui
eft néceffaire pour fa parfaite digeftion, n en for-
moient plus qu’un aliment .lourd, relâchant, venteux
„ & propre à furcharger i ’eftômac; aufli pref-
que tous les chevaux auxquels, on adonné l ’avoine
macérée y font devenus .mous, foibles^ ont été attaqués
de tranchées 8c de diarrhée , 8c ont rapidement
dépéri. La première de ces méthodes con-
viendroit feulement aux vieux cheyaux , dans lef-
quels la maftication s’exécute lentement & difficilement
, & à ceux qui la mangent avec voracité
& fans la mâcher. Le pain d’avoine eft employé
-plus fréquemment pour la ■ npurrhure des chiens
dé chalfe.
Dans les pays à blé , comme dans la Beaucc
par exemple , les fermiers mêlent à V-avoine des
chevaux une certaine quantité de’ baies de froment
ou menue s-p ailles , & ils donnent celles d’avoine
aux vaches , foit pures , foit bouillies avec du fon,
pour qu’elles y trouvent plus de goût & en
manoent davantage. Ces b iles, ne contenant que
•peu ou point de fubftances nutritives , forment, en
général une mauvife nourriture , & leur emploi
eft plutôt économique qu’alimentaire , le but
principal des fermiers étant de :les faire confommer
pour lés convertir en engrais.
On nourrit toutes Portes de volailles & les
cochons avec ce ' grain.. Il rend le lard doux &
,d’un goût excellent. Si.on a l ’attention de donner
aux cochons un peu de pois à la fin- de ce régime
•avant que de les tuer, le lard en eft plus ferme.
L ’avoine augmente co n fidérab Le ment, le lait des
Vaches & des brebis, & il en eft plus gras Les
Efpagnols penfent qu’il feroit plus fage de donner
l ’orge "aux bêtes j &. de garder Xavoine pour
Thomme.
II eft encore d’autres fromeatacées en ufage pour
la nourriture des animaux, & qui dans certains cantons
remplacent avantageufement l’avoine ; tels font
l’o rge, le froment & le feigle.
De l ’orge.
Le grain d’orge ( hordeum vulgare)^ qui eft
pur , compadf , pelant & plein, eft celui qu’on doit
préférer. Il faut le rejeter s’il eft ridé* fpongieux,
léger & petit; n’en faire ufage que long-temps
après la moiflon , & avoir l ’attention de le faire
concafler quelque temps auparavant de le donner,
afin que la vifeofite q.u’il contient ait le temps
de s’atténuer.ou de s’évaporer,' & que la digeftion
en foit plus facile. Les Elpagpols , les Maroquins ,
les Arabes, & la plupart des habitansdeTAfrique,
en font, pour ainfi dire, le principal aliment de
leurs chevaux. Sans donte que ce grain eft plus
nutritif d^ns les climats chauds qu’en France,
fur-tout dans les provinces feptenrrionales, où on
le regarde comme un peu indigefte. Une perfonnff
qui -, ne voulant admettre aucune diftiinftion reia-\
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