
queftion , font, dans ces trois contrées , également
violens 8c defléchans, & font également luivis des
maux d’yeux & de la féchsrefle la plus afFreüfe,
auffi funefte aux productions' de la tèrre qü’in-
commodç pour les hommes. Hippocrate' attribue
les ophthalmies* aux chaleurs lèches. (ƒ* foitw
. . . ocp6aÀt«.jai , F. 3 ., aph. 16 Il n’eft
pas étonnant que dans un climat fujet aux viciflîcudes
d’un air tantôt humide & chargé de brouillards, tantôt
fec 8c chaud , expofé d’ailleurs à l ’impétuofité des
vents les plus violens, les rhumes 8c les maladies catarrhales'foient
très - communs j mais il èft remarquable
que la plupart • des maladies de cè
genre , très-ordinaires chez, les européens,., foient
inconnues aux hottentoîs. Indépendamment de
la {implicite de leur vie , il eft difficile de fe
refufer à croire que l’enduit graiffeux de leur corps
s’oppofe en partie à l ’impreffion dé ces caufes
fur l’organe de la peau , & en rompt beaucoup
l ’effet. Il eft difficile de dire pourquoi les
hémorragies font communes au Cap , pourquoi les
fuffbcations hiftériques.y font fréquentes& pourquoi
les maladies graveleufes y font au contraire
très-rares. Il faudroit en chercher la caufe plutôt
dans la manière de vivre que dans l’influence de
l ’atmofphère : mais, encore une fois, les hottentots
ignorent la plupart des fléaux qui tourmentent les
européens. Un feul avantage que les femmes européennes
acquièrent en Afrique , Sc qu’elles partagent
avec les naturelles , particulièrement celles du
G ap , au rapport deKolbe, c’eft la facilité des accou-
chemens , 8c le peu de fuite qu’ont les couches.
Pour l ’intérieur de VAfrique , je n’en dirai pais
plus que je n’en ai dit dans les paragraphes pté-
cédens. Je n’oublierai cependant pas un fait
que Mar mol rapporte, d’après., les.,- arabes. Il
dit qu’il exifte dans i ’inter4eàri de f Afrique un
peuple qu’on nomme les éfiingues.yqui 'multiplie
prodigieufement, mais qjuej les: vents chauds., qui
fouffient de temps en temps , répandent parmi eux
de grandes mortalités. [ Hiß, nat.-ùle- M. de
B itffon, t. 3 , in-49. , t. : 6 in-1 z j jpag.. zéo. )
Je terminerai ici l’hiftoi.re de l ’air dans les différentes
contrées de Y Afrique. En èVpofa'ht fes
différens effets fur les hommes qui en font environnés,
j’ai indiqué la plus graffdè partie des malar
dies qui régnent dans ce continent. Je laiflè à dau-
1res le foin de les décrire avec dès détails plus
étendus 8c plus exaéts. Je n’ ai dû ici m’ eri1 Occuper
qu’autant qu’elles font liées 'néceffairement
avec les influences extérieures , Sc qu’elles fervent
à déterminer la .nature Sc le caraôfcère dés
changémens qu’éprouve là farité & Ha cpnftitu-
tution des hommes. Auffi ne.doît-bn pas s’attendre
à. trodver dans la fuite de cet1 article aucune"
indication d’un traitement fuivi j mais •fèuiemént
des méthodes préferVâfiyés , qui" appâVtièn-
nent eflentiellement à l ’hygiène plutôt qu’à, la
thérapeutique.
H. Les effets 'fenfibles dés autres chofés dbctè
l ’homme fait ufage, nous préfentetont un tableau
beaucoup moins chargé que celui dont je viens
d’offrir l ’efaulfie , mais dans lequel les alimens-
& les bornons joueront le principal rôle-
Les égyptiens , dit Profper-Alpin { voye^ pour
tout' ce qui, va fuivre , de M ed ..<egyp. , 1. 1 ,
c. x ij, xiij, xiv J 1. t , c. xvj , xvij,. xviijj 1* 4*
c. i j , i i j , v , viij , ix 3 8c rerum oegyptiarum 9
1. 1 , c. i i j , xvij , xix ; 1. z , c. x ,. xj. ) font
un ufage trèsgrand des légumes herbacés, des-
.melons d’ eau , &de tous lés fruits aqueux , fonda ns v
favonneux , qui en général y chez eux , ont moins
de. goût que dans nos pays méridionaux., à caufe
des air ofe mens multipliés , néceffaii-es pour fup-
pléer à' la rapidité de. l’évaporation- C’eft. à cet
ufage exceffif des fruits & des herbes pleines d’eau
qu’il attribue la fréquence des hernies-, amenées »
dit-il, par le relâchement des fibres 8c la quantité
de vents qui en'réfultent. Le grand ufage desbains
, & fur-tout des bains de vapeurs, joint à une
vie oifive 8c molle', dans“ un'climat chaud, ne
peut-il pas", y Contribuer àntafcf que l ’ufage exceffif
des rafrâîchiiTans pris à rintérieur ? L ’habitude ou
Profper-Alpin dit que les égyptiens font de fe
faire vomir après les bains , 8c fouvent dans les
bains de vapeur même y -coutume connue des anciens
fous le norri àe fyrmaïfme, ne peut-elle pas
produire le même effet? Cependant les mouvëmèns
réguliers 8c 'les niftiôns dont ces bains'font.füi-
vis , 8c qu’on fait fucçëffivement dans toute l ’é-
tendtfe du corps, foit avec la main niié, fort avec
le linge , foit avec des étoffes de poil dé chèvre,
doivent corriger le relâchement oceafibnné par les
bains 8c les Tueurs. Les exercices gymnafliques,,
très-employés dans l ’éducation dé la jeùneffe, ainfî
que -dans la cure des'maladies v font unt autre
eorle&if non moins toile du même incbnvé-
nient. (P'oy. Ba in s , :Gymwà s t ï . );
Les memes, caufes qui produifçnt les hernies
peuvent auffi contribuer à la fpibleffe, douloureufe
de l ’eftomac , qui eft un mal très - commun eçu
Egypte. .Mais ce mal-, plus ordinaire aux hommes'.
/ 8c,; re m placé ‘ dans - les " fèmrnes pat la dou-
leüir'dé-.dos / 'petit ëtiçorè mieux être attribué aux
excès amoureux‘ auxquels les1 égyptiens fe livrent
fans mefure.1 L ’effomac doit' être' encore confr*
detaÊïemént' ; affoibli par là grande quantité dè
cette éfpèce de limonade qu ils appellent fo r—
h.et3 8c .par la boîffon ëxceffive de l’eau du N il ,
à .Tâquelle ils attribuent les plus grandes propriétés
économiques 8c médicinale^. Quand cette
wé^fi/vïéfft d’ être puifée , elle 'éft troublé y, alors
'F fo ïp érA lp in la croit mauvaife : mais 'quatrej elle
eft repofée & écjaircie ? elle eft douce & agréable
àii goût /.'8c elle jbaffe avec une 'facilité fîn-
gülie're par les' fellès , les’ urinés, & Tes‘fuenrS*
Profper- Alpin dit , 8c il cite fôn propre exemple
, qu’elle délivré les reins du calcul avec uo
fuccès fîngulier, lorfqu’elle eft bue en très-grande
quantité pendant. les douleurs • de la néphrétique.
Les maladies catarrhales > malgré la fraîcheur
des nuits 8c les rofées, devroient être plus rares
dans un climat auffi chaud que l’Egypte. Mais
l ’ufage de coucher à l’air fur les terraffes des mai-
fons, ufage doutant plus mauvais, que la différence
des jours aux nuits eft plus grande tant pour
la chaleur que pour l ’humidité , peut être caufe. de
la fréquence de ces maladies, rrofper-Alpin attribue
auffi là fréquence des maladies arthritiques
ou goutteufes, à l ’ufage de marcher la plupart
du temps nu-pieds dans un pays humide, 8c il
eit bon de remarquer en même temps la fréquence
des maladies caiculeufes , qui ordinairement eft une
tonféquence affez naturelle de celle des affeélions.
goutteufesi .
Le même auteur attribue Yelephantiafis , la
lepre y 8c diverfes autres maladies de la. peau., à
1 ufage trop commun que fait .le peuple., pour fa
nourriture , d’une efpèce de fromage gâté 8cl de
poiffons à demi pourris. C ’eft à la même caufe
qu’on attribue lés elephantiafis d’Ifiande , celles
Je Martigues en Provence, & celles même des
Antilles en Amérique.
Mai? parmi les excès auxquels fe livrent les
habitans de l ’Egypte, il n’en eft pas qui ait des '
fuites plus fuueftes 8c plus fenfibles que l ’abus des
qphrodifiaques , fur - tout de ceux qu’ils : tirent des
fubftànces narcotiques 8c enivrantes. Le vin , que
leur loi interdit, 8c dont cependant ils ufent quelquefois
avec excès , n’a pas , à beaucoup près, les
mêmes inconvéniens. Les fubftànces qui font la
bafe de leurs préparations enivrantes!, font l ’o-
p ium , les feuilles du chanvre , la jufquiame ,
Sc Y ivraie. Ils y cherchent trois chofes , l’oubli
des maux, des fonges raviflans, 8c des forces nou- .
Velles pour les,combats de Venus. Mais ils y trouvent,
auffi la fource d’une infinité de maux. Leur
mithridate, leur thériaque , 8c leur éleétuaire ,
qu’ils nomment des philofophes , font de toutes '
ces préparations , celles qui entraînent le moins
J ’inconvéniehs ; elles ’ font analogues à celles auxquelles
nous donnons, les memes noms» Ils parviennent
â prendre Y opium ( afion) jufqu’à la dofe
Je deux grós par jour. Mais ceux qui fe livrent â
cet excès tombent dans l’atrophie, leur digèftion
fe dérange , leur eftomac fe détruit , ils perdent
la mémoire, font enclins au fommeil > ont fou-
ivent la bouche de travers , le ventre ferré } Sc
éprouvent une diminution fenfiblé de la chaleur
naturelle. L e philonium, dans lequel l ’opium
eft affocié à des aromatiques, a moins d’inconvé-
niens ; les fonges qu’il procure font délicieux, il
donne â ceux qui en ufent une douce vicacité ,
une affabilité fingulière , une agilité momentanée.
Mais l ’effet paffe, ils perdent la mémoire de tout
ce qu’ils ont fait auparavant. L ’éleétuaire bers,
dans lequel l ’opium eft uni aux aromatiques ôç à
U jufquiame, eft regardé comme dangereux pour
les épileptiques. Les feuilles du cannabis feemi-*
,na , que les arabes appellent affis , ou l ’herbe par
excellence , fe prennent , ou feules , ou dans un
éleétuaire qu’ils appellent Berhavi ; elles cau-
fent des raviffemens 8c des extafes, dans lefquels
ceux qui en ufent fe croient réunis aux fubftànces
céleftesj 8c plufieurs font perfuadés que l ’ufage de
ce médicament étoit là vraie caufe des prétendues
infpiralions de leur prophète. Ce raviffement dure
quatre heures. Ils acquièrent alors une force extraordinaire,
,8c. fe livrent à l ’amour avec une vivacité
incroyable. Cependant les inconvéniens qui
en réfiiltent, plus grands que ceux qu’occafionneut
la thériaque 8c le mithridate, font beaucoup moins
dangereux que ceux dont l ’opium 8c le philonium
font la caufe. L ’eleétuaire bofa , dont le
-principal ingrédient eft la Farine d’ivraie mêlée
aux femences du qhanvre , a des effets analogues,
mais, plus forts que ceux de Y affis Sc de l ’é-
.lcviuaire. -.^ernavi : mais un effet commun â toutes
ces fubftànces, eft de faire contra&er aux hommes
qui en ufent journellement, une habitude à laquelle
ils ne peuvent fe fouftraire fans éprouver
de grandes fouffranees. Quand l ’heure arrive de
prendre o.u Yajfis , ou Yopium , ou quelques - uns
-des , éleétu.aires qui eu font compolés , s’ils s’en
trouvent privés, ils tombent dans un abattement,
une défaillance, 8c des fyncopes dans lefquelles
il fèmble qu’ils vont mourir, 8c dont ils ne reviennent
que quand on leur a donné leur dofe
ordinaire de l ’éleétuaire auquel ils fe font habitués.
Pour détruire ces fortes d’habitudes , Profper-
Alpin n’a pas trouvé de meilleur moyen que de
faire prendre à ces perfonnes tous les jours , à
l ’heure accoutumée , ,du vin de Chypre aromatifé ,
dont enfuite il diminuoit la dofe avec plus de facilité
, 8c dont l’ufage d’ailleurs étoit fans inconvéniens.
Outre cela, les égyptiens font encore
ufage de la bière , qu’ils font venir du dehors,
du vin de dattes , qu’ils préfèrent à la bière, Sc
d’urie multitude d’infufions aromatiques.
Je paffe fous filence tous les ufages qui n’ont
pas un effet fenfible ; mais je ne dois pas oublier
- Cependant , 8c la fréquente faignée qu’ils regar-
. dent comme un de leurs principaux préferva-
tifs , 8c l ’aduftion dont l ’hiftoire a été complètement
traitée à fon article , Sc les purgations
régulières. auxquelles ils n’ont pas moins
de confiance , mais pour lefquelles ils n’emploient
que les laxatifs les plus doux 8c les moins
irritans. Je n’ai pas befoin de dire quels peuvent
être les effets de ces diverfes pratiques ; mais il eft.
difficile de croire qu’une même conftitution ait
à la fois befoin de l ’ufage répété de préferva-
tifs fi différens , 8c même fi oppofés entre eux.
Je me bornerai à un très-petit nombre d’obfor-
vations pour le refte de Y Afrique. On fait la
qualité que les eaux les plus pures en apparence
prennent entre les tropiques, Sc la fétidité
X x a