
expérience fur diffère ns volumes d*air & fur différentes
parties du corps.
6°. U n ir dans lequel le bras a été plongé
pendant quelque temps dans les vaiffeaux. clos,
diminue affez de volume pour élever fenfiblement
le mercure d’une cuve au deffus du niveau qu’il a
pris d’abord dans un tube adapté à l ’appareil (pé).
Cette expérience prouve-t-elle qu’il fe fait une
abforption de l ’air lui-mêmë par l’organe cutané ?
Non. En effet, fi, comme il n’eft guère poffible
d’en douter, l’acide carbonique formé dans cette
expérience, s’eft formé, ainfi que dans la refpira-
tion , aux dépens de Yair environnant, i l eft naturel
que le volume de celui - ci ait diminué dans
cette combinaifon, comme l ’expérience le prouve
dans tous les cas où il y a formation d’acide carbonique.
Et comme la diminution dans le voiume
de Y air environnant eft peu confidérable , il eft
probable qu’elle eft tout entière due à cette com-
binaifon & par corvféquent on peut croire qu’i l
ne f e f a i t , par ta peau , aucune abforption fen -
fible de Pair atmofphèrique.
7°. Il n’eft pas douteux que fi la peau n’exhale
ni n’abforbe aucun fluide élaftique, elle exhale au
moins une grande quantité de flu id e s en vapeurs-, & (Pautres émanations odorantes ou inodores, qui fe mêlent à Y a ir , dont quelques-unes peuvent
être recueillies de plufieurs manières Sc dans-
diverfes eirconftances, quoique les analyfes pneumatiques
ne nous aient pas plus inftruits fur cet
objet que fur le fujet de l’exhalation pulmonaire.
I l eft très - probable auffi qu’elle abforbe dans
d’autres temps, & diverfement, fuivant les cireonfcorps
peut donner naiffance, proportionnément à cefle qui
a été produite par fon bras. Mais ce calcul a un défaut
eflentiêl. M. Jurine a déjà vu une différence confiance,
quoique légère, entre la quantité d’acrde crayeux pris fous
fon aiffelle èc à fa ceinture. (. Voyez note 33. ) Cette différence
peut être confidérable dans d’autres parties du corps-,
foit en plus foie en moins ; Sc cette différence changera
beaucoup le calcul total. 2°. Quant au volume de l ’air
altéré par le contaél de la peau, j’ai déjà fait fentir que
230 pouces cubes à’air ne font pas précifément l’air exactement
ambiant, altéré par le côntaâ de la peau. 30. Quant
au temps de faturation , j’ai déjà dit dans quel moment
de l’expérience on peut la fuppofer complète. Ajoutez à
cela la différence qui doit fe trouver, comme je le dirai ,
entre un air continuellement renouvelle, & un air ftagnant
autour du corps , comme celui de l’expérience ci - deffus
décrite, tomme celui meme qui eft retenu par des habits
plus ou moins épais -, ajoutez plus encore , la différence que
ces différens états du corps dans les différens momens de
là journée doit apporter dans tous ces produits efiimés par
M. Jurine for une bafe trop générale. Mais il faut lui
rendre juftice 5 il n’a pas prétendu donner fes calculs
comme parfaits, mais feulement comme des effais, & cec
effai pourroit être regardé à beaucoup d’égards comme un
chef-d’oeuvre.
( 36 ) ï£ manque à cette expérience la note exaâe de
cette diminution. C’eft ce qui a déjà été remarqué H la
fin de la note 30, où ce fait ejl expofé en détail,
tances, les émanations & les vapeurs qui foret
répandues & dïffoutes dans l'a ir , Sc fur lefquelles-
nous avons déjà dit que i’Eudimnétfie nous a.
donné très-peu de ccmnoi(lances. Les temps & la
mefure dans lefquels fe font ce s émi fiions & ces
abforptions , comparativement aux autres évacuations
feniibles , fôit relativement aux périodes de
la digeftion & de la coétion 0« àffimilation delà
matière alimentaire, foit dans l’intervalle même-
de ces périodes, dans le fommeil & hors du fom-
m e il, forment un objet de recherches- qu’il fer oit
trop long d’expofer ici , Sc dont le détail appartient
à l ’article transpiration , & en partie au»
chap. 3 de cet article.
8°. Il manque auffi aux expériences de M. Jurine
l ’obfervation de ce qui fe pafferoit fi le bras-
étoit plongé dans Yair v ita l pur. O a auroit fu
fi la quantité d’acide crayeux qui fe forme à la
furface du corps , augmente en railon de la pureté-
de Y a ir , ainfi que cela a lieu évidemment dans
la refpiration. On auroit fu fur-tout .fi la chaleur
augmente en raifon de la quantité d’acide carbonique
produit y enfin , en même temps qu’on auroit
acquis plus de connoiffances fur la véritable nature
des altérations que Yair éprouve dans fon contaéb
avec la peau, on auroit auffi connu plus clairement
quels changemens le contaéfc de Yair peut
produire dans l ’animal qui en eft environné.
( ,3°. Changemens que le contact de P air produit
dans Panimal qui en ejl environné. )- Sur
ce dernier article, nous n’avons que des conjectures-
à former. Il eft naturel de les porter fur les changemens
que peut éprouver la couleur du fang
ainfi que la chaleur animale. Nous avons vu combien
les effets de la refpiration font marqués à
ces deux égards. Le changement qu’éprouve Yair
à la furface de la peau a tant d’analogie avec celui
qu’il éprouve dans le poumon , tant pour la nature
que pour la proportion des produits ( la mofette-
exceptée ) , qu’i l eft naturel de penfer que cette
analogie doit s’étendre jufques fur les effets que
ces changemens occafionnent dans le corps lu i-
même. A l ’ égard de la couleur, c’eft une remarque
que fait judicieufement M. Jurine , que dans tous
les cas où les fondions de l’organe cutané pa—
roiffent fufpendues, & dont l ’effet obfervé eft de
diminuer la production de l ’acide carbonique, le
fang qui circule fous la peau prend une couleur
violette. G’eft ce qu’on obferve quand le froid
extérieur frappe nos membres, & plus fenfiblement
encore dans le friffon ,de la fièvre. Au contraire
, quand l ’organe de la peau fe dilate , &
que fes fondions fe rétabliffent, cas où Yair ambiant
fe charge d’une plus grande quantité d acide
crayeux, la couleur du fang y paroît plus vive
& plus brillante r la chaleur paroît iutvre les
mêmes progrès, & dans les cas qui nous fervent
ici d’exemple, i l eft sur qu’elle marche d’un pas
uniforme & à peu près égal avec les change-
mens de la couleur & les. proportions d’acide
•Crayeux dont fe charge Yair environnant (57)*
On p euf encore ajouter que l ’effet mécanique
de la conftridion & de la dilatation des vaiffeaux
fubeutanés ne fuffiroit pas pour expliquer les phénomènes
que l’on croit devoir attribuer, au moins
■ en partie, à l ’adion dé Yair. L’effet mécanique
•de ,1a conftridion ne produiroit feul . que des alternatives
de rougeur, forte &» de pâleur. La corn-
preffion qui produit un effet mécanique analogue
ù celui de la conftridion, ne produit à la furface
•de la peau que de la pâleur & de la blancheur ;
& l ’effort qui dilate les vaiffeaux du vifage rend
.la face plus violette que rouge ; en forte qu’on
peut croire que, dans les effets du friffon Sc du
froid ., il y a quelque chofe de plus que le produit
de ce fimple effet mécanique , & que réellement
le fang qui circule fous la peau , prend une
couleur plus foncée plus violette ,. plus noire
dans le friffon , plus claire & plus vermeille lorfque
la peau s’humede Sc reprend fon adion organique
(3 8 ) . Obfervation fortifiée d’ailleurs par
l ’analogie de ce qui a été démontré des effets de
Yair refpiré fur la couleur & la chaleur du fang,
en proportion de la quantité d’acide crayeux dont
fl fe charge dans le poumon.
De là i l femble qu’on pourroit conclure avec
M. Jurine, que les fondions de la peau font en
(37) C’eft encore une remarque à faire, que,les vieillards
dont la peau fait .moins de fondions, & ( comme le fait
préfumer l’expérience de M. Jurine, rapportée note 32)
donne naiffance à une moins grande quantité d’acide
carbonique, onc la peau moins vermeille & fouvent violette
& plombée. Il eft vrai que les vaiffeaux veineux
dont le fang eft moins vermeil que celui des arteres, pa-
Toiflent fouvent chez eux prendre du volume , & qu il
femble au -contraire que les vaiffeaux artériels en perdent,
au moins dans "les extrémités, foie que cela foit dû à une
augmentation réelle des uns & à une diminution des autres ,
foit que cela vienne plutôt de l’affaiffement du tiffu cellulaire
qui fait beaucoup reffortir les vaiffeaux veineux -, toutefois
on peut préfumer auffi avec quelque vraifemblance ,
que la diminution des fondions cutanées, relativement à
l’air, a beaucoup de part à la différence de couleur qui
s’opère chez nous avec l’âge.
(3 S) On pourroit cependant objeéter ici que la conftric-
tion du froid & du friffon ne reflerre que les vaiffeaux
artériels , & laiffe les vaiffeaux veineux dans tout leur volume
( ce qui n’eft vrai que jufqu’à un certain point ) ; eh
forte que pour lors le fang veineux eft le feul qui colore
là peau. Car il eft fûr qu’on eft fondé à regarder les extré-
mités artérielles comme plus fenfibles & plus contradiles
que les extrémités veineufes. De même dans le retour du
fang vers la peau, au moment où la chaleur fe rétablit par
le mouvement fébrile, c’eft par l’adion du coeur, & par
conféquent par les vaiffeaux artériels & par la dilatation de
leurs extrémités que le fang revient colorer la peau. On
dira auffi que la parité n’a lieu ni dans les effets de L’effort
ni dans ceux de la compreffion. On dira que dans l’effort
{ nixus expi-rat or iris ) qui fe fait en refferrant la glotte Sc
contradant les mufcles du bas ventre, le fang eft porté au
dehors plus par les vaiffeaux veineux que par les vaiffeaux
artériels , & qu’alors on conçoit pourquoi la face devient
plus violette que rouge ; on conçoit aufli pourquoi la com-
preffion qui comprime également le» vaiffeaux veineux Sc
partie, relativement à Yair environnant, les memes
que celles du poumon., relativement a Yair ref-,
piré; que la feule différence eft, i°» dans la fe-
fcrétion de la mofette , absolument nulle à la-fur-
face de nos corps (39) , i ° • dans 1 organe ou ces
deux fon étions s’opèrent : encore toutes deux ont-
elles également lieu dans un des intervalles qui
féparënt le fyftême veineux du fyfteme artériel ;
Sc fi je ne craignois de m’étendre' trop dans une
matière qu’on peut encore regarder comme hypothétique
, je pourrois fuivre la comparaifon fort
loin , Sc mettre en parallèle l ’état du fang, q u i,
dans les organes internes ,du corps, paffe des artères
dans les veines, fans avoir éprouve laétion
de Yair comme ‘ celui de la veine porte , celui
des autres vifeères du bas ventre, & celui qui revient
du cerveau par les finus, avec celui qui
revient par les veines externes, après avoir circulé
fous la peau, Sc celui qui afflue dans les cavités
droites du coeur, après avoir paffé dans le poumon.
Au moins ces réflexions prefenteront - elles
aux phyficiens Sc aux médecins un beau champ
d’obfervations.
Quoi qu’il en foit, il eft très-probable., par ce
qui a déjà été dit, que Yair, fenfiblement altère
par l ’organe de la peau, de manière a former
de l’acide crayeux , o u , f i l on veut emprunter
le lano-agè de l ’ingémeufe théorie de M. Lavoir-
fier , recevant par cet organe le principe charbonneux
d’une partie du fang, & formant, par fa
corn binaifon avec ce principe, lr.ciie carbonique,
y produit fut le fang les mêmes effets que dans
la refpiration-, c’eü-a-diré, rend la couleur de ce
flu id e p lu s brillante & p lu s vermeille , & produit
un certain degré de chaleur vita le ; d’où
il réfulte que les fonftions de la peau , relativement
à Yair & à fon aftion fur nos corps, font
une efpèce de fupplément de celles du poumon.
Cette matière néanmoins n’eft pas encore par-
' venue à ce degré de clarté & de démonflration pré-
cife, qui eft néceffaire pour qu'on puiffe en tirer
des condufions utiles ; mais on peut prévoir que
les vaiffeaux. artériels, produit la blancheur & non la couleur
violette- Cette.réflexion diminue __fans doute la force
des railons qui font ici données , ôc fans détruite , relativement
à l'influence de l'air , une préfomption que l’a-
nalogie rend fi forte , en rend au moins la démonflration
douteufe.
(39) Nous avons déjà dit à quoi on pouvoît attribuée
le phénomène qui s'eft offert à M. Ingen-houfe , & la
quantité proportionnelle de mofette qu'il a recueillie des
bulles qui adhéroient à la furface de la peau tians le bain.
11 a été -aifé dé Concevoir que -dans le petit volume d air
immédiatement adhérent à la peau , tout l’air vital a pu
être changé en acide crayeux, & cec acide crayeux ou
carbonique, trop divifé pour n'être pas promptement ab-
forbé par l’eau, a dû laiffe r à nu la mofette , qui par-la
a paru être une émanation immédiate de l’org ne de la
peau , quoiqu’elle ne fût que le réfidu de l'air atmofphé-
rique, altéré dans fon contaél»