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très ( i ) , pour réfoudre des caîlofiiés renées après
la cicatrifation de certains chancres vérolic^ues ( i ) ,
& pour cicatrifer des ulcères, foit vénériens (3),
Toit fcrophuleux (4).
( L ’ufage de la chaleur a&uelle , fuivant le procédé
de M. Faure , n’ eft pas moins avantageux
pour guérir promptement les contufions ( f ) , pour
réfoudre l’échymofe (6) , & les autres accidens qui
en font la fuite.
Ce qui pourroit paroître incroyable , fi Fauteur
tfen citoit des exemples , c’eft que ce même moyen
eft un des meilleurs & des plus prompts auxquels
on puiffe recourir pour diflîper les engorge mens
inflammatoires , & même dans le traitement du
charbon (7).
fuivans, la flu&uation, donc nous avons parlé , difparuc
prefque entièrement , & le cancer en total parut diminuer.
Cette même partie où éc'oit la fluctuation devint plus dure
& plus inhéiénte à la grande tumeur ; fa couleur changea,
& devint rouge , eu égard à fa propre fituation qui l’ex-
pofoit à la plus, grande ardeur du charbon. Après trois
mois ou environ du traitement dont nous parlons , il
s’eft fait, fur ce lomrnet, quelques légères ouvertures qui
ont donné une fuppuration louable , par trois fois quelques
gouttes de fang, le tout fans que la malade ait ref-
fenti la moindre douleur, non plus que lorfqu’on touche
la tumeur , qui diminue , fe ramollie, & fe circonfcrit de
jour à autre, & qui par-là s’eft éloignée de deux pouces
de la glande axillaire , avec laquelle elle croît jointe. Cette
glande elle-même eft rentrée en fon état naturel, quoique
la malade ne fe ménage en aucune manière, qu’elle puife
de l’eau , & s’occupe des ouvrages les plus pénibles de fon
état. Une réflexion fins pie, ajoute M. Faure , naît de ce
fujet; c’eft que ce traitement fera fans doute bien plus efficace
lorfque la tumeur ne fera que fehirreufe ».
(1) « Il faut faire attention, dit M. Faure ( page 848,
©bf. xvîij. ) , que quoique j’aye donné l’exclufion aux ulcères
provenans de quelques-uns des virus connus , je n’ai
pas laitié que d’employer avec avantage "ce traitement d
l ’égard d’une dartre fort ancienne & fort confidérable, qui
s’ulcéroic chaque année , & que j’ai détruite, étant persuadé
. . . . . qu’il y a fou vent plus de localité qu’on ne
penfe dans les maladies cutanées.
(2) Page 849.
(3) Ibidem, & alibi,
(4) Ibidem.
(5) Voyez fur-tout à la page S$7 , obferv. xlj.
16) Ibidem.
(7) Voyez , pag. 8 s 5 , obferv. xxxiij.
Parmi le grand nombre de ces engorgemens inflammatoires
que M. Faure a Sure avoir guéris par la fim pie chaleur
du charbon, il nous fuffira de rapporter ici l’obfervation
fuivante ;
« La nommée . . . . travaillant à tirer de la foie, fut
attaquée foudainement d’une douleur violente dans toute
l’étendue de la main gauche, qui fe faifoit fentir plus fortement
entre les doigts indicateur & celui du milieu , par
l’apparition fubite d’un chatbon ou anthrax. Aux environs
de cette dernière .partie , on voypit deffiis & deflous la
main une tumeur rouge enflammée 8c très-douloureufe au
toucher. La malade fe détermina facilement à fe fervir de
la méthode du charbon , parce qu’elle en avoir éprouvé depuis
peu l’anéantiflemenc d’un panaris donc elle étoit ménacée, ou
plutôt attaquée au pouce de la même main gauche , & dont
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Telles font en général les maladies pour la
guéri fon defquelles M. Faure a employé , avec
luccès, la chaleur actuelle des charbons embraies,
& dans le traitement defquelles on p.eut en- recommander
l’ufage.
Cette méthode, que Fexpérience a démontrée être
très-utile dans les morfures fimples ( 1 ) , le fe-
roit-elle également pour traiter celles des bêtes
vénimeufes en général , & les plaies d’armes,à
feu ? Ce font - là autant de fujels fur lefquels le
chirurgien diftingué qui nous a fourni ces détails,
propofe de faire des obfervations.
I l eft important de remarquer que la méthode
dont il eft ici queftion n'exclut point les opérations
chirurgicales que demandent les ulcères fif-
tuleux, non plus que le traitement particulier,
elle fut guérie en quatre ou cinq reprifes de la chaleur inf-
tantanée. L’attaque de l’anthrax a duré peu de temps -, le
quatrième jour , la malade a bien dormi, & n’a retient!
que peu de douleurs. Ellé a eu le mouvement.libre de fes
doigts, quoiqu’auparavant la douleur s’étendît tout le long
du bras, & fur-tout fur le ligament annulaire de la main.
L’anthrax a percé & s’eft delféché ».
Cette obfervation prouve donc invinciblement que l’on
ne doit pas craindre de fe fervir du procédé indiqué ici
par M. Faure dans le cas de maladies inflammatoires. Il
s’eft convaincu , par plufieurs expériences , qu’il réuflit
fingulièrement dans les cas d’éryfipèle , d’herpès, de panaris
, &c. Et à l’égard de ce dernier genre de .léfion , le
fuccès a même été quelquefois fi prompt, que plufieurs malades
ont été guéris prefque fur le champ, comme le prouvent
, entre autres, les obfervations fuivantes :
Obferv. xxxvj. Madame la Marquife de . . . , attaquée
d’un panaris de caufe externe, fitué au pouce de la main
droite, a fouffert pendant plufieurs jours. On ouvrit la
tumeur ; la malade, ennuyée de fouffrir , n’ayant pas voulu
attendre l’quvèrture fpontanée , immédiatement après on
chauffa , & le lendemain matin cette .dame fut guérie.
Obferv. xlj. Mademoifelle . . . , bleflee au gros orteil
du pied gauche par quelqu’un qui marcha detius fort lourdement
, retien tic. une grande douleur. Il y eut contufion,
échymofe , inflammation. On appliqua des cataplafmes &
des onguens qui firent fouffrir eon fidérab 1 e m en t la malade,
laquelle étoit d'autant plus inquièce, qu’elle avoir eu autrefois
un ulcéré qui dura fepe à huit mois, & fur lequel on
inftrumenta doulôureufement. Dans cette appréhenfion, elle
manda un médecin qui lui confeilla de fe fervir de la méthode
de M. Fauré. La malade y mit fa confiance , 8c elle
fe chauffa avec tant de courage , quelle fût guérie en
une feule féance.
(1) Un habitant de . . . , fut mordu par un homme
en colère, avec lequel il fe battoic. La douleur, l’inflammation
, plufieurs- ouvertures faites à l’occalion de dépôt,
avoient totalement déforganifé la conftitution naturelle de
la partie. Les chirurgiens qui l’avoienc foigné , dit M.
Faure (obferv. xxxviij ) , n’efpérant plus rien après cinq ou
fix femaines de traitement, & appréhendant la gangrène,
qui écoic menaçante , lui confeiîlërenc l’extirpation. Mais
le malade, répugnant à ce fâcheux moyen , vint ic i, où
il fut fournis fur le moment à l’exercice du charbon ; ce qui
"a fi bien réuffi , qu’en moins de cinq femaines il eft, reparti
parfaitement guéri , après avoir atiuré plufieurs fois que
depuis l'inftant qu’il s’eft chauffé il n’a plus fouffert aucune
douleur, laquelle ccoit très-violence auparavant,
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qu*on doit faire à un ulcère ou à toute autre affection
locale, dépendant d’un des virus connus , ou
de plufieurs- vices combinés : cette méthode n ex-
clud pas non plus les remèdes généraux, comme
les faignées , les purgations & autres moyens
auxiliaires , qu’on doit toujours employer dans
le cours du traitement , lorfque le cas le requiert.
Chaleur actuelle communiquée par /’infolation.
M. Faure, dirigé par les mêmes principes qui
l ’avoient d’abord déterminé à faire ufage de la chaleur
aétuelle des charbons ardens, & encouragé par
les fuccès qu’il en avoit obtenus, dev.oit naturellement
penfer qu’en expofant les parties malades aux rayons
du foleil , • quand la chaleur de cet aftre jouit
d’une certaine force , il en réfulteroit dés effets
avantageux. Les expériences , qu’il a tentees a
ce fujet , ont répondu à. fon attente. C ’eft fur-
tout dans le traitement des plaies ,& ulcères
que ce moyen lui a réuffi. « Ce qui me paroît,
dit-il ( 1 J , encore plus admirable & bien moins
difpendieux que la chaleur aftuelle des charbons
embrafés, c’eft la découverte que je viens de faire ,
laquelle confifte à préfenter la partie ulcérée a
l ’ardeur du foleil dans le moment que cette chaleur
atteint le trente-troificme degré du thermomètre
de M. Réaumur : dn voit alors couler de
tous les points qui peuvent donner iffue à la matière
purulente , la même rofée que la chaleur
du charbon procure. Or , ajoute M. Faure , dans
les pays méridionaux , on pourra fe fervir de 1 infolation
pour terminer la cure des ulcères, & même
dans les autres régions , lorfque la faifon le permettra
». Nous ferons bientôt voir qu’on peut
profiter en toutes faifons des bons effets de cette
méthode, en augmentant , autant qu’il fera befoin,
la chaleur du fo le il, par le moyen du verre ardent
comme M. Lapeyre , chirurgien de
vaiffeau , l ’a fait depuis avec un grand fuccès ;
& comme. M. Lecomte , - maître en Chirurgie à
Arcueil , déterminé par quelques expériences
heurer.fes qu’il avoit vu faire par ce moyen , pour
cautérifer des boutons chancreux , s’en étoit fervi
avec avantage dans le traitement d’une tumeur analogue
, long - temps avant que les recherches de
M. Faure fuffent connues.
Chaleur actuelle de Vinfolation communiquée au
travers du verre ardent.
On a vu que fi , au lien de tenir le verre ardent
fixé pendant un certain temps fur un même
(1) Méfhoire far Vufage de la chaleur actuelle dans le
traitement-des ulcères. Mémoire de l’aead. royale d.e Chir.
lom, 5 # in-40. page. 847,
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point, comme on. le pratique quand on veut obtenir
par ce moyen une véritable aduflion , on
fe contente de promener la lentille fur les parties
, en imprimant au verre un mouvement va-
cillatoire qui change fans celle fa pofitiori , le
degré de chaleur que le feu folaire excite alors
dans la partie malade , quoique beaucoup plus
modéré , offre un moyen recommandable pour
la guéri fon d’un grand nombre d affections externes.
C ’ eft à M. Lapeyre , chirurgien de vaiffeau *
qu’on eft redevable de la méthode que nous annonçons
ici. Ce chirurgien , ayant effayé de guérir
quelques ulcères de mauvaife qualité par la
chaleur du feu aâruel, fuivant le procédé de M.
Faure , & n’ayant obtenu aucun fuccès de cette
pratique , eut recours à la chaleur du verre ardent.
Il ne tarda pas à remarquer qu’il étoit fou-
vent utile d’imprimer , dans cette opération , diffé-
rens mouvemens a la lentille. Les refultats des
expériences faites à ce fujet par M. Lapeyre, fe
trouvent confignés dans l ’hiftoire de la jj fociete
royale de Médecine, année 1776 (ƒ)• Voici quel
eft fon procédé : il préfente la lentille aux rayons
du foleil , afin de les raffembler dans un foyer
auquel eft expofée la partie ulcérée} il la parcourt
dans toute fon étendue, jufqu’à ce que la chaleur
fe faffe fentir vivement : il répète plufieurs fois
cette opération dans le • courant de la journée j &
comme il a foin de ne pas tenir long-temps dans-
la même fituation le verre dont il fe fe.it-Q il.
donne au mouvement qu’i l exécute le nom d«
vacillatoire.
Réflexions générales fu r Faduftlonv
C ’eft un fingulier fpeétaele que de voir comment
, à de grandes diftances, on pratique la Médecine
, quelle oppofttion on-trouve entre les divers
moyens curatifs, & fous quels rapports enfin;
ces différens procédés fe rapprochent, & produifent
fouvent des effets femblabies.
En Efpagne & dans l ’Italie , la g la c e , la
neio-e , l ’eau glacée font des remèdes que l ’on
applique a tout. G alien, qui- pratiquoit en Italie
, prend le ciel à témoin, dans plufieurs endroits
de fes ouvrages , que l ’eau très-froide eft en quelque
forte .un fpécifique , fur-tout dans le traitement
des fièvres ardentes : ce qui prouve en même
temps l’ancienneté & Futilité de cet ufage dans
ce climat.
Que Fon jette enfuite un coup-d’oeil fur ce
qui fe paffe en Afrique & en A fie. De temps
immémorial les égyptiens, les arabes , les chinois ,
(t) Obfervations fur la gue'rifon de plufieurs ulcères,
Opérée par le mouvement vacillatoire' du verre ardent ( par
M. Lapeyre). Hift. de la fociétéroyale de Médecine, année
177$, pag, 296 ôc fiiiv.