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alimens groifiers & mal préparés , un mauvais
lait , la mal - propreté , le ' defaut d’exercice eu
plein a ir , des vêtemens qui gênent le mouvement
des différentes parties du corps , ou qui entretiennent
une chaleur trop grande ; telles font
les caufes à éloigner dans l ’enfance ,' & fur lef-
quelles on ne veille pas avec affez d’attention.
L e premier effet qui réfulte de cette négligence,
eft une dentition difficile & très-orageufe ; la douleur
vive & la phlogofe des gencives oççafion-
nent fouvent des convulfîons ; on les préviendra
en procurant la liberté du ventre ; & fi le fàng
le porte avec violence à la tête, en appliquant
une ou deux fangfues derrière les oreilles. L’eau
miellée ou une légère infufion de rhubarbe ,_fuf-
fifeot prefque toujours pour remplir la première
indication. L’enfant étant à l’abri des caufes rapportées
ci-deffus , on le verra très - rarement attaqué
des maladies d’épaiffiffement, telles que les
çcrouelles & le ràchitifme. Si , dès qu’on s’aperçoit
d’une difpofïtion marquée à ces maladies,
on fait une attention particulière aux caufes fpé-
cifiées plus haut pour découvrir Celles auxquelles
l ’ enfant eft le plus expofé, & fi on a foin de
l ’y fouftraire , on arrêtera le mal dans fes progrès
, & la rîature fuffira fouvent à l ’entière gué-
rifon d’ une maladie qui ne fait que commencer.
JJâge de puberté eft l ’époque de la vie qui
demande le plus de foin & de vigilance de la
part , des parens & des médecins. A cet âge ,
n on n’y prend garde , germent plufieurs maladies
morales & phyfiques , fur-tout chez le fexe. A cet
âge aufli plufieurs maladies de l’enfance, rebelles
aux remèdes les plus appropriés , font guéries radicalement
, fi la révolution fe fait d’une maniéré
régulière.
L e développement complet des parties de la génération
, la fecrétion d’une humeur nouvelle , &
l ’évacuation périodique d’un fang furabondant chez
les femmes , en amenant un nouvel ordre de fonctions
dans l’économie animale , donnent une modification
particulière à celles qui exiftoient déjà,
or il eft infiniment'rare , fur-tout dans les grandes
villes , que la fanté ne foit pas altérée plus ou
moins par ces changemens : mais comment prévenir
l’orage qui fe prépare ? comment empêcher qu’il
n’arrive avant le temps marqué par la nature ?
comment, lorfqu’il eft arrivé , remédier à tous les
effets funelles qui peuvent en réfulter ? comment
concilier les inftitutions fociales qui défendent ,
avec les befoins de la nature qui commandent ? 8c
enfin comment accorder les intérêts du bonheur
& ceux de la fanté ; car malheureufement ils ne
{ont point les mêmes. Le feul parti à prendre dans
l ’état aéluel des fociétés , confifte à mettre en
ufage les moyens les plus propres à donner aux
fluides vivifians une autre direction , ou à en con-
fomraer la furabondance : tels dont l ’application
foutenue de l’efprit; les exercices du corps pouffés
jufcpfi la fatigue; les alimens peu nourriffans &
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pris en petite quantité ; l ’ufage des boiflons rafraî«*
chiflantes & relâchantes ; enfin le plus efficace de
tous & qui rend les autres inutiles, je veux dire
1 union des fexes , approuvée par les lois & fanc-
tifiée par la religion. Lorfque des circonftances
particulièrès s’y oppofent, ceft alors qu’on doit
• recourir aux moyens dont nous venons de par*
1er.
Il y a chez les femmes une indication particulière
, celle de veiller au retour régulier des
évacuations périodiques ; car la plupart de leurs
maladies, à l‘âge de puberté, dépendent de l ’irrégularité
ou du défaut de cette évacuation. ( R’oye^
les articles F lux menstruel, pales couleurs,
& H Y S T É R IC ISM E . )
Comme Yâge mûr eft le temps de la vie où il
n’y arrive aucun changement fenfible : c’eft aufii
celui où l ’homme ëft exempt des maladies dépendantes
de la révolution des âges : ainfi, nous n’avons
rien à dire fur le traitement des maladies qui
arrivent à cet âge ; elles font l’effet des caules
externes & accidentelles.
Le déclin de l ’é^e ou la vieilleffe commençante
préfente deux indications; la première , de
diminuer les exercices du corps & de l ’efprit, afin
de ménager fes forces ; la fécondé , de proportionner
les alimens aux excrétions , c’eft-à-dire , de
ne pas manger au delà de ce que la nature demande
pour l ’entretien a&uel de fes forces. On peut dire
qu’en fuivant ces deux indications, la plupart des
hommes , fur-tout c-eux qui ont le bonheur de jouir
d’une certaine aifance,, prôlorigeroient leur vie , &
fe procureroient une vieilleffe exempte d’infirmités
& de maladies. ( Voye-{ Régime des vieillards.)
La Médecine des vieillards confifte à ne pas
laiffer accumuler des humeurs crues & épaîffes,
à favori fer les excrétions, & fur-tout la tranfpira-
tion, & à éloigner la pléthore veineufe chez ceux
qui font d’un tempérament fanguin.
Chez les femmes, l’époque de la ceffation de
leurs règles, confédérée Amplement comme un changement
de la matrice, amené par le progrès des
ans, ne préfente d’autre indication que celle de
remédier à la pléthore , plus ou moins cctafidé-
rable , qui en eft la fuite. L’exercice , l’abftinence
des alimens trop nourriffans , la faignée plus ou
moins fréquemment répétée , félon les circonftances
, quelques légers purgatifs de temps à autre
, fur-tout dans les équinoxes, font les-moyens
les plus ptopres à empêcher ou détruire les effets
de la cefiation des règles. Nous ne parlerons pas
ici des maladies de cette époque , dépendantes de
difpofitions antérieures , & dont le germe déjà
exiftant ne fe développe que dans ce temps; elles
feront développées avec tous les détails néceffâi res,
dans des articles particuliers.
Nous finirons cet article par une obfervatioa
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importante pour l ’un & l ’autre fexe. L e ,temps
du déclin des forces eft un temps critique pour les
hommes comme pour les femmes. C ’eft alors qu’on
ne doit rien négliger , & qu’il faut veiller avec
foin fur fa fanté; c’eft alors fur-tout qu’un-médecin
honnête & inftruit , qui depuis lon g- temps
connoît le tempérament, les maladies antérieures ,
en un mot, l ’état phyiique & moral des perfonnes
qu’il foigne, devient de la plus grande nécef-
nté. C’eft par fes confeiis qu’ on prévient les maladies
les plus graves & les plus funeftes. 11 connoît
l ’organe foible de fon malade, la nature de
fes humeurs', leur tendance à fe porter fur tel
ou*tel vifeère, & à y produire une léfion tôt ou
tard meurtrière ; il voit l ’orage fe préparer, lui-
même prépare fon malade à en fupporter les effets.
Il fortifie par des toniques appropriés les parties
foibles ; il tâche de débarraffer les autres des mau-
vaifes humeurs qui y féjournent ; il établit des
égouts par, où elles puiffent être portées au dehors
, lorfqu’elles ne peuvent être évacuées par
lès émonéfcoires naturels ; enfin , en veillant fans
ceffe fur ceux qui ont placé leur confiance en
lu i , il parvient à conferver leur fanté , à prolonger
leurs-jours , & à les faire arriver au terme
naturel de leur vie , fans douleur & prefque fans
infirmités : c’eft ainfi qu’il obtient la plus douce,
& fouvent la feule récompenfe de fes peines & de
fes foins (ikf. Ca i l l e . )
A G É S ( gens | Régime des gens âges.
Hygiène.
P. I , S II. , Ordre I. & e . Voye^ V i e i l l a r d s .
Les gens âgés font ceux qui déjà commencent
â fenlir le fardeau des années. Cependant il y a
une différence plus grammaticale que phyfique
entre ce mot & celui de vieillard ; & cette différence
eft celle de la caufe à l ’effet. Les gens
âgés font ceux qui ont beaucoup d’années; les
vieillards, font ceux chez lefquels le nombre des
années a amené cette altération des fonctions ,
cette détérioration inévitable que l ’on nomme
vieilleffe : ainfi, pour le médecin , l’un & l’autre
mot doivent être traités dans un feul & même
article. Voye\ V ie il l e s s e , V ie i l l a r d s , R é -
jgime des v ie l l a r d s . (M . H a l l é . )
A g é s (g e n s ) ', M a l a d ie s des gens â g é s .
Voje^ A ges (maladies des)> (M . C a i l l e . )
A G É N É S I A. Ordre nofolagique , genre
183 de Vogel. V oye^ A n a ph r o d is ia , dont le
fens eft le même. {H . D .)
A G E N T , f. m. Les philofophes ont appelé
de ce nom ce qui agît, ce qui opère, ce qui eft
la caufe d’effets déterminés. Il eft quelquefois très-
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difficile de reconnoîtrc Y agent auquel doivent être
rapportés les phénomènes que Ion obferve; &
c’ett dans ce travail fur - tout qu’il faut apporter
une grande méthode. La plupart des hommes ne
cherchent pas, mais ils fuppofent un agent ; &
lorfqu’ils ont une fois aperçu la plus légère analogie
entre cette caùfè imaginaire & quelques-uns
des phénomènes qu’ils veulent expliquer, ils ne
connoiffent pius de frein ; ils prennent des chimères
pour l’évidence , & ils emploient toutes les ref-
foürces de leur efprit & tous les moyens dont ils
difpofent , pour foutenir & pour accréditer l ’erreur
; en vain-même la raifon viendroit les éclairer
après qu’ils fe font dévoués au preftige, leurs
yeux fe ferment à la lumière, & l ’amour-propre
les retient dans le labyrinthe où l ’ignorance & la
précipitation les ont plongés.
Malheureufement tout' le monde fe croit capable
de remonter jufqu’aux caufes , lorfqü’au contraire
il n’y a qu’un petit nombre de perfonnes en
état de bien obferver les effets. Les événemens qui
fe paffent fous nos yeux, font ou de la claffe de
ceux., que les fpeâateurs de tous les rangs peuvent
connoître & conftater , c’eft-à-dire de ceux que
- les hommes voient habituellement autour d’eux ;
& combien de fois encore un fait fimple & à
la portée de tous les • affiftans, eft il raconté avec
des circonftances différentes , même oppofées entre
elles : ou les objets que l ’on coniidère fortent
des limites les plus ordinaires , & ils tiennent à
un ordre particulier de faits ; alors pour être bien-
vus , ils fuppofent un ordre particulier de connoif-
fances , fans lequel la probité , la bonne fo i , la
fagacité , la pénétration même , prouvées fous d’autres
rapports, ne-peuvent donner aucun poids au
témoignage de celui qui parle de ce qu’il ne
fait point.
Ainfi , tout le monde voit le ciel & les étoiles
dont il eft fèmé ; mais les feuls aftronomes peuvent
ÿ faire des obfervations exa&es ; eux feuls
ont droit de nous affurer qu’i l s 'y ont découvert
un nouvel aftre. Tout le monde voit des tableaux
& entend la mufique ; tout le monde fe croit en
état d’en parler, & cependant il faut avoir une
longue habitude de leurs effets ; il faut même ett
Connoître les principes, pour être en état d’obfer-
ver dans ces deux arts.
L ’enfant dont les yeux s’ouvrent à la lumière,
l’aveugle dont un chirurgien habile extrait ou abat
les cataractes , ont b'efoin de s’exercer avoi r; i l
faut qu’ils apprennent à mefurer la diftance des
corps, & à corriger les illufions de la perfpec-
tive. Celui dont les yeux, accoutumés à l ’exàmen.
d’une fuite d’objets du même ordre, fe dirigent
vers des phénomènes- d’un ordre différent , ne fait
que continuer à développer fes facultés, à perfec^
tionner fon organe, en l ’appliquant à des recherches
qui exigent une méthode & des connaoif*
fances nouvelles. Les feus font des inftrumens q.us