
facile, les^ nerfs délicats & éiaftiques. De la les
douleurs d’entrailles , la fenfîbilité , l ’irrirabilité
de i’éfto nac & des Tmeftins , des coliques ven-
teufeS, des douleurs de tête , des tintemens dans
les oreilles, des convulfions, des Conftipations,, des
angoiffes, & ces fujets finiffcnt par devenir hypocondriaques
ou hyIbériques'.
Dans les conftitulions fortes & vigoureufes ,
dans lefquelles la vigueur des artères Sc du fang
domine , les infirmités qui réfultent de ces pallions
, fe montrent plus généralement par les maladies
des artères ; telles font les hémorragies, les
erachemens & les vomilfemens de fang, les ane-
vryfmes, les pierres de la véficule du fie l, la
jauniiTe , l’atrabile , la manie , l ’épilepfie. Les
jaloufîes des femmes turques les font mourir- &
périr miférablement de cette manière , & quelquefois
par des fièvres lentes, par l ’éthifie. Le
défefpoir eft la dernière fcène de cet état, ainfi
que de la vie.
Nous lommes conftruits de telle manière , qu’un
excès exorbitant de l ’efprit ou du corps fu-ffit
pour nous rendre malades pendant toute la vie. On
voie quelques perfonnes fouffrir pour toujours de
l ’eftoroac , pour avoir une feule fois bu & mangé
outre mefure ,. & avoir eau lé trop de diftenfion
aux fibres de ce vifeère : il fuffit que la veffie ait
été une feule fois diftendue trop long-temps par
l ’urine , pour qu’elle refte toute la vie à moitié
paralytique. De même une paillon très-violente ,
principalement dans le temps des règles , ou des
lochies, fiiffira pour rendre miférables & hyfté-
riques , toute leur vie , celles qui -éprouveront cet
accident, & pour les faire tomber dans toutes les
maladies ci deffiis rapportées.
Quand une fois les nerfs ont perdu tonte leur
élafticitë y ce vice dure toute la vie. Les méde-
decins ont d’éfefpéré jufqn’aujoui'd’hui de guérir ce
m a l, qui eft réellement incurable.
Nous avons déjà dit que , quand le venin de
la pefte eft très-violent, i l tue en peu d’heures ,
& quelquefois en quelques inftans, fans qu’il pa-
roiffe a autres fympîômes que des taches noires
dans quelques parties du corps : fi le venin eft
allez modéré, que la nature ait affez de force
pour l ’expulfer, alors il fürvient des naufées , des
vomiffemens, des diarrhées , des fièvres ardentes,
des délires , des bubons , des anthrax 3 de cette
efpèce de pefte il échappe plus de la moitié des
malades.
De la même manière quand les pallions de
Taine font très - violentes , elles détruifent en un
ünftant le principe qui donne le fentiment & le
mouvement , & l ’homme meurt.
Si la paillon laine les forces aux puilfances
vitales, aullî - tô: elles font tous leurs efforts pour
(ùrmonter le mal par les larmes , les foupirs,
les angoiffes douioureufes , les cris, les tremble-
mens , les convulfions, les vomilleaiens, les diarrhées
: mais fi les forces vitales font trop foibles,
J les malades deviennent cataleptiques, maniaques^
quelquefois infenfés ou mélancoliques , malheu-
reufeinent pour toute leur vie. S y a peu db
médecins praticiens qui n’aient obfervé ces effets 3
j.e 'vais citer quelques- observations des défordres-
qu’elles produifent conformément à leur violence.
Tout le monde fait i’impreffion que fît-,
fur le grand prêtre H é ll, la prife de l ’arche du<
Seigneur ; à cette nouvelle , il tombe de fon;
fiége à la renverfe , fe caffe la tête,. & meurt.- M arcellu s Donatus rapporte , liv. 3 , chap. 7 ,>
d après Beniveni , qu’un enfant de la campagne ,
que fon père envoyoit tous les jours, de grand'
matin , chez le prêtre voifin pour l ’inftfu-ire , ainfi»
qu’il eft d’ufàge , v it, comme i l étok près d’entrer
chez fon m aître , le ciel étant encore fom-
bre, deux hommes vêtus de noir q ui éto ien t près»
de lui 3 ce qui lui eau fa une telle frayeur, qu’il
en périt fur le champ.
Zacut le portugais rapporte le fait fuivant :
un enfant fe baignoit dans la mer ; un bâtiment
fortit du port , &. tira en partant plufieur coups
de canons : l’enfant fut fi effrayé du bruit qu’il
entendait qu’il tomba fut le champ fans con-
noiffance , fe roulant fur le rivage, & fe débattant
comme un épileptique 3 de forte qu’i l mourut
en moins d’un quàrt-d’heu-re.
M. de Thou,, liv. 3 , pag. 18'y , rapporte que
Jean de Poitiers feign en t de.Saint-Valier , ay an t
été condamné à mort , & étant conduit; au fup-
plice , la frayeur lui donna une fièvre fi violente,,
qu’il fut impoffible de le foulager, ni de calmer
fon tranfport , quoiqu’on lui- tirât beaucoup de
fang ,. & qu’il fût que François premier venoit
d’accorder fa grâce à fa fille , dont les charmes &
la beauté avoient gagné le coeur de plusieurs couo-
tifans.
Pafquier , liv. 8 . de fes recherches , c. 351;, rapporte
auffi cette hiftoire , & dit que la peur luï
' caufâ une telle fièvre, qu’il mourut en deux jours
l ’an 1523.
C ’eft ce que Montaigne a fi bien exprimé en
quatre lignes, 1. t, c. 10. « Il y en a qui, de frayeur,,
anticipent la main du bourreau ; & celui qu’on dé-
bandoit pour lui lire fa grâce fur l ’échafaud, fe
trouva roide mort, du feul coup de fon imagination.
.
Le même Marcel Donat, & Paul Jove rapportent
que dans le fiége de Bude , dans la guerre
de Ferdinand I contre les turcs il y eut un
jeune homme qui combattoit avec taut de valeur
, qu’il excitoit l’admiration des deux partis y
il fuceomba à la fin fous le nombre de ceux qui
Tattaquoient : on défira de favoir qui il étoit; ou
apporta fon cadavre 3 & lorfqu’on eût levé la vi-
fière de fon calque, Ràifeiat de Souabe reconnut
fon fils , demeura immobile , les yeux fixés fur
lu i, & tomba mort fans dire une parole , une
douleur fubite & violente ayant pénétré jufqu’aux
parties vitales;
L a crainte du naufrage fit une telle impreffion
ifur un homme qui étoit monté fur un vaiffeau ,
pour fe promener en mer , qu’il en mourut fix
heures après 3 peu de temps avant fa mort , fon
,corps fut couvert de charbons fembiables à ceux
des peftiférés (1).
Un miniftre .s’acheminoit avec fa femme vers
une ville de Suiffe 3 on alloit fermer les portes,
à caufe de la nuit : le mari fe répare de fa femme
pour faire retarder la fermeture des portes 3 il
.entre 3 mais dans l ’inftant les ponts fe, lèvent, &
i l eft obligé de laiffer fa femme, hors des murs:
cette pauvre femme fut fi inquiète , fi défolée ,
fi effrayée de fe trouver feule pendant toute une.
■ nuit, qu’elle fut trouvée morte le lendemain matin.
Une femme déiaiffêe par fes compagnes
fur une route, mourut hydrophobe. Une. autre
devint folle, pour avoir vu un porc éventré , du
.•chagrin qu’elle avoit d’avoir le corps rempli de
'vilenies.
Les poètes ont peint cette paflîon en transformant
en rochers ceux qui en périffoient.
Ovide , liv. 6 , v. 301 , peint ainfi Niobé , lorfi-
qu’elle .eut vu périr fes erifans.
« Tandis qu’elle prie, celle pour laquelle elle
■ * prie tombe morte à fes pieds. Elle refte dénuée
» de tout ce qui lui étoit cher, - au milieu de fes
» enfans & de fon mari, qu’elle vient de perdre:
* la force de fes maux la rend immobile 5 lèvent
» ne fauroit même agiter fes cheveux ; fon teint
» décoloré & fes yeux fans mouvement ne laif-
- (?) fie feu confirme le village <des Pyrénées , l'incendie commendcee Jduarnvsi ellele praeulxb yptèiered s, rlpeosu pffreo glraè sf lafmonmt e d’fauurt alnec vpillluasg er.a pTidoeust, qfeuG’Ounur sv eenftt finuuriteiluex. .Qgruaantdre dapnegrfeor.n- nLes’i npféorritfufennét ,c u8rcé nnee upf eauut trfeusr vfiev rter oàu vceen td eén- fdaef trlea. fLl.eonrntqe u, ’iill sv’oécitr iel e: Lfeeu viellnavgaeh ier ftl esp emrdaui f,o ntms a vmoiafiifnoens .efoni nesf t ploau cr auçfden jf erqvue’ro nle sl aa ulatrieffse, b8rcû ille rm , equurt’,o n «donne des
ré; eOllnem ae nvtu mdaelsa dmesé loaun coimliqbuéecsil l,e ds,e sp oef.uprr itasv fooiirb lleus d, edse lviverneisr pdéer ieMnécde e,c pin. e3. 2V6oye^ Tulpius Zimmerman., traité de l’ex
& fuiv.x. j.
-daTnso ul’te flper imt doensd ee niafaîtn sl e, s leesf fectos ntteersr ibqlues’o nq uel epurro dfuaiifte nftu r, lreesn tr eevne naenusx , dfeusr lreésp rliomuapns d;é sle st riompp rfeofrlitoesn s, vidveess mque’neaxccei-s violentes, 8cc. ,&c.
danVso ylee { felepsti èemffee tsl ivqruee dlau fpraoyëemuer dpero dl’uhiyt gfiuèrn el ed ec oMrps. Geoffroy.
. Nam terrore rigent trepidanti corpere fibr.ee
Immotique marient artus, vox faucibus hoerety
Dàm gelido JpiJfus concr\fcit peâore fan guis ;
Nonne y ides miferos, Ôcc.
» fent plus apercevoir, fur fon vifage accable de
» triftclTe , la plus légère image de la vie ».
Dumque rogat, pro quâ rogat occidit. Orba refedit
E x animes inter natos , natasque, vir unique,
Diriguitque malis
Mais le Camoens s’èft exprimé d’une manière plus
pathétique & plus lamentable , lorfqu’il repréfente
Adamaftor changé dans le cap de la tourmente ,
par le chagrin mortel & le defefpoir qu’il eut de
la perfidie de Doris. Je ceffai d’être , homme , & >
muet & immobile , je devins-'un rocher, uni a
un- autre rocher.
Nao fiquei homem, nao , mas imulo e qüedo
E junto de hum penedo outro periedo..
Ces malheurs font les effets de la grande trif-
teffe , accompagnée du défefpoir. Voyons encore
des effets moins violens , quoiqvfégalement fu.-
neftes.,
Schelamer , dans fon traité des paffions de
l ’ame , c. n , p. 17 4 , rapporte qu’un pere
avare obligea fon fils à épeufer une femme riche\
mais laide & fort mal faite : le mariage fut' célébré
3 mais lorfque «le moment de la voir défi-
habillée fut venu , tine celle horreur s’empara de
ce jeune homme ,. qu’il tomba en convulfion , 8c
mourut en peu de temps d’épiiepfie.
Le préfident de Thou rapporte que Jean de
Gorris, ce favant médecin qui nous a donné les
définitions de Médecine , fut entouré par des fpl-
dats , lorfqu’il alloit à Melun pour voir Guillaume
V io le , évêque de Paris 3 ce qui lui donna
tant de frayeur à caufe du temps des troubles, qu’il
devint tout à fait méconnoi(fable du côté de Pefi-
prit, & ne fit plus que baiffer infenfiblement.
Stalpart Van-Dèrwiel , obf. », cent. 1 , rapporte
que la femme d’un jardinier fut tellement
épouvantée d’avoir entendu , pendant la nuit, des
voleurs qui cherchoient à entrer dans fa maifon ,
que les' os pariétaux fe féparèrent de telle manière
, qu’on auroit pu mettre les doigts entre
leur future 3 qu’en même temps elle fut prife
d’une fièvre très - violente & d’un mal de tête
confidétable : elle guérit cependant, dé çes différens
aceidens. .
Robert Bayle rapporte qu’une femme s’ étant
affife avec fon enfant près d’un canal, cet enfant
vint à . tomber d'ans l ’eau , tandis que fa mère
étoit occupée : cette pauvre mère , levant les
yeux , vit fon fils qui fe noyoit ; & fur le champ
fut attaquée d’une jvaralyfie dans un bras ; maladie
qu’elle garda toute fa vie.
Quantité d’auteurs ont obfervé qu’à la fuite de
troubles de l ’ame, de trifteffe , de terreurs , il eft
fur venu à des femmes de tout âge , des. skirrhes
aux mamelles, qui ont dégénéré en cancer, &
qu’aucun venin n irrite autant le virus cancéreux I l a