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» trhive, que l'aâion & le travail bien ordonnés,
» qui cependant perfcétionnent les, liqueurs , leur
» donnent leur denfité, & qui leur font occuper
» moins de volume , fous la même ma£[e & fous
» la même quantité de parties »,
D e s folides & de la fibre, ( P . 417.)
« Quand on a enlevé toutes les humeurs, toutes
» les différences apparentes qui étoient entre les
» parties folides des animaux gras & maigres, dif-
» paroiffent abfolument (54), Le corps & toutes
» les parties, quelque diverfité qu’il y ait -entre
» elles pour la figure, font formés des mêmes .élér
« mens, & l ’on remarque par-tout la même fibre
» folide , appelée par les médecins fibre fimilaire ,
» parce qu’elle n'a rien d’organique , & que ce
» n’e-ft que fes différens compofés qui font réclle-
» ment organifés. ' Cette fibre eft pompofée de
» parties terreufes (p$). L ’on retrouve pour leur
» union une partie plaftique , mucilagineufe dans
» fon origine 3 mais qui', ayant perdu toute fa
» partie aqueufe, les tient unies enfemble , tant
» qu’il y a un peu d'huile qui les joint, & l ’on ne
» peut l ’enlever que par le moyen de i’aârion du feu
» nu. Le mucilage qui tombe fur ces fibres, & qui
» les arrofe continuellement , leur donne leur fou-
» pleffe3 & la preuve en eft fenfible, puifque ,
» fî—tôt que ce mucilage eeffe de fe féparef, les
» parties s’endurciffent, & n’ont plus cette fou-
» pleffe organique qui eft nécçffaire poqr leur
* aétion »,
D u cerveau. ( P . 418. )
çt Cependant, quelque confîdérable que foit la
(94) Il refte cependant une différence -, ç’eft que la fibrp
des animaux gras eft plus fouple, a moins de cohérence, parce
qu’elle étoit abreuvée de la graiffe de l’animal, & quelle eft
pleine d’un mucilage mêlé d’huile & de gélatine, qui
adhère a la fibre , & qui ne s’en fépare que par une dér
coôion. très-prolongée.
(PS) Cette fibre fimilaire non organique & feulement
terreufe , n’a d’exiftencé que dans la théorie. Les çhimiftes
nous ont ’ démontre que la fibre mufculaire «'étoit autre
chofe que la partie fibreufe du fan g moulée dans les gain es
cellulaires qui luï donnent fa forme. M. de Fourcroy eft
un de ceux qui a le mieux conftaté cette identité. Ce n’eft
jamais là une fubfiance terreufe , & ce n’eft jamais non plus
une partie inorganique. Elle ne peut devenir terreufe qu’en
perdant fa compofitiôn , & inorganique qu'en perdant fa
•forme. D’ailleurs il n’y a rien de véritablement terreux
■ dans le corps. Ce qu’on appelle ainfi n’eft point une terre,
mais un fel phofphorique. — On ne peut pas dire non plus
que l’on remarque partout la même fibre folide, & que
toutes les parties du corps foienc formées des memes été-
mens. La fibre des membranes n'eft pas la fibre mufculaire,
& celle-ci n’eft pas la fibre offeufe, ni dans fa forme,
ni dans fe.s élémens , ainfi que nous l’avons prouvé article
Ier., §. 3, queft. i ere.. M. Lorry fent lui-mçme l'impoffi-
bilitc de cette dourine, comme il paioît ci-après, en parlant
du cerveau, &c.
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» petiteflt de 1& fibre, prife en elle-même, peut-
» on fuppofer que ce foit la même qui compofe
» le cerveau & certaines g Landes, & les parties
» les plus dures » ?
« Les anciens nous ont tousdit que les cerveaux
» des animaux donnoient beaucoup de nourriture,
» & une nourriture fort pit-uiteufe; ils regardoient
» ce vifeère comme la fourçe de la pituite, qui
» n’eft, fuivant le langage de Galien, qu’un ali-
» mentum femi-cocîum ; mais au contraire le plus
» pur & le plus tenu des liquides s’y fépare de la
» partie du fan g la plus atténuée j auffi le cer-
» veau prend-il ai Cément le caractère d’une corrup-
» tion çonfidérable (p6), qui le rend promptement
» incapable de nourrir. Les cerveaux font peu 1111-
» tritirs 3 leurs principes font trop atténués : on
» pourroit les ranger dans les parties fluides , s’il
» ne reftoit pas néceffairement & invariablement
» une partie indiffoluble dans l’eau ».
« Pour les fibres du corps animal, Boerhaave
» les exclut de la claffe des nutritifs (97) par la
» même raifon qu’il çli exclut les fibres des vé-
»■ gétaux. En effet, on peut retirer une gelée des
» os les plus durs des animaux , conferyés même
» pendant plufieurs fiècles 5 mais il refte toujours
» un fquelètte terreux qui forme la plus grands
» partie de leur fufiftance ». •
D e s fluides. ( P • 420. )
ç< On peut fe çfilpçnfer de s'étendre, avec les
( 96) Eft-il vrai que Je cerveau prenne aifément le cil-
ratière d’une corruption très-confîdérable ? Les obfervations
qu’on peut faire dans les amphithéâtres d’Anatomie , ne
le prouvent pas j car certainement les chairs s’altèrent bien
plus promptement que fes cerveaux. Les obfervations de
M M. Thouret & Fourcroy dans le cimetière des InnOcens ,
font également contraires à.cette proportion& la n attiré
connue maintenant, ou à peu près cohnue , fle la fubftancc
cérébrale femble également devoir nous'"éloigner de cette
idée, qui eft venue probablement plutôt d’une préfompr
tion que pouvoir donner la mollefle de cç vifçère, que
d’unef observation précife ; établie fur des faits comparés.
Il en eft de même de la faculté mirritive de ce vifeère.
Comme la raifon de l’atténuation des principes n’en eft:
plus une pour des phyficiens exa&s, il n’çft pas aifé de
déterminer fi la fubft.ançe cérébrale eft peu ou beaucoup nu.
tritive, ni quelle éfpèee de nourriture elle donne. Les anciens
la regardoient bien comme d’une digeftion allez difficile
j mais ils ajoutoient -qu’une fois digérée , ce n’étoïc
point un aliment méprifable. ( V. Galien 3 de facult. ali»
'mentor. I. 3. ) Ils jugeoierit des chofes par leurs effets, &
ç’étoit fur ces effets qu’ils bâtifloient leurs théories , que
nous rejetons avec raifon , niais donc il faut confervec
les bafçs, qui m’étoient autre chofe que l’oblervation.
(97) La fibre mufculaire , dépouillée de (a -gelée graif-
feufe qui l’abreuve, & de la partie gélatineufe foluble qui
eft amalgamée avec la partie fibreufe, réduite à ce dernier
principe , qüi ainfi ifolé devient prefque infolubie , doit
être trèsr-peu nutritive ; mais cette fibre ainfi épujfée n’efi:
plus la fibre mufculaire. De même la bafe de la fibre of-
feufe, réduite au'phofp^ate calcaire, ne concient plus rieii
d’alimenteux, car elle ne contient plus rien de foluble.
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» anciens , fur les propriétés nutritives des diffé-
» rentes parties des animaux 3 cës différences dé-
» pendent toutes de la qualité des humeurs /qui y
» féjournent, & ces différences fe comprendront
» aifément, quand on aura détaillé la différence
» de ces humeurs ».
« Le chyle eft la fource de laquelle fo.nt forte
niées fucceffivement toutes les humeurs dm-corps
» a n im a l, les unes après les autres ».
Le lait, ( P , 4 2 1 . )
« L e premier produit du chyle , qui retienne
» le plus de -fes propriétés , cependant avec plus
» d’atténuation , eft le lait que l ’on retrouve dans
» l ’homme & dans tous les quadrupèdes. La pre-
» mière queftion que l ’on peut faire fur le lait
» roule fur fon exiftence univerfell-e 3 car on 11e
» le retrouve que dans certaines çircoiiftânces, qui
» font la fupprefilon des menftrues dans les fe-
» melles humaines , & le temps qui fuit l ’accou-
» chement dans toutes les femelles.des quadrupèdes,
» comme aufii dans certains poiflons 5 cependant
» la quantité de lait eft fi proportionnelle au,chyle,
» fes qualités l’en rapprochent fi fort, qu’on ne
»peut douter qu’il ne pu i fie être regardé''comme
» le premier produit du chyle, déjà un.peu con-
» denfé, & comme animalifé. Quelque ignorance
» qui ait régné fur la nature & fur la production
» du lait , Hippocrate n’a pas craint de- mettre
» cette liqueur au rang du fang, & de prononcer
» hardiment, Luc & fanguis alimenti redundantia.
» Pour prouver en deux mots que tel eft le la it,
v qu’i l ' n’eft, pour ainfi dire , qu’une ébauche de la
» nature pour tourner le chyle en fang, il eft
» inutile d’entaffer des exemples de lait trouvé,
» dans des mâles , de lait qu’on a vu furnager
» dans la poelette , quand on a fait des faignées
» après le repas 3 il fuffit de remarquer que la pro-
» duëtion du lait eft intimement liée avec i’érup-
» tion ou la fuppreftion des lochies , & même des
» menftrues, qui ne font autre chofe qu’un fang
» très-pur. L ’apparition des menftrues fait cefler
» le lait , comme la fuccion du lait fait dilpa-
» roître les menftrues 3 le lait eft formé pour la
»nourriture de l’enfant., comme la liqueur de
» l’amnios eft formée pour la nourriture du foe-
» tus (s>8)> H eft donc évidemment une humeur
» nutritive , & c’eft le premier produit de l ’alté-
» ration du chyle ».
« IL paroît en effet principalement apres le re-
» pas j mais deux heures après le repas, il eft clair
(98) L’enfant paroît fe nourrir encore plus du fang qu’il
reçoit prefque immédiatement du corps de la mère parle
p’acenta &c les vaiffeaux ombilicaux. Cependant l'analogie
de l’albumen ou blanc d’oeuf chez les oifeaux , avec la
liqueur de l’amnios, eft une raifon de préfumer que cette
liqueur fert aulfi à la nourriture du foetus.
• J’ai déjà fait remarquer,- & l’on verra par la fuite, plus d’une
fois, combien eft peu exaft, à quelques égards, le rapprochement
qu’on a toujours fait du chyle Sc du lait.
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» & ténu , Sc retient encore quelque chofe de l ’an-
» cienne -nature des alimens, La nature ne l ’a
» pas encore préparé, & ne lui a pas donné la
» denfité que le jeu continuel des vaiffeaux lui
» donne après cinq ou fix heures 3 alors il eft dans
» fon état de perfection, mais bientôt après il
» prend un autre caractère 3 car ce qu’il y a de
» plus d.enfe , fuivant des routes nouvelles, conf-
» titue le coagulum du fang. On ne voit; plus pa-
» roître aux mamelles qu’une férofité tout à fait
» animale ».
« Mais en confidérant le lait comme un a l’l -
» ment, il faut s’attacher à Ton état de perfection,
» c’eft-à-diue , à celui ou il eft fix heures après
» le repas, quand il a acquis fa denfité naturelle ,
» la couleur & la- Confiftance qui lui font propres.
» Alors il a une faveur extrêmement douce, quod
» in fanguine diUciffimum efl , dit Hippocrate* *;
» il a une couleur blanche , une union & une éga-
» ,lité dans fes parties , qui fait proprement lôn
» caraCtère : auffi cet auteur a - t - i l bien raifon
» de le citer comme un exemple des fub fiances
» defquelles il dit, qu’elles font dulces gujlu &
» dulces f a cuit cite. Tant que le lait eft frais,
» tous fes produits conferyent cette douceur; aban-
» donné à lui-même , il dépofe petit à petit une
» partie, plus pefance , & qui tombe au fond de
» la férofité 3 c’eft le fromage , ou la partie ca-
» féeufe. Quand on fépare, cette partie pat* un arti-
» fice prompt, comme par le moyen des acides.
» cette partie cafééufe entraîne avec elle toutes les
» parties qnî ne font pas de la férofité 3 mais fi
» on le laiffe à lui-même, il fe fépare une troi-
» fième partie qui fumage dans, la férofité' (9?') ,
» & qui a toutes les propriétés des huiles douces
» des végétaux. C ’eft la partie butireufe , ou le
» beurre, qui acquiert une certaine confiftance par
» des battemens réitérés:', toujours prêt à redevenir
» fluide dans la chaleur; & même cette confiftance
» lui eft commune avec beaucoup des huiles des
» végétaux ».
« La partie caféeufe eft une efpèce de mucilage
» prêt à devenir folide 3 c’eft la pallie du lait qui a le
» plus fouffert l ’aftion des vaiffeaux , & qui a auffi
» acquisse plus d’atténuation. On Taie qu’on peut
» retirer de l ’alcali volatil des produits de cette
» partie. I l eft vrai qu’il faut que le feu le dé-
» veioppe 3 mais c’eft ce qu’il a de commun avec
» tous les produits animaux 3 on en retrouve moins,
» on le retrouve avec plus de peine dans le refte
» du la i t , qui ne donne que les produits des vé-
» gétaux un peu atténués ».
Des proportions des parties du lait. ( P . 42$.)
« C’eft d’après le plus ou le moins de ■ ces
(99) Quand le lait eft abandonné à lui-même» le beurré
ou la crème eft la première partie <jui fç. lepare, en s*ac-<
cumulant à la furface.