
côte qui borde le golfe de -Bénin, qu’il nomme
Guinée orientale & méridionale , ou fous le ve.nt
(Leeward ). Cependant il remarque que les comptoirs
anglois & françois qui bordent les rivières
du Sénégal & de Gambie, & fur- tout celui de
Catchou , fur la rivière de San-Domingo , à trente
milles de la mer, appartenant aux portugais, font
en général fort mal-fai-ns ; mais que tous ceux qui
font fitups près de la mer font au contraire beaucoup
plus falubres 7 tels font ceux de l ’île de
Corée , de la ville de Sierra - Leona , du fort
Dixcove , de Sucondée , du Cape-coajî , & ceux
de la côte à\Or. Au contraire, l ’air eft mauvais
au fort de Tf^hydaw , & il eft comme empefté
dans toute retendue du golfe de Bénin jufqu’au
cap de Lopès. Cependant le fort de Ufhydaw
eft voifin d’une ville de nègres très-falubre ; mais
Ton air eft altéré par un marais fi tué de manière
que les brifes ou les vents de mer ne lui parviennent
qu’a travers les exhalaifons qui s’en élèvent.
A l’égard de Bénin , & du vieux & nouveau
Kalabar , -Jitués près des rivières de même
nom , l ’air qu’on y rèfpire eft mauvais en tout
temps , même dans la faifon sèche, tandis que
Corée eft au contraire uri refuge alluré dans la
faifon des pluies, ainfi que les hauteurs de Sierra-
Leona & les îles des Bananes, qui en font voilures.
En général , l ’infalubrité des différons lieux
mal-fai ns .de la Guinée eft fenfible , même pour
lès naturels , dont la vie eft fort courte , indépendamment
des excès qui peuvent contribuer à
l ’abréger. C’eft la- qu’on a obfervé que Je grand
nbmbre des nègres ne paffoit pas l’âge de. cinquante
ans. Toute cette côte , lorfqu’on la voit '
de loin , paroît un pays p la t , couvert d’une multitude
de nuées très-baffes ; & de plus près , on
reconnoît que cet afpett eft produit par d’épaiffes
jrôfées qui tombent dans la nuit , & qui, enlevées
par la chaleur du jour , forment un brouillard
qui-, s’élevant le matin & retombant le foir,
enveloppe tout le pays.
A l’égard des îles, toutes celles qui font renfermées
dans le golfe infalubre de Bénin font très-
mal-faines, au moins dans la faifon des pluies.
Telles font, l ’île du P r inc e , l’île de Ferdinand-
P o , & celle de Saint-Thomas. C e lle -c i, en particulier,
fut funefte, en 1766, dans la faifon des
pluies , à l’équipage du P h é n ix , dont une partie
, reftée à terre pendant quelques jours , fut attaquée
de maladies , & périt, tandis qüe tous ceux
qui avoient'couché à bord confervèrent une fanté
parfaite. fVoye-^ Lind , p. a , ch. z , f. 5 .) On
aecufa les portugais d’avoir empoifonné les anglois ;
mais M. Lind 'démontre. la fauffeté de cette imputation.
Cette île eft mal-laine pendant prefque
toute l ’année , comme je l’ai déjà d it, & comme
x>n a pu le conclure de ce qui a été dit au §. III.
Dans le commencement de la découverte , tous
ceux qui y furent envoyés p^r les portugais y
périrent. ÿ n e nouvelle colonie prit le parti de
s’arrêter d’abord en Guinée'', de paffer de là à Angola
, & enfuite de venir s’établir dans cette î le ,
afin de s’acclimater par ces. paffages fucceflifs : il
paroît qu’ils ont réuifi en partie ; & les blancs
qui font dans cette île , viennent fans doute, de
ces premiers portugais, ou des juifs qui y furent
tranlportés enfuite. En 1641 , les hoilandois s’en
empalèrent ; mais prefque tous y périrent, ainfi
quel’amiral Jol & piufieurs autres chefs. La plupart
furent attaqués d’une douleur de tête violente , qui
lés jetoit, .dit-on , dans une efpèce de rage ; ils
périrent en peu de jours. D’autres furent emportés
en quatre jours par un mal de ventre. (L a
Croix , relation de l[Afrique , & diclionn. de
Th. Corneille. ) On a déjà “vu - que l’île d’A n -
hobon étoit moins infalubre que les autres du même
golfe.
Les autres îles ifolées qui'bordent les côtes de
la Guinée feptentrionale , font remarquables par
leur falubrité; mais celles qui forment groupe ,
comme les. îles du Cap-Verd,, préfentent d’autres
différences. L ’ile de S aint-Iago , de toutes la plus
grande, & placée au centre du groupe^,, eft la plus
mal-faine; & la ville de Saint-Iago eft, dic-on,
l ’endroit le'plus mal- fain de toute l’île , toujours
dans la faifon des pluies, j ’ai déjà dit que dans
Cette île il étoit un endroit appelé San-Domin-
go , plus élevé , plus falubre que tout le refte ,
& qui fert de refuge an gouverneur , à fon arrivée,
jufqu’à ce qu’il fe foie habitué aü climat. Les
autres îles de ce groupe font d’autant plus, falubres
, qu’elles s’éloignent plus du centre;* & fur-
tout qu elles font plus fèptentrionales. Audi l ’île de
Saint-Nicolas & celle de Saint-Antonio font-elles
exemptes dès maladies qui défoie nt les autres dans la
faifon des pluies ; & depuis que l’évêque de S. Iago
réfide à Saint- Antonio, i l ne paye plus de là
moitié de fa vie le trifte honneur dont il eft décoré.
L ’île de Bonavijle , placée à l’eft. de
Saint - Iago du côté du continent, formée d’un
fol fablonneux, fin & blanc, toujours d’un mauvais
pronoftic pour la falubrité , eftauffi fort malfaine
, mais moins que Saint-Iago.
Les Canaries, placées hors dés tropiques, ne
font point fujettes à cette alternative de deux.fai-
fons fi différentes, dont l’une , bien fouvent, ne
répare q u’i mparfâi te ment les-défordres de l’autre.
Elles offrent '" toutes- , ainfi que l ’île de Madère.^
un climat parfaitement fain ; & ceux qui, de retour
de Guinée, y viennent aborder , éprouvent
dans 'leur fanté un changement heureux,
qui , dans un efpace de temps fingulièremenl court,
répare leur fanté , leurs couleurs , & leurs forées.
Au fùd du cap Lopès eft le Congo, Dans fa
partie? la plus " méridionale eft le royaume de
Bengiiele. Il eft en général fort mal-fain, & la
ville de Saint-Philippe de Benguele eft en particulier
remarquable par la mauvaife qualité de
fon air. Saint-Paul,de Loanda, dans le royaume
d’Angola , eft dans une pofition affez falubre :
‘'mais
Âtels ce qui prouve fupérieurement la nécçffite de
'Choifîr des habitations élevées , c’eft la falubrité
de San Salvador) qui, placée fur la rivière de
Zaïre , à cent cinquante milles de fon ' embouchure
Se à fix degrés fud de l ’équateur, eft cependant
un des féjours les plus fains de cette partie
de P Afrique ; c’eft, dit Lind , le Montpellier
du Congo. Son élévation , la culture foignée
de fes environs , qui ne font point couverts de bois
épais, lui procurent ces avantages , & fes habi-
tans ne connoiffent prefque aucun des fléaux qui
affligent leurs voifîns dans la faifon humide.
L ’île de Sainte - Hélène eft éloignée du continent
de 19 degrés; elle eft à 16 degrés de l ’équateur:
elle eft bien cultivée, & couverte de végétaux
utiles. Les colons anglois y jouiffent d’une
fanté parfaite , & vivent autant que dans les climats
les plus favorables de l’Europe.
Les européens, & fur - tout les portugais, Nne
connoiffent que trop rinfalubrité des côtes de Mo-
fambique & de Zangàebàr. Mofambique & Quiloa
furt-tout leur ont été funeftes. Melinde eft plus
falubre. Les îles qui bordent ces côtes participent
de Ces mauvaifes qualités, & les vents qui,
félon Texpreffion des noirs, viennent de la grande
terre, leur en apportent les maladies. C ’eft là que
règne cette fameufe fièvre biiieufe , putride, maligne
, foporeufe, accompagnée de délire, que
les portugais appellent febre maldita , & dont
M. de la Peyre a donné une idée dans les mémoires
de la fociété royale de Médecine. ( Mém.
de la fociété royale de Médecine , ami. 1777-
Ï77$, hift. pag. 318.)
Madagafcar , falubre dans la faifon sèche, eft
le lieu où les européens fè guériffent du feorbut,
Contracté dans une longue traverfée» Mais pendant
les pluies cette île eft fort dangereufe
même à la baie de Saint-Augujlin & au fo r t
Dauphin , quoique celui-ci foit fitué hors des
tropiques, à l ’extrémité méridionale de l ’île. Lind
rapporte une trifte preuve de cette infalubrité , dans
les pertes qu’éprouva l’équipage du vaiffeau anglois
la Terpjichore.
Les îles de France & de Bourbon ( autrement
Maurice & Mafcaraigne , ou Majcarenhas ) font
plus falubres que les autres dans toutes les faifons de
l ’année. L ’île de France eft fort cultivéè ; celle
de Bourbon, plus montagneufe , eft connue par
Tes plantations de café. Quoique dans tous les
endroits placés entre les tropiques la faifon des
pluies1 foit moins favorable à la fanté que la faifon sèche
, le féjour qu’on fait dans ces îles n’expofe point
les nouveaux venus à .des maladies auffi graves que
dans les autres pays fitués fous les mêmes lati-
titudes.
30. Hors de» tropiques, au fud, nous ne pouvons
parler que du cap de Bonne-Efpérapce. On
n’y connoît guère, à ce qu’il paroît, ces maladies
rapides, qui menacent les jours des étrangers
Mévecwe* Tome f
à leur arrivée dans la plupart des autres contrées
de Y Afrique. Il eft cependant des maladies particulières
au pays , indépendantes des faifons. J’a î
parlé fuffifamment de l ’ordre phyfique de celles-
ci au §. IV de cet article. Les maux de fein, les
flux de vehtre, & les maux d’yeux font les principales
affections endémiques du Cap. Il eft difficile
de déterminer la caufe de la fréquence des
maux de fein chez les femmes qui allaitent dans
cette contrée ; je parle des européennes , car ces incommodités
n’attaquent jamais les hottentotes. On
pourroit croire que dans un climat fujet à des
vents impétueux , ces maux peuvent être aifémenÊ
occafionnés par la plus légère imprudence. Mais
cependant il eft difficile de croire qu’à cet égard
les européennes n’aient pris toutes les précautions
néceffaires ; & ce mal général , ou au moins
très-commun, ne peut guère être attribué d une
pareille origine. C ’eft fur-tout le mamelon qui
fouffre ; & quoique les maux du mamelon foienc
bien connus dans nos villes parmi les femmes
qui allaitent, il paroît qu'ils ne font nulle part
u douloureux & fi violens qu’au Cap. Beaucoup
de mères y ont eu des ulcères confidérables qui
ont défiguré leur fein. Les dyffenterie.^ font rares
au Cap. Les nouveaux arrivés font les feuls qui
en foient attaqués affez communément ; & il paroît
que c’eft la feule maladie qui menace les européens
arrivant dans cette partie de Y Afrique*
Elle eft rarement opiniâtre; & pour la caraétéri-
fer , il fuffit de dire que le raifin bien mûr I t
guérit en peu de temps. Mais le mal d’yeux eft:
plus évidemment lié avec les viciffitudes des fai—
fons & de l ’air. C ’eft le mal de la faifon sèche j
il paroît occafionné par la féchereffe brûlante du
Vent de fnd-eft , attaque plus les jeunes gens que:
les vieillards , eft accompagné de vives douleurs
& de l ’impoflibililé de fupporter les rayons dix
foleil : c’eft une vraie ophthalmie. Ici une réflexion
s’offre naturellement à l ’obfervateur , c’eft celle
qui réfulte de la. fréquence des maux d’yeux dans
trois endroits très-différens de Y Afrique ; en Egypte,
à Tegaze dans le Sahra, & au Cap. Par-tout
on en accufe les vents fecs & brûlans, le fud et«
Egypte, le fud-eft â Tegaze, & le fud-eft an
Cap. Il n’y a qu’en Egypte que le mauvais ufage
de coucher fur les terraffes foit reçu; & l’on voit
bien comment la fraîcheur des nuits peut caufer
des affe£tions catarrhales , mais on ne voit pas aufli
bien comment elle peut affeâer les yeux de préférence.
En Egypte & à Tegaze , lé fud & le
fud-eft peuvent enlever beaucoup de fables très-
fins , & par-là nuire également au yeux , comme
le dit Profper- Alpin : mais au Cap , le fud-e ft
vient de la mer , & les maux d’yeux n’y font pas
moins violens que dans les autres endroits, Si donc
le mai d’yeux eft occafionné par les vents, c’eft
principalement à leur féchereffe & à la chaleur
âcre qu’ils occafionnent, qu’on doit attribuer cet
effet 9 puifque les vents ^ dont i l vient d’êtro