
5°. Puis donc que l ’habitude a tant de force fur
nous, il faut que l ’homme qui veut relier fain &
vigoureux s’endurciffe & fe fa£Ce aux températures
dont il doit éprouver le plus souvent l ’influence,
& ne çoncraéte point l’habitude d’une température
étrangère, qu’il foie obligé de quitter malgré lui.
6°. Par conféquent ç’eft un mal dans un pay$
ou dans une faifon froide , de s’habituer à refier dans
des appartemens très-clos ^ fort échauffés. C’en eft
un de même, quoique moins dangereux, de s’habituer
3 des appartemens très-frais dans un pays
très-chaud,
. 70. Néanmoins la température à laquelle il ell
le plus néceffàire de s’habituer ell le froid, pour
deux fortes raifons ; premièrement, de toutes les
vicilfitudes , la viciflitude fr#ide ell la plus dan-
gereufe ; fèconderpent, le froid à la longue fortifie la
fibre , l ’affermit, & donne au corps une folidité &
pne complexion plus durables & plus capables de
réfifter aux autres vicilfitudes.
8°. L ’habitude du froid fe contra&e mieux par
degrés qu.e-par un paffage rapide. Celui - ci ell
dangereux ».tandis,que le premier ipoyen ell toujours
fans inconvénient. I l .n’y a. que. les çonflitu-r
tions fortes qui réfift&nt à i ’ipipiellion d’un palfage
rapide j toutes les cpnftitutions font fufceptibles des
habitudes ^contractées par degrés,
5>°. Il faut encore dans cet ufage prendre gardp
aux âges, .aux conftitutipns, & aux circonftances.
L ’enfant nouveau-né, à peine couvert d’une
épiderme,,portant, de l ’eau .& :.d’une température
de z8 ,à..30 degrés, ell tout peryeux , il a befoin
d’être préfervé du froid, d’êcr^ confié, au fein de l'a
mère,&; il a d’aut-ant plus befoin de la chaleur de.ee
fein., dans lequefil doit aulfi trouver fa nourriture ,
qu’il ell plus fqibie & plus délicat. Qu’on ne fe
JailTe pas, abjsfer par.des exemples illufoires 3 & que
le fiiccès d’un feul ne coûte pas la vie à plufieurs.
Tous fes enfans ne najffent pas égaux en force & en
vigueur,j tops ne doivent donc pas être fournis au
même régime. La foibfeffe de leurs parens influe
fouvent fur leur ; conftitutjon j & la femme Sa-
mojède qui roule fan enfant pouveau-né dans la
neige., n’eft pas une autorité pour une damefrançoife,
élevée dans la capitale, au milieu des commodités
des .dangers du luxe.
En générai l ’impreffiop du frojd ne, convient
pas à lfenfant nouvèau-né , encore moins s’il, eft
fqibie , beaucoup moins s’il ell malade j & là-deffus
i ’inftinâfees animaux doit éclairer notre raifon.,
Pour la .durée de ces premiers foins conlultons
les phénomènes de la nature. Dans les premières
fix femaines l ’enfant maigrit fouvent, fa peau fe
ride , & ce n’eli qu’au b put de ce temps qu’il re-r
pren<J chair, qu’il profite fenfiblement de fa nourriture
, &. que le tiffu de fa peau reprend fa forme
& fa proportion. Que durant ce temps la mère le
tienne fouvent contre fon fein , -c’eft :1a chaleur qui
lui convient le mieux. Quand elle l’en éloigne,
qu’elle l ’enveloppe allez pour le mettre à l ’abri du
froid, fans pourtant le furcharger de couvertures.’
L ’enfant ordinairement ell dans le même air que
fa mère j ainfî, les foins varient fuivantles polirions
& les conditions. Plus les appartemens font
clos & chauds, plus l ’enfant a befoin d’être garanti
quand on le fait fortir, moins il a befoin de
1 être quand il ell près de fa mère. L ’enfant du
pauvre fort & rentre 3 moins de frais. Ces foins
doivent être moins ferupufeux dans la faifon chaude,
mais toujours faut-il prendre garde aux heures du
foir, de la nuit, & du marin. Si l ’enfant ell livré
à une nourrice étrangère , les foins des premier»
jours doivent être encore plus fcrupuleux, à caufe de
la différence de la nourriture, jufqu’à ce que l ’enfant
y foit fait. Aufli les bonnes nourrices prennent-
-efles un foin plus attentif de leurs nourriflons que
de leurs propres enfans, parce que les befoins font
différens.
Ce premier temps paffé , quand l ’enfant commence
3 s’arrondir, qu’il eft fort, qu’il n’eft point
malade, on peut commencer 3 i’endurçir aux in-
fluences de l ’air. Il le faut faire par degrés , & alors
on n’a. que peu de précaution 3 prendre pour le
temps de la dentition. Mais fi l’enfant né malade ou
foible, l’efl encore , & qu’il s’annonce des dépurations
ver-s la tête, la chaleur lui ell encore nécenajre ;
& fi au milieu de ces foins fe dentition s’approche ,
i l faut alors continuer 3 le garantir du froid $ fi
jufquesrlà on lui a tenu la tête couverte, il faut
lui continuer çe foin , parce que çe n’eft pas là
le moment de changer fes habitudes. Alors les nerfs
fouffrent, & fur-tout les nerfs de la tête-J or le froid
eft Y ennemi des nerfs»
L ’enfant qui depuis les premières fix femaines
jufqu’au temps de la dentition a pu s’habituer à
'Yair & au froid , eft plus heureux & plus fort que
les autres,,Sç a moins befoin de foins. Néanmoins
s’il eft malade, une chaleur douce eft encore fon
remède.
Mais ç’eft après l ’époque dçs premières dents, &
après la fécondé année , qu’il faut férieufenient s’occuper
de forfitier l’enfant & de l’endurcir. C’eft alors
que la tête nue, fes vêtemens légers, l’eau froide,
l’éloignement du feu, contribuent réellement à fa
force & à fa bonne fanté. L ’aCrivité de fon corps,
la force de fa circulation , réfillent alors efficacement
à l’impreffion du froid ; & l’épiderme s’affer-
tnifTant, devient comme un vêtement naturel qui
lfi préferve mieux que l ’accumulation des, couvertures
j. parce qu’elle le. rend infenfible à-l’irritation
que produit le froid fur des nerfs plus dénués.
Une feis cette forpe acquife , il eft à défirer que
l’homme la çonferve & ne la perde pas au milieu
du luxe efféminé & de la dépravation des villes.
La molleffe , les excès, les indifpofitionf , les maladies
, les chagrins, les paffions agapent de nouveau
la fenfibilité nerveufe , & rendent l ’homme
plus fenfïble aux impreffions extérieures ; mais réciproquement
l’homn)e endurci aux impreffions
extérieures, n’eli point énervé, par les indifpofirions
que prépare la mollette •, il eft moins affecté par
les chagrins * moins agité par les paffions ; fa l'en-
ïïbilité fe met à l ’unifion tànt pour les affe&ions
morales que pour les impreffions phyfiques.
Mais fi l ’homme s’endurcit aux impreffions extérieures
, il faut qu’il s’y endurcilfe uniformément
dans toute l ’habitude de fon corps, autant que l ’u-
fage & la décence le permettent. Les parties affoi*
blies, tandis que les autres font fortifiées, deviennent
fujettes à d’autant plus de maux, que les autres
en éprouvent moins. Plus elles ont été garanties
par l ’art, plus elles ont befoin de l ’être , & fi elles
eettent un moment d’être couvertes , elles font facilement
frappées. C’eft cé qu’on voit tous les jours
chez ceux qui ont coutume de fe couvrir beaucoup
la tête. Cette habitude prife ils ne peuvent plus
la quitter fans inconvénient. Ces parties deviennent
alors comme l ’égout de toutes les autres, & leur
tranfpiration prend un caradère plus excrémçnti-
tiel. Aulfi s’il eft des parties qu’il faut garantir
de préférence , ce font celles que la nature a
choifies elle-même pour en faire des voies de dépuration.
Les pieds font dans ce cas , & leur transpiration
a un caradère fpécial & prefque toujours
une odeur plus ou moins marquée, mais particulière.
De là ce précepte vulgaire de fe tenir la tête
fraîche & les pieds chauds 3 & fi par accident, par
circonftance j ou par les dépurations de l ’âge f
d’autres parties deviennent les fiéges des dépurations
particulières., il faut alors les découvrir moins
que jamais, & dans les grandes vicilfitudes de Y air
les couvrir davantage.
Les infirmités , en affoiblifTaht -l’homme , en
donnant, à fa circulation moins de vigueur, en diminuant
l ’égalité de la chaleur vitale & fa distribution
à la circonférence du corps , exigent
qu’on le mette davantage à l’abri des imprefliorts
qui peuvent lui nuire', & fur-tout du froid, & .du
froid humide. Les convalefcens & les vieillards
font dans ce cas. Alors il paioît que l ’abforption,
fur-tout chez les convalefcens & ceux qui, ont
éprouvé de grandes évacuations, eft d’autant plus
grande, que l ’impulfîon des fluides eft moins forte j
& c’eft à caufe de cela que le froid humide eft fl
dangereux pour ces perfonnes , & qu’on voit le
contaét de l ’humidité froide renouveler fi facilement
les fièvres d’accès.
Enfin fi l ’homme a négligé de fe fortifier contre
les impreffions auxquelles il eft fans -ceffe expofé ,
& qu’il ait paffé l ’âge où l ’on peut contracter
d’utiles habitudes, il faut qu’il fu biffe ,1a loi im-
pofée aux foibles j qu’il évite, au moins par le
■ moyen des vête me ns , l ’effet des grandes viciffi-
tudés j qu’il les évite non' feulement fuîvant les
altèrnatives des faifons & des momens de la journée,
mais encore relativement aux périodes de fes propres
fondrions 5. les momens de fa digeftion, .ceux
de fa- tranfpiration exigent des précautions principales
$ & fi faf tranfjpiration a une âcreté particulière
, s’il eft fujet aux éréfipèlesaux dartres,
aui fluxiortô, à la goutte, &c, , il doit redoubler
d’attention.
Je m’arrêterai ici. Tout ce que' je poUrrois dire
en entrant daiis.de plus grands détails, ou fe trouve
déjà expofé eh principes dans Ce que j’ai dit des effets
des qualités accidentelles de Y'dir fur le corps humain,
ou fe trouvera développé pat l ’application
dans les différens articles de ce diélionnaire, V o y e \
accouchées ( régime des' )", âges ( régime des ) ,
ENFANCE , V IE IL L E S S E , & C . & C .
C H A P I T R E i l l .
D e s effets produits p a r le mélange des fu b f -
tances que Vair e jl fufceptible de diffoudre
ou des autres f lu id e s élafliques auxqu e ls U
Je mêle , & qui lu i fo n t étrangers. r
Ce chapitre, ainfî que le fu.ivant, feront traités
dans d’autres endroits de ce diflionnaife j & je nié
contenterai' d’en donner ici une indication abrégée*
A r t . Ier. D e la nature des mélanges dont Vair : e jl fufceptible.
i° . L ’atmofphère eft naturellement compofée
de mofette ou gaz azotique, tfair vital, & d’une
très-petite portion d’acide carbonique. Cette portion
d’acide carbonique paroît n’être point accidentelle
, mais entre .effentiellement dans fa compo—
fition, puifque, fur la eîme du mont Blanc, dans
une élévation de 145^,0 toifes, M. de Sauffure a
obfervé qu’il faifcit criftallifer l ’alkali cauftique,
& le ehangeoit en carbonate de PotafTe. Mais dans
cette analyfe , admife maintenant par tous les chi-
miftes, il n’eft pas fait, mention de l ’eau , qui certainement
entre pour beaucoup dans Y air. J’ai déjà
fait obferver dé quelle importance il étoit de tenir
compte de cette: portion de Y air , & combien elle
pouvoit influer fur les réfûltats des analyfes; comparatives
ééair pris dans différens lieux*
Toutes; ces parties naturellement contenues dans
V a ir j peuvent y : être dans des, proportions très-
différentes de les. proportions naturelles j & c’eft
déjà, un genre de mélange.
Ainfî,. Y air p e u t , en premier lieu , être altéré
p a r un mélange,difpropo-rtionné de f e s différentes
parties. On verra autre part, & on a déjà1
vu. en partie quelles caufes peuvent produire cet
effet...
■ L’Ëudiométrie décèle parfaitement ce mélange f
mais pour en compléter les réfûltats, il y. faut
joindre l’hygrométrie perfectionnée comme elle le
peut, être.
i° . Il eft encore d’autres gaz qui peuvent être
mêlés à Y a ir , & qui font fufceptibles d’ être démontrés
par l’Eudiométrie, tels que le gaz inflammable
>les gaz inflammables fulphurés, les gaz acides-,