
fur la partie de la cuifle ou étoit le centre des
douleurs les plus vives , à côté l’un de l’autre
deux cylindres de coton ; la bafe de chacun avoit
le diamètre d’un louis. Le feu mis à ce coton le
confuma entièrement, ce qui donna une efearre
par laquelle l ’épaifleur de la peau fut détruite ,
un grand plumaceau couvért d’onguent bafilicum,
& des comprefles bien chaudes furent le premier
panfement. Voici la forme de ce cylindre.
Procédé de M. Pouteau -pour Z’aduftion.
Prenez du coton en laine, enveloppez-le avec
une bandelette de toile large d’un pouce fur trois
pouces de longueur ; que le coton foit auffi ferré
qu’i l fera poflible, parce qu’alors le feu fera plus
v if ; la bandelette bien arrêtée par quelques points
d’aiguille, on aura un cylindre d’un pouce de diamètre
; on coupera ce cylindre tranfverfalement
par la moitié, avec un tranchant bien affilé, ce
qui donnera deux cylindres à bafe. très-unie ; &
c’eft cette bafe unie qui doit toucher immédiatement
la peau, qu’on humefte auparavant avec un
peu de falive , afin que le coton s’y colle 'en
quelque façon (i).
Le feu étant mis au fommet du cylindre , on
attend qu’il en ait confumé une partie ; alors on
place le coton fur la peau, 8c on excite légère-
rement le feu par le fouffie d’un~éventail (z).
ans s*étoit dévoué au fervice des pauvres de cet hôpital ,
n’avoit jamais vu employer ce remède , & venoit tous les
jours témoigner à ce malade combien il prenoit de part
à fes Touffrances.
(t) La 'manière de pratiquer Yadujiion , décrite ici par
M. Pouteau, eft exactement la même que celle des égyptiens,
rapportée par -Profper-Alpin : M. Pouteau n’y-a fait
que quelques légers changemens, Voyez ce que j’en ai dit
ci-deflus.
,( z i Le précepte que donne M. Pouteau , d’exciter
le feu de la pyramide par le fouffle d'un éventailparoît
avoir été puifé dans Profper-Alpin. Cet auteur donne en
effet un confeil à peu près femblable. Voyez le verfo de
la page 97 de fon traité de Hedicinâ cégyptiorum. ( edit.
de Paris , in-40, r 646.) Là , après avoir expofé comment
les Egyptiens conftruifent la pyramide ,^ comment ils l’appliquent
fur la région qu'ils fe prppofent de brûler, comment
ils l’allument enfuite , & comment ils recouvrent,
pendant tout le temps de fa • eombuftion , les parties environnantes
avec une pièce de fer , pour modérer la trop
vive ïmpreflïon que le feu pourroiç faire fur elles ; il
ajoute les paroles fuivantes : Obfervant etiam (ægyptii) ,
dum INVOLVCRUM ill.ud parant, ut in ejus mediojit
foramen vel meatus , per quem fiat aliqua refpirqtio atque
eventatio. M. Pouteau a penfé , fans doute j que le mot in-
voTsucriap., employé dans ce paflage , devoit s'entendre de
l'inftrument de fer qui fert à recouvrir, pendant la com-
buftion de la pyramide, les environs de la partie brûlée:
cette interprétation eft d’autant plus naturelle, que Profper.
Alpin a fait repréfenter, dans fon ouvrage, l’inftru-
ment dont il s’agit,. fous la . forme d’une plaque percée
d’un grand trou dans fon milieu > ou plutôt comme un
ÿpneâu -auquçl eft fixé une efpèçe de mançhe, par le
Ce feu ne s’étend jamais au delà de la peau ,
lors meme qu’on fait briller fucceflivement deux
ou trois cylindres fur la même place.
moyen duquel l’opératenr, ou un aide, le tient appliqué
fur la circonférence de la partie qu’on brûle. C’eft dans
1 ouverture de ce petit cerceau de fer , qui paroît avoir
une épaifleur a (lez confidérable, qu’eft placée la bafe delà
pyramide qu’on fait brûler fur les parties fouffrantes , en
iorte que ce même anneau fert à la fois à défendre les
environs de la brûlure, & à empêcher jufqu’à un certain
point, en embraflant la bafe de la pyramide, qu’elle ne
fe renverfe après avoir été placée verticalement fur la partie
où le feu dêit la confumer.
Quelle que foit la vraifemblance de cette interptétation ,
plufieurs paflages du même ouvrage femblent la contredire.
Voici ce qu’on lit au verfo du fo lio 98 , & page fui-
vante de fon traité de Medicinâ cegyptiorum. Quodfortajfè
alïi parvi faciendum putarint , quippe ipfos IN V O LU-
CRUM ex lineâ petiâ cum gojfypio pyramidali formâ pa-
ratum , acutiore altero ejus extremo ignito , alteroque la -
tioreparti urenda applicato . . . . Jinentes cutem ïnuri, non
fine multâ. ratione ab iis fieri exifiimo. Nam eos non uti
forro ignito , vel aliquo alio métallo, fed INVOLUCRO
ex gojfypio & lineâ petiâ parato , accenfo . . . . optantes
( ægyptii) cuti urenda alterum IN V O LU CR I extremum
non ïgnitum, vel fuccenfum , atque alterum, quod femi
cubiti longitudine à cute dijlat , imprimis fuccendentes
igmunt. . . . Atque fenfim ac fenfim partem à fuccenfo
1NVOLUÇRO extrçmo ad calorem difponi , atque ita
calefieri, ut toto LNVOLUCRO cremato . . . , ignis incen-
dium non omninb totum fentiat, neque ab eo admodàm do-
%le a t , qubd etiam ignis incendium , rariûris INVOLU6 R I
fubjlantia ratione , neque immbdicuni fit. Duo igitur ex
hujus proejîdii operatïone feitu digna animadvertuntur ;
quippe partem ab igné clementiùs inuri , atque ab eo
haud immoderatum . . . . percipi dolorem : primum ab ac—
cenfee atque ignita rara fubjlantia , fcilicet gojfypii & Uni,
ratione f i t ; atque fecundum pra accepta ealort ex t&tius
INV 0 LU C R I combujlione , quoe fenfim ac fenfim proce-
dit, . . , Enfin, au recto du folio 99 de fon ouvrage,
Profper-Alpin fe demandant fi les malades ne fouffriroient
pas plus volontiers l’a&ion des cauftiqués potentiels que
celle du cautère a&uel , s’exprime de la manière qui fuit:
Hâc ratione oegroti facilius admettent ujlionem non ferro
vel aliquo alio métallo , vel fupra diclo INVOLUÇRQ s
fed medicamente igneâ vi proedito ?
Dans ces padages, qui font au nombre de huit % on
voit très-clairement que Profper-Alpin a défigné la pyramide
elle-même par le mot involucrum., lequel n’exprime
littéralement que la bandelette de linge qui fert à envelopper
le coton, & en cela l'auteur a fuivi l’exemple de ceux
qui nomment quelquefois la partie pour le tout.
Il s’agit donc de favoir, fi par le mot involucrum , con-
fidéré dans le premier pafiage que nous avons cité, Profper-
Alpin a réellement entendu parler de la pièce ou anneau
de fer qui fert à recouvrir les parties voifines de la brû-
lijre pendant la combuftipn de la pyramide , ou s’il a défign,é
par cette exprelfion la pyramide elle-même, comme il l’a
fait très-certainement en huit endroits du dernier pafiage
que nous venons de rapporter. Il feroit d'autant plus in-
téreflant de réfoudre exactement çette queftion , que fi
Profper-Alpin a voulu conftamment exprimer la pyramide
par le mot involucrum, il en réfulteroit que, fuivant cet
auteur , les égyptiens confiruifint cette pyramide de forte
qu’il- y a dans fon milieu une petite ouverture qui fa it office
de ventoufe ou de cheminée , & fert a y entretenir la cir-
culatio.n de l ’air j çe qui renferme des idées bien différentes.
A D U
Les égyptiens défendent la peau qui eft à la
circonférence de‘ celle qu’on brûle, avec une pièce
de fer percée en rond. Mais cette précaution m’a
paru fuperflue (1). Voyez à ce fujet l ' rofper-Alp
in , de med. cegypt. Les arabes emploient du
coton teint en bleu j la couleur n’y ajoute aucune
vertu.
Cette briilure ayant été faite le matin, le malade
dormit trois heures confécutives la nuit fui-
vante j ce qui ne lui étoit pas arrivé depuis le
commencement ae fa maladie : il n’eut plus aucun
friflon, la cuifle perdit d’abord l ’enflure qui l ’ob-
fédoit, & en cinq femaines la guérifon ne laiffa
rien à délirer, foit du côté dés douleurs , foit du
côté de la brûlure. Le mois d’oôtobre fuivant,
le malade revint à Lyon pour me demander un
certificat qui put l ’exempter de travailler par corvée
aux grands chemins : fa fanté étoit parfaite.
Ce malade, interrogé fur les fenfations -que le
feu lui avoit fait éprouver , répondit que, pendant
les douleurs de la brûlure , il avoit fenli
une efpèce d’eau tiède , ce furent fes expreffions,
laquelle , de l’endroit brûlé , fe répandoit tout autour
de l ’os de la cuiffe , & que ce fentiment
avoit ceffé bientôt après , fans avoir été défà-
gréable.
Un garçon perruquier, âgé de vingt-deux ans,
étoit cruellement tourmenté d’une douleur dé feia-
tique , pour laquelle , entre autres remèdes, on lui
avoit appliqué à Turin un emplâtre vefficatoire
fous la plante de chaque pied. Ce remède , ainfî
que beaucoup 'd’autres , ne lui ayant pas donné de
(oulagement, il vint à Lyon , après avoir pris, en
paflant â Aix en Savoie , la douche & les bains
des eaux minérales chaudes de cette ville. J’employai
le même moyen que dans l ’obfervation précédente
j & le malade obtint une entière guérifon
, fans fufpendre un feul jour les courfes attachées
à l’exercice de fa profeffion ».
I I e. O b s e r v a t i o n , ( z ).
Utilité du feu dans les douleurs rhumatijmales
ou de feiatique.
« Soeur Françoife Gervais , âgée de trente-fix
ans, holpitalière du grand hôtel-dieu de L y o n ,
fut attaquée d’une douleur rhumatifmale , connue
fous le nom de feiatique; elle occupoit la cuifle
gauche. Tout fut mis en ufage pour la foulager,
( 1 ) L’attention qu’ont les égyptiens de tenir, pendant
l'aftion du feu, une pièce de fer appliquée fur les parties
environnantes de la brûlure, eft peut-être plus importante
que M. Pouteau ne paroît l’avoir cru, ( Voye\ page
2°9 » 2-c. colonne ). ' j
(2) T. 1, p. 215 & fuiv.
A D U '2 i j ,
jufqu’aux veflicatoires & aux douches minérales
chaudes , prifes à Aix en Savoie pendant deux
faifons : mais l ’humeur rhumatifmale fit toujours
de nouveaux progrès j de forte qu’apuès le retour
des eaux, elle parut s’étendre julqu’à la veflie , &
occafionner une rétention totale des urines , qui
ne fortirent pendant un*mois que par le fecours
de la fonde. On ne fauroit décrire une fituation
plus trifte que celle de cette feeur ; à qui l ’ufage
fréquent ■ & abondant de l’opium donnoit à peine
quelque tranquillité, la cuifle & la jambe clouées
dans un l i t , tans mouvement , étoient dans lé def-
•fechement, & la mort paroiflbit également prochaine
& à défiler , lorfque je propofai à cette
foeur le remède égyptien. La propofîtion fut acceptée
avec une facilité qui me fit regretter de ne
l’avoir pas faite plutôt. Je..fis donc brûler fur la
cuiffe deux cylindres de coton placés au foyer des
plus vives douleurs. La malade fupporta cette brûlure
fans paroître la fentir ; dès le même jour elle
fut notablement foulagée, & en un mois de temps
elle fut en état de vaquer à fes occupations ordi-
nairesj elle reprit même bientôt l’embonpoint que
fa maladie lui avoit fait perdre.
Six mois après cette guérifon , la même foeur
vint me prier de la débarrafler d’un refte de douleur
qu’elle reflentoit vers.l’os facrum; elle n’en
avoit point parlé , me dit-elle , jufques-là , parce
qu’elle étoit trop peu de chofe, comparée avec
celle dont je l ’avois délivrée. Le feu fut le remède
qu’elle propofa elle-même , ayant perdu la Confiance
pour tous les autres , & la brûlure ne Fem-
pêcha pas de remplir les devoirs ordinaires de fon
état.
Cette obfèrvation confirme un précepte d’Hippocrate
, qui recommande de cautériler en plu-
fteurs endroits. les cuifles attaquées de douleurs
de feiatique , & de faire en forte que les brûlures
foient profondes. In coxendico dolore crus adu-
rendurn multis atque profondis inujlionibüs»
C’eft auffi le confeil de C e lfe , qui regarde en
cétte occafion le feu comme le dernier remède.
Ultimum ejl 6 * in veteribus quoque morbis efif-
caciffimum , tribus aut quatuor locis fupra
coxàm candentïbus ferramentis exulcerare , omîtes
autem hujufmodi dolores ubi inveteraverunt,
vix citra ujlionem finiuntur. '
Quel jugement portera-t-on fur cette guérifon ?
Elle donne , je penfe , un exemple bien frappant,
bien décifif de la fupériorité. du feu (1) fur tous
les autres remèdes; & cette foeur, qui demande
elle-même, & par préférence, d’être brûlée une
fécondé fois pour une douleur aflez légère, ne
doit elle pas raffiner ceux qui s’imagineroient que
(1) Voyez la Pyrothecnie chirurgicale , par M. A. 5 eve-
rin. Les effets falutaires de Yadujiion y font bien développés.