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Ainfi, la formation de cette matière dans les voies
biliaires paroît avoir lieu par furabondance , &
point par une dégénèrefcenc e des lues. Le blanc
de baleine eft très-naturellement dans le crâne des
cétacés ; & le cerveau humain lorfqu’il eft parvenu
au point où cette fubftance y eft prefque
libre, a fubi beaucoup moins d’altération que le
foie n’en éprouve pour parvenir au même point,
& paroît beaucoup moins éloigné de l ’état natu-f
rel. Ainfi l’on peut mettre le blanc de baleine au
rang des fubftances animales qui forment les principes
immédiats de nos folides.
Nos orgahes folides fourniflent donc â l ’analyfe
cinq fubftances principales, la g e l é e l a fubftance
extraéjtive , la partie fibreufe , le blanc de baleine,
& le phofphate calcaire. On y peut joindre encore
un p;eu de matière albumineufe. Toutes ces fubftances
ont befoin d'être renouvelées par la nutrition
, & par conféquent continuellement fournies
par nos alimens.
Examen des fubftances qui composent nos
fluides , & fur-tout les fluides nourriciers.
Nos fluides font également renouvelés par les
àlimens dont nous nous nourriffons y & même en
ne confidérant que les fluides qu’on peut appeler
nourriciers, c’elt-à-dire ceux qui renferment la
matière que nos organes préparent pour la nutrition
, on y trouve prefque toutes les fubftances
qui fervent à la formation de nos folides* Ces
fluides font le chyle, le fang, la lymphe,, & la-
graille.
Nous ignorons vraiment la nature du chyle , &
quoique plufteurs phyfiologiftes aient admis dans
cette humeur une relTemblance & prefque une
identité avec le lait , il eft pourtant démontré que
le lait ne reçoit fes- propriétés caraéfcériftiques que
dans les organes mammaires , & Ion ne peut parler
des fubftances qui compofent le chyle, que quand
on fera parvenu à obtenir immédiatement ce liquide
des vailfeaux qui le contiennent.
Le fa n g contient dans fa férofité une matière
albumineufe en diflolution. On en peut auffi tirer
une matière gélatineufe , qui dans quelques cas
paroît être beaucoup plus abondante que dans l ’état
ordinaire. La principale partie du caillot eft formée
par une matière glutineufe qui fe confolide
par le repos fous la forme de fibres entrelacées.,
Dans certaines circonftances, ce caillot contient
auffi à la furface une fubftance gélatineufe & même
une partie albumineufe qui fo prend fous la forme
de couenne. On en fépare par le lavage une fùbf-
tance colorante, à laquelle eft unie une oxide de
fer. A toutes ces fubftances font unis difforens fels,
tels que le fol de foude ou carbonate de foude,
le fol marin ou muriate de foude, une petite quantité
de phofphate calcaire libre, Mais ce dernier
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fe'l fo trouve contenu en plus grande quantité dans
les charbons incinérés des fubftances albumineufe
& fibreufe ; foit que , peu ’foluble par lui-même ,,
il foit combiné dans ces fubftances , & ne puiffe.
être fufpendu que par leur moyen dans le liquide
qui diflout le fang , foit qu’il s’y forme dans
le temps même de la comfeuftion.
Le lait dont les élémens,. féparés du fang dans
les premiers momens qui fuivent la digeltion ,
viennent fe réunir & fe perfeétionner dans les mamelles
, pour fervir de nourriture à. l ’enfant ou
rentrer dans la circulation , & s’affocier aux autres
fucs nutritifs; le lait contient une partie coagulable
, femblable prefque en tout à la fubftance
albumineufe , qui fournit à Tanalyfe les mêmes-
principes que: le blanc d’oeuf ou l ’albumen. Elle
en diffère cependant d’une manière bien remarquable
,. en ce qu’elle ne fe coagule pas par. la
chaleur. Cette partie fait la bafe du fromage. Le
lait contient encore une fubftance graile, qui forme
le beurre. Sa férofité tient en diflolution , -comme
Rouelle l’a démontré., une fubftance de nature
gélatineufe. Elle contient auffi. un fol fucré , qui,
outre une fubftance- très-femblable au fucre, renferme
encore une matière faiine particulière, qui
eft la. bafe d’un, acide démontré par Schéele , &
que les chimiftes François ont nommé acide fa c -
cholactique. Après la combuftion , la partie ca-
féeufe ou ai bu min eu fe du lait laiffe auffi , comme-
celle dû ^fang r entre autres fels,. une certaine
quantité de phofphate calcaire.
La lymphe-, c’ eft-à-dire , la fubftance fluide contenue
dans les vaifleaux lymphatiques ,.n’eft pas encore
véritablement, anàlÿfée , ni connue; On la-
fuppofe femblable à la fubftance albumineufe
mais ne doit-elle pas auffi contenir une portion;
de fubftance gélatineufe ? Au reûe, tout ce qu’ou
e» a dit , on ne l ’a dit que par analogie.,
La graijfe contient une grande quantité- d’ une’
huile concrète, unie à une petite.portion de fubftance
qui paroît analogue à la matière gélatineufe,
purfque cette fubftance s’aigrit & qu’elle eft la véritable
caufe de la rancidité que les-grailles prennent
en s’altérant.
Le dernier ordre des liqueurs nourricières foro:t
celui des liqueurs,, qui, féparées du fang par les-
extrémités vafculaires , font verfées dans différent
organespour y prendre dans les moules d«; tilTu;
cellulaire la forme organique & la folidité propre
à chaque vifeère. C’eft de là qu’il paroît que
les vailfeaux lymphatiques qui font office de veines
pour les liqueurs blanches, rapportent les fucs
fuperflüs ou- étrangers aux organes nourris par les
extrémités artérielles blanches ; mais nos recherches
ne peuvent aller jufques-là , & il eft difficile
de croire que jamais tous les foins dés anatomiftes
& des phyfiologiftes puiflent nous faire jouir de
ce.t admirable fpe&acle.. -
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Comparaifon des fubftances qui compofent nos
fluides , avec celles qui font la bafe de nos
folides.
Ainfi, les fluides qu’on peut appeler nourriciers,
contiennent, i ° . la fubftance gélatineufe fi répandue
dans une partie de nos organes ; i° . la fubftance
fibreufe qui fait la bafe de tous nos mufcles & de toutes
les parties irritables & contraéliles j j° . les fubftances
albumineufe & caféeufe , qui, fort analogues
entre elles, ne paioiflent être qu’un premier degré
de la fubftance glutineufe ou fibreufe. I l paroît fur
que la partie cafeeufo du lait donne la matière de la
partie hbreufeyta fang. Peut-être même la fubftance
albumineufe eft-elL un état intermédiaire, & comme
un paffage de la partie gélatineufe à la partie fibreufe.
4°. Une fubftance grafîe qui prend aifément la forme
concrète. 5°. Une partie côlorante foluble dans
l ’eau. 6°. Un fol fucré. 7°. Des fels formés par
l ’union de la foude avec l ’acide carbonique &
l’acide muriatique. 8°. Enfin du |>hofphate calcaire,
dont une petite portion exifte a nu, difloute dans
la férofité , mais dont la plus grande partie eft
combinée dans les parties albumineufe & fibreufe ,
& ne fe retire que par leur incinération.
Il manque ici aux fubftances contenues dans les
liquides la partie extra&ive & le blanc de baleine ,
qui entrent, comme nous l ’avons vu , -dans la com-
pofition de nos organes folides. Mais noos trouvons
auffi deux parties que nous n’avons pas comptées
au nombre dès principes immédiats qu’on retire
des fubftances folides, qui font la partie colorante
& la partie grafle qui forme le beurre & la graiffe.
Il eft probable que c e lle -c i donne naiffance au
blanc de baleine ; on en retrouve auffi les élémens
dans Tanalyfe de la fubftance fibreufe , comme nous
le verrons ci-après ; & pour la partie colorante ,
comme elle fe trouve interpofée dans les organes
defquels on retire le plus de partie extra&ive, tels
que les mufcles, comme d’ailleurs, dans les animaux
dont les mufcles font les moins colorés, on
retire de ces parties d’autant moins de partie ex-
tra&ive , qu’elles font plus pâles ; il en réfulte
prefque évidemment que la partie colorante de nos
liquides devient une des bafes de cette partie qu’on
nomme extradtive , qui altère l ’humidité de l ’air ,
que M. Thouvenel compte parmi les fubftances
qu’on tire des mufcles des animaux, & qui colore
fy. donne du goût aux bouillons faits avec les
chairs des animaux adultes. Ne peut-on pas croire
que dans cette partie extradlive la partie colorante
eft unie , fous forme de favon, au fol de foude ?
A l’égard des fels que nous n’avons pas comptés
au nombre des parties conftituantes de nos organes
folides, â l’exception du phofphate calcaire^. les
uns, comme les fels fucrés qui ne fe trouvent que
dans le la it , changent fans doute de forme en
entrant dans; des combinaifons dont nous n’avons
pas encore le tableau j, les autres, comme les fels
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urineux , fo retrouvent dans les liqueurs excrémen-
titielles.
D e c e s h um e u r s e x c r ém e n t i t i e l l e s , l e s p lu s c o n n u e s
fo n t l a b i l e & l ’ u r in e . O n y t r o u v e d ans l ’ u n e &
l ’ a u t r e l a p a r t ie e x l r a é t i v e f a v o n n e u f e , q u i , d a n s
l a b i l e { ta n t e l l e fo rm e l a p r i n c ip a l e fu b f ta n c e y
e f t u n v é r i t a b l e fa v o n c o m p o f é d ’u n e r é f in e c ô lo - *
r a n te & d ’ u n e g r a n d e p r o p o r t io n d e f o l d e f o u d e .
O n t r o u v e d ans l a b i l e u n p e u d e m a t iè r e a lb u -
m in e u fe & d e fu b f ta n c e f e u i l l e t é e , a n a l o g u e a u
b l a n c d e b a le in e ; d ans c e s d e u x h um e u r s , & fu r -
t o u t d ans l ’ u r in e , o n t r o u v e l e s f e l s n e u t r e s p h o f i -
p h o r i q u e s , m u r i a t iq u e s , & c a r b o n iq u e s , fo rm é s p a r
l e s b a fe s c a l c a i r e s , l a fo u d e & l ’ a l c a l i v o l a t i l *
L ’ u r in e c o n t ie n t e n c o r e u n f o l p a r t i c u l i e r d o n t
l ’ a c id e l u i e f t p r o p r e , 8c a é t é n om m é p a r l e s m o d
e rn e s a c id e l i t h i q u e . . M a is^ c o m m e o n n e p e u t
p a s c o m p t e r c e s h um e u r s p a rm i l e s fu b f ta n c e s q u i
fe r v e n t à l a n u t r i t i o n , n o u s n’ e n t r e r o n s p a s p l u s
a v a n t d an s l e u r a n a l y f e .
L ’ e x am e n d e s fu c s f a l i v a i r e s & g a f t r iq u e s m é r i -
t e r o i t p e u t - ê t r e e n c e m o m e n t u n e a t t e n t io n p a r t
i c u l i è r e , p u i fq u ’ i l s e n t r e n t a u m o in s c om m e d i f -
fo l v a n s d ans l e s fu c s n o u r r i c ie r s q u e f o u r n i f l e n t
l e s alimens d ig é r é s d an s l ’ e f t om a c ; m a is n o u s
n ’ a v o n s p a s d e c o n n o i f la n c e s e x a c t e s 'f u r l a n a tu
r e d e c e s fu c s c h e z l ’h o m m e . I l p a r o î t p a r l é s
e x p é r ie n c e s d e MM. V a u q u e l i n & M a c q u a r t >
q u e l e fu c g a f t r i q u e d e s rum in a n s c o n t ie n t d e l ’ a c
id e p h o fp h o r i-q u e l ib r e & d es fo l s p h o f p h o r iq u e s -
M a is fa p r o p r i é t é a n t i f e p l iq u e e f t e n c o r e c o n -^
t e f t é e p a r p lu f t e u r s p h y f i c ie n s , & n’ e f t a u m o in s
p o in t e n c o r e p r o u v é e p a r l ’a n a l y f e .
Première eonclujion.
Q u o i q u ’ i l en f o i t , l e s r é f le x io n s q u e je v ie n s
d ’ e x p o f e r fu r l e s p r in c ip e s im m é d ia t s d e n o s f o l i d e s
& d es flu id e s n o u r r i c ie r s q u i c i r c u le n t a u d ed an s d e
n o u s , n o u s m è n e n t n é c e f f a i r em e n t à c o n c l u r e , i ° ,
q u e l e s o r g a n e s q u i d ans n o t r e c o r p s r e ç o iv e n t l e u r
a c c r o i f f em e n t & r é p a r e n t l e u r s p e r t e s p a r l a n u t r i t
i o n , n e fo n t p o in t to u s fo rm é s d’ u n e m êm e f u b f t
a n c e . z ° . Q u e l e s fu c s n o u r r i c ie r s c o n t ie n n e n t a u ffë
d an s u j rm êm e v é h i c u l e d e s fu b f ta n c e s t r è s -d i f f é r e n t e s
e n f r e b e l l e s , & q u e c e s fu b f ta n c e s f o n t p a r f a i t em e n t
f o m b l a b l e s , o u a u m o in s t r è s - a n a lo g u e s â c e l l e s q u i
c b n f t i tu e n t n o s o r g a n e s . ;®. Q u ’i l e f t h o r s d e d o u t e ,
d’ a p r è s c e l a , q u e c e s f lu id e s c o n t ie n n e n t u n e n o u r r itu
r e a u ff i v a r ié e q u e l a n a tu r e d e s o r g a n e s q u ’ i l s d o i v
e n t n o u r r i r . 40. Q u e p a r c o n f é q u e n t , au dedans de
nous, la fa cu lté nutritive ne réfide point exetufe-
vêment dans le feu l mucilage , c om m e l ’ o n t c r u l e s
c é l è b r e s m é d e c in s d o n t j ’ a i r a p p o r t é l e s o p in i o n s .
z°. Examen des fubfiances qui conflituent nos
alimens, comparativement avec les fubftances
qui compofent nos organes & nos fluides
nourriciers.
Il refte à examiner fi les fubftances qui com