
i l porte fon a&ion- fur les reins , & excite l'écou»
lement de l ’urine ; loin d’affoiblir , il foutient les
forces > il ranime le jeu des organes de la digestion
; & telle doit être en général la température
de toutes les boitions domeftiques & des remèdes
de précaution. Cette modification de J a température
a encore un grand avantage dans l ’admi-
niftration de toutes les fubftances odorantes .& volatiles,
dont les principes aétifs , au lieu de s’ér
chapper & de fe diffiper par la chaleur, font au
contraire fixés & coërcés par le froid.
Enfin une température très-froide, comme celle
qui ett exprimée par les degrés au-de {fous de æro
du thermomètre de Réaumur , porte avec elle ,
dans- tous les médicameus qui en jouiffent , une
action vive , ftimulante , pénétrante , tonique. Un
grand nombre de faits a démontré que le froid
avoit aufli la propriété de calmer les. accès nerveux
, les douleurs , les fpafmes, les convulfions,
& qu’il pouvoit être regardé comme aftiingënt.
C ’eft en raifon de fes propriétés, que l ’eau, dans
l ’état de glace , eft un médicament fort différent, de
l ’eau ffiaiche St fluide , de l ’eau tiède , de l ’eau
chaude, de l ’eau bouillante, de l ’eau en vapeurs,
&c. ; & l’on conçoit, d’après cela, pourquoi piu-
jfieurs grands médecinstels qu’Hoffmann, Boer-
raave, & c ., ont regardé cet . élément comme un
des plus puiffans agens pour la guérifon des maladies
, •& celui dé tous qui fe rapproche le plus
d’un remède univerfel.
I l eft facile d’apprécier , par c,es notions, l ’influence
de la température fur les effets des mé-
dicamens , & de concevoir , ; i° . que le médecin
doit toujours y ;faire attention dans leur,adminif-
tration ; z°. qu’il peut en tirer le plus grand parti,
fuivant les indications qu’il fe propofe de remplir
; 30. qu’e lle lui fournit un. moyen de cal-
; mer , d’augmenter, ou de modifier les vertus des
remèdes , en les prefcrivant dans^ tel ou tel degré
de froid ou de chaleur.
V , J)e la faveur confidérée comme caufe de
propriétés tnédicamejiteufes»
L a fenfation que les différens corps naturels
excitçnt fur la langue , & qu’on défigne fous le
nom de faveur , eft le réfultat du contaéf & de
l 'action de leurs molécules fur les organes nerveux
deftinés à la percevoir. Le principal but qui
paroît lui avoir été afligné par la nature , c’ eft
d’avertir les animaux des qualités utiles ou nuifi-
bles des fubftances qui les environnent. Quoiqu’elle
puiffe tromper dans quelque cas, & que plufieurs
matières vénéneufes aient une faveur, finon agréa?
ble, au moins fupportable, & quelquefois même
fufceptible de plaire à certains individus, il n’eft
pas moins vrai, qu’en général cette propriété eft
capable d’éclairer fur les qualités des corps ,- en
invitant les animaux à prendre ceux qui flattenf
J,eur goû t, & à rejeter ceux qui annoncent, par
rimpreffton plus ou moins défagréàble qu’ils excitent,
les mauvais effets dont leur ufage pourroifc
être fuivi.
Les plus anciens médecins , à la tête defquels
on peut ranger Hippocrate, Galien , Aéluarius,
'Aetius, & c ,, ont penl'é, avec raifon ,. que la far
veur étoit une des principales caufçs de Yaétion
des médicamens , St qu’elle pouvoit feryir à taire
reconnoître leurs vertus. Sans prétendre afligner ici
la caufe de la divérfité des faveurs, fans imaginer ,
avec ÿPillis , une forme particulière dans les molécules
de chaque corps lapide , il eft cependant
vraifembiable que c’eft à la configuration des dernières
particules que paroît être due la différence
des i.upreflions que toutes les fubftances font éprouver
à l’organe du goût. Il eft beaucoup plus utile ,
pour les ' médecins, Je connoître la manière dont
chaque faveur agit fur l ’économie animale , que
de rechercher la raifon de la fenfation elle-même.
Il paroît, d’après un grand nombre d’obfervations,
que les corps fupides ne font "naître en général
une affeétion dans le fenforium commune, qu’en
raifon de ia tendance qu’ils ont à fe combiner
avec nos organes, & que la faveur n’ eft que le
réfultat de cette combinaifon. même. C’eft ce qu’on
Concevra facilement, en confidérant ce qui fe paffe
dans l ’action du corps le plus fapide poffible, &
que l ’on connoît fous le nom de cauftique : en
effet, un cauftique n’eft tel , que parce qu’il fe
eombine avec une très-grande énergie & beaucoup
de promptitude à la peau fur laquelle on l ’applique
; aufli, quand il a produit fon effet, il a
perdu fa vigueur & fon activité , il n’eft plus fufceptible
de cautérifer une fécondé fois ; fa tendance
à 1a combinaifon, fa force d’affinité devient nulle
par l ’aâe même de fon union avec un principe de
la peau; & o’eft en diflolvant, en déforganifant,
qu’il exerce fa puiflance. Pour les hommes qui ne
font point accoutumés à réfléchir, il doit fe pré-
fenter ici une énorme différence entre la faveur
limpl,e , douce, & agréable des corps fucrés, des
fels favonneux, St la fenfation terrible ou brûlante
d’un cauitique. Cependant , plus on réfléchit fur
cette matière, & plus on s’affermit dans Vidée ,
que les faveurs les plus agréables ne font que les
premiers degrés de la faveur la plus forte & la plus
infupportable. En effet, concentrez les corps dont
la laveur réveille agréablement la fenfibilité , les
forces , & l ’âppétit, tels , par exemple., que le
v in , le vinaigre , le citron , & c. ; diminuez la
quantité de véhicule aqueux qui dans ces fluides
écarte, enveloppe , & affoiblit leurs molécules
aétives'j St vous verrez bientôt un véritable cauf*
tique , comme le font l ’efprit-de-vin très-déphleg-
mé , le vinaigre radical, l ’acide du citron purifié
& réduit fous un petit volume.N Prenez au contraire
la fubftance la plus cauftique , de J’huile de vitriol,
de l’efprit de nitre , ou de l ’efprit de fel fumant-f 1
étendez-les d’ûn.e grande quantité d’eau, & bienr
tôt leyr çaufticit^ fera changée en. une faveur aigreletfe
, agréable, & capable d apparier 1 ardeur
de la foif la plus immodérée. Si vous examinez
en même temps ce qui fe paffe lorfque vous modifiez
cette faveur, il fera facile de voir que leur
affinité de compofition eft affolblie en meme raifon
que leur fapidité. Ces deux qualités paroiffent
donc être les mêmes, puifque dès qu’ un corps
përd fa tendance à la combinaifon , il perd aufli
fa faveur ; dès. qu’i l reprend cette force, il redevient
d’autant plus lapide, qu’elle y eft plus énergique
y enfin une fubftance qui n'a qu’une affinité
de compofition très-foible , n’a aufli que très-
petjde fapidité : ainfi, toute faveur, depuis la plus
douce jufqu’à la plus corrofive , ne paroît être que
le réfultat de la force qui tend à unir le corps
fapide avec un des principes qui conftituent nos
organes. Peut - être même eft-ce de l ’affinité que
telle matière a pour fe combiner avec tel ou tel
principe de nos fluides du de nos folides, que dépend
la divérfité dans les faveurs : mais cette dernière
aflertion ne doit être regardée que comme
une hypothèfe , & je ne puis la présenter que
comme telle , quoiqu’il me feroit poflïble de réunir
Un affez grand nombre de faits pour en faire
au moins foupçonner la vérité.
Il fuit de la théorie la plus vraifembiable des
faveurs , que je viens d’expofer , que la claffe des
corps fapides doit être encore plus multipliée
qu’elle ne l ’a été été jufqu’aujourd’hui ; que cette
propriété ne s’exerce pas feulement fur l ’organe
du goût, que toutes les autres parties du corps
humain font fulceptibles d’en être affectées chacune
à leur manière ; enfin, qu’excepté les impreflions
produites par la forme , par la pelante ur, & par la
température , toute fenfation excitée par la pré-
fence St le contaéi de différentes fubftances fur un
organe quelconque du corps humain , eft le réful-
tat de fa faveur-, ou de la force qu’il exerce pour
s’identifier & s’unir avec une partie même de cet
organe. D’après cette idée , je divife les faveurs,
confîdérées en général, en quatre claffes , relativement
à la manière dont les différens organes
font fufceptibles d’être affeétés par cette propriété.
Dans la première claffe , je range les corps
fapides les plus énergiques , qui agiflent fur toutes
les parties du corps humain, même fur les plus
infenfibles à la faveur , prife dans l ’acception ordinaire
: ce font les cauftiques. Ils produifent fur
tous les lieux où on les applique , de la douleur,
de la chaleur , en même temps qu’ils corrodent
& qu’ils diffolvent l’organe -lui-même. La pierre
à cautère eft un de ces médicamens adfifs ; lorf-
qu’èlle a détruit le tiffu de la peau, elle fe trouve
dans un état de compofition due à fon adlion
même y fa tendance à la combinaifon eft fatisfaite ,
elle ne pourroit plus fervir de nouveau à ronger
les tégumens , & elle a perdu fa caufti-
eité.
Je place dans la fécondé claffe les fubftances
dont l ’aéiion fapide n’eft point affez vive pour
porter une impreflion marquée fur la peau comme
les premiers , mais qui , appliquées fur l ’organe
du goût, y produifent une fenfation que tous les
hommes connoiffent fous le nom de faveur. C ’eflf
à cette claffe qu’appartiennent les doux, les amers ,
les fucrés, les fades , les aigres , &c. , fur le f-
quels je reviendrai: dans un inftant beaucoup plus
en détail.
La troifième claffe comprend les matières dont
l ’énergie fapide eft affez foible pour ne point oc-
cafionner d’effet fenfible dans le moment ou elles
font appliquées fur la peau & fur<^a langue ; mais
qui , reçues dans l’eftomac, organe beaucoup plus
fenfible aux faveurs que les précédens , y agiffent
d’une manière très-marquée. Tels font le précipité
per fe , l ’antimoine diaphonique , le tartre
ïtibié , les fleurs de zinc , dont la faveur, lorfqu’ils
font mis fur la langue en très-petite dofe , paroît
prefque nulle, f& qui excitent cependant, à la dofo
de quelques grains , • des convulfions fouvent très-'
violentes dans l ’eftomac St dans les inteftins. J’aurai
foin de faire connoître , dans l’hiftoire particulière
de chaque remède, ce que l ’obfervation a
appris de plus fingulier fur cette troifième claffe
dé faveurs , beaucoup plus multipliée qu’on ne le
croit communément.
. Enfin la quatrième claffe des corps fapides
renferme ceux dont l 'action paroît fe porter fin?
le fyftême fenfible ou nerveux feul , & qui n’opèrent
d’altérations ou de changemens dans les
organes, que par la réaâdon des nerfs affeétés par
eux d’une manière particulière fur les autres parties'du
corps humain. Je place dans cette claffe
les corps odorans , vaporeux, volatils, les anti-
fpafmodiques ,_les caïmans , les fpafmodique's , StL
les ftimulans. Cet ordre de fubftances appartient
encore plus partifculièrement aux odeurs, comme
on le, verra plus bas.
Je n’ai divife ainfi les corps fapides en quatre
claffes générales y que pour faire mieux concevoir
l ’étendue de Yaction que cette propriété exerce
fur l’économie animale, Je vais paffer maintenant
aux faveurs proprement dites., ou à l ’examen de
celles que les nerfs de la langue perçoivent & communiquent
au fenforium.
Les favans ne font pas plus avancés que les
hommes ordinaires dans la diftinffion exaéte des
faveurs; ils ne peuvent jamais l ’énoncer que d’après
les fenfàtions diverfes qu’elles excitent fur
l ’organe du goût; & pour que ces diftinétions
foient bien fondées , on conçoit qu’elles doivent
être lés mêmes pour tout le monde. Aufli eft-iL
peu de définitions fur lefquelles on puiffe être
mieux d’accord, que celles des faveurs prifes en
général ; tout le monde convient en effet de la
différence des falés , des amers , des fucrés , &c.
Quelques médecins ont effayé de définir plus intimement
les diverfes fenfàtions que les corps fà~