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te r e n ja b ln ou t r a n je b in ( i ) , paroît d’abord fous
la forme ' d’une liqueur onâueule qui a la confif-
tance du miel, & qui couvre les branches & les
feuilles de l'a g u l pendant les grandes chaleurs de
l'été- Enfuite la fraîcheur des nuits la condenfe &
la réduit en forme de grains. Ces grains font un peu
plus gros.que ceux delà coriandre. Quand le foleil
paroît, ces grains fe fondent & difparoiffent. On
les ramaife en conféquence avant' le lever du foleil
, & on les réunit en pains allez gros , 6c d’une
couleur jaune foncée., rendue (ans doute plus brune
par le mélange des feuilles. Le sout de cette
manne eft à peu près celui de notre dinne de Calabre
, fucré & onftueux.
Dans l’Exode , la m a n eft comparée aux grains
de rofée ou de gelée blanche ; & dans le livre
des Nombres , il eft dit que ces grains font gros
à peu près comme ceux de la coriandre. Us fe
formoient en même temps que la rofé'e , & après
le foleil levé, les grains fe fondoient. Cette man
pe gâtoit même d’un jour a 1 autre, & les ilrae-
Btes en faifoient des gâteaux. Son goiît étoit, dit
l’Exode , femblable à celui de la fleur de farine
pétrie avec le miel; dans le livre des Nombres,
ce o-oût eft comparé â celui de pains pétris avec
l ’huile. L’Exode dit que les grains en étoient
blancs ; mais le livre dès Nombres compare leur
couleur à celle du b d e llium , qui eft jaune. Cette
différence vient fans doute de ce que la m a n ,
dans l’un de ces livres , eft confidérée dans fon
état de criftallifation, formée en grains à la flir-
fàçe des feuilles ; dans 1 autre , on la conftdere
pétrie en pains pour la nourriture.
Ainii, il paroît que la m a n des ifraélites & la
m a n n e de Y a g u l ou de Y d lh a g i font abfolument
femblables pour la faveur, la forme ^la couleur
même, & pour la propriété de fe liquéfier^ par la
chaleur & par les rayons du foleil. Il n’y a de
particulier à la man des ifraélites que la quantité
prodigieufe qui entouroit leur camp , & qui
dans tous les temps de l’année , durant quarante
ans , fervit de nourriture à ce peuple.^ Elle préfen-
toit encore quelques autres phénomènes qui ne
paroiffent pas conformes à l’ordre des caules naturelles
, & fut lefquels je n’infifterai pas ici.
Plufieurs voyageurs nous difent encore qu’une
m a n n e pareille le recueille abondamment fur le
mont Liban , dans plufieurs montagnes de l’Arabie-,
fie aux environs du mont Sina. Que les grains de
cette fubftaoce fe forment en fi grande quantité
fur les arbres, qu’une partie tombe à terre fur les
plantes & fur les roches, & que les habitans de
plufieurs contrées en font leur nourriture. En général
, il paroît que cette produftion eft tres-
( r ) Ce nom , en ufage chez les maures eft auflï donné
par Avicène «c Sérapion, à une efpèce de manne qui
tombe fut un arbrifleau. épineux , > qui par conftquent
pamîc .être la manne de Talhagi,
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abondante en Syrie , en Arabie , en Méropota-
mie, & en Perfe ,* qu’elle fe forme , non feulement
fur Yalhagi ou Ya g ul, mais fur une grande
quantité d’autres arbres , comme nous voyons chez
nous une elpèce de manne fe former l ’été fur les
feuilles de l ’orme & du tilleul , comme j en ai
vu pendant un été très-chaud fe former en grains
aflez gros fur les gouffes d’une efpèce de deiphi’
niumj comme encore la manne connue fous le no ni
de manne de melèfe, fe ramaife fur les folioles
& les branches de cet arbre } comme enfin la
manne de Calabre fe forme fur les branches d une
efpèce de frêne. C’eft par-tout, à peu près, la
même fubftance , on&ueufe & fucrée .
Une différence qui paroîtra effentiellê d quelques
uns, eft cette propriété de fe fondre au fole
il , puifque les corps fucrés que nous connoiG
fôns s’y épaiffiffçnt au lieu de s’y liquéfier. Cette
différence eft nulle, à ce que je pente ^ quant à la
nature de la chofe. La manne de 1 a g ï i l , comme
celle des ifraélites , fe ramaffoit en grains , en
même temps que la. rofée , -dans un pays où les
nuits font fraîches & humides. Ces grains ^ font j formés par une criftallifation opérée par 1 effet
combiné de l ’humidité , dont le. fuc le pénétré
pendant la nuit, & du froid. La blancheur de ces
grains dépend de cette criftallifation , qui divife
les parties & les rend tranfparentes. Le foleil
le v é , l ’eau de la> criftallifation , dilatée par la
chaleur, xeft forcée de s’épancher } & les crif-
taux fe liquéfient , ainfi que -nous le voyons arriver
â la moindre chaleur dans toutes les cri£—
tallifations très-aqueufes. L a différence de couleur
des grains & des pains de man , notee dans 1 Exode
& dans les Nombres, viept à l’appui de cette
obfervation.
Les propriétés de cette fubftance, ainfi que de
toutes les fubftances fucrées & onéfceufes, font la
propriété nutritive & laxative. On peut la comparer
en tout, à ce qu’il paroît, a la manne que
nous connoiffons } 8c probablement la manne de
Y a g u l, comme celle du frêne , n’a point, dans fa
fraîcheur, le goût nauféabonde que nous trouvons
à cette dernière quand elle eft confervee & tranG
portée. En effet , on affure que les calabrois
' mangent la manne avec plaifir , fans fe douter
même qu’elle foit auffi purgative quelle le ft
pour certaines perfonnes de notre pays. Ce que
dit Tournefort de la manne de Yagul eft entièrement
d’accord avec cette obfervation ; car on
mêle aux potions purgatives la manne de la g u l,
confervée en pain, à peu près dans la meme pro-
portion que nous y faifons entrer notre manne de
Calabre : & cependant il paroît que les peuples
du pays la mangent comme aliment, lorfqu elle
vient d’être recueillie. L ’Exode nous apprend que les
ifraélites la mangeoient le jour meme de la récolte
, & que le lendemain ou le furlendemaiis
elle ne valoît plus rien.
On auroit tort dé comparer entièrement^ ce-
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fubftances avec le miel, quoique nutritif & laxatif.
Celui-ci a paffé dans les organes des abeilles^,
& paroît y avoir éprouvé une dépuration. Il n a
point cette partie graffe qui paroît ’ eontra&er
promptement une efpèce de rancidité , & qui contribue
a donner à là manne cette qualité nauféabonde
qui augmente fon a&io'n purgative. Cette
partie y même lorfque la manne eft fraîche , doit
la rendre plus pefante fur l ’eftomac , plus fujette
a y exciter des gonflemens, & par conséquent d’une
digeftion plus difficile. On voit en effet que les
ifraélites ne tardèrent pas à trouver cet aliment
fade & rebutant.
Au refte , dans un pays brûlant on lés humeurs
s’épaifftffent, où la bile doit aifement s’arrêter
dans les organes qui la féparent,. un aliment fa-
vonneux & laxatif eft un préfent de plus que
la nature fait aux hommes , & qu’elle fem-
bie avoir proportionné a leurs befoins. Voye\
M anne & A lkagi.
( Voye\ Tournef. voyage■ du Levant. Leme-
r y , dicl. des drogues. Saumaife, de homonym.
hyles Lnricte , c. de mannâ. Exode , c. x vj}, nomb.
çhap. xj. ( M. H a l l e . )«
; A G U T I - G U E P A . Hygiène.
Partie I I . Chofes non naturelles ou matière
de Vhygiène.
Claffe III. Ingefta.
Ordre I. Alimens., végétaux, racines*
Pifon qui parle de Yagutiguepa ou aguti-
guepo-oH, d’ans fon hjftoire des plantes du Bré-
fil , en v donne une defeription botanique que je ne
rapporte pas ici- Enfuite , fans dire quel eft le
goût ni la fubftance de fa racine , il dit feulement, :
après avoir parlé de fa qualité mondificative &
déterfive, qu’elle fert de nourriture dans les temps
de.difette ,. & qu’on la mange après- l ’avoir fait
bouillir ou rôtir. ( M. H ALLÉ. )
A G U T I - T R E V A .
Partie II. Chofes non naturelles ou matière
de Vhygiène.
Claffe III. îngejla.
Ordre I. Alimens, végétaux, fru its aqueux
favonneux.
Ray parle plus clairement de Yagutitreba que-
Pifon de la plante précédènte. Celle-ci croît aux
îles Mariannes. Ray compare fes feuilles a celles
de. l ’oranger, & fes fruits aux grenades.’1 Les fe-
mences- & le fruit font de même entourées d’uné
chair tranfparente•, pleine d’un fuc doux & agréable
au goût.,.{Ancienne Encyclopédie.) I l eft
probable qu’elles, font auffi rafraîchiffantes».
^M . H a l l e . )
A H O $ 9 9
A G Y R I A S. Maladie des y .eux. Albedo in
cryfialloide. Ces dénominations s’emploient, félon-
Ambroife Paré , quand i l fe fa i t une tache blan-~
ehe fu r thumeur f rißalline, Ce célèbre chirurgien
a rédigé en une table l ’interprétation fran-
çoi-fe de beaucoup de mots grecs qui lui avoient
été expliqués concernant les maladies de l ’oe i l ,
par M. Cappel, doéteur régent de la faculté de
Médecine de Paris. Hoye-ç le 17e. livre des oeuvres
d’Ambroife Paré. Nous avons profité de ce
catalogue , pour faire connoître plufieurs mots qui
ne fe trouvent point dans d’autres lexiques} tel eft
le : mot agyrias tiré d’Aetius , liv. 7 , chap. z 6 v
ayuplas ab ayvpls , multitudo co lie ci a , amas,col-r
ledion d’humeur. Voyez Sur fusio n. ( M. CuAM-
s e r u . ) •
A H A T E . Hygiène.
Partie IL Chofes non naturelles ou matière
de Vhygiène.
Claffe III. Ingefta.
Ordre I. Alimens, végétaux, fru its favonneux*
\Jahate de Pauncho refèhi eft encore un arbre-
décrit par J. Ray , & qui croît aux Philippines,-
oft, fuivant cet auteur , il a été apporté des Indes-
orientales. Sa defcription botanique offre quelques
fiiigularités qu’oii peut voir dans l ’auteur
même 8c dans le dictionnaire de botanique^
Son fruit,. femblable au citron pour la grof-
feur , eft vert & ftrié en dehors ,- blanc en dedans
, & plein d’une pulpe fùcculente d’un goût 8C
d’une odeur agréables.
On le cueille avant la maturité , & on le1
fait mûrir ainfi que les nèfles. Il rafraîchit 8c
lâche le ventre , quand on boit de l ’eau pau-
deffus.
( Voye\ Pay", hift. plant. , dicl. de James: 7
Ane. Encyclop. ( M. H ALLÉ.)
A H O U A I ou A H O V A I , Theveti Cliifiu.
Arbor americana , fo l i i s pomi , frucîu irian-
g u lo , C. B. [P o ifon s .) Arbre du Bréfil, de la-
grandeur ordinaire dè nos poiriers. So h fruit eft
gros- comme une châtaigne, blanc, & a la figure*
, d’une poire ou des truffes d’eau : il contient un:
noyau triangulaire , partagé en deux loges, dans-
lefquelles il y a une amande. Ce fruit eft un;
poifbn.
, En faifaut des incifîons à l’écorce de Yaliouai,,
, on en fait forcir une liqueur laiteufe qui a une
odeur d’ail très - défagrëablç.
Le père Labat appelle noix de ferpent le*
noyau du fruit de Y allouai, à caufe de la propriété
qu’on lui attribue de guérir les morfures du ferpent
à fonnettes. M. de JuMeu doute de cette vertu.
Ane. Encyclop. & dicl. raif. univ. de mat•
, mid. § V . D . ):