
même qu’au Kamfchatka ou a obfervé des frcîds
plus fons de quelques degrés que celui de Sibérie 3
& l’on peut regarder jufqu’à prélent ce terme comme
le dernier que puiflenc [apporter les animaux & les
liommes.
A in lî, les bornes, des températures naturelles
Connues, auxquelles les hommes font expofés fur
le globe habité, font depuis le 30 ou 31e degré
au deflus de zéro., jufques environ le 70e au defious,
efpace d’environ 100 degrés fur l’échelle de Réau-
mur, fuivant la graduation de 80 degrés.
( '3°. Degrés de chaleur auxquels le corps humain
peut être expoféartificiellement. ) L ’nomme
eft parvenu par divers moyens à augmenter le froid
naturel à un degré prodigieux , mais non pas de
manière à y être expofé lui-même j ainfi, nous ne
parlerons pas ici de ce genre d’expériences. Mais
la chaleur à laquelle l ’homme eft expofé peut
être portée à lin degré bien fupérieur aux termes
naturels dans lefquels fe tient celle de l ’atmof-
phère.
Déià dans les bains rafles , Gmelin nous apprend
que la chaleur eft portée ju fcp ’au 1 16e degré de
Fahrenheit ; ce qui revient fur l ’échelle de Réaumur
de 80 degrés au 37 J-, & l’on relie dans cette chaleur
des heures entières. L ’abbé Chappe aflure même
que la chaleur eft portée dans ces étuves au 60e
degré de Réaumur fur une échelle de 85 degrés ,
ce qui revient au 160e de Fahrenheit, & au 56 ~
de notre échelle de 80 degrés..
Mais une obfervation plus fingulière eft celle
que M. Tillet a confignée dans un mémoire curieux,
inféré dans ceux de l ’académie royale des
fciences. l i a été témoin du fait avec M. Duhamel,
& plufieurs autres perfonnes inftruites. ( Mém. de
V ac ad. des fciences, année 1764 , p. 186. ) Il
rapporte qu’une [ervante de boulanger, dont le fer-
vice étoit de balayer le four & ranger le bois &
le pain pour la cuiflon , fe tenoit dans le four tout
le temps de fon [èrvicc, Couvent par une chaleur
exceflive , avec la feule précaution d’en tenir la
porte ouverte.. Trois autres filles faifoient le même
office. Ayant voulu favoir à quel degré cxa&ement
pouvoit aller la chaleur que ces filles fupportoient
ainfi , on remarqua q u ’elles reftoient ' dans le four
quatorze 8ç quinze minutes, lorfqu’il étoit échauffé ju fq u ’à ce qu’un thermomètre à efprit-de-vin marquât
i l ? à i io ° ; qu’elles y. reftoient dix minutes
lorfque le thermomètre étoit à 130 , & cinq mi-
putes s’il étoit à 140. ( Ib. pag. 188 , 170. ) Ayant
comparé ce même thermomètre avec un autre .confirai
t au mercure & gradué fur une échelle de 85
degrés entre le terme de la glace & celui de l ?eau
bouillante, M. T ille t a trouvé que les 1309 du
thermomètre à efprit-de-vin employé dans cette expérience,
répondoient à j i 2 du thermomètre à mercure
( p. 19ïr-)j &fi l ’on rapproche la graduation de
S î degrés de celle de 80 , qui maintenant eft la
plus généralement re^ue, on trouvera que le i i i <?
degré de la première répond à 1050 -jy de la fécondé
3 & en fuppofant que le thermomètre àefprit-
de-vin s’élevant h 140°, l’échelle de 8y° eût paffé
iio ° , ce qui eft fort probable , celle de 80 eût
été jufqu’à 113 , c’eft-à-dire, 33 degrés au deflus
de l ’eau bouillante, & 8 5 au deflus de la chaleur
naturelle de notre corps chaleur exceflive ,. &
dans laquelle les hommes peuvent vivre au moins
cinq minutes fans en. être incommodés 3 car au fortin
du four ainfi échauffé,, ces filles n’avoient que le
vifage rouge, comme on l’a quelquefois dans l’été,
Scieur refpiration n’étoit point précipitée, [pag.
188, ipo.)
Depuis M . T i l le t , M . Blagden a donné , dans
le 65e volume des tranfgélions philofophiques pour
l ’année 177 J , deux mémoires qui contiennent des
obfervations analogues. ( Voye\ Journal de Phy-
fique y fupplément, 17.78, p> 151 & i z i . ) Elles
font accompagnées de remarques effentielles fur
l ’état du pouls & de la chaleur interne du corps.
I l rapporte que M . Fordice s’expofa d’abord -nu
à une chaleur de no® Fahr. ou 3.70 ÿ de l ’échelle
de 80 degrés de Réaumur 3 enfuite, daus une fécondé
expérience, à une chaleur de 130° Fahr.
ou 43 y Réaumur. Dans ces deux premières expériences,
la chaleur étoit humide, & l ’xm a vu
que dans les bains rafles on en fupportoit, fuivant l ’ab-bé Chappe, de beaucoup plus fortes 3 enfuite
il s’expofa nu à une chaleur sèche qu’il porta
beaucoup plus loi^, Mais M . Solander foutint, habillé
, une chaleur sèche de n o ° Fahr. ou 79 5
Réaum.3 M . Banks une chaleur de -2110 Fahr.
ou 7p j Réaumur y cîeft-à-dire, prefque égale à
celle de l ’eau bouillante. Dans une autre expé-*
riehee, M. Blagden entra habillé, après un ample
repas, dans l ’étuve , & foutint, mais avec oppref*
fioh, une chaleur de 240 à 26o9 Fahr. ou de
A & de 101 Réaumur, chaleur qui excède de
73 j la chaleur du corps humain, & de 2.1* ■ §
celle de l’eau bouillante. Il s’expofa enfuite nu,
mais après avoir fait un déjeûner très-léger, à une
chaleur de 120° Fahr. bu 85 y de Réaum., 8c
enfin à une chaleur', de z6o° Fahr. ou 101 J- Réaum. ,
avec plufieurs perfonnes de fa_ co m p ag nie , fans
aucune incommodité , 8c cependant aflez longtemps
pour faire plufieurs obfervations & diverfes
expériences. Des oe ufs m is dans la même étuve , au
même degré, de chaleur, y furent bientôt entièrement
durcis, Nqus dirons bientôt à quelles autres
réflexions peuvent donper lieu les obfervations faites
pendant ces. expériences.
En rapprochant ces faits de l ’obfervatfon de
Boerhaave ( Fiera. Çhemioe, t. 1 , p. 148. ) fur la
mort prompte d’un oifeau , d’un chien, & d’un chat
dans une étuve de îaftïneur, dont la châlepr étoit de
146° au thermomètre de F^îjrcnlieit ( ce qui revient
au 53° j de l ’échelle de 85°, & au 5 c9 f de l’échelle
,de 80 ) , on foupçonne aifément avefc M. Tillet
que Y air dans lequel, font morts ces animaux étoit
mêlé de quelque vapeur malfiüfanle. On ignorait
du temps de Boerhaave , ainfi que du temps ou
écrivoit M . T i l le t , & même lorfque M . Blagden
a fait fes expériences, on connoifloit encore bien
mal les différences qui diftinguent les gaz élafti-
ques non refpirables, de Y air pur & de Y air ac-
molphérique. On ignoroit qu’une multitude de
corps répandent dans Yair des fluides élaftiques
non refpirables,,& que la vue feule ne fauroit distinguer
de Yair. Il eft hors de doute que Yair de
l ’étuve dont parle Boerhaave étoit ainfi altéré.
Bien plus, dans les expériences comparatives que
M . Tillet a faites avec des animaux dans le même
four ou les filles du boulanger foutenoient une cha^-
leu.r h forte, on voit unê preuve évidente que Yair t
. dans la partie inférieure de ce four, étoit mélé
d’un gaz non refpiçable plus pefant que Yair at-
mofphérique. Un bréant, un pigeon , & un lapin
introduits dans le four, & placés fur une pelle de
bois dans fa partie inférieure, ne tardèrent pas à y
être incommodés j ils le furent même, quoique bien
moins, quand ils y furent introduits emmaillotés 3
mais le bréant périt promptement* dans la première
expérience , quoi qu’il n’y eût été que 4
minutes & qu’on y eût lamé tomber la chaleur au
degré de la graduation de 85 degrés. Cependant
cette température étoit près de moitié moins
chaude que celle que les filles avoient très-bien
fupportée. ( Mem. de M.. T ille t, lieu c ité ,77. 196
<6* 177» ) M. Blagden ayant expofé un chien dans
fon étuve échauffée au 236° Fahr. ou au 70 y
Reaum. , nfobferva dans cet animal que le halètement,
qui eft ordinaire chez les animaux de cette
efpèce pendant les grandes chaleurs. D’ailleurs il
ne fut nullement incommodé, & ne perdit même
pas fa gaîté : le peu de bave qu’il répandit dans
ion panier n’avoit contra été aucune odeur , quoique
la bave du chien dont parle Boerhaave, répandît au
contraire une odeur infeéte. Il falloir donc qu’il y eût
dans la partie inférieure du four de M. T ille t une
çaufe particulière, capable d’en vicier Yair. L ’on
fait qué le four d’un boulanger doit fe remplir des
vapeurs qui émanent du pain & du chauffage, & qee
ces vapeurs font en grande partie du gaz acide
méphitique ou carbonique, plus pefant que Yair.
Pour les filles de fervice, une fois entrées dans
le four, elles ont la tête dans la partie la plus
élevée , & l ’on conçoit qu’alors elles n’ont point dû
être expofées aux mêmes caufes qui ont affeété
de petits animaux. La précaution de tenir la porte
du four ouverte eft encore un moyen de. faciliter
l ’écoulement du gaz méphitique 3 -il eft même probable
que ces filles auraient encore pu refter plus
long-temps dans une pareille chaleur, fi le lieu
eût été plus vafte , & fi Yair qu’elles refpiroient
eût pu être renouvelé, même îans aucune diminution
de la chaleur du lieu & de Yair environnant.
En effet, cet air devoit s’altérer beaucoup par
leur propre refpiration , & la conftruétion d’un
four s’ovpofe évidemment à ce renouvellement,
dautant plus néceflaire pour entretenir la v ie, que
Mé d e c in e . Tome I.
Vdir eft plus rafï & la chaleur plus forte & plus
long-temps continuée.
I l eft donc clair que Boerhaave n’a pas connu la
véritable caufe de la mort de fes animaux dans le -
tuve.de la raffinerie. Ce grand homme s’eft egalement
trompé quand il a dit, dans fon traite du
feu , que l ’homme, ainfi que tous les animaux
connus, meurent promptement & néceflairement
dans une chaleur fupérieure au ? ° e degré du thermomètre
de Fahrenheit 3 & que notre corps eft
toujours plongé dans une atmofphère plus froide
que lui au moins de 2 degrés. ( Flem. Chim. ,
t. ï t p. 103.) Le degré 90 de Fahrenheit répond
au degré 25 j de l ’échelle de 80 degrés 3 & nous
venons de voir, i° . qu’au Sénégal la chaleur at-
mofphérique pafloit très-ordinairement, non feulement
ce degré, mais celui de la chaleur naturelle
du corps humain 3 20. que dans les bains
Ruffes on reftoit long-temps & fans incommodité
dans une chaleur fupérieure de 10 degrés au moins,
& même de zp à celle de notre corps 5 30. qu’oa
peut encore foutenir des chaleurs beaucoup plus
Fortes dans une atmofphère, sèche , fans incommodité
fenfible , comme le prouvent les expériences
de MM. Blagden & Tillet 3 & que cette chaleur
peut aller juftju’à 73 & même 86 degrés au deflus-
de la chaleur* naturelle de notre corps.
Voilà à peu près tout ce que l ’on fait maintenant
fur le 'degré de chaleur auquel le corps humain peut
être expofé plus ou moins long-temps, fort naturellement
, foit artificiellement, fans que la vie & la
fanté en foient évidemment altérées.
. (40. Fffets de la chaleur de Vair fu r notrt
corps.) néanmoins la chaleur , fur-tout fi elle eft
long-temps continuée-, a des effets évidens fur notre
corps & fur les fubftances qui le compofent. Il eft
utile de confidérer comparativement ces effets fur
les fubftances animales inanimées, & fur le corps
organique & vivant 3 & dans cet examen , il faut
partager l ’étendue des degrés fupportabîes de chaleur
en deux parts 5 l ’une qui comprend les degrés de
chaleur qui n’excedent pas la température naturelle
du corps humain vivant 3 l ’autre ceux qui excèdent
cette température. Enfin il fera bon d’examiner ce
que produit fur nos corps le concours de la chaleur
& de la lumière;
($°. Effets de la chaleur & de la lumière fur
les fubftances animales inanimées. \ Si l ’on con-
fidère les effets de la chaleur fur les différentes
fubftances animales libres, c’eft-à-dire, hors de l’or-
ganifation animale & de l ’état de v ie , on voit que
les premiers degrés de chaleur, c’eft-à-dire ceux qui
s’étendent depuis le degré de tempéré , environ le
io°. Réaumur ou le 550. Fahrenheit, jufqu’au
degré ordinaire de la chaleur animale confidérée
dans l ’homme, & qui font les degrés les plus communs
de l ’atmofphère qui nous environne, produifent
une dilatation plus fenfible dans les liquides que
les folides , accélèrent l’évaporation de l ’eau,