
» efpece de chanfon qu’on prononçoit fur quel-
» qu’uB, parce qne ces paroles étoient ordinairement
» en vers, ou qu’on les lécitoit comme en chan-
» tant. Ce n’eft pas qu’on ne fe fervît aufli de
» la profe , & même qu’on n’èmployât des mots
» barbares, ou qui ne fignifioient rien , & que
» ceux qui les prononçoierit n’entendoient pas
'*> mieux que ceux pour qui la cérémonie fe faifoit.
» On verra ci-après un exemple de cette der-
» nière forte d’enchantement, qui fe faifoit par
» des paroles inintelligibles , quand nous en fe-
** rons a la Medecine. ( Caton. ) Qn pourroit en
» rapporter divers autres fi cela fervoit à q.uel-
» que chofe.
» D ’autresjfois on écrivoit ces mots for decer-
» taines fubftances que l ’on attachoit au corps
» du malade, ou quon lui faifoit porter. C ’eft
» ce que lesÛatins ont appelé dés~amuletes, amu-
» leta , qui vient du verbe amovere , ôter , éloi-
*> gner. Ils les appeloient encore proëbia ou proë-
» bra , de prohibera , garantir , défendre.. Les
» grecs les ont appelées, dans le même fens, apo-
» tropoca , phylacterïa, amynteria, alexiteria ,
» alexîpharmaca, parce qu’ils croyoîent que ces re-
» mèdes défendoient ou garantiffoient, non fèule-
» ment contre les maladies provenantes de caufes
» naturelles, mais contre les charmes ou les en-
» chanteme'ns qui pouvoient avoir été faits par
» d’autres en vue de nuire-.
» L a matière de ces amulettes étoit tirée des
» pierres , des métaux, des fimples, des animaux,
» & généralement de tout ce qu’i l y a au monde.
r> On gravoit fur les pierres ou fur- les métaux
» & fur le bois, des caractères-, ou des figures , ou
*> des mots qui dévoient être difpofss en certain
» ordre.,, aufli bien que. ceux- que l ’on écrivoir fur
» du papier. T e l efc le remède que-Serenus Sa-
w monicus indique pour guérir une efpèce de fièvre
» que les médecins appellent hémitritée. Ce remède
» eonfifre a. écrire le - mot abracadabra fur du
» papier-, & irépéter cette écriture en diminuant
» toujours | la dernière lettre jufqu’à. ce qu’on
» vienne à la. première, en forte que cela fàfle
>» comme un cône., de cette manière.
A B R A C A D A B R A
A B R A C À D A B R
. A B R A C A -D A B
A B K A C A D A -
A B R A C A P
A B R A G A
A B R A C
A B R A
A B R
A B
A
# Il falloit porter ce' papier-pendu au cou avec*
» un fil de lin. Les juifs ont attribué la même vert*
» au mot abracalan , prononcé de la même ma-
» nière. On pourroit mettre ces mots au nombre
» de ceux dont nous avons, dit qu’ils ne figni-
» Soient rien : mais le (avant Selden prétend qju’ils
» expriment à peu près le nom d’une idole des
» fyriens. On trouve dans Marcellus Empiricus ,
» dans Trallian & ailleurs divers exemples .d’a-
» mulettes faites par des caractères rangés en cet-
» tain ordre ,, &. gravés fur des métaux , fur des
» pierres , &c.
» Quelquefois- on n’écrivoit, ni on ne marquok
» rien fur les matières propres à faire des amu-
» lettes ; mais on employoit je ne fais combien
» de cérémonies-fuperflitieufes dans leur préparation
» & dans leur application j fans compter la peine
» quon fe donnoit pour obferver que les ajlres
■ *? fvjjent difpofés favorablement: Les arabes
» ont donné à cette dernière forte d’amulettes,
» dont la vertu dépend principalement de l ’in-
» fluence des aftres, le nom de talifmans, c’eft-à-
» dire, images.
» On faifoit des amulettes de toutes fortes de
» formes, & oh les attachoit à toutes les parties
» du corps. D ’où vient qu’on les.appelok encore
» periapta, & periommata , d’un verbe grec qui
» lignifie attacher autour de*quelque chofe. Quel-
»•'ques-unes reflembloient à une pièce de monnoie ,
» qu’on perçoit pour les pendre au cou avec un
» filet, d’autres étoient faites en cinq anneaux pour
» être mis aux doigts ou ailleurs ,- d’autres comme
»■ des brafîeiets. ou des colliers qu’on portoit au
».bras ou autour du cou, ou comme des cou?*
» ronnes dont on entouroit la tête-
» On peut joindre aux amulettes & aux
» charmes tous les autres remèdes fuperftilieux*.
» On fait que l ’antiquité y ajoutoit beaucoup de
» fo i, & en employoit un grand nombre. I l y
». a vo it, par exemple , certains- fimples que l ’on
»-_ne cueiiloit,. que l’on ne préparoit, & que l ’on
» n àppliquoit point fons pratiquer en-même temps
>* dé certaines chofes1, qui d’elles- mêmes ne pou-
» 'voient point faciliter l ’effet, du remède ni aug-
» menter fh vertu, en un mot, qui fembloient
» tout à fait indifférentes ; mais.-fans lefquélles on
» prétendoit néanmoins que le remède .étoit' inu-
» tile. Les livres des anciens médecins contien-
» nent plufieurs deferiptions de femblables re-
» mèdes qui font encore pratiqués aujourd’hui ■
» par dés empiriques & par des femmes ou d’au«
» très" perfbnnes crédules »*.
M. l ’abbé Mallet, qui a écrit le commencement
de cet article dans râneienne Encyclopédie, l ’a
terminé’ , en1 difànt : « Quant aux vertus attribuées
» • â ces amulettes,. le fiècle où nous vivons pft
if trop éclairé pour qu’i l foit néceffaire de l ’a--
» vertir que tout cela eft une chimère »; Ce qui
eft arrivé relativement au1 magnétifme animal ,
prouve que M*. l ’abbé JVJallet avoit trop bonne*
«pinion de ce fiècle, & qu’il ne feroit peut-être
pas tout à fait inutile de démontrer rigoureufe-
ment & dans un grand détail, que le mot abm-
cadabra , écrit en triangle & porté au cou, ne
guérit point un malade attaqué de la fièvre hémitritée.
Il a bien fallu dernièrement douze commiflaires
nommés par le roi , & pris dans les corps les
plus favans , pour faire voir que l’on ne peut
guérir toutes les maladies par un fimple attouchement
, & que de quelques fpafmes communiqués
ou . éprouvés par des femmes , par des
hommes vaporeux , , i l ne s’enfuit point
qu’il exifle dans le monde un fluide univerffel ,■
qui foit le grand agent de ces petits effets-,
encore les douze apôtres de la vérité qui fe
font élevés contre cette erreur , malgré tous
leurs efforts 7 n’ont pas , à beaucoup près , perfuadé
tout le mj%nde : & fi cette chimère eft enfin pref-
que entièrement abandonnée, il faut plutôt s’en
prendre à l ’inconftance de l’enthoufiafine qu’aux
progrès de la raifon. Deux chofes étonneront
for-tout dans l’hiftoire de cette trop fameufe char-
latannerie. i°^ Qu’outre tant de médecins qui ont
fait femblant d’y croire , & qui ont regardé l ’art
d’ébranler l ’efprit ©n fubjuguant l’imagination ,
comme un moyen de fortune ; il y en ait eu
plufieurs de très-honnêtes & très - défintéreffés,
qui lui aient accordé une foi fincère : phénomène
furprenant & extraordinaire, dont j’attefte cependant
la vérité ; z°. que parmi les hommes qui n’étoient
pas médecins , & qui ne pouvoient avoir aucun
intérêt pécuniaire à fomenter cette croyance, quelques
uns n’aient épargné ni efprit , ni rufes , ni
argent pour l’appuyer & lui donner, à grands frais,
quelques momens d.e triomphe. Voila ce que je
trouve de vraiment inexplicable dans toute cette
aventure. ( V .D . . )
A B R A C A L A N , f*. m. Hijloire de la Mé -
de chie. C’eft un terme cabaliftique , auquel les
juifs attribuent la même - vertu qu’à abracadabra.
Selden nous apprend , en parlant de dits fyriis ,
que ces deux mots font des noms d’une idole fy-
rienne. Ainfî, le charme fuppofe une invocation
de cette ancienne divinité. Dictionnaire de Lavoif
i e n . f r . D . )
A B R A S A X A S , f. m. .Hifloire de . ta Médecine.
Terme magique tiré de Bafilide , égyptien.
On a dit & on a cru que les mouches s’éloi-
gnoient d’un cercle dans lequel ce mot étoit inf-
crit . ( r . D . )
A B R A S I O N , f. f. Pathologie, fignifie en
médecine l’irritation que produifent fur la membrane
interne de l ’eftomac & des inteftins , les
médicamens violens. , comme les purgatifs auxquels
oh a donné le uom de, Drajliques. roye\
Dr a s t iq u e
L a violence avec laquelle ces remèdes agiflent
fur le velouté de l ’eftomae & du canal inleftinal,
produit des effets fi fâcheux , que la. vie des malades
eft quelquefois eh danger, lorfque l ’on n’y remédie
pas promptement par des remèdes adouciffans ’
& capables d’émouflfer ou d’embarrafler les pointes
de ces efpèces de médicamens. A . E . P a r M.
Vandemefie.
Caftelii & Blancard, dans leur Lexicon, & prefo
que tous les auteurs ont borné la fignification de
ce mot à l ’effet produit par quelque forte irritation
fur la membrane interne des inteftins. Oa
employé aufli le mot abrajion dans un autre fens j
on s’en fert pour défigner les efforts produits fur
les parties du corps animal par l ’aétion des forces
intérieures , & on dit que la' réparation des folides
par les ali mens eft néceffaire , parce que les mou-
vemens non interrompus de nos organes diflipent
peu à peu, par abrajion, les molécules dont ils
font formés. ( r . D . )
A B R E U . ( A l e x i s )* Biographie , H if-
toire de la Médecine. Il étoit d’Alcaçovas, dans la
province d’Aientajo en Portugal. Ce fut un des
plus favans médecins de ce royaume à la fin du
feizième fiècle & au commencement du fuivant.
Dom Alphoufe Hurtado de Mendoça, vice-roi
d’Angola en Afrique , qui l ’eftimoit , l ’appela
auprès de lui en qualité de médecin. Abreu furpafla
les efpérances que le vice-roi avoit fondées fur fou
mérite ; car il le fervit également comme médecin
& comme homme de guerre. Il joignit la pra-:
tique de la chirurgie à celle de la Médecine,, &
fe. diftingua tellement par fon habileté dans Tune
& l ’autre partie de l ’art , qu’il parvint à la plus
grande confidération. Après avoir demeuré neuf
ans en Afrique , il voulut retourner dans fa patrie.
Il arrivai Lifbonne en 1606. Peu de temps après,
il fut nommé médecin du roi.
I l publia en 162.2, un traité qui a pour titre :
De feptem ihfirmitatibus , ou des maladies les
plus communes aux gens de cour. Dictionnaire
d’Eloy. {M . G OU LIN.)
A B R É V I A T I O N , f. f. Matière médicale.,
abbreviatio, du verbe latin abbreviare, dont
l ’origine eft brevis, bref, court; écriture en abrégé,
qui fe fait avec des marques & des caractères qui
fuppléent les lettres qu’on retranche, & qu’il faut
deviner , quand on veut écrire plufieurs chofes en
peu d’efpace & avec diligence. C’eft dans les or«-
donnnances que les médecins font particulièrement
ufage abréviations. En voici les principaux
exemples.
^ . ...................................... prenez.
fl5 . . . . . . . . . . . . livre.
5 ........................................ once.
3 ............................. gros.
aj , . » . . . . . . ■ . forupulc.
D i