
tellement en vigueur , q uil eft permis aux
coupables condamnés à une prifon perpétuelle-,
d’en foutir , pour participer aux effets falutaires de
cette opération.
Lorfqu’on fe fert du moxa comme préfervatif,
dit Kæmpfer , les cônes ou les tentes de cette
fubftance , qu’on brille fur les parties , font moindres
, & on en emploie un plus petit nombre
que quand on traite des maladies , fur-tout celles
dont le foyer eft profond.
Les chinois , ainfî que les habituas du Japon ,
regardent cette efpèce tfadufîion comme un remède
fouverain dans les maladies qui dépendent
d’une pituite furabondante , contre toutes fortes d’af-
feôtions rhumatifmales & catarrhales , pour diftîpelles
douleurs qui en dépendent , pour guérir la
goutte (i) y la fciatique, & autres maladies de ce
genre , dont ces peuples attribuent généralement
la caufe à des vapeurs ( z ) nui (ibies , retenues y
difent-ils, dans les parties fou fixantes : mais dans '
tous ces cas, il faut que le mo-xa foit appliqué
de bonne heure,. & avec abondance ( 3 ■ ). .
Les nègres de la nouvelle Guinée ont plus fou-
vènt recours au "moxa dans Fépilepfie & dans les
autres maladies du cerveau , que les habitans de
la Chine. Leur méthode , ’ dans -ces affections, eft'
de recouvrir toute l ’étendue de la future coronale
d’une longue & large traînée de cette étoupe , à
laquelle i l mettent enfuite le feu. Ce moyen leur
rend quelquefois la.fanté >. lors même qu’ils ont
été abandonnés de -leurs médecins.
Quoique l ’art d’appliquer le moxa a it , comme
nous l’avons dit ailleurs , des principes déterminés |
& qu’il exifte même , depuis une nombreufe fuite
dé fiècles , des figures gravées qui indiquent exactement
les endroits du corps fur lefquèls’ i-1 con-
(1) a En arrivant au Japon, dit Ten-Rhyne , notre
interprète vint me faire viiitè; il étoit boiteux, il fe fervoit
d’un bâcon, & fe difoieattaqué de la.goutce. Demain , dit-il-,
vous ferc% étonné dé Uénergie*, de-, mon remède {. c’étoic le
jrtoxa ). En effet, le lendemain, continue cet auteur,.iî
revint me trouver , marchant librement, & il me montra
fon genou , couvert de papier japonois , qui fervoit
feulement à couvrir les endroits brûlés. V o ilà , me dit-il ,
comme y ai chaffé- la douleur des articles* J’ai vu par la
fuite, ajoute Ten-Rhyne, des exemples innombrables du
fuçcès de ce remède contre les douleurs qui' fe fixent dans
certaines parties'»-. ' .
(2) 'C’eft fans douce le défaut •abfolu d’ idées exââres fur
l’Anatomie & fur la circulation du fang & des différentes
humeurs , qui a déterminé la plupart des peuples orientaux
à embraffer le lyiïème dont nous parlons.
(3) En général, dit Kæmpfer, le moxa ne fair qu’ap-
paifer les douleurs ; - il ne les détruit pas. L’endroit feuî
fut lequel on l’a brûlé , fe trouve foulage , tandis que
les douleurs reviennent fur d’autres parties. Les braminés,
continue le -même- auteur , affûtent cependant que le .mal
ne fç fera plus reflentir , fi celui qui en eft attaqué veut
s’aftrexndre à ne: boire aucune liqueur fermentée , &c, à
ne point manger de la chair des animaux*
vient Je brûler cette fubftance les praticiens ne-
s’accordent pas toujours fur les lieux où il eft le
plus à propos de le faire ; mais le peuple fuit
toujours les préceptes des anciens , & il le conforme
à ce qui eft tracé fur les planches.
Il eft a remarquer , dit Kæmpfer , à qui nous
devons la plus grande partie de ces détails , qu’il
n’y a point d’endroit où l ’on faffe plus fouvent
l ’application du moxa que fur les deux côtés du
dos , près de l’épine , & jufqu’aux lombes. A' voir
fur-tout le dos des japonois, ajoute cet auteur , on
diroit qu’il a été entièrement écorché , tant le
moxa, allumé fréquemment fur cette région , y
a lai lie des traces profondes 3 & ce qui paroîtra
fans doute plus furprenant, c’eft qu’on obferve la
même chofe dans les deux fexes.
Les chinois & les autres nations, parmi lesquelles:
Vadujîion fe fait par le moyen du moxa , ne
choififfent pas toujours les parties fouffiantes pour
y appliquer le feu. Souvent, dit Kæmpfer, ils
brûlent au contraire des endroits qui femblent n’avoir
aucune relation directe avec les parties affectées
( 1 ). Ainfi , par exemple, pour remédier
aux crudités de Feftomac & rétablir l ’appétit
ils mettent le feu dans la région des épaules..
Pour guérir les- points de côte , ils l ’appliquent
fuy l ’épine 3 pour calmer le mal de dents, ils brûlent
quelquefois le moxa fur la région des mu£
clés adduôteurs.du pouce de la main,, du côté fouf-
frant y & d’autres fois fur le trou du menton.
Dans les maladies des yeux , les japonois, dit
Ten-Rhyne , appliquent Le moxa avec fiiçcès à la;
nuque & aux épaules-
Dans la gonorrhée Ample, ou dans la foibleffe'
des organes de la génération , c’eft , dit cet auteur
, Yur l’os faCrum , & dans la région lombaire
qu’ils cautérifent : le moxa , fuivant eux ,
fortifie ces parties ,. diminue & fupprime même
quelquefois l ’écoulement involontaire de la fe-
mencë-
Dans l ’expofé des maladies pour la gùérifonr
desquelles les égyptiens & les arabes pratiquent
l ’aduflion , nous avons' dit que ces nations gué-
riffoient la phthifîe , l ’hydropifie , & les autres
affeéti.ons de ce genre , par l ’application du feu.
Ten-Rhyne affure que les japonois pratiquent la
même chofe avec le moxa : « Les médecins der
(-1) Une dame japonoife, die Ten-Rhyne , eut, dans
fon enfance., une petite tumeur à la nuque, que les^ médecins
effayèrenc de détruire par routes fortes de remèdes;
on en vint même jufqu’à l’extirpation de la mineur, qui
fe régénéroif toujours. Enfin une vieille femme , ayant
confidcré cette excroiffance , rit d’abord des vains efforts
des médecins, & elle-détermina la .malade à fe faire appliquer
le- moxa à la partie moyenne de la plante des
pieds. Ce moyen réûflit ; la tumeur fut dilfipée, 8c elle
ne reparut plus.
•ces contrées font, dit-il, un fecret de la méthode j
de edutérifer dans la phthifîe & autres maladies
Analogues. Ils la mettent en ufage en quatre endroits
différens ; à la région lombaire , près de
l ’os facrum , fur les deux côtés de l ’épine du dos ,
& à deux autres endroits un peu plus loin. Ils
prétendent par-là rétablir les forces, & rendre la
vigueur aux parties génitales : il eft rare ,< continuent
ils, de trouver un japonois qui ne porte ,
fur les reins, des traces de fa lubricité.
« On recommande , ajoute-t-il, l’ufage du moxa
■ dans l’afcite , la tympanite , & même dans une
efpèce de tumeur des tefticules, qui eft endémique
en ce pays-là. Cette tumeur , fuite ordinaire de
l ’incontinence & de la débauche , s annonce par
un tremblement auquel fuccède l a fièvre j elle
prend fouvent un accroiffement fi énorme , qu elle
met le malade dans l ’impoflibilite de marcher.
Au commencement de cette maladie , on applique
le moxa fur le ferotum ou fur le fécond article
du gros orteil de chaque pied. 'Cette région eft d une
crande fenfibilité 3 mais les japonois n en, conno 11-
fent point de plus fenfible dans toute 1 etendue
du corps que l ’interftice du pouce & du premier
doigt des pieds.
» Un phénomène fingulier , qui a furpris Ten-
Rhyne , dit M. Dujardin ( i ) , c’eft que fi^Fon
applique le moxa trois pouces au-defious de 1 ombilic
, le long de la ligne blanche , il en refaite
une impuiffance certaine , fans aucun efpoir de
. recouvrer la virilité. Aufli , ajoute-t-il , I application
du cauftique fe fait-elle fur les cotes du
ventre , un peu au-deffus ou au-deffous du nom- J
b t i l , & non ailleurs ». Ne pqprroit-on pas pre-
fumer , dans le cas dont il s’agit ici , que fi
l ’impuiflance a réellement fuivi quelquefois 1 action
du moxa brûlé trois pouces au- deflous de
l ’ombilic , c’eft qu’alors on a trop approché le
feu de l’anneau inguinal, & qu’il a pénétré trop
profondément , de forte que le cordon de vaiffeaux
îpermatiques a été détruit*
« Les médecins japonois, dit Ten-Rhyne, défendent
encore l ’application du moxa dans les
fièvres ardentes ou continues , tant qu elles eu con-
fervent le caractère, crainte d’augmenter le redoublement.
Ils le proferivent de même pendant
les accès des fièvres intermittentes 3 mais dans les
intervalles , ils l ’appliquent hardiment. Ils défendent
aufli le moxa dans l’enchifrenement ou rhume
de cerveau , parce qu’il allume la fièvre : on ne
l ’adminiftre aux nouvelles accouchées que cent
jours après l’accouchement : « Pour moi , dit ce-
» pédant Ten - Rhyne , j’ai plus d’une fois fait
» appliquer avec fuccès le moxa à des femmes
» nouvellement accouchées, pour des douleurs de
i> tête & des embarras à la poitrine ».
Enfin , ajoute cet auteur, on ■ ne cauténfe que
.très rarement , & avec la plus grande cirçonl-
tioh, les parties latérales internes des pieds , ainii
que les parties des bras où les nerfs, les tendons,
& les lieamens font peu recouverts de chairs :
mais on on n’épargne pas le contour externe des
jambes, des bras . & les iqterftices des mufcles,
que les chinois & les japonois regardent comme
le foyer des matières peccantes.
Aduftionpratiquée par h moyen du, verre ardent.
Les rayons du fo le il, reçus à travers un verre
lenticulaire fur les parties atteintes des differentes
efpèces de léfions , dans le traitement delquelies
on a coutume d’appliquer avantage.ufement le reu,
fourniffent encore à 1 art de guérir un moyen aufit
utile qu’ingénieux de faire cette application. Un
peut, par ce procédé , en laiflant la partie ex-
pofée pendant un certain temps fous^ le foyer de
la lentille , opérer for elle une véritable nduj-
tion 3 ou en fe contentant de promener , & raire
pafler plus rapidement le verre fur 1 endroit malade,
développer dans le liffu des oirganes un degre de
chaleur propre à déterminer la refolution. _
Confidérée fous ce double rapport, 1aôtion fa-
lutaire des rayons du foleil nous offre deux moyens
de guérir également recommandables 3 1 • un véritable
cautère aâuel 3 20. une chaleur actuelle,
que le praticien peut modérer a fon gre, & qui
eft de la plus grande reflource dans le traitement
d’un grand nombre d’affeôtions locales , comme
nous nous propofons aufli de le faire voir.
I l feroit difficile de déterminer, à qui nous devons
la découverte de la méthode de cautenfer
avec le verre ardent. Tout ce quon peut dire,
c’eft que cette invention paroît ne pas remonter
à des temps très-éloignés. M- Lecomte , maître
en Chirurgie à Arcueil , eft au moins un des
premiers qui aient fait connoître cette pratique,
& qui en aient conftaté les bons effets^ par une
fuite d’obfervations. On trouve dans lhiftoirede
la fociété royale de Médecine, annee 1776 , un
réfultat très-intéreflant des expériences faites a ce
fujet par cet habile chirurgien , qui^ ne s eft pas
annoncé comme Fauteur de cette méthode. « Ce
qui me donna lieu de la pratiquer , dit M. Lecomte
, ce fut le fouvenir que j’eus d un de mes
parens , curé dans le diocèfe de Soiflons , qui ne
voulut point fe foumettre à l ’extirpation d un bouton
cancéreux à la lèvre , quoiqu’une confultation
des plus’habiles chirurgiens "de Paris 1 eut conciliée
comme étant d’une néceflité abfolue. De retour
chez lu i , il fût guéri de cette maniéré ( la
cautérilation par le verre ardent ) par un chirurgien
de Gandelu, qu’on lui vanta , & qui avoit
• beaucoup de réputation pour les maladies defefperees
des hommes & des beftiaux. Après la mort de ce
chirurgien , ajoute M. Lecomte , bien des gens
des envirbns , qui avoient des cancers aux lèvres,
<i) Hifi. de la Ch; livr. Ier. , p. Si* £ e x