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4e l ’accroiffement. Cette époque de la vîe , qui
arrive chez, les uns plutôt , & chez les autres
plus tard , mérite la plus grande attention.
I l réfoile des recherches de Clifton Wintrin-
gham le jeune, que la proportion de denfité &
de force entre les artères & les veines, varie félon
les diiferens âges. Dans l’enfance & même dans
l ’adolefcence , les veines (ont plus denfes & plus
fortes que les artères ; au lieu que dans un âge
plus avancé , ou plutôt iorfqiie Phomme eft parvenu
à l ’âge de confiftance, ce font au contraire
les artères qui font plus fermes & plus compactes.
Dans le premier cas , les artères cèdent plutôt à
l ’impulfion des humeurs, en offrant moins de réfif
tance. Dans le fécond , la moindre réfiftance vient
des veines. On peut déduire de ces différens états
la théorie des hémorragies {voye\ ce moi).Dans
la jeuneffe, le fang s’accumule dans les artères ;
i l y eft pouffé' avec violence, tant à caufe de
l ’aétion énergique du coeur qu’à caufe de la réfiftance
des veines : alors fi quelques caufes excitantes
externes fe joignent à la aifpofition particulière
des organes, la congeftion fànguine a lieu,
& l’hémorragie furvient par le nez chez les
adolefcens , & enfuite par les poumons , lorfque
la réfiftance des vaiffeaux pulmonaires eft moindre
que celle des vaiffeaux de la tête. Les faigne-r
mens de nez arrivent fur - tout depuis Y âge de
quinze ans jufqu’à dix-huit ou vingt. Ils commencent
dès que la tête a pris tout fon açcroiffemeqt,
& que les. vaiffeaux de cette partie ne peuvent
plus ni s’alonger ' ni fe dilater. Or l’obferva-
tion a prouvé que de tontes les parties du corps
c’était la tête qui ceffoit la première de croître ;
que cela arrivoit à peu près à cette époque.
Mais quand, le corps a achevé de prendre tout
l'on accroiffeinent, i l n’y a plus de raifon pour
que l ’hémorragie ait plutôt lieu à la tête qu’ail-
leurs : les veines ayant alors encore plus de dénoté
que les artères ., & en conféquence offrant plus
de réfiftance , le fang doit s’accumuler où naturellement
il coule avec plus d’abondance & de
vélocité, & où d’ailleurs le tiffu flexible des organes
favorife cette accumulation. On voit au
premier coup - d’oeil qüe le poumon eft le vifi-
cère le plus propre à cette pléthore' a<ftive.
Depuis dix - huit jufqu’à trçnte-cinq ans , fi ce vif-
«ère eft originairement foible , n la diftribution
égale du fang par-tout le corps vient à être dérangée
, l’hémophthifie ne n^anquera pas d’arriver,
en conféquence de la révolution qui s’eft faite
dans l ’économie animale. ( P^oye^ H émo phth i-
Sie . )
On comprendra facilement, par ce que nous
yenons de dire, quels font les dérangemens de
la fonte les plus communs dans le temps de l ’accroiffement.
Outre l’hèmophthifie, les jeunes gens
font fujets à des apoplexies fanguirîes , à des fièvres
violentes , & aux inflammations ; les perfonnes du
ièxe n’éprouvent pas les mêmes hémorragies que les
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hommes, parce qu’i l s’en établit une périodique chez
elles, qui prévient les autres , toutes les fois qu’elle
arrive régulièrement. L ’éruption des règles , qui,
dans ce climat, fe fait depuis quatorze jufqu’à dîx-
huit ans, eft l ’effet d’une pléthore particulière,
laquelle a fon principe dans l ’organifation propre
à la femme : mais fi le fexe eft exempt des
hémorragies arrives , il acquiert à cette époque
une mobilité nerveufe qu’on attribue fur - tout1 à
une difpofition organique des parties génitales,
& qui le rend très-fufceptible de l ’hyuéricifme*
( Voye"[ ce mot.)
L ’âge viril ou de confiftance eft celui où
l ’homme eft le moins fujet aux maladies relatives
aux changemens qui arrivent dans l ’économie animale.
Tant que les forces fe foutienuent & font éga-^
lement diftribuées , nul dérangement n’a lieu que
par des çaufes accidentelles ; l ’efprit & le corps
jouiffent de toutes leurs, facultés ; l ’homme foge ,
qui n’a point abufé de là jeuneffe , jouit de* la
plénitude de la vie par une fanté ferme & confinante
, & il peut en jouir quelque temps ii
l’inclémence des faifons , des exercices trop vio-
lens , des pallions trop fortes, la misère & la débauche
ne viennent rompre l’équilibre , & n’amènent
avant le temps Y âge du déclin ou de la
vieilleffe.
La plupart des maladies ou des difpofîtions
aux maladies changent dans Y âge du déclin y la
réa&ion des forces médicatrices étant moindre
d’une part, & de l’autre les folides étant moins
fouples , moins élaftiques , les humeurs- plus
épaiffes , & les veines plus dilatées ; les hémorragies
actives n’ont plus lieu. Elles font remplacées
par les congeftions fonguines , que les anciens
connoiffoient bien, & qu’ils déftgnoient par
les termes de f lu x variqueux. De cette difpbfi-
tion morbifique particulière , naiffent, i° . le crachement
de fang variqueux \ z°. L’apoplexie,
qu’on pourroit appeler veineufe ou variquenfey
2°. Les congeftions de fang dans les vaiffeaux de
la veine porte & des antres veines du bas ventre 3
4®. le flux hémorroïdal; le vomiffement de
fang noirâtre, ou Yileos hæmatites d.’ Hippocrate $
6°. le piffement de fang par l’effet des congeftions
variqueufes des reins & de la vefîle ; j ° . les
varices des extrémités inférieures ; 8°. enfin les
perles de fang chez les femmes lors de la cefi*
fation de leurs règles*
T e l eft l’effet de la diminution des, forces fur
le fyftême fonguin.
L ’affoibliffement, confidéré dans . tout le fy f tême
des folides vivans , & combiné avec une
diathèfe particulière , dont la nature n’eft pas
encore connue , produit la goutte , l’afthme,
le calcul , & les dartres ; maladies qu’on
pourroit regarder , dans le déclin de Yage ,
comme étant de la même famille. Mais indépendamment
de cet affoibliffemeat général , il y en
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a un particulier à chaque vifcère , & qui eft
plus ou moins marqué , relativement aux forces
innées ou radicales , 8c aux forces acquifes de
tel ou tel vifcère. Par exemple , chez les uns
les poumons font foibles & fans reffort de bonne
heure ; de là les catarrhes, les difficultés de ref-
pirer, &c. ; chezkTes autres, c’eft i ’eftomac qui
s’affoiblit le premier : de là les indigeftions, ou
tout ce qui en réfulte.
Dans les organes des fecrétions, ou le fyftême
glandulaire , i’affoibliffement produit des effets
particuliers ,tels que la diminution des fecrétions &
des excrétions , l ’engorgement des glandes : & fi les
fecrétions continuent , & que les excrétions ne
foient pas proportionnelles, alors les humeurs
s’altèrènt. , engorgent l’organe fecrétoire, ou refluent
fur des vifeères foibles & fans reffort ; ou,
fi les vaiffeaux abforbans n’ont plus d’aâion ,
l ’humeur de la tranfpiration externe ( Hoye-[
T ran sp ir a t io n & E xh a la t io n . ) s’épanche &
s’amaffe dans le tiffu cellulaire. De là' les enflures
édëmateufes & les hydropifies.
Enfin , à mefure que Y âge avance, - les organes
, qui font continuellement en aétion, fe dur-
ciffent, fe racorniffent, s’offifient. Tels font les
troncs des gros vaiffeaux fanguins & les oreillettes
du coeur. Les fens perdent chaque jour de leur
vivacité; l ’oeil ceffe de voir, l ’oreille d’entendre.
Les forces de la vie diminuent fans ceffe, & ne
fe réparent plus : l’homme ceffe d’être , parce
qu’il a exifté pendant long-temps. Depuis le moment
où les forces commencent à diminuer, jufqu’à
celui où elles font abfolument détruites , le
vieillard qui n’éprouve aucune maladie venant
de caufes accidentelles , marche par une dégradation
prefque infenfîble vers le terme fatal de fes
jours.
Les aphorifmes d’Hippocrate fur les maladies
des âges vont nous fournir la récapitulation de
tout ce que nous venons d’expofer fur l ’biftoire
de ces maladies.
Aux petits enfans nouvellement nés , il furvient
des ulcères à la bouche, des vomiffemens,
la toux , des frayeurs , des inflammations du
nombril , & des humidités d’oreilles. ( Secï. iij 9
jLphor. 24. )
Quand ils commencent à pouffer leurs dents ,
Ils ont des démangeaifons aux gencives , des fièvres,
des convulfions , des flux de ventre, fur tout
quand les dents canines fortent. Toutes ces maladies
arrivent principalement aux enfans qui font
gras & charnus, & qui ont le .ventre refferré.
( aphor. 25.)
Quand ils font un peu plus grands, ils font
fujets aux gonflemens inflammatoires des glandes
de la gorge, aux gibbofités de la colonne vertébrale
, aux afthmes , aux vers , aux calculs, aux
oreillons, aux démangeaifons des parties génitales ,
aux écrouelles , & à dautres tumeurs dont on a déjà
parlé.. ( aphor. 16 .)
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Quand ils font encore plus grands, & qu'ils
approchent de Yâge de, puberté , ils font fujets à
piufieurs maladies de Yâge précédent, mais principalement
à de longues fièvres & à des faigne-
mens de nez. (aphor. 27.)
Piufieurs maladies fe terminent chez les enfans,
les unes en quarante jours, les. autres en fçpt
mois , les autres en fept ans, & les autres quand
ils approchent de Yâge de puberté ; mais celles
qui durent plus long-temps 8c qui ne fe terminent
point quand ils approchent de Yâge de puberté
, & aux filles iorfqu’ellès commencent à
être réglées, vieiliiffent avec eux. ( aphor. 28.)
Aux jeunes gens il furvient des crachemens de
fang, des jphthifies, des fièvres aiguës, des épilep-
fies, & d'autres maladies ; mais fur-tout celles
dont nous venons de parler. ( aphor. 25».)
Ceux qui ont paffé cet âge, font fujets à des
afthmes, des pleuréfies, des fluxions de poitrine -
des léthargies, des phrénéfies, des fièvres ardentes-
de longs flux de ventre , des choiera morbus ,
des lienteries, des dyffenteries, & des hémorroïdes.
[aphor. 30. )
Aux vieillards ils furvient des difficultés de ref-
pirer, des fluxions avec toux , des ftranguries, des
dyfuriesdes douleurs de jointures , des maux de
reins, des cachexies, des démangeaifons de tout
le corps, des infomnies, des fluxions féreufès fur
les yeux, fur le nez, &,furles inteftins, desaffoi^
bliffemens de la vue , des catara&es , des glaucomes
& des duretés d’oreille, {aphor. 31.)
I l nous ïefte , pour terminer cet article, à ex-
pofer les. principes généraux de la méthode de
traiter les maladies des âges. On trouvera les détails
du traitement particulier aux articles de chaque
maladie.
Il j a deux méthodes de traiter les maladies
des âges, l ’une préfervative, & l ’autre curative t
c’eft fur-tout de la première dont il doit être
queftion dans cet article , & e’eft auffi la plus
siîre & la plus facile à mettre en exécution. Quand
à la dernière , nous nous bornerons à en expofer
feulement les principes généraux.
Prévénir une maladie ou en préfcrver, c’eft
éloigner le s caufes de cette maladie, ou empêcher
leur aétion fur l’économie animale par confé-
quent la méthode préfervative confifte en deux
points ; le premier a rapport aux caufes , & l e
fécond au corps humain „ for lequel ces caufes
agiffent
Chez les enfans, le tiffu des folides eft plus
lâche, les nerfs font plus fenfibies-, la fibre muf-
culaire plus irritable , les humeurs lymphatiques
plus abondantes & plus difpofées à l ’épaiffiffe-
ment ; il faut par conféquent empêcher que ces
chofes ne foient portées à un degré plus orand
que celui qui eft propre à l ’état de fanté particulier
à cet âge. Un, air humide , un logement
peu fpacieux & dans Lequel l ’air ne fe &renou-
velie pas facilement , un f o l . marécageux * de
H